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Histoires Des Invités

Le Journal de Jason

Par Eïnar Pórshöfn

 

Eïnar Pórshöfn
Islandais d'origine, né en 1954 à Reykjavik, électricien sur bateaux de marine marchande, l'auteur a passé l'essentiel de sa vie active à bourlinguer sur les océans des cinq continents. Amateur de culture française, notamment de la littérature érotique du XVIII° siècle, il pense et écrit en langue française. Retiré à Paris en 2012, il relie son expérience à la lumière de ses auteurs de référence : Joseph Conrad, Mikhaïl Boulgakov, Sade et Anaïs Nin. Le journal de Jason est son deuxième roman (encore en gestation).

 

Introduction

Samedi. L’exubérance de l’été est oubliée, s’annonce déjà le frima de l’hiver. C’est l’automne avec sa nostalgie. Pendant que je me dirige vers la boîte à lettres à l’entrée de mon petit jardinet, un rayon de soleil console un peu mon vague à l’âme. Un journal, une pub, la facture d’électricité… et une enveloppe joliment présentée. Au verso, deux prénoms et une adresse : Babeth et Bakitah, 3 chemin du Pommier, à Joncquières. Mon cœur ne fait qu’un tour. Voici bientôt un an que ces deux femmes, Babeth, la rousse écossaise, et la noire Bakitah, ont quitté mon univers. C’était précisément le jour de leur mariage. Me saute à la figure le souvenir de nos ébats antérieurs où, Bakitah étant encore ma maîtresse, les jeux en société, jeux sexuels, souvent cruels –en compagnie de Babeth, de Karim son amant, et quelques autres couples- alternaient avec des consolations sensuelles prises sous le fouet du plaisir…

Tout excité, laissant tomber journal, pub et facture sur la boîte à lettres, j’ouvre avec un ongle l’enveloppe qui se déchire difficilement, trouve un carton orné de deux petites chiennes, l’une noire, l’autre blanche, un collier couleur verte autour du cou et reliées entre elles par une chaîne dorée. Ce logo était déjà sur le carton d’invitation à leur mariage. Un texte s’inscrit dans la même foulée : « Jason (rajouté au stylo), Venez célébrer avec Bakitah et Babeth leur premier anniversaire de mariage. La fête se déroulera dans les salons du Club nautique , 3 rue des Échasses à Joncquières. Au programme :

18 heures apéritif,

19 heures dans la salle de sport attenante au club :

* Démonstration de Shibari, par Maître Tsuno Deshimaru

* Combat de fouets entre deux amoureuses

20 heures, lunch dansant.

Ce qui me fascine n'est évidemment pas l'apéritif ni le lunch, fût-il dansant, pas même l'art japonais des cordes et des nœuds que m'avait enseigné Maître Deshimaru. Je flash sur la formule " combat de fouets entre deux amoureuses ". Je n'imagine pas que les deux amoureuses en question soient un autre couple que celui de Bakitah et Babeth. Ainsi, le mariage ne les a pas assagis, semble-t-il. J'ai conservé, gravé dans mon imagination, les pratiques sadiques auxquelles Bakitah et Babeth se sont adonnées sous mes yeux, l'une envers l'autre, dans le donjon de mon ami Karim le Berbère, l'ancien copain de Babeth : fouets, cravaches, coups de canne en bambou sur les seins, pénétration du vagin et des reins, non seulement par divers godes de taille monstrueuse, mais également par le poignet, et, pour couronner le tout, exposition de Bakitah, nue, attachée bras étendus dans un wagon du RER, telle une araignée fixée au milieu de sa toile, restant là entre Gouvieux et la Gare du Nord, muette sous les rires et les quolibets des quelques voyageurs de cette heure tardive.

Ces souvenirs n'étaient pas enfouis bien profond dans ma mémoire ; un seul mot a suffi pour les faire remonter à la surface où ils m'ont éclaté au visage. Mon membre se dresse ; comme quoi les leçons de maîtrise-de-soi suivis dans le dojo de Maître Tsuno Deshimaru n'ont pas laissé beaucoup de traces dans mon inconscient sadique, si ce n'est un vague regret et quelques formules que je ressors à bon escient dans les salons mondains.

Depuis un an, je n'avais guère gouté aux plaisirs analysés par le marquis de Sade. Certes, une fois ou l'autre, j'avais répondu positivement à une invitation de Karim pour une soirée épicée dans son donjon. Mais le cœur n'y était pas. Avaient perdu leur couleur le cheval d'arçon, le portique équipé de trois palans et d'anneaux, la croix de St André, le pilori. Toute cette machinerie utilisée pour " travailler " le corps de quelques femelles en mal de sensations fortes, mais dépourvues du " peps ", me faisaient regretter les spectacles sadomasochistes de Bakitah et Babeth. Sans grand enjeu me semblait désormais, accrochée au mur du donjon de Karim, toute la série habituelle de chaînettes cloutées à la manière du fil de fer barbelé, menottes, ceintures, harnais, colliers, chaînes, cordes, martinets, cravaches, badines, carcans à seins. Même les godes, plugs, baillons, bandeaux, pinces avec ou sans poids, bougies de différentes tailles, alignés dans une armoire aux portes vitrées dans le donjon de Karim, devenaient pour moi sans attrait depuis qu'ils n'étaient plus maniés par Bakitah et Babeth, nos deux maîtresses-soumises. Du coup, la perspective prochaine de les voir à nouveau s'entredéchirer -j'y comptais bien- provoquait en moi la jouissance d'une savoureuse sauce au poivre, promise pour épicer mon quotidien.

 

La suite: le Journal De Jason Chapître 1

 

 

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