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La tempête aborde les tours de
la Défense, fiers beffrois de la cité moderne. Les vagues
de pluie se fracassent contre les façades de verre, le vent s'engouffre
et tourbillonne entre les tours, les rideaux de pluie poussés par
le vent noient les néons dans un halo irréel. Sous les lumières
de cet après-midi d'automne, le pavé est luisant de cette
pluie venue de l'ouest et reflète tous les feux annonciateurs des
fêtes. Les piétons se pressent sur le parvis pour échapper
à la pluie et au vent qui plie les parapluies. certains tentent
de lutter contre les rafales qui finalement ont le dernier mot. L'inutile
parapluie se brise et se tord. Dans la bourrasque, une jeune femme avance,
droite, sans parapluie. Elle n'en a pas besoin. Elle porte un long ciré
noir, brillant, serré à la ceinture, et des bottes également
en vernis noir, sa capuche est soigneusement serrée contre le visage.
La silhouette est fine, sportive. Elle avance d'un pas sûr sans
détourner son chemin, face à la bourrasque, entièrement
protégée contre les éléments déchaînés.
Prévoyant la pluie, j'avais
aussi mis ce jour-là mon ciré noir. Un modèle fait
en Angleterre, en SBR, qui veut dire "shiny black rubber", un
programme en soi. La compagnie qui fabrique ce vêtement est spécialisée
dans les imperméables en caoutchouc et porte un nom bien approprié
ce jour-là?"Storm Clouds". Je presse le pas pour rattraper
la silhouette brillante, nous nous dirigeons ensemble vers le métro.
Puis nous nous engouffrons dans l'escalier mécanique qui mène
au quai, je ne la quitte pas, elle marche vite, d'un pas décidé
Nous
sommes l'un à côté de l'autre sur le quai et je me
lance dans une conversation banale. "Quel temps aujourd'hui ! Nous
qui attendions la pluie nous sommes comblés?Bonjour ! Oui la pluie
ne nous surprendra pas, ni l'un ni l'autre, il semble que nous soyons
prévoyants !?- En effet, votre ciré est absolument magnifique,
si vous me permettez ce compliment?- Le vôtre aussi, monsieur, et
je dois vous dire que je suis surprise de voir un homme ainsi équipé,
c'est très rare ! Je vous en félicite! Puis-je toucher la
matière ? Plastique ou caoutchouc ? Moi j'aime les deux
?-
Merci, c'est du caoutchouc
j'ai toujours aimé ce type de
vêtement, très pratique et élégant à
la fois, cela change des éternels trench Burberry que tous les
hommes portent. Nous sommes moins favorisés que les femmes qui
ont la chance de pouvoir porter des tenues plus variées et
sexy à la fois, comme vous l'êtes en ce moment !?- Merci
de ce compliment, monsieur, mais mon train arrive et je dois m'enfuir..
peut-être nous reverrons nous ici, sous la pluie.. Je dois vous
confier que j'ai aussi un ciré rouge, et un bleu
et même
des pantalons en vinyle
?- Magnifique ! Tous mes compliments pour
vos choix ! A très bientôt donc !"?La jeune femme s'engouffre
dans le train, se retourne, et m'adresse un salut discret derrière
la vitre
Le train disparaît dans le tunnel. Demain, à
la même heure, je serai là à nouveau sur son chemin.
J'espère que la pluie se déchaînera à nouveau.
Le lendemain, il fait grand beau soleil.
Peu importe, je mets toutefois mon ciré noir, mais sans la capuche
et je prends le métro. Arrivé un peu en avance, le coeur
battant comme un collégien à son premier rendez-vous, je
me poste à la sortie de l'escalier mécanique, surveillant
le flot des personnes, en grande partie des femmes, hâtant le pas
pour rejoindre leur bureau. Il fait doux, malgré l'heure matinale.
Quelques manteaux de cuir, mais pas de ciré visible. J'attends
encore quelques minutes et soudain, j'aperçois de loin comme un
éclair de lumière dans la foule grise. Un ciré rouge
! Mon coeur accélère son battement, je me sens totalement
ridicule et gauche, avec mon journal entre les mains que je suis incapable
de déchiffrer. Je perds de vue la silhouette, et tout à
coup, elle est devant moi. Cette fois, je la vois à quelques pas,
une veste longue en ciré rouge, ceinturée, sur une jupe
apparemment en vinyle noir, et les mêmes bottes vernies noires
Pressant le pas, je me porte rapidement
à ses côtés et j'ose "Bonjour ?!" feignant
la surprise de la retrouver. La réponse m'inquiétait. Allait-elle
trouver mon irruption dans ses rêveries matinales suspecte- elle
l'était - et simplement m'éconduire, ou trouver quelqu'intérêt
à cet homme en ciré noir incongru sous le timide soleil
d'automne ? La réponse fut franche et naturelle : "Bonjour
! Je suis ravie de vous retrouver par hasard ce matin, j'ai pensé
à notre rencontre sous la pluie battante hier soir et j'ai regretté
de ne pas avoir osé engager la conversation avec vous ! ".
"Merci, le hasard fait toujours bien les choses, mais permettez moi
de me présenter à vous. Mon nom est Peter, je travaille
ici dans une grande banque. Je ne suis pas anglais, mais c'est un surnom
que me donne mes amis à cause de ma prédilection pour les
vêtements en caoutchouc venus d'Angleterre !".?Là, le
décor était planté et il n'y avait plus d'ambiguïté
entre nous
Je craignais avoir mis la barre un peu haut pour un début
! " Moi, c'est Emma, Emma comme Emma Peel de Chapeau melon et bottes
de cuir. C'est aussi un surnom, car vous avez déjà pu le
constater, je suis souvent vêtue en ciré et vinyle
Ne soyez pas troublé par votre audace, Peter, j'avais compris dès
le premier regard que mon "équipement anti-pluie" vous
avez séduit car moi aussi je suis un peu troublée par notre
rencontre, j'y ai songé depuis hier soir ?"
"-Merci
Emma pour votre franchise ! Je vous propose de déjeuner ensemble
à midi pour continuer à échanger. J'ai très
envie de mieux faire votre connaissance car je pense que nous avons beaucoup
de points en commun. Mais je ne voudrais pas vous importuner, j'ai toujours
détesté m'imposer ! Je suis pour la réhabilitation
de la courtoisie !?Emma répond dans un grand sourire.?- Peter,
vos scrupules vous honorent mais ne jouez pas trop la naïveté.
J'étais sûr hier soir que vous chercheriez à me retrouver,
l'instinct féminin dit-on. C'est pourquoi malgré le soleil
j'ai revêtu mes plus beaux atours. Le ciré rouge se remarque
à cent mètres, non ? Quant à la jupe en vinyle noir,
c'est une de mes préférées. Mais ma garde-robe est
riche en surprises. Nous sommes tous les deux des adultes consentants,
n'est-ce pas ? Et la vie est courte
Alors déjeunons ensemble.?-
Emma je dois vous avouer un petit péché. Notre histoire
est retransmise en direct sur le blog d'Elisanne
?- Ah oui, petit
cachottier ! Le blog de la bande des cirés ! Bien sûr je
suis au courant car je le lis chaque jour et j'attends avec impatience
la suite de notre histoire. Mais peut-être serait-il préférable
de nous accorder plus d'intimité car il y a beaucoup d'effronterie
de notre part à envahir ce blog par ailleurs si tendre et poétique
!?- C'est très simple, nous allons leur demander s'ils et elles
ont envie d'en savoir plus. Mais d'ores et déjà Emma, je
sais que nous avons beaucoup de choses à nous raconter tous les
deux. A midi donc au restaurant chinois ? "
A l'issue de cette rencontre magique,
je passais la matinée à traiter les affaires courantes,
e-mails, réunions, téléphone, sans que cette silhouette
brillamment vêtue de rouge et de noir ne disparaisse de mes pensées.
Je me concentrais sur le travail, mais la perspective d'un vrai tête-à-tête
avec cette jeune femme sur laquelle je mettais à peine un visage
me préoccupait. Qu'allais-je lui dire ? Il ne suffit pas d'être
fasciné par des vêtements porteurs d'émois suspects
pour entretenir une conversation sensée avec une parfaite inconnue.
Et puis la fascination pour les tissus brillants ne meuble pas une longue
conversation sauf à glisser vers des propos plus directs et révélateurs
de penchants troubles appelant à d'autres jeux. Qui était
Emma ? Que souhaitait-elle en acceptant, en sollicitant même, cette
rencontre par ses propos sans équivoque ? Je ne pouvais éviter
de penser à elle, inventant une histoire improbable, des rendez-vous
torrides alors que le directeur financier commentait les résultats
du mois en me replongeant brutalement dans la réalité. Vers
11h30, alors que le soleil avait brillé depuis le matin, le ciel
s'est assombri rapidement et quelques minutes plus tard, les premières
gouttes ont commencé à frapper les vitres du bureau, redoublant
rapidement d'intensité. La perspective de retrouver Emma ruisselante
ne faisait qu'accroître mon trouble, lorsque vers 12H30, sans me
hâter, je pris l'ascenseur pour me diriger vers le restaurant. Il
fallait marcher en plein air et je retrouvais avec plaisir l'abri étanche
de mon ciré, rapidement mouillé par la pluie intense me
faisant regretter d'avoir ôté la capuche le matin même
pour rendre le vêtement plus civil et plus acceptable auprès
de mes collègues naturellement prompts à poser des questions
?J'étais
en proie à mes doutes quant à la portée de ce rendez-vous
quand devant moi, assise sur le banc sous la pluie battante, Emma me faisait
des grands signes de la main. Elle avait bien son ciré rouge, sa
jupe de vinyle noir, ses bottes en vernis noir et portait un chapeau en
vinyle rouge pour se protéger. La pluie faisait vibrer les couleurs
de ses vêtements, constellés de gouttes. "Peter, venez
vite ! La pluie providentielle nous réunit à nouveau, c'est
merveilleux, non ? Plutôt que de nous enfermer dans un restaurant
enfumé, profitons de la pluie pour nous promener ! Venez, je vous
entraîne !"àJ'accélérais le pas pour aller
à sa rencontre. Elle me demanda de m'asseoir sur le banc en pierre
et me prit la main avec douceur.?"Je vous ai réservé
une surprise, Peter.! " Effectivement les mains d'Emma étaient
gantées, Je ne l'avais pas remarqué le matin. Elle portait
des gants en vinyle noir épousant parfaitement des mains fines.
"Et ce n'est pas tout ! Vous savez il ne faut pas prendre à
la légère la protection contre la pluie ! D'ailleurs je
vous trouve un peu négligent de sortir sans capuche, je ne vous
l'autoriserai plus ! ". Elle se lève alors du banc et apparaît
devant moi pour la première fois immobile, ruisselante sous la
pluie. "Vous voyez Peter, j'ai mis pour vous à midi des bas
en latex noir assortis à ma jupe en vinyle. Ainsi aucun centimètre
carré de mon corps n'est exposé aux éléments".
Puis vivement elle me prend la main, me tire en avant et me dit joyeusement
"Allons patauger dans les flaques comme quand nous étions
enfants en rentrant de l'école ! Hélas, avec vos chaussures
en cuir et votre misérable pantalon votre équipement est
un peu dérisoire par rapport au mien ! Il faudra veiller à
corriger cela si vous souhaitez faire avec moi quelques escapades sous
la pluie dans les bois ! Je suis une femme de l'eau, la passagère
de la pluie ! Depuis ma tendre enfance j'adore ce sentiment d'être
exposée et ultra-protégée. Marchons !
Je presse le pas à la rencontre
d'Emma qui quitte à son tour le banc et nous commençons
à nous diriger vers le centre de la place, au milieu des tours
noyées sous les rideaux de pluie poussés par le vent d'ouest.?"
Vous voyez, Peter, je suis là dans mon élément. J'aime
le spectacle de cette ville minérale. J'y travaille depuis plusieurs
années et je m'y promène souvent dès que mon travail
m'en laisse le loisir ! Surtout par temps de pluie ! Hélas l'automne
a été très sec cette année, ce qui ne m'a
pas empêché de mettre mes vêtements en vinyle aussi
souvent que possible. Mais j'aime encore plus le contact de la pluie,
qui coule sur le visage et glisse sur mes vêtements lisses et brillants.
Je me sens bien, protégée, mais en même temps en contact
intime avec cet élément vital. Le corps d'un adulte n'est-il
pas composé de 65% d'eau ! Vous savez aussi, Peter, que l'eau de
pluie est excellente pour le teint ! L'eau c'est vraiment la vie",
conclut-elle, enthousiaste.En répondant, machinalement,?"
Le vôtre est magnifique, Emma ! ", je la laissais parler de
son amour pour la pluie et pour les vêtements imperméables.
J'étais vraiment stupéfait de la franchise et du naturel
de cette femme, rencontrée à peine la veille, dont je ne
savais rien, et qui me confiait sans aucune réserve les secrets
de ses désirs. Je me pris à rêver que j'avais trouvé
la femme idéale, celle de tous mes rêves les plus intenses.
" - J'admire votre franchise, Emma, nous ne nous connaissons à
peine et vous n'hésitez pas à me parler de votre passion
! - Mais il n'y a là vraiment rien de mal. Nous nous sommes reconnus
tout de suite, votre regard sur mon ciré ne m'a pas trompé,
votre feinte naïve pour me retrouver ce matin, votre trouble maintenant.
Nous partageons le même désir, avouez-le. J'ai trouvé
dans le blog de la bande des cirés une très belle phrase?"
Je laisse le désir me prendre toute entière ". Et bien
ne soyons pas timides comme de jeunes adolescents. Vous aimez les cirés,
vous les portez, très bien d'ailleurs, et bien je vais oser vous
dire des mots crus au risque de vous choquer : oui, Peter, je suis fétichiste
et je rêve depuis longtemps de faire l'amour avec un homme qui me
prendrait dans mon ciré sous la pluie
".?J'étais
de plus en plus surpris, et je ne savais comment répondre à
cette belle attaque frontale venant de cette femme élégante,au
regard tendre, sans agressivité sexuelle apparente et portant avec
tellement de naturel ses vêtements de vinyle lumineux qu'il n'y
avait dans son style aucune audace excessive . Elle s'arrête de
marcher soudain, se tourne vers moi et me dit, presque gravement "
Embrassez moi, idiot ! ".?Je la prends dans les bras, nos cirés
se frottent l'un contre l'autre dans un léger crissement et je
lui réponds "Pas tout de suite, Emma, ne brusquons rien, parlons
d'abord ! "
Emma est serrée toujours dans
les bras de Peter, lèvres tendues, leurs cirés sont intimement
pressés l'un contre l'autre, crissant sous la pluie qui redouble
d'intensité, Peter se demande s'il doit embrasser cette belle femme
qui s'offre à lui avec tant de passion. Il sent monter le désir
en lui, une femme en ciré n'est-elle pas toujours désirable
??Mais il commence à avoir froid aux pieds dans ses chaussures
de ville en cuir, trempées, il regrette ses belles bottes de caoutchouc
si confortables, la pluie commence à dégouliner de ses cheveux,
et il regrette de ne pas avoir pris sa capuche
?Il a envie d'un bon
sandwich. Peter est un homme, mesdames, une chose un peu ingrate, fragile
et égoïste. Mais Emma, prévoyante, est bien au chaud,
elle, dans ses vêtements de vinyle, totalement étanches,
protégée des embruns
?Il faut que Peter fasse quelque
chose de noble et généreux sans sombrer dans la vulgarité
matérielle.?Emma se presse encore plus intimement contre le corps
de Peter, elle rapproche ses lèvres des siennes, et lui répète
:?- Peter, embrassez-moi, je le désire tant !?- Emma, je ne veux
pas abuser de votre désir. Rentrons dans ce bar, je vous offre
un café bien chaud, nous pourrons plus confortablement faire plus
ample connaissance. Et je dois vous avouer que je commence à être
trempé, je n'ai pas été aussi prévoyant que
vous cette fois ! J'aime la pluie intense comme aujourd'hui, mais je n'avais
pas prévu de m'y exposer, je m'attendais à un soleil éclatant
!?Quelle stupidité de croire à la météo !?-
Je suis d'accord Peter, courons nous mettre à l'abri !?Ils rentrent
précipitamment dans le café et se glissent dans le coin
le plus tranquille, à l'écart des regards, mais sans quitter
leurs imperméables.?- Emma, je suis confus de mon attitude, je
vous ai déçue, non ? Nous sommes en décembre, je
ne veux pas tomber malade, même par romantisme et je m'en veux de
ne pas être protégé comme il convient. Vous savez
les hommes ne sont que de petites choses fragiles, ajoute-t-il en souriant.?-
Je vous pardonne, Peter, dit-elle en glissant vers lui la main sur la
table. Il sent ses gants de vinyle encore mouillés lui prendre
doucement la main, la serrer avec tendresse.?- Je vous pardonne mais jurez
moi que vous accepterez mon baiser !?- Emma, vous êtes si tentante,
si belle dans ce ciré rouge, vous savez que c'est la première
fois que je rencontre une femme qui avoue sans détour son penchant
pour le fétichisme. Je n'avais jamais connu cette situation et
je suis un peu
paralysé ! J'en ai rêvé souvent
Pardonnez ma curiosité, Emma, mais vous m'intriguez
Comment
avez-vous pris conscience de votre désir ??- Mon histoire est très
simple, Peter.?Je suis une femme simple et directe, sans inhibition comme
vous avez pu le constater. Je vous ai dit que je travaillais ici pour
une banque. J'y suis analyste financière internationale et j'ai
vécu plusieurs années à Londres. J'y ai rencontré
un homme, analyste comme moi, qui m'a progressivement fait découvrir
le plaisir des imperméables en caoutchouc, d'abord comme objet
utilitaire et très pratique dans la vie londonienne.?J'habitais
dans le quartier des Docks et travaillais à la City et j'ai pris
l'habitude de me rendre à mon bureau à pied. Très
vite je me suis rendu compte qu'un vrai imperméable s'imposait
et il m'a conduit dans un magasin spécialisé, Weathervain,
à Kew Gardens, où il m'a fortement conseillé d'acheter
un trench-coat en caoutchouc, en SBR.?Je ne me suis pas méfiée
de son insistance et j'ai effectivement acheté mon premier imper,
que j'ai tout de suite adopté et mis pratiquement tous les jours,
tellement je m'y trouvais confortable. Puis il m'a offert une jupe assortie
du même tissu. J'ai accepté avec plaisir. Et puis de mois
en mois, il m'a progressivement dotée d'une superbe garde-robe
de vêtements de caoutchouc, mais aussi de latex et de vinyle,bien
coupés, et plutôt seyants, souvent venant de couturiers connus,
faisant l'admiration de mes collègues et suscitant chez mon chef
quelques regards admiratifs. Il m'a même offert le ciré que
portait Catherine Deneuve dans "Belle de jour" !?Puis un jour
il m'a proposé de faire l'amour entièrement vêtue
de caoutchouc. Cela s'est passé un dimanche à la campagne,
en mai, je crois, dans le Devon, face à la mer. Il faisait doux,
le vent de la mer emportait les embruns, la pluie était fine et
douce.?Je me suis laissée faire ce jour- là, par curiosité,
sans arrière-pensée de faire quelque chose de bizarre. J'ai
beaucoup aimé cette expérience. Il m'a ensuite donné
à lire un petit livre écrit par une femme intelligente et
généreuse, Helen Henley, qui décrivait sa découverte
du plaisir en latex et caoutchouc, dans les années soixante-dix,
avec beaucoup de tendresse et de conviction, sans vulgarité.?Ce
livre, "Enter with trumpets", je crois, m'a ouvert les yeux
sur une autre forme de sexualité, naturelle, sans inhibition.?Nous
nous sommes beaucoup aimés, la plupart du temps en latex l'un et
l'autre, sans pudeur ni retenue, mais sans non plus le sentiment d'enfreindre
quelque tabou ! Et il a été hélas nommé à
Honk-Hong. Nous nous étions bien sûr promis de nous revoir.
Mais il a disparu, sûrement dans les bras d'une belle chinoise en
vinyle ou latex !?J'ai été déçue, j'ai eu
quelques aventures ordinaires, évidement mes tenues n'ont pas changé,
mais peu d'hommes y sont vraiment sensibles. Elles respirent trop, je
pense, l'indépendance et la liberté ! J'y tiens particulièrement.?Nos
mères se sont battues pour cela. Et je suis rentrée en France
il y a maintenant trois ans. J'y vis seule. J'y travaille beaucoup et
l'argent que je gagne me sert à m'offrir de très beaux voyages
dans des pays
humides !?Je connais la Norvège, l'Irlande,
la Colombie Britannique, et les week-ends en Bretagne !?Emma n'a pas lâché
la main de Peter pendant son récit, interrompu par l'irruption
du garçon de café
?Peter n'a pas quitté Emma
des yeuxUn peu médusé par tant de franchise, de fraîcheur
dans l'évocation par Emma de sa découverte de l'intensité
érotique du fétichisme, Peter ne reprend pas la parole tout
de suite. Il garde cette main gantée de vinyle dans la sienne et
regarde attentivement Emma, ses yeux noisette, ses cheveux courts, son
sourire si naturel, presque ingénu.?- Emma, vous me surprenez.
Vous êtes une femme adorable, simple et directe, vous me parlez
de vos expériences sexuelles alors que nous ne nous connaissons
pas. Je pourrais être choqué, vous considérer comme
une exhibitionniste, une vulgaire allumeuse, et pourtant aucun de ces
mots ne sonnent juste quand je vous regarde. Je crois à votre totale
sincérité et à votre franchise. J'ai envie de vous
connaître, de vous comprendre
?- Mais Peter, ne me faites pas
croire que vous être surpris ! Je vous vois tout de caoutchouc noir
vêtu, ou presque, vos m'écoutez avec une attention qui dissimule
mal votre excitation. Je ne sais pas comment dire au masculin que?"
vous faites votre mijoré ", mais vous me paraissez soudain
très paniqué par l'évocation par une femme de sa
sexualité. Seuls les hommes auraient donc le droit de parler librement
de sexe. Quelle arrogance passéiste ! Pardonnez ma vivacité,
mais je suis toujours étonné de constater que les hommes
craignent les femmes qui prennent l'initiative.?Je le vis encore tous
les jours dans le milieu professionnel. Je suis libre de ma sexualité,
fusse-t-elle "atypique", et fière de l'être. Et
franchement, je trouve naturel d'avoir envie de vous séduire vous
qui paraissez si ému par les cirés, les matières
brillantes
Il n'y a rien là de bien terrible !?Vous semblez
plus craindre le regard des autres que moi.?- Avouez Emma que vous êtes
aidée par la liberté que donne la mode un peu plus que les
hommes condamnés au costume cravate et au Burberry de fonction
! répondit Peter avec un certain agacement.?Il était vrai
qu'Emma le provoquait, le réduisait à une homme ordinaire
empêtré et maladroit face à sa vivacité.?Peter
eut soudain envie de reprendre l'initiative dans cette conversation qui
tournait franchement à son désavantage. Il sentait que son
pouvoir de séduction diminuait et qu'insensiblement Emma lui échappait.?-
Emma, je suis désolé, vous semblez m'accuser d'être
un machiste ordinaire, permettez que je m'en défende. Je crois
aimer les femmes comme des partenaires à part entière, je
crois les respecter pleinement, et je voudrais vous en donner la preuve.
Ne nous quittons pas fâchés !?Car je dois vraiment partir
pour une réunion importante au bureau, la fin de l'année,
vous savez
?Nous sommes aujourd'hui jeudi, voyons nous demain soir,
je vous invite à dîner.?- Et bien, j'accepte volontiers,
Peter, vous vous rachetez enfin !?Ne croyez pas que je ne souhaite pas
non plus être courtisée !?- Alors disons demain 20h00 place
de l'Etoile ??- J'y serai, Peter.. .?Je dois aussi partir car j'ai également
une vidéoconférence avec New York, une importante fusion
de plusieurs milliards de dollars qui est en cours de négociation
et je représente l'acheteur français. Je joue ma "prime
de fin d'année", dit-elle en se levant de son siège
avec un grand sourire.?Peter se lève également, leurs cirés
ont séché, ils sortent du café ensemble alors qu'un
timide rayon de soleil illumine les tours du quartier d'affaires.?-Le
soleil revient, semble-il , ose banalement Peter, encore ébloui
par l'aplomb d'Emma, son style et visiblement son rang dans sa banque
d'affaires, supérieur apparemment à son propre niveau de
responsabilité.?- J'espère qu'il n'en sera pas ainsi demain
soir, répond malicieusement Emma.?Je me dépêche, je
vous abandonne. Pensez à moi, Peter !,?dit-elle en se précipitant
vers lui et en s'accrochant à son cou?pour déposer brièvement
ses lèvres contre les siennes.?"C'est un acompte", dit-elle
en partant d'un pas vif.?Il la voit s'éloigner, silhouette juvénile,
vêtue d'un rouge éclatant. Une image qui s'estompe rapidement
au milieu des passants qui regagnent leurs bureaux.?Il se sent désemparé,
un sentiment mêlé de plaisir, d'étonnement, mais aussi
une certaine forme d'irritation devant tant de naturel et se dit que les
filles de la bande des cirés vont vraiment trouver que les hommes
sont une valeur qui se déprécie bien vite actuellement !
Rentré à son bureau
après cette rencontre magique, Peter eut beaucoup de mal à
se concentrer sur les travaux de clôture de l'exercice !?Pourtant
il ne lui restait que quelques heures avant Noël et le départ
de toute son équipe en vacances et il voulait à tout prix
conclure. Il dut faire un effort important pour oublier cette discussion
et ne pas voir réapparaître la silhouette brillante d' Emma
dès que son esprit se mettait à vagabonder. Il pensait aussi
à la soirée du vendredi. Comment aborder cette invitation
à dîner qu'elle avait acceptée si naturellement ?
Il se sentait dans une situation ambigüe. Qu'attendait-il réellement
au-delà de cette brillante rencontre, aussi insolite qu'imprévue
??Certes il était libre de toute attache sentimentale depuis maintenant
près d'un an, son amie ayant décidé de le quitter
pour un homme plus amusant, avait-elle avoué. Il n'avait d'ailleurs
jamais réussi à lui faire partager son goût pour les
matières brillantes, et leur sexualité était toujours
restée dans les canons de la norme.?Quelle norme, pensait-il ?
Le fétichisme reste encore dans la culture dominante catalogué
comme déviant alors même que les publicitaires n'hésitent
pas à l'exploiter sans vergogne et que les créateurs de
mode en font un moteur de leur inspiration. Il se révoltait souvent
devant le conservatisme de la société française dans
ce domaine alors même que Britanniques et Européens du nord
affichent beaucoup plus de tolérance. Mais ces réflexions
ne l'aidaient pas à avancer dans ses tâches et les heures
défilaient rapidement. Aussi il redoubla de concentration et ne
sortit que fort tard dans le quartier d'affaires déserté,
éclairé par les néons de la fête qui se préparait.
Noël paraissait pourtant bien loin avec cette température
douce et cette pluie qui n'arrêtait pas.
Le lendemain, il partit tôt de
chez lui et sortit vite de la station de métro, sans s'empêcher
toutefois de guetter l'apparition d'Emma dans la foule qui se pressait
vers les bureaux. Il se rendit compte qu'il ne savait rien d'elle, ni
son lieu de travail, ni son numéro de téléphone,
ni son vrai nom d'ailleurs, car Emma n'était qu'un surnom, en hommage
à Emma Peel se rappelait-il en pensant aux épisodes de "
Chapeau melon et bottes de cuir " qui avaient sans aucun doute influencé
sa sexualité. Cette madame Peel tout de cuir ou de vinyl vêtue
était restée pour beaucoup d'adolescents de sa génération
le symbole de la femme libre et dominante. Il se demandait en souriant
si Emma Peel et Steed avaient été amants
?Il monta
rapidement vers son bureau sans s'attarder devant la machine à
café comme chaque matin. Il n'avait qu'un objectif, achever son
travail pour être enfin libre le soir pour cette rencontre. Il commençait
à penser qu'avoir lancé cette invitation pour le vendredi
soir était vraiment une idiotie non réfléchie, mais
il ne pouvait plus s'y soustraire. Il pensa même que pour Emma ce
serait la même chose et que ce dîner improvisé et irréfléchi
rassemblait toutes les conditions pour se transformer en fiasco total.
C'était le seul moyen d'en savoir enfin plus sur elle et d'essayer
de rassembler ses idées afin de se décider soit d'abandonner
cette relation soit de commencer à espérer construire une
relation durable. Mais l'essentiel était ailleurs dans ces heures
du dernier jour de travail de l'année. Il se plongea dans les courriers
électroniques, passa de nombreux coups de téléphone,
rassembla ses collaborateurs pour plusieurs réunions, se jetant
dans une activité fébrile qui ne laissait aucune place au
vagabondage sentimental.?Vers 17 heures, tout était fini et il
quitta rapidement son bureau, souhaitant avec hâte d'excellentes
fêtes à ses collaborateurs sans s'attarder outre mesure.
Son empressement fit d'ailleurs surgir quelques remarques interrogatives
auxquelles il ne prit pas le temps de répondre.
Une fois dans le métro, à
la fois satisfait d'avoir rempli ses objectifs professionnels - il n'y
a que dans les romans que les héros ont tout le temps de vivre
d'amour et d'eau fraîche -, mais inquiet par cette rencontre qui
maintenant se rapprochait inexorablement, il commença vraiment
à se concentrer sur ce rendez-vous de tous les dangers.?Et d'abord
comment s'habiller ? Comment serait-elle vêtue ? Où aller
? Improviser totalement ou feindre l'improvisation, ou encore préparer
soigneusement cette rencontre et apparaître comme l'instigateur
d'un guet-apens amoureux ? Toutes ces questions banales dans une relation
courante revêtent une importance cruciale dès qu'il s'agit
du début d'une histoire. Il ressentait ses embarras d'adolescent
devant cette jeune femme si décidée et si séduisante.
Et il savait bien qu'au fond la décision, quelle qu'elle soit,
incomberait à Emma quelque soit la subtilité de sa tactique.
Il se satisfaisait de cette conclusion fataliste. Les hommes ne sont plus
maîtres du jeu, pensa-t-il, et c'est mieux comme ça après
des siècles de domination brutale.
Arrivé chez lui, son appartement
était très proche de l'Etoile où il avait fixé
par précaution son rendez-vous, c'était le seul paramètre
qu'il avait réussi à maîtriser, il décidait
de faire fi de toutes ses inhibitions. Après tout elle ne pouvait
qu'être ouverte et débarrassée de principes conservateurs
comme elle l'avait prouvé au cours des trois brèves rencontres
qui avaient illuminé sa semaine. Il jouerait clairement la carte
de la franchise. Il attendait depuis si longtemps de pouvoir vivre une
aventure ouvertement fétichiste qu'il ne prendrait aucune précaution
pour dissimuler ses intentions. Avec fébrilité, il se débarrassa
de ses vêtements de travail - l'inévitable costume cravate
qu'il n'osait agrémenter que de son trench en caoutchouc -, prit
rapidement une douche et se dirigea vers l'armoire de ses plaisirs secrets
qui enfermait soigneusement sa collection de vêtements accumulés
au fil des années au gré de ses voyages en Angleterre et
de ses visites sur Internet. Il ne s'habillait que rarement avec ces vêtements,
il en avait très peu l'opportunité. Quelques soirées
fétichistes à Bruxelles ou Londres, quelques sorties solitaires
sous la pluie qui autorise et justifie toutes les audaces lui avaient
permis de s'habiller entièrement avec les matières de ses
désirs.?Sans être frustré par cette situation, il
se prit à espérer qu'enfin il trouverait en Emma la partenaire
de ses rêves. C'était là tout l'enjeu de cette rencontre.
Ce soir, à la veille de Noël, il tenterait le tout pour le
tout pour sortir de cette impasse dans laquelle sa sexualité l'enfermait.
Il choisit avec soin chaque vêtement, un slip latex qu'il mettait
souvent sous ses vêtements " civils ", un jean bien coupé
en latex noir et mat, une chemise de la même matière, qui
formaient un ensemble à la fois discret mais explicite pour les
connaisseurs, et bien entendu son imperméable préféré,
non pas celui qu'il mettait souvent pour aller travailler, mais un épais
trench coat en SBR, entièrement doublé de latex brillant,
vêtement lourd et intensément porteur d'érotisme qui
ne laissait aucun doute sur les choix de celui qui le portait. En s'habillant,
son excitation grandissait, non pas celle qu'il ressentait seul au contact
de ces matières, mais une excitation nouvelle, celle d'être
porteur d'un message intensément sexuel auprès de cette
belle inconnue. Comment réagirait-elle ? Complétant sa tenue
par des chaussures noires en caoutchouc, un modèle rare qu'il avait
ramené d'un voyage en Allemagne, il sortit sans bruit de son immeuble
en craignant de rencontrer un voisin. Une fois dans la rue, dans l'anonymat
de ce vendredi soir très animé, il se dirigea, le cur
battant vers ce premier rendez-vous où il portait sans équivoque
un message clair sur ses désirs. Par chance, la pluie avait repris,
douce mais régulière, et noyait la ville dans un halo de
lumières qui faisaient briller les trottoirs, luire les carrosseries
des voitures qui reflétaient les guirlandes qui ornaient les magasins.
Il ne craignait plus la réaction d'Emma
L'après-midi d'Emma fut aussi
très actif. La réunion de la veille avec New-York avait
été concluante, le client français avait été
ravi de son professionnalisme et séduit par son excellent anglais
et son patron lui avait glissé dans l'oreille, en prenant avec
le client une coupe de champagne pour fêter cette victoire, que
son bonus serait substantiel. Elle souhaitait également finir l'année
en beauté et prendre quelques jours de vacances. Elle n'avait encore
rien décidé, faisant confiance à internet pour trouver
une opportunité de dernière minute, et se prit à
imaginer que peut-être Peter pourrait être un compagnon agréable
pour cette fin d'année. Mais elle n'avait pas beaucoup pensé
à lui ces dernières heures, entièrement engagée
dans la réussite de ce contrat, et finalement elle considérait
que ses hésitations maladroites étaient de mauvais augure
pour la suite. Elle ne trouvait que des hommes, angoissés face
à son aplomb, qui n'hésitaient pas à prendre une
fuite honteuse face à la précision de ses avances. Cette
situation la frustrait d'autant plus que depuis son départ de Londres
elle n'avait pas vraiment rencontré d'homme séduisant et
conquérant, et ses jeux sexuels étaient beaucoup trop solitaires
à son goût. Elle trouvait certes dans son fétichisme
un recours apaisant et réconfortant. Ses promenades sous la pluie
la calmaient face aux contraintes stressantes de son métier. Ses
escapades bretonnes ou en Cornouailles lui permettaient de s'habiller
comme elle adorait le faire, entièrement étanche sous plusieurs
couches de latex et de vinyl, bottée, gantée et encapuchonnée
face aux embruns. Elle n'hésitait pas à passer ainsi des
heures sous la pluie intense, et avait même trouvé à
Ouessant une maison que des amis lui prêtaient occasionnellement,
face à l'ouest, sans aucun voisin, où elle avait pu coucher
sur l'herbe dans la douceur d'une nuit d'été, toute la nuit
exposée au vent et à la pluie. Ce fut l'un de ses meilleurs
souvenirs, ces odeurs de terre détrempée, de mer et de pluie
intensément mêlées dans un parfum primal qui lui avait
provoqué une intense jouissance qu'aucun homme n'avait jamais pu
approcher.
Evoquant ces intenses pulsions, elle
craignait que Peter, ridicule avec ses chaussures de cuir détrempées,
son manque d'audace, ses ruses élémentaires pour la retrouver
alors que c'était elle qui l'avait identifié et conduit
vers elle, ne soit vraiment pas l'homme de la situation. Mais dans un
élan de générosité, c'était Noël
après tout, elle décida de lui donner une chance, une seule.
Elle ne voulait pas perdre de temps avec des amants occasionnels empêtrés
et manquant de confiance. Elle voulait enfin vivre une grande histoire
d'amour avec un partenaire qui pourrait totalement la comprendre, la séduire,
la faire rire et partager non seulement ses intenses désirs sexuels,
mais son goût pour la musique, la nature, les grands espaces.?Une
relation forte, salée comme la mer, douce comme la pluie, brillante
comme ses cirés. Aussi elle avait décidé de ne pas
compromettre cette rencontre improvisée qu'elle avait acceptée
pour mettre Peter au défi de révéler l'intensité
de son désir, la nature réelle de sa personnalité.
Serait-il un petit cadre de banque étriqué, tenté
par le piment du fétichisme, mais peu enclin à se livrer
et à s'abandonner à la force de ses pulsions, ou un homme
authentique et intense, sans inhibition ni crainte face au regard des
autres ? Serait-il prêt à se lancer avec une femme audacieuse
dans une relation entre partenaires ouverts et consentants, loin de mièvreries
et faux semblants, et sans compromission face à l'intensité
de ses désirs ?
Sortie plus tôt du bureau, fière
de son succès dans ce difficile contrat, elle était rentrée
chez elle et avait regardé les sites de mode, Elle, Vogue, Marie-Claire,
pour imaginer comment elle pourrait renouveler sa garde robe du printemps
avec sa prime de fin d'année. La mode 2007 paraissait laisser aux
matières brillantes une place de choix, plusieurs couturiers présentant
jupes, pantalons, chemisiers en vinyl noir. Elle se disait que c'était
une occasion unique de faire converger ses désirs et la mode qui
ne manquerait pas de se retrouver dans la rue. Mais pour ce soir- là,
elle devait frapper l'imagination de Peter, le forcer à se révéler
avec clarté. Et elle pensait que l'épisode de la veille
sous la pluie avait du éveiller pour le moins chez lui quelques
attentes qu'elle chercherait à ne pas décevoir. Sa garde-robe
était largement fournie depuis des années. Elle avait un
choix considérable et n'hésita pas longtemps. Elle possédait
un tailleur pantalon en vinyl noir acheté en solde il y a quelques
années chez un grand couturier, Thierry Mugler, qui lui allait
à merveille, à la fois d'une coupe parfaite et d'une froide
élégance dans cette matière que le couturier avait
su habilement sculpter. C'est cet ensemble qu'elle décida de mettre.
Mais pour pimenter sa tenue, elle mit d'abord un slip en latex qui la
pénétrait intimement, alimentant son excitation de façon
permanente, puis un chemisier en latex blanc, très fin, au col
droit boutonné, sans soutien-gorge. Elle ressortit d'un tiroir
les deux splendides anneaux que son amant anglais lui avait offerts pour
sceller leur entente, anneaux qui avaient nécessité le piercing
de ses seins qu'elle avait consenti à admettre bien que réticente
et qu'elle ne mettait plus, tout en empêchant le passage de se refermer
grâce à une barre de métal mince. Et elle décida
enfin de mettre son grand manteau en vinyl noir également, acheté
cette fois chez Rimo en Allemagne, fabricant spécialisé
dans les imperméables somptueux, taillés dans un vinyl épais,
et doublé de latex très fin. Pour compléter cette
tenue, elle mit une paire de bottines laquées de noir, au talon
de métal impérieux. Elle appela enfin un taxi pour se rendre
à l'Etoile décidée à convaincre Peter de devenir
son amant dès ce soir s'il le méritait vraiment, ce qu'elle
ne tarderait pas à savoir
Ainsi Peter et Emma marchaient vers
cette?" brillante rencontre " plein d'ambitions et d'ardeurs
pour engager leurs vies dans une nouvelle aventure forte.?Il pleuvait
sur Paris ce vendredi soir, mais deux personnes au moins s'en réjouissaient.
Brillante Liaison 2 (suite)
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