Histoires Des Invités

 

Framm

Par Arkann

 

L’air était vicié, les murs couverts de graffitis, et de nombreux débris de toute sorte jonchaient le sol. L’odeur d’une humanité qui ne pouvait se laver souvent. Une situation normale, pour les corridors inférieurs de
n’importe quelle des cités couvrant la surface du monde. C’était un cloaque ou les plus pauvres se retrouvaient entassés. Du monde partout, des enfants courant dans toutes les directions, des vendeurs de corridor avec leurs
maigres marchandises étalées devant eux.

Je pouvais distinguer le son aigu d’un ventilateur d’aération qui allait bientôt lâcher, presque couvert par le cri joyeux des enfants, les aboiements des chiens, le bruit des conversations, le tintamarre de radios ouvertes à fond comme si leurs propriétaires se livraient à un duel de
décibels.

Je marchais dans ces corridors dangereux, un espace s’ouvrant devant moi, se refermant derrière. Les gens faisaient attention à ne pas croiser mon regard, les enfants me regardaient avec les yeux écarquillés, et les
gaillards arborant les couleurs de gangs se gardaient bien de me provoquer. Ici, dans les plus dangereuses zones de la cité, j’étais en parfaite sécurité. Aussi parfaite qu’un homme ciblé comme je l’étais puisse l’être
Certainement, personne de sain d’esprit ne s’en aurait pris à moi. Même dans les étages supérieurs, ou les riches vivaient, j’étais craint.

J’étais d’humeur morose. Une autre morne journée à chercher un emploi honorable, payant, et avec lequel je pouvais espérer laisser un jour ma marque. Marqué comme je l’étais, honorable et le reste étaient des propriétés mutuellement exclusives. À moins bien sur de retourner dans l’armée. Après avoir survécu à cinq ans de bataillon pénitentiaire –une condamnation à mort déguisée-, c’était hors de question.

Un grondement, un grincement continu… et un train passa, deux mètres au-dessus de ma tête. L’un des rares monorails en opération à ce niveau, à cet étage ou le besoin pour des transports publics était le plus criant.
Chargé au-delà de sa capacité légale. Typique. Rien de notable, ici. Je pris le corridor à gauche, qui n’avait qu’un étage de haut, beaucoup plus étroit.

« Bonjour Monsieur Arkel… » C’était Alem, l’un des gardes de la bande contrôlant ce territoire. Son ton était enjoué et respectueux. Le genre de gars qui aurait tué sa grand-mère si le prix était bon. Dans mon cas, tous les gens de la bande avaient des directives très claires de la part de leur chef, de ne jamais me porter ombrage. Je lui répondis d’une vague courtoisie, comme toujours.

Des portes à droite, des portes à gauche, la plupart ouvertes. Des appartements une-pièce avec des familles entières se les partageant. Des toilettes et des aires de cuisine communes pour cette section.

Un autre corridor, puis un autre, et j’étais rendu dans mon coin, une zone plus tranquille et propre. Ma porte avait une marque de couleur orange avec une bande rouge : un code, qui indiquait que j’avais payé protection –je
n’avais jamais rien payé, mais la courtoisie était appréciée- et que cet appartement était sous la protection particulière de la bande. Quoique la porte fût une porte normale, avec une serrure de piètre qualité, je n’avais
rien à craindre des voleurs.

Une courte hésitation en m’approchant : ma porte avait été ouverte en mon absence, mais celle qui avait fait cela m’avait laissé une trace discrète pour me laisser savoir qui c’était. Une autre hésitation. Devais-je? Elle faisait appel au coté le plus sombre de ma nature, ce coté qui me faisait parfois peur, ce coté que… j’adorais tant.

Milène. Paladin. Le bras armé de Milikki sur ce monde. Plus de quarante milliards d’âmes, et pas plus qu’une poignée de paladins pour aider l’armée, la police, l’État à assurer la continuation de la vie sur Framm.

Milène avait été capturée par l’ennemi, torturée, tourmentée. Je l’avais trouvée, laissée pour morte, il y avait maintenant cinq ans. Je l’avais hébergée, ramenée à la santé, ne sachant pas qui elle était. J’avais guéri son corps, mais son esprit… portait toujours de profondes cicatrices, malgré les meilleurs thérapeutes de l’Empire. De profondes cicatrices, mais elle avait trouvé sa manière pour faire face, pour se garder centrée. J’étais sa bouée. C’était moi qui la gardait ancrée. Elle savait ce que cela me faisait. Si elle était ici, c’est qu’elle avait besoin de moi.

Un soupir, une reddition à cet héritage qui était le mien. La porte n’était pas barrée.

Mon appartement était gros pour un logement à cet étage. J’avais ma propre chambre de bain, et j’avais en plus une fenêtre donnant sur l’un des corridors principaux, haut de quatre étages, et ma fenêtre était située au quatrième, me permettant de voir les trains qui passaient juste devant ma fenêtre, le large corridor ou véhicules de livraison, cyclistes et piétons se disputaient l’espace.

Quinze mètres carrés, juste à moi. Compact, fonctionnel, confortable. Milène avait fermé les stores, même si personne ne pouvait regarder à l’intérieur à partir du corridor.

Elle se tenait debout, à coté de ma table escamotable, silencieuse, son expression difficile à lire même si je devinais aisément ce qui se passait dans sa tête. Elle était très belle. Ma définition de la beauté. Des épaules solides. Une agilité de chat. La vitesse d’un cobra. La détermination d’un carcajou. Et l’intelligence, la sensibilité requise par ses fonctions.

Des yeux d’un gris de tempête. Des cheveux délavés d’un blond presque platine, portés court, en une coupe militaire. Légèrement bronzée, mais il y avait une pâleur à son teint qui trahissait sa souffrance. Son menton était un peu trop carré, mais j’aimais bien l’air batailleur que cela lui procurait. Son auréole n’était pas visible. Cette auréole sur laquelle elle avait contrôle, qui trahissait le sang angélique de ce père qu’elle n’avait jamais connu. Ils étaient infiniment rares, les enfants d’anges, mais même les anges avaient leurs pulsions. Faisant face à un combat éternel, des blessures affreuses, une mort atroce, ils prenaient parfois quelques heures de réconforts et d’oublis dans les bras de simples mortelles.

Elle était venue incognito, mais elle portait maintenant son uniforme d’apparat, une sorte de kimono noir avec des bordures argentées et des broderies de fil rouge pour représenter le Tresario de Milikki, l’insigne de l’ordre guerrier des paladins. Le béret noir avec écusson argenté des paladins sur la tête, porté à un angle qui lui donnait un air de ruffian. Cet uniforme n’était utilisé que dans les occasions les plus formelles. Un uniforme qu’elle portait pour la première fois en ma présence. J’avais remarqué comment elle était venue plus souvent cette dernière année. Son cas ne s’améliorait pas, même si elle déployait tous ses efforts pour résister.

Ses armes étaient disposées sur le comptoir de cuisine, facile d’accès, tout comme le sac de sport dans lequel elle avait caché uniforme et armes. Il m’était difficile d’évaluer qui entre moi et elle était la personne la plus
dangereuse.

Je sentis sa tension se relâcher doucement lorsque je ne la força pas à quitter. J’avais résisté, au début. Les remords m’avaient longtemps travaillé. Et puis il y avait cette crainte de trop aimer faire ce qu’elle aimait que je lui fasse. Un de ses amis, un autre paladin, m’avait expliqué, m’avait fait comprendre, pourquoi je devais l’aider, et je n’avais jamais résisté depuis ce temps, mais la crainte de se voir repoussée était toujours en elle.

Pas un mot d’échangé. À peine un regard. Je pris le temps d’enlever bottes et chaussettes, comme était ma coutume. Elle aussi était nu-pieds. Je gardais l’appartement propre en tout temps, et elle connaissait mes particularités. Un petit tour dans la chambre de bain, pour gagner du temps.

Debout devant le miroir, à doucement laisser glisser cette apparence que je portais telle une armure. J’étais tellement habitué à continuellement tenir ce rôle qu’il avait cessé d’être un rôle.

De taille moyenne, doté de bonnes épaules, je paraissais mince mais, sous ma veste de cuir un peu usée et mon col roulé noir reprisé à plusieurs endroits, se cachait un corps d’athlète. L’héritage des gènes de ma mère, de mon entraînement à l’épée, et cinq ans de bataillon pénitentiaire.

J’avais une gueule d’ange, avec des traits un peu carrés, une barbe de deux jours, un nez qui avait été cassé à plus d’une reprise, et des yeux d’un vert qui pouvait parfois capturer l’attention. Mes cheveux étaient d’un noir si profond qu’ils avaient des reflets bleutés sous certaines lampes.

Et puis cette marque, cette malédiction décrétée par Milikki pour punir les six anges qui s’étaient rebellés. Les six anges… et leurs descendants, dont j’étais. Elle leur avait enlevé la plupart de leurs pouvoirs, les avait
condamné à vivre sur ce monde, à le défendre s’ils voulaient vivre. Si ce monde chutait, ils périraient, leurs âmes immortelles tourmentées pour l’éternité par l’ennemi. Milikki était une déesse revancharde qui
n’hésitait pas à condamner des innocents à payer pour les erreurs des autres.

Au-dessus de ma tête flottait cette auréole qui me marquait, sur laquelle je n’avais aucun contrôle. Un halo qui dévorait la lumière, tel un trou noir. Une chose que les yeux ne pouvaient longtemps supporter. La marque qui avisait tout le monde de ma nature. C’était l’un des facteurs qui avaient mené Milène à s’agripper à moi plutôt qu’à un autre.

Ma mère s’était rebellée il y avait de cela des siècles, mais la malédiction portait toujours, comme elle porterait si j’étais un jour assez irresponsable pour avoir des enfants. Il n’y avait que quelques centaines de personne comme moi sur ce monde populeux. Et toute la population savait
que nous étions de nature cruelle, traître, criminelle, mensongère et violente. Ça n’était pas le cas pour tous… mais à force de se faire rejeter, à voir toutes les portes se fermer, à être craint, à être accusé et condamné sans procès, il était difficile de ne pas devenir certaines de ces
choses.

Aidés par des gènes presque parfaits, souvent avec certains pouvoirs, beaucoup des grands chefs de cartel criminel de ce monde avait été et étaient descendants de ces anges déchus. J’avais eu des offres… je les avait toujours rejeté. Des fois, seul dans la noirceur de la nuit…

Combien de fois avais-je maudit Milikki pour sa vengeance aveugle? Le clergé, qui nous montrait comme exemple de ce qui était mal? Contre la société, qui acceptait cette ‘vérité’?

Et puis il y avait Milène, bras armé de Milikki sur ce bas monde. L’incarnation du bien et de la pureté. Une victime toute désignée pour l’expression de cette profonde colère qui couvait en moi, que je gardais embouteillée. Une victime qui désirait, qui nécessitait la cruauté que je
pouvais lui infliger. Une victime qui pouvait m’arrêter en tout temps, qui me faisait une confiance totale. Une confiance qui était loin d’être aveugle. Elle faisait plus pour moi par cette confiance que tout le reste pour drainer cette colère qui m’habitait en permanence. Ils étaient rares, ceux qui dans ma vie m’avaient fait confiance par choix. Elle m’était précieuse.

J’étais de nouveau dans la pièce principale, défaisant mon baudrier et plaçant l’ensemble contre le mur, mes yeux sur Milène. La douleur avait disparu de ses traits maintenant que le jeu était commencé. Elle arborait un petit sourire en coin, une expression espiègle, une invitation à la surprendre, à faire d’elle ce que je voulais, à lui donner ce dont elle avait besoin pour demeurer balancée. Son auréole était maintenant activée, comme pour mettre une emphase plus marquée sur sa pureté. Une pureté toute relative, puisque son ordre guerrier était pragmatique, ne faisait pas dans la dentelle.

Elle me tendit une tasse –je n’avais pas de verres- dans laquelle elle avait versé du vin. Elle avait sa tasse. La bouteille ouverte était sur le comptoir. Une bonne bouteille, de toute évidence, et non pas le vin synthétique bas de gamme que je pouvais parfois me permettre. Un petit claquement lorsque nos tasses se rencontrèrent, les regards se croisant, puis une première gorgée, bien savourée. J’étais loin d’être connaisseur, mais je pouvais aisément faire la différence entre son vin et le mien.

Elle était amusée par ce qu’elle lisait sur mon visage alors que je faisais durer le plaisir. Je savais combien elle aurait aimé m’offrir son assistance, l’aide de son Ordre, mais je n’étais pas du genre à mordre la main qui me nourrissait, et comme je voulais pouvoir continuer à mordre cette main…

« Tu as fait ce que je t’ai dit? » Les premières paroles entre moi et elle depuis plus d’un mois.

Elle rougit vivement, mais ne baissa pas les yeux et il n’y avait aucune hésitation dans ses paroles. « Oui. Je te lève mon chapeau, Arkel. Ça a été… puissant. Ça m’a aidé. Beaucoup. » Un moment de silence, puis, « il m’aurait été possible de rester éloignée de toi plus longtemps. Je ne
voulais pas. Je ne veux plus rester éloignée si longtemps. Je suis égoïste, je sais… c’est la première fois que je fais quelque chose par pur égoïsme depuis que j’ai été choisie par l’Ordre... j’avais dix ans… »

Ça n’était qu’une explication, pas du tout une excuse. Ses yeux étaient rivés sur les miens, ne fléchissaient pas. Il y avait une petite partie de moi qui était mécontent, car le prix à payer n’en serait que plus lourd… mais le reste de moi voulait payer ce prix, s’engager sur cette pente
glissante qui ne rendrait que plus difficile de museler les cotés sombres de ma nature.

« Je vois. Tu comprends que je ne suis guère heureux, que cela aura un prix. » Il y avait un froid dans ma voix, et je savais que mon expression était pile sur la cible, distante et mécontente.

« Je te connais bien, Arkel, » elle me répondit, sans en dire plus, mais je savais qu’elle savait. Elle prit deux pas de reculons, et fit un signe pour attirer mon attention sur son uniforme. « Pour ce qui est du prix… »

« Ne crains-tu pas la réaction de tes frères et sœurs d’arme, s’ils l’apprennent? » Elle me connaissait aussi bien je la connaissais. Elle savait combien la vue de cet uniforme, du Tresario sur sa poitrine… elle savait combien je voulais déshonorer cet uniforme qui représentait Milikki.

« La fin justifie les moyens. Telle est notre devise, Arkel, » elle me répondit en riant. Ça n’était pas la devise officielle, bien entendu. « Fais moi confiance. Si cela me garde en vie, saine d’esprit, capable de continuer à servir la volonté de Milikki, il n’y a pas grand-chose sur quoi
mes frères et soeurs ne fermeront pas les yeux. Pour l’aide que tu m’apportes, pour ta nature généreuse malgré ton acte de vilain garçon, sache qu’il y a beaucoup de bonne volonté à ton égard. Ne t’en déplaise. »

Ses derniers mots elle disait car elle savait à quel point je détestais Milikki et combien l’aide et la bonne volonté de son ordre me rebutaient. J’étais un hypocrite : je savais que je recevais parfois de leur aide, de manière détournée et subtile, mais si je ne pouvais l’affirmer, je la prenais. Dans ma situation, l’orgueil devait faire place à une dose de pragmatisme.

Je mis un bras autour de ses hanches, et je la tirai à moi. Elle frémissait, mit un bras autour de mes épaules, sa tête contre ma poitrine.

« Raconte moi… »

Elle le fit. Cela faisait maintenant deux ans qu’elle apprenait une variété de danses érotiques. Avec ce corps d’athlète qui était sien, les gènes angéliques de son père, il n’y avait rien qui soit hors de sa portée. J’avais donné des instructions, et elle les avait suivies. Elle m’avait
fait des démonstrations à maintes reprises, fière de ces talents qu’elle avait acquis juste pour moi. Cela faisait partie de nos jeux, lui permettait de se tenir éloignée tout en allant chercher de petites doses de ce dont elle avait besoin.

Elle me raconta, comment elle avait obéi. De fausses pièces d’identité. Quelques altérations à son apparence. Elle s’était fait engager, pour l’espace d’une nuit, dans le club le plus select de la capitale. Elle avait dansé. Les danses les plus élégantes et suggestives, devant une audience captive, des douzaines d’yeux rivés à son corps a moitié angélique, ce corps si parfait qui m’appartenait.

Elle me raconta comment elle avait regardé chacun des hommes les plus proches dans les yeux, l’un après l’autre, cachée derrière son voile, seuls ses yeux étant visibles. Elle me dit comment l’un de ses confrères, un ami de longue date avait été présent, ne l’avait pas reconnue, voilée, cheveux teints, et son attention rivée sur son corps magnifique. Elle l’avait ensorcelée, avait dansé comme jamais. Elle s’était frottée contre une colonne de métal, elle s’était stimulée en dansant… avait mouillé l’avant de ce voile diaphane qui couvrait son sexe, et le tout, de manière lascive, mais sans jamais tomber dans la vulgarité, toujours dans l’élégance… Distinction et élégance, tout en ayant plus d’un orgasme puissant sur la
piste, ne manquant jamais un pas, ne les laissant pas paraître, excitée sans fin par la connaissance que chaque homme pouvait deviner les formes de son sexe dénudé au travers du voile rendu plus transparent par l’humidité.
Excitée, par ce risque réel de son voile glissant de sa face pour la révéler aux yeux de celui qui l’aurait reconnue instantanément.

Chaque pas, chaque regard, chaque mouvement, raconté d’une voix vibrante, ses mains m’agrippant, alors qu’elle revivait cette puissante expérience. Elle avait eu des invitations, le paladin était venu la trouver dans sa
loge, exhibant son écusson de paladin pour forcer le passage aux gardes bloquant l’accès. Elle l’avait écouté, savouré son ardeur, son éloquence. Elle avait joué avec lui sans jamais dire un mot, l’avait encouragé… et l’avait finalement éconduit, d’un geste négligent.

« Je pensais à toi, j’ai fait ce que tu aurais aimé faire, ce que tu aurais aimé me voir faire. Il était furieux. Je ne l’ai jamais vu aussi formel, aussi gracieux. On aurait dit une panthère, la manière avec laquelle il bougeait. Son claquement de bottes, la manière avec laquelle il a baisé ma main avant de partir. » Elle me raconta, comment elle avait pris soin de le côtoyer innocemment les jours suivants, comment elle avait pris soin d’avoir une caméra cachée, pour que je puisse voir et savourer sa mélancolie. Elle me laisserait cet enregistrement avant de partir…

« J’ai été ton instrument, Arkel. Tu voulais que je tourmente des hommes anonymes, et je l’ai fait. J’ai vu ma chance de faire plus... C’est un frère d’arme, Arkel. Un homme bon et noble. J’ai été ton instrument… »

L’odeur de Milène dans mes narines, rehaussé par un subtil parfum. Son corps frémissant de désir contre le mien. Sa voix qui vibrait d’une passion à peine retenue.

Et moi, qui était sur le bord, sur le bord d’éjaculer dans mes pantalons, juste à l’écouter…

Je pouvais imaginer ce paladin, ce masturbant des soirs de suite en pensant à elle, à ce qui était mien et qui ne serait jamais sien. Je savais déjà que ce pauvre paladin allait la rencontrer de nouveau, allait se voir tourmenté plus à fond, pourrait poser ses yeux sur son corps si désirable, sans jamais pouvoir y poser une main… Une douce revanche sur une victime innocente qui servait Milikki, celle qui avait fait de moi une victime innocente…

Framm 2

 

ŠLE CERCLE BDSM 2005