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Histoires Des Invités

La Passion D'Esther

Par Esther Langlewich

 

Rite De Passage.

Le soir où j’expliquais à Igor pourquoi je ne voulais pas coucher avec lui, il ne se passa presque rien entre nous. Il n’insista pas ; mais je le sentais agacé, à la limite de la colère. Quelques caresses, sans plus. Du coup, mon plaisir ne fut pas aussi grand. J’aime pourtant lorsque sa main fouille entre mon soutien-gorge et mes seins ; j’aime aussi lorsque ses doigts se faufilent sous mon string pour s’enfoncer dans ma petite rosette. Au moment de nous quitter, sur le pas de la porte, Igor ne put s’empêcher de me dire : « Tu sais, Esther, l’histoire que tu m’as racontée ce soir, ces jeux sexuels avec ta copine de classe, ça m’explique peut-être une chose. Tu ne veux pas me donner ce que j’attends de toi depuis longtemps ; tu refuses de coucher avec moi. Et tu prétends que tu es encore vierge. En rapprochant ces deux choses, une étincelle a jailli dans ma tête. S’impose à moi une seule explication : tu es lesbienne ; tu as peur des hommes, et tu ne trouves ton plaisir qu’avec les personnes du même sexe. Penses-y. » Là dessus, Igor s’éloigna.

Je ne sais pourquoi, ces dernières paroles résonnèrent dans ma tête, au point que je dormis mal. Toujours, les derniers mots prononcés par Igor revenaient comme un leitmotiv : « tu es lesbienne… penses-y » Je n’avais pas beaucoup d’efforts à faire pour y penser. La remarque d’Igor avait pour elle l’évidence. La logique aurait voulu que je cherche donc une partenaire partageant mes goûts pour les femmes. L’amour que je pensais avoir pour Igor exigeait de son côté de nous éloigner l’un de l’autre pour le laisser suivre son chemin et trouver son plaisir de mâle dans quelque chatte plus accueillante que la mienne, qui lui était fermée. Contre toute logique, la conséquence inverse s’imposa. Je refusais ma « vraie » nature. Voulais-je me punir de l’avoir fait ne souffrir en ne lui donnant pas ce qu’il attendait de moi ? Je me mis à regretter amèrement de m’être refusée à lui. Sa demande m’apparaissait maintenant parfaitement normale ; elle était d’autant plus légitime que je m’étais comportée envers lui comme une allumeuse.

J’attendis quelques jours avant de passer à l’acte. Il ne s’agissait pas tellement de mûrir ma décision, mais plutôt de rassembler mon courage pour surmonter la honte de lui avoir fait de la peine. Du moins, c’est l’explication que je me donnais à moi-même. Plus crument, un sexe d’homme dans mon vagin me faisait peur. C’est certainement cette peur fascinante, venue de mon penchant masochiste, qui me précipita sous la coupe d’Igor. Comme on se jette à l’eau dans un bain glacé, je décroche mon téléphone, compose le numéro d’Igor. Il décroche. Sans lui laisser le temps de respirer je lui dis. « Igor, je suis à toi. Viens quand tu veux. J’ai réfléchi. Je ne te refuse plus mon puits d’amour. » Après quelques secondes de silence, il répond d’une voix douce : « Tu es à moi ? Prouve-le, en venant immédiatement chez moi. Je t’attends. Viens en jupe et en corsage, et laisse chez toi soutif et culotte. Cela te rappellera ta jeunesse étudiante. »

Je prends conscience de ma folie. Il me faut refuser le deal. Faire comme l’autre fois lorsqu’il a exigé que je me rase les poils pubiens. Dire non. Ne pas obéir. Mais l’Esther d’il y a quelques mois n’existe plus. L’Esther d’aujourd’hui dit oui, un oui venu du fond d’elle-même, de sa passion pour Igor, passion qui emporte tous les raisonnements de bon sens qu’elle avait pu entasser pour endiguer la marée montante de la vérité où elle plonge. Mélange d’angoisse et de délice. Comme un zombie, je me déshabille, revêt un corsage passe-partout, couleur mauve, enfile une jupe droite, pas trop courte –reste de pudeur, non pour me protéger d’Igor, mais pour le public du métro.

Trois quarts d’heure plus tard, je sonne chez Igor. Il m’ouvre, me sourit, n’osant croire à son bonheur. Je m’attendais à quelque geste précipité de sa part. Non. Il savoure ce moment exquis. Il m’invite à entrer, me conduit jusqu’au salon, d’un geste de la main, me montre un large fauteuil où je m’assois. Assise face à lui, je sens qu’il scrute un endroit précis entre le bord de ma jupe et mes deux cuisses. Je reste indécise. Puis, n’y tenant plus : « Igor, tu cherches à savoir si je t’ai obéi. Qu’est-ce que tu paries ? » - « Esther, je ne parie rien, car je serais certain de gagner. Je sais que tu ne portes ni soutien gorge, ni culotte. » Je ne réponds rien. Le silence vaut approbation. Pour dire quelque chose, et comme une femme sans expérience devant le premier homme auquel elle se livre, je demande : « Que veux-tu que je fasse ? » - « Mais rien, ma chérie ; tu n’es pas la brebis menée à l’abattoir. Nos relations s’apprêtent à prendre un nouveau départ, c’est vrai ; mais le passé que nous avons vécu ensemble, les secrets de ton enfance que tu m’as partagés, ce que tu fus et ce que je suis demeurent pour toujours. Crois-tu cela ? »

Une question naïve s’échappe de mes lèvres : « Est-ce que, au moins, pour toi, je suis un bon coup ? » Igor sourit en m’offrant un verre de champagne : « Ne te tourmente pas pour ça. La réponse viendra de ton bas-ventre, lorsque le plaisir t’inondera jusqu’aux joues. » Ma nature de lesbienne effarouchée s’attendait à autre chose, à des mots cruels assortie de gestes déplacés. J’imaginais qu’il agripperait mon corsage pour mettre à nue ma poitrine, quitte à faire exploser les boutons. Je pensais qu’il me traînerait sans tarder vers sa chambre à coucher, ou même sur le tapis pour prendre immédiatement son plaisir, comme un bouc en rut. Mais non, rien ne se passait comme prévu. Nous étions là, l’un en face de l’autre en partageant une coupe de champagne.

Finalement, il m’invita courtoisement à l’accompagner dans la chambre à coucher, en me précisant. « Chambre nuptiale, devrais-je dire. Puisque pour toi, ce sera la première fois. Comme les Bédouins des temps antiques, je récolterai sur un linge immaculé le témoignage de ton offrande sanglante. » Il ne se trompais pas. Sur le moment je n’ai senti qu’une petite douleur accompagnée d’un constat amère : désormais, je ne suis plus une fille, je suis une femme. Maigre consolation qui n’a pas duré longtemps.

Igor, quoiqu’attentif à ne pas me violenter, n’a pas résisté au plaisir de me prendre à la hussarde : pas de préalable, peu de caresses préparatoires ; de plus, il s’est montré un peu prétentieux en me montrant sa verge dressée, qui ne m’a d’ailleurs pas beaucoup impressionnée. Bref ce fut une expérience trop rapide, menée par un mâle trop sûr de son bon droit. Je restais bouche bée, sans aucun plaisir physique. « Dors, chère Esther. Tu découvriras dès demain matin d’autres jouissances. » Je finis par m’endormir dans les bras d’Igor.

Je fus réveillée par un baiser. Émergeant de mon sommeil, la première chose que je vis fut le sourire de mon bien aimé. Je sentis ses mains sous les draps, ses caresses d’abord sur mon ventre, puis, doucement, il remonte et me frôle le bout des seins. Il me redresse légèrement, m’enlace de ses deux bras. Ses caresses deviennent plus insistantes, mon bas-ventre en profite largement ; les doigts de sa main droite tâtent mes lèvres intimes, un doigt, puis deux, cherchent l’entrée du puits d’amour. Igor cherche alors mon clitoris, l’excite, le laisse, y reviens. Je sens mon désir monter, monter. Je n’en peux plus. « Viens … » Igor ne répond rien. Il continue longuement ses caresses ; puis, tendrement, s’allonge sur moi dans la position du missionnaire et me pénètre sans brusquerie, comme s’il craignait de me faire mal. Le contraste avec l’assaut de la veille est saisissant. J’arrive à l’extase au moment même où Igor décharge dans mon puits d’amour. Mais cette extase n’a pas la qualité des deux précédentes d’origine purement mentale : lorsque, étudiante, je relevais ma jupe devant trois ou quatre camarades pour donner à constater que je ne portais pas de culotte ; puis, un an plus tard, le choc de me voir putain vendue par ma copine. Est-ce là une vraie rencontre nuptiale ? pensé-je. J’en doutais. Soumise à la trahison, j’avais éprouvé une explosion physique autrement jouissive.

Épuisée, je reste allongée sous les draps. Entre deux eaux de douce béatitude, j’entends la voix d’Igor : « Alors, tu le vois bien, tu n’as pas à te laisser dominer par un sentiment qui n’est que le fruit de ton imagination. Viens dans mes bras, tu verras que tout ton passé disparaîtra. » Il se trompait ; je ne voulais pas voir disparaître mon passé, du moins pas les deux intenses plaisirs gravés dans mon corps. Pour le reste, il ne croyait pas si bien dire. Ou peut-être que non. Peut-être agissait-il par calcul machiavélique : dire aux autres ce qu’ils ont envi d’entendre pour les amener à sa merci. C’est effectivement ce qui s’est passé. En attendant, toute livrée à la jouissance ordinaire de ce premier moment d’amour, après un moment d’hésitation, je me pelotonne dans les bras de mon bien aimé. Peu à peu, le calme revient en moi.

Mon bas-ventre ne me titille plus. Igor sort du lit et prépare le petit déjeuner. Il me l’apporte au lit. Sur le plateau, café au lait, croissants, beurre. Mais j’aperçois, effarée, un linge rougi. Igor le désigne à mon regard : « Tu ne m’avais pas menti, dit-il : voici la preuve que tu avais gardé ta virginité pour moi. Désormais, tu n’appartiendras jamais à un autre homme comme tu m’as appartenu cette nuit. Car il n’existe qu’une première fois. » Avant de le quitter pour aller au travail, Igor me demande : « Alors, Esther, tes remords envers ta copine sont oubliés ? » - « Non, Igor, ils ne sont pas oubliés. Simplement j’ai pardonné à l’étudiante que j’étais. »

 

La Passion D'Esther; Une Bonne Aubaine.

 

 

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