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CHAPITRE 14: LE RENARD DANS LE POULAILLER.
Nous quittions Diane avec une appréhension,
en espérant que tout se passe comme prévu: elle était
vraiment en colère... Dans le pire des cas, je comptais sur Carole
pour sauver la situation. À peine montés dans l'Audi, Denis
étouffa un bâillement:
- " Ouafff. Je suis claqué. J'ai baisé toute la nuit,
et je te raconte pas ce que j'ai encore mis à ma Lady Di ce soir.
Elle doit avoir la chougne en bouquet de violette. T'es salaud, aussi,
de foutre le feu et te barrer
Je la trouve hyper bandante en guêpière.
Merci pour son cadeau, j'en profite un max. " Il parlait à
Luc. Je souris à ses expressions imagées:
- " Oui, je la trouve aussi diablement attirante. Si ça peut
te consoler, ça m'a coûté de me refuser à elle.
J'ai horreur de décevoir une femme. " Il n'était pas
trop dans la conversation:
- " Ouais
Je crois que je vais rentrer tôt. Tu devrais
prendre ta voiture, je ne voudrais pas gâcher ta soirée.
" Il me déposa devant la maison. Je pris les papiers et les
clés de la Clio et je démarrais rapidement. Je ne voulais
pas risquer de rencontrer Diane. Carole ne s'était pas manifestée
non plus.
Mélanie s'affairait devant sa
voiture, dans un petit haut léopard et une minijupe noire. On aurait
dit une
professionnelle. Elle devait m'attendre et ne voulait pas
l'afficher devant la population locale. Elle était très
sensible au " qu'en dira-t-on ", mais si elle se met à
tapiner devant chez elle... Dès qu'elle aperçut nos voitures,
elle monta dans la sienne et démarra à notre suite; je roulais
à une allure modeste pour qu'elle nous rejoigne sans difficulté.
Nous avions rencontré quelques
soucis pour nous garer: Nemours n'est pas une mégapole, mais c'était
samedi soir et nous avions dû marcher un peu. Je suis entrée
la première et je fis patienter Denis à côté
de la boîte, devant une épicerie nocturne, le temps d'avertir
Chloé. Il pouvait y soupeser les melons en attendant pour exprimer
sa sensualité.
Curieusement, il n'y avait pas grand
monde. Chloé prenait les commandes entre les tables, et je l'attendais
au bar. Je saluai la gentille barmaid:
- " Salut Isa! C'est calme, ce soir
" Elle me fit un sourire
intrigué:
- " Heu
Salut! C'est pas encore l'heure de pointe
On
se connaît? " Je réalisai que j'avais quelque peu changée:
- " Oui, je suis Alicia, la petite amie de Chloé
On
s'est vue, avant-hier, tu m'avais même fait une blague
"
Elle fit de grands yeux:
- " Ah oui! Bien sûr! Mais tu avais une perruque blonde
Chloé m'a raconté pourquoi tu en mettais, je suis désolée
pour toi. J'espère que ce n'est pas trop grave
En tout cas,
elle n'arrête pas de parler de toi. Tu as mis le grappin sur son
cur, on dirait. " Je me demandai ce qu'elle a bien pu lui raconter.
Pas la maladie-qui-fait-pas-rire, tout de même...
- " Un gin fizz et un baby
pourquoi tu te marres comme ça, Isa? " Chloé posa son
plateau sur le bar, juste à côté de moi: je lui tournais
le dos. Je fis volte-face et lui souris:
- " Bonsoir, mon amour
" Après quelques secondes
d'hésitation, Elle me serra dans ses bras et m'embrassa passionnément.
Quelques cris enthousiastes fusèrent des tables alentour.
- " Petite salope! Pas un mot, ni un coup de téléphone!
Je ne pensais plus te revoir
" Je baissai les yeux. C'est vrai
que je n'avais pas été trop galante avec elle
- " Je suis désolée. Je t'avais trouvée un peu
distante, quand on s'est quittées. Je ne croyais pas que tu tenais
tant à moi
"
- " T'es marrante! T'as pas vu la tête que me faisait ma patronne?
J'étais un peu à la bourre, je ne voulais pas abuser
Enfin, si c'est un malentendu, n'en parlons plus. Tu es venu voir tes
copines? " Je lui fis un sourire mutin:
- " Tu ne crois pas que je sois venue pour tes beaux yeux, tout de
même? " Elle me fit à voix basse, un sourire au coin
des lèvres:
- " Petite conne
"
- " Et figure-toi que j'ai amené mon mari
" Sa
réaction fut partagée entre un grand plaisir et une immense
déception:
- " Ah? Ah bon
" Je lui fis un clin d'il:
- " Rassure-toi, il ne va pas rester en selle longtemps dans le rodéo
que nous avons mitonné
Je te demande juste de jouer le jeu
: devant lui, tu ne me connais pas, OK? " Elle sourit, un peu inquiète
quand même:
- " D'accord. Mais ne faites pas trop de vagues, vous risqueriez
de vous faire jeter tous les deux. Pour toujours, et ça, je ne
le veux pas. " Un cri au fond de la salle attira mon attention:
- " Par ici, Mélanie ! " C'était la voix puissante
de Caroline. Il m'avait bien semblé avoir entendu appeler avant
ça, mais ce devait être la voix fluette de Corinne, Caro
était venue en renfort en beuglant de sa voix mâle.
Je localisai la table de mes amies
et repris ma conversation:
- " Je t'ai apporté quelques papiers concernant tes finances.
On y jettera un il, si tu veux bien
" La barmaid nous
interrompit:
- " Chloé, ça gueule au fond, table seize. Et enlève
vite ta commande, si tu veux recevoir un billet entre tes beaux nichons!
" Isa me fit un sourire appuyé: elle avait dû lui raconter...
J'étais parti en direction des
tables quand je me rendis compte que j'avais oublié mon époux
fidèle sur le trottoir. J'espérais qu'il ne se sera pas
éclipsé avec un melon bien mûr
Non, il m'attendait
sagement, en s'occupant sainement: il ne faisait que regarder les petits
culs courtement vêtus qui défilaient sur le trottoir. Je
l'attirai de l'index en souriant et il accourut tel un toutou fidèle:
- " Ça y est, c'est bon? "
- " Oui, mais ne te fais pas trop remarquer. " Ça, ce
n'était pas évident. John Travolta au milieu d'une boîte
à clitos, on fait mieux comme tenue de camouflage... Il me suivit
docilement jusqu'à la table de mes amies. Il ne manquait que Steph:
- " Salut les filles! C'est Alicia! Vous me reconnaissez, en brune?
" Caroline se leva la première pour me faire la bise:
- " Oui, bien sûr
Figure-toi qu'on t'épie depuis
que tu es arrivée, et on se demandait si c'était vraiment
toi. Mélanie t'a reconnue à coup sûr: elle a encore
l'il! " J'espérais qu'elle n'avait pas gaffé
: On n'était pas censées se connaître beaucoup
Elle reprit:
- " Et qui c'est, ce charmant jeune homme qui ne craint pas d'introduire
ses attributs au milieu du territoire des amazones? " Elle plaisantait,
mais je sentais bien que sa présence ne lui plaisait pas trop.
- " Je vous présente mon mari Denis. Il a tenu à m'accompagner...
Je lui ai parlé de cet endroit, et il n'a pas pu résister
à une telle profusion de filles. " Ce disant, je fis la bise
au reste de la tablée. Corinne me jeta un regard un peu coupable.
Elle croyait que je lui en voulais encore de ne pas m'avoir choisie, sans
doute
Nous nous étions à peine installés, Denis
sur la banquette moelleuse à côté de Caro, moi sur
une chaise, que Caroline attaqua:
- " Dis donc, tu n'es pas très galant
Tu pourrais laisser
la meilleure place à ton épouse! " Il se défendit
d'un ton innocent:
- " Bof, tu sais, elle a le cul bien rembourré, elle peut
se le permettre. " Elle bouillait:
- " C'était bien, ton match de foot? C'était sur quelle
chaîne? " Il avait l'air perdu:
- " Heu
Je m'en souviens plus
C'était sur le satellite,
je crois
"
- " Pour un passionné, ça ne t'a pas trop marqué,
on dirait
"
- " Bof, c'était surtout pour boire des bières entre
potes. Mais tu dois savoir ce que c'est, toi, l'amitié virile
" C'était le grand amour entre eux deux. Caroline ruminait
la dernière réplique de Denis quand elle leva le bras et
l'agita:
- " Steph! Ici! Amène Chloé! " J'espérais
qu'elle n'allait pas déballer notre liaison devant Denis. Pas tout
de suite
Stéphanie nous fit la bise -en
oubliant sciemment mon époux- et s'installa à côté
de son amie, sur une chaise. Elle se serait bien mise sur la banquette,
mais pas à côté de Denis:
- " Putain, qu'est ce qu'il fait chaud dans ma boutique! Avec tous
ces spots, c'est l'horreur... C'est qui? " Elle désigna négligemment
mon fidèle époux du menton en s'adressant à Caro.
Elle se fit un plaisir de l'éclairer:
- " C'est le blaireau dont Alicia nous avait parlé. Tu sais,
celui qui trompe sa femme à couilles rabattues
Sa femme un
peu
naïve. Je dirais bien autre chose, mais je ne voudrais
pas la vexer. De toute façon
" Elle s'arrêta net.
Chloé était arrivée à notre table:
- " Salut les filles
Tiens, bonsoir Monsieur ! C'est rare de
voir un homme ici ! En principe, ils ne restent pas longtemps. Surtout
à cette table
" Elle fixait Caro et Steph d'un air de
défi. Elle reprit, à la cantonade:
- " Je vous écoute, Messieurs dames... " Denis répondit
du tac au tac, comme s'il était seul au monde:
- " Un demi ! Il fait chaud dans votre boui-boui. Surtout avec tous
ces petits culs en chaleur
" J'étais très fière
de mon époux. Il était merveilleusement odieux, et tellement
naturel
Caro fit entre ses dents, assez fort
pour qu'on puisse en profiter quand même:
- " Putain, quel gros con
Ça doit être lui qu'on
appelle " Ducon de Nemours*
" Un coup d'il circulaire
me confirma que c'était le sentiment général qui
régnait à cette table. Denis souriait, inconscient du malaise
qu'il suscitait. Apparemment, bien sûr.
Nous avions passé nos commandes.
Il s'intéressa à son harem potentiel:
- " Dis-moi, chérie, tu peux me parler de tes amies? Elles
ont l'air à peu près charmantes, pour certaines
"
- " Avec plaisir, mon ange
Voilà Mélanie, une
petite nouvelle, comme moi, qui est avec Corinne, ce joli petit brin de
fille au charme eurasien
" Il lança à Corinne:
- " Ouais, tu es bien mignonne... Quand tu veux, je t'emmène
faire un tour dans un endroit sombre! Je me suis jamais tapé une
asiatique... Ta copine, je la laisse tranquille, j'aime que la chair fraîche.
" Elles ne disaient rien, mais je voyais bien qu'elles n'en pensaient
pas moins. Même Mélanie -pourtant au courant de notre petit
manège- était visiblement offusquée. Je calmai le
jeu:
- " Chéri, tu connais à peine mes nouvelles amies
Elles ne connaissent pas encore ton humour, vas-y doucement
"
Les consommations arrivèrent. J'avais pris un vermouth. Denis but
rapidement sa bière et nous gratifia d'un gros rot sonore. Bien
sûr, il ne s'excusa pas. Il me fit, d'un air salace, en mettant
ma main sur son sexe:
- " Ma poule, tu sais ce que j'aime, après ma bière
" Je regardai mes amies d'un air gêné, et me glissai
en bas de ma chaise. Steph craqua:
- " Ah non! Vous n'allez pas faire vos saloperies ici! " J'excusai
mon époux:
- " Tu sais, il a de gros besoins, j'essaie de le satisfaire du mieux
que je peux
Et il devient agressif quand il n'a pas fait l'amour
depuis un moment. "
- " Peut-être, mais on a pas envie d'assister à vos
cochonneries... Allez dans les chiottes, comme tout le monde! " Elle
fixait Mélanie et Corinne qui baissèrent la tête.
Denis prit le relais, toujours insouciant:
- " Ouais, tiens, j'ai envie de pisser... La bière, c'est
terrible pour ça
Y a des chiottes pour mecs, ici? Bien que
certaines nanas à cette table ont des têtes à faire
dans un urinoir
" Il disait ça en regardant Caro et
Steph d'un air goguenard. Caro répondit, les dents serrées:
- " Ouais, c'est juste derrière. Ça fait hommes et
handicapés. Je trouve ça logique. "
- " Et bien merci, gentes dames
Je vais faire pleurer le colosse.
Viens, ma poule. Je sens que tu vas déguster, je suis en forme.
"
Je m'excusai timidement, pris mon sac
et rejoignis Denis aux toilettes. Elles étaient assez vastes et
comprenaient, outre les toilettes fermées pour handicapés,
un lavabo et un urinoir. Je refermai la porte et le pris dans mes bras
en riant:
- " Tu es un fou furieux! Tu vas finir par te faire arracher les
couilles! " Il me sourit fièrement:
- " Ma prestation te plait? J'en suis content. Bien, je vais pisser,
j'ai vraiment envie. On va rester un moment, et tu ressortiras en boitant
un peu, en marchant les jambes écartées. D'accord? "
Je pris un air sérieux:
- " Non. On le fait vraiment. " Il sourit en silence et fit
son petit pipi. La porte s'ouvrit doucement et les têtes de Mélanie
et de Corinne apparurent. Elles voulaient être discrètes,
c'était raté. Je me mis à genoux:
- " Entrez, les filles! " Elles avancèrent timidement.
Je pris le sexe de Denis entre mes doigts et le suçai avec entrain.
Il avait les yeux fixés sur Corinne, plutôt gênée.
Il jouit rapidement dans ma bouche, en grognant. Je le tétai amoureusement
encore un moment, le temps que son érection reprenne. C'était
l'affaire de quelques minutes, tout au plus.
Tout en le gardant dans ma bouche,
je baissai ma culotte, pris le tube de gel intime que j'avais dans mon
sac et me lubrifiai consciencieusement. Je me relevai et m'appuyai sur
bord du lavabo. Denis releva ma robe, découvrant fortuitement mon
bandage et me pénétra sans ménagement, m'arrachant
un cri. J'adorais quand il me forçait comme ça, surtout
devant des admiratrices
Corinne, incrédule, fit à
sa compagne à voix basse:
- " Tu crois qu'il est en train de la
"
- " Je crois bien que oui... Et elle a l'air d'aimer ça
Ils m'excitent terriblement, tous les deux
" Elle l'enlaça
et commença à la caresser. Corinne se débattit:
- " Non! T'essaieras pas ça avec moi. Je ne suis pas une détraquée.
Allez viens, on s'en va. " Elles nous laissèrent seuls. Mélanie
en aurait bien vu plus
Il faudra que je l'invite.
Denis jouit bruyamment en moi. Il préférait
de loin la sodomie à la fellation. Moi, comme je ne savais pas
quoi choisir, je préférais faire les deux. Il se retira,
rangea son matériel et sortit en sifflotant, m'abandonnant affalée
sur le lavabo, la robe relevée. J'aimais quand il se conduisait
comme ça
Je crois qu'il prenait vraiment son rôle à
cur
Je restai un instant les fesses à l'air, rêvant
d'une nouvelle pénétration: je n'avais pas d'orgasme, mais
j'adorais ça
Je dus me faire violence pour me rajuster et
sortir à mon tour.
J'affectai de prendre une démarche
incertaine pour vanter la vitalité de mon époux. Je m'installai
à ma place, les yeux baissés. Quand je les relevai, je vis
que c'était la soupe à la grimace. Tournée générale.
Mélanie rompit la glace:
- " Tu as de la chance d'avoir un homme si vaillant : on l'a vu à
l'uvre, il ne rechigne pas à la tâche
"
- " Oui, mon chéri m'aime beaucoup, et il a toujours envie
de moi. " Il rajouta, fort galamment:
- " Oh, J'ai toujours envie tout court! Je pourrais même vous
baiser toutes sur la table, et recto-verso encore! " Steph tapa du
poing sur la table, épaulée par sa compagne:
- " Ce coup-ci, y en a marre! Barre-toi, espèce de gros connard,
ou je t'arrache tes grosses couilles de macho et je te les rentre dans
le cul à coup de talon! " Je baissai les yeux, traumatisée
qu'on puisse attaquer ainsi mon si tendre époux. Lui, toujours
aussi décontracté:
- " Ouais, je me casse. Il y a rien à tirer ici, à
part la petite chinetoque coincée et Alicia, mais ça, c'est
la routine. Je vais faire un tour ailleurs, boire avec des potes. Allez,
salut, les filles, merci pour la bière, et bonne broute! "
Il sortit en riant et en singeant les filles d'une table voisine, heureuses
aussi qu'il s'en aille.
Caro m'engueula:
- " Putain, mais qu'est ce que tu fous avec un con pareil? C'est
vraiment la caricature du gros con de beauf macho! Et en plus, il te saute
sur commande! " Chloé revint enlever les verres vides et renouveler
les consommations. Je fis timidement:
- " Je l'aime
Il me fait bien l'amour, et je ne peux pas me
passer de son sexe. Il faut toujours que je l'aie en moi pour me sentir
heureuse. " Caro fit à Chloé:
- " On dirait que tu as encore tiré le bon numéro
" Chloé n'avait pas été traumatisée par
la prestation éblouissante de Denis:
- " Ce qu'elle fait avec son mec, c'est son problème. Je peux
vous jurer que dans mes bras, c'est pas la même personne. "
Elle renouvela les commandes. Je me laissai séduire à nouveau
par une Suze-cassis. Corinne me fit en riant:
- " Ce coup-ci, j'y touche pas
Dis, c'est quoi le bandage qu'on
a vu? Tu es blessée? " Elle est décidément observatrice.
J'improvisai une explication plausible, déguisant ma réflexion
en embarras:
- " Non, c'est pas ça
C'est gênant
Denis
a toujours envie de moi, et me prend n'importe quand. Comme il veut que
je sois
réceptive à ses assauts, il me fait porter
un petit godemiché dans mon vagin. Je le porte en permanence, ça
me maintient disponible, et ça me donne un peu de plaisir quand
il me sodomise. Il ne me prend quasiment que comme ça, d'ailleurs.
" Elles étaient horrifiées par mes révélations.
Sauf Mélanie, qui cachait mal son excitation. Chloé, qui
était à la table voisine, me jeta discrètement un
regard amusé. Corinne, à qui décidément rien
n'échappait, me fit cette remarque:
- " Au fait, ton mec t'a plantée là, sans te demander
comment tu allais rentrer? " Je lui caressai le genou. Ça,
je pouvais encore me le permettre:
- " T'inquiètes pas, on a chacun notre voiture. Il pensait
juste rester le temps de mettre de l'ambiance. " Caro me fit:
- " Eh bien, c'est réussi. Tiens, regarde qui nous fait coucou
au bar
"
Denis s'agitait près du comptoir, un bouquet de roses à
la main. Je crois qu'ils en vendaient à l'épicerie d'à
côté. J'ai cru comprendre que c'était moi qu'il appelait,
et allai le retrouver. Il posa le bouquet sur le zinc et m'enlaça
furieusement. Il me posa sur un tabouret et colla son sexe contre le mien,
en une étreinte torride. Il me glissa à l'oreille, entre
deux baisers:
- " Tu me rends fou, petite salope. Tu es vraiment trop bonne. Et
qu'est ce que tu es chaude
" Je lui rétorquai sur le
même ton:
- " Je suis à vous, Maître, baisez-moi tant que vous
voulez. Ce sera où, quand et comment vous le déciderez,
je ne vous demanderai jamais grâce
" Il se recula brusquement
et partit à grand pas. Arrivé à la porte, il me lança
avec force, fièrement, afin que tout le monde entende :
- " Je t'aime, Alicia, ma chérie! " Et il disparut.
J'étais toute chamboulée.
Je restais à regarder le bouquet de roses que je faisais tourner
dans mes mains. Je vivais plusieurs vies en même temps, et je commençais
à être dépassée par mes émotions. Cela
devenait plus que du jeu
Je rejoignis mes compagnes en traînant
les pieds. Elles m'accueillirent en silence. Bien sûr, elles n'avaient
rien perdu de la scène
Je lâchai, en serrant mon bouquet
dans les bras et en fixant la table:
- " C'est aussi pour ça que je l'aime
" J'étais
sincère. C'était la première fois qu'un homme m'offrait
des fleurs.
Chloé vint à ma rescousse:
- " Viens avec moi au bar, on va les mettre dans de l'eau. "
Elle m'entraîna jusqu'au comptoir et je tendis les roses à
Isa qui me souriait très gentiment, avec affection. Elle était
à côté de nous deux pendant notre courte étreinte,
et elle avait compris que j'avais été réellement
touchée.
- " Merci, Isa, tu es vraiment gentille. " Elle me tapota la
main:
- " De rien. Appelle-moi Isabelle. Je préfère. "
Chloé m'attira à l'écart:
- " J'ai cru comprendre que tu avais encore tes bandes? "
- " Ben oui, j'ai pas trouvé mieux
"
- " J'ai un copain qui fait un numéro de travesti, dans un
cabaret plutôt gay, il a sûrement ce qu'il faut. Il s'appelle
Claudine. Tu veux aller le voir? " J'étais un peu effrayée:
- " Ben
Je le connais pas, moi
c'est gênant
"
- " Ne t'inquiète pas pour ça. Il y a là une
copine qui le connaît bien. Viens, elle est juste là. "
En effet, elle était à cinq mètres de nous. C'était
une jolie brune à l'air très espiègle, affublée
d'un rire plutôt sonore:
- " Natty, je te ramène la fille en question. Tu es toujours
d'accord? "
- " Salut ma poupée! Je te suis depuis que tu es arrivée,
tu es assez agitée, on dirait! Je viens juste de reprendre un verre:
on y va dans une demi-heure, si tu veux
"
- " Avec plaisir, c'est très gentil de ta part. Je ne sais
pas comment te remercier
"
- " Paye-moi un verre, quand tu reviendras. À tout à
l'heure, je viendrai à ta table. " Elle retourna à
sa conversation avec ses amies. Je remerciai Chloé et rejoignis
ma place.
Corinne et Mélanie étaient
en grande discussion, arbitrée par Caro et Steph. La conversation
s'arrêta net quand je me suis assise. Je jetai un regard circulaire
et les interrogeai du regard. Pas de réponse.
- " Vous parliez de moi, je suppose? " Mélanie se dévoua:
- " Oui, on parlait des relations ambiguës que tu entretiens
avec ton mari. Et aussi de ta sexualité. On se demandait si
Tu prenais ton pied. Tu as l'air si soumise
" Elle avait l'air
de s'amuser, à me poser toutes ces questions embarrassantes:
- " Tu sais, j'ai beaucoup de mal à avoir un orgasme. Et même
là, je n'éprouve pas vraiment de plaisir. Un soulagement,
tout au plus. Mais je sais ce qui vous choque: c'est que je me fasse sodomiser.
" Elles baissèrent les yeux toutes en même temps. Même
Mélanie. Je continuai:
- " Je trouve ça très pratique, et je n'y vois que
des avantages: je n'ai pas besoin de contraception, Il jouit beaucoup
plus vite, je suis disponible même pendant mes règles et
je n'ai même pas de toilette à faire. Et en plus, j'aime
assez. Réfléchissez-y
Mais c'est vrai que vous ne
côtoyez pas les hommes
Enfin, si vous avez des questions,
je vous répondrais avec plaisir. " Pas de question. Le sujet
glissa sur les femmes battues et exploitées dans le monde, et sur
l'arrogance de la gent masculine. Elles avaient raison, bien sûr,
mais à les écouter, le monde était coupé en
deux: les pauvres femmes d'un côté et les méchants
hommes de l'autre. Je commençais à déprimer sérieusement
quand une main se posa sur mon épaule et me fit à l'oreille**:
- " On y va? " Natty était venue me chercher. Je fis
brièvement les présentations -pour celles qui ne la connaissaient
pas-, m'excusai et sortit avec elle.
L'air était encore chaud. La
nuit venait de tomber, mais je doutais qu'il fasse bon encore longtemps.
Hier encore, c'était l'hiver. Elle me prit la main:
- " Viens, c'est par-là. C'est pas loin, deux pâtés
de maison. Qu'est ce que tu lui veux, à Claudine? " Je suppose
qu'elle n'était pas au courant : il fallait encore que j'improvise
Je sentais que tout ça allait bientôt me péter à
la figure:
- " Je recherche un petit voisin qui a fugué. Ses parents
sont inquiets. Il serait travesti, et c'est uniquement pour pouvoir les
rassurer, et lui dire qu'ils l'aiment. Je mène une enquête
à but humanitaire, en quelque sorte. " Elle serra ma main
en me regardant:
- " Ah bon
C'est mignon, Alicia, comme nom. Tu sais, Je connais
bien Chloé, et je sais quand elle est amoureuse. Et là,
elle est amoureuse. Ne lui fait pas de mal. C'était pas du tout
une bonne idée d 'avoir ramené ton mari ici. Ça lui
a fait de la peine. " Je lui souris avec tendresse:
- " Ne t'inquiètes pas, elle était au courant. Je lui
en avais parlé. Comme ça, elle arrêtera de l'idéaliser
et d'en être jalouse. Crois-moi, c'est mieux comme ça
Et je trouve que Natty, c'est mignon aussi. Ça me fait penser à
une chanson de Bob Marley: Natty Dread
" Elle rit:
- " Oui, on me l'avait déjà faite, celle-là.
Mais mon vrai nom, c'est Nathalie. " Non, c'est pas Dieu possible
- " Je ne sais pas si c'est une mode dans cette boîte, mais
toutes les filles que j'ai croisées ont des diminutifs. Il n'y
a que Corinne et Chloé qui n'en ont pas. " Elle s'esclaffa:
- " Corinne, entre nous, on l'appelle Coco, mais elle aime pas ça,
elle trouve que ça fait communiste
Et Chloé, en réalité,
c'est Clotilde. " Je ris à mon tour:
- " Ça, elle ne s'en est pas vantée! "
Natty m'aimait bien, peut-être
parce que je rendais son amie heureuse
Nous étions vite arrivées
devant la boîte: " Pop Model ". J'étais surprise
de trouver deux endroits aussi exotiques dans une si petite ville, mais
ils drainaient une grande population alentour. De plus, la mode était
aux boîtes branchées, loin de tout. Natty s'entretint quelques
instants avec le portier, un gars costaud, en cravate et lunettes de soleil.
Il devait craindre les coups de lune
Il nous fit entrer visiblement
à contre cur, et un autre type, plus sympa mais assez speedé
pris le relais. Après avoir longé la salle du cabaret -pleine,
il nous guida à travers un dédale de couloirs glauques et
encombrés. Il frappa à la porte et nous laissa devant dès
qu'il eut entendu une réponse. Natty le suivit aussitôt après
m'avoir dit:
- " À toute suite, je te laisse. N'oublie pas que tu me dois
un verre! "
Elle aurait pu m'attendre
Était-ce
par soucis de discrétion? Un grand gaillard à moitié
travesti m'ouvrit la porte:
- " Oui? " Il avait l'air un peu à cran, comme si on
venait l'emmerder toutes les cinq minutes. Je me présentai:
- " Je m'appelle Alicia. C'est Chloé qui m'envoie. "
- " Chloé comment? " La question qui tue.
- " Je ne connais que son prénom. Chloé, ou Clotilde,
qui travaille au " Lolitas et mentalos. " Il sourit:
- " Ah ouais, ça doit être ma petite Clo-clo. Entre.
" Je refermai derrière moi. Il se jeta aussitôt sur
son nécessaire de maquillage et continua son peinturlurage. Je
préférais le mien, mais, ayant fait du théâtre,
je savais qu'il fallait forcer le trait à outrance pour avoir le
résultat escompté. Il mettait des faux cils qu'il avait
dû piquer à une girafe:
- " Qu'est-ce qui t'amène, ma jolie? Et tu t'appelles comment?
" Il avait déjà oublié.
- " Moi, c'est Alicia. Je recherche une culotte ou une chose du genre
pour cacher mon sexe. Je mets des bandes, mais c'est pas le top. Ça
craint, niveau look. " Il laissa tomber son deuxième jeu de
cils qui aurait pu servir d'éventail à un esclave nubien:
- " Qu'est que tu me chantes là? Tu ne peux pas t'acheter
une culotte, comme toutes les filles? "
- " Et bien non, je ne suis pas une fille, c'est pour ça que
Chloé
" Il se dressa et me scrutait de la tête
aux pieds, en fixant le point milieu:
- " Tu me charries, là
" Voyant que je n'arriverai
pas à le convaincre, je levai ma robe, baissai ma culotte et écartai
mes bandages.
- " Et bien ça, alors, quelle merveille! Tu ferais un tabac
en strip-teaseuse dans notre boîte! Peut-être un peu trop
potelée, mais moi, je t'embauche tout de suite, même si tu
danses comme un sac. Tu prends des hormones, tu te piques? " Je commençais
à me lasser de cette question:
- " Même pas, c'est naturel. " Trois folasses, en uniforme
américain -et féminin- de la seconde guerre mondiale entrèrent
en riant. Elles devaient avoir fini leur numéro: il m'avait semblé
les avoir vues sur scène en passant, dans un playback d'une chanson
des " Andrews Sisters ". Claudine les harponna et m'exhiba:
- " Hé les filles! Venez voir cette merveille! " Elles
ne semblaient pas follement émoustillées, jusqu'à
ce que Claudine soulève ma robe:
- " Ouah! je le crois pas! Elle est parfaite! Une vraie fille! "
Je rabaissai prestement ma robe : je n'étais pas -encore- une attraction
Les filles me laissèrent à regrets, en riant, et en me donnant
des petits noms coquins.
- " Voilà mon problème. Vous pouvez faire quelque chose
pour moi? " Il regarda sa pendule avec inquiétude:
- " D'abord, tu me tutoies. Ensuite j'ai ça. " Il leva
sa robe à la Juanita Banana et m'exhiba une grande gaine noire.
- " Je veux pas te vexer, mais ça fait mémère.
Je préfère encore mes bandes. "
- " Je te donne pas tort, mais ça me donne une silhouette
féminine. Mais toi, tu n'as pas besoin de ça
J'ai
peut-être ce qu'il te faut. " Il ouvrit un tiroir et le retourna
avant de sortir une culotte plus
modeste:
- " Tu crois que ça t'irait? Elle est trop grande pour moi,
j'ai maigri pas mal. Toi, par contre
" Je plaquai la culotte
sur mes hanches: ça devait coller. J'enlevai mon bandage, ôtai
ma robe pour faire profiter les éventuels amateurs de mon anatomie,
et enfilai la chose.
C'était déjà beaucoup
mieux. Ça ressemblait à un tanga, noir, fortement renforcé
sur le devant de façon à bien niveler l'anatomie masculine:
- " Ça me va pas mal, mais ça me rentre bien dans le
cul! " Il me fit avec un sourire moqueur:
- " C'est normal
Il faut bien que ça serre un peu, il
faut souffrir pour être belle. Et puis si je peux me permettre,
tu dois avoir l'habitude qu'on te rentre dans le cul
" Il me
caressait les fesses avec envie. Je lui souris d'un air coquin:
- " C'est vrai
D'ailleurs, si ça te dit, la place est
encore chaude
" J'étais restée sur ma faim. Il
me lâcha et retourna à son habillage:
- " Merci, t'es gentille, mais je suis passive. Pour la culotte,
ça m'ennuie de te la donner, ça coûte bonbon. C'est
une fabrication artisanale. "
- " Tu l'as trouvée où? "
- " À Paris, dans le Marais***. "
- " Tu la mets souvent? "
- " Non, pas trop. "
- " Eh bien, je te la rachète. Dis un prix. "
- " Je sais pas, moi
Cinquante Euros? C'est bien parce que
c'est toi et qu'elle a déjà servie. " Je sortis les
billets :
- " Vendue! " Il enfourna la monnaie dans son vestiaire, mis
la dernière touche à sa tenue, me fit la bise et me cria
avant de disparaître :
- " Je te ferais passer l'adresse par Chloé! Tu peux regarder
mon numéro, et pense à ce que je t'ai dit pour le strip-tease
! Je suis sérieux ! " Je tentai de revenir sur mes pas, et
finis en coulisses, sur le côté de la scène. Je ne
m'étais pas trompé : Claudine faisait bien un play-back
sur Juanita Banana, version remixée. C'était gentillet,
mais pas trop mon style. Je m'imaginai quelques instants sur la scène,
effectuant un strip tease torride, avec un final à couper le souffle...
Qui sait ? Je me laisserai bien tenter, si je savais mieux danser...
Après m'être fourvoyée
quelques fois et m'être fait aiguillée par un personnel assez
hostile, je me retrouvai dans la rue et retournai au " Lolitas ".
Un groupe de jeunes que j'ai croisé m'avait fait des propositions
indécentes en riant, que j'ai dû malheureusement décliner.
Je ne suis pas une fille -si- facile
En entrant dans le bar, je
fis un signe à Chloé -de loin, le pouce levé-, qui
me fit un grand sourire. Il y avait beaucoup plus de monde, bien que la
boîte soit maintenant ouverte.
Je posai la main sur l'épaule de Natty et lui fit la bise:
- " Merci ma chérie. Grâce à toi, j'ai trouvé
ce que je cherchais. " Elle en était ravie:
- " Alors, il va bien? Tu l'as vu? Tu as prévenu ses parents?
" Ah
J'avais complètement oublié cette excuse
foireuse
- " Heu
Oui, tout va bien. Il va bien, il rappelle ses parents.
Alors, je te paye un verre, ainsi qu'à ces demoiselles? "
Elle rit:
- " Doucement, on dirait un mec qui drague en boîte
Mais
oui, avec plaisir. " J'avais dû prendre un ton macho, à
mon insu. Mais question aventures, j'avais ma dose. J'appelai Chloé
pour qu'elle prenne les commandes et lui fis un petit bisou discret. Je
n'avais rien à partager avec ces filles, et retournai avec ma tablée:
- " Je rejoins mes copines. Tu m'enverras Chloé pour la note.
Bises! "
Je me rassis à ma table. Steph
me regardait d'un il amusé:
- " Dis donc, on dirait que tu as la bougeotte, ce soir
"
J'éludai la question. Je n'avais pas envie de replonger dans un
alibi à la con. Moins on dit de mensonges, plus on se rapproche
de la vérité****:
- " J'avais une course à faire
Vous parliez de quoi?
D'Alicia et de sa sexualité hors norme? " Elles rirent. Caro
me fit sérieusement:
- " Tu n'es pas le centre du monde, bien qu'on pourrait le penser,
vu le nombre de personnes qui tournent autour de toi
Non, on parlait
des femmes en politique. " Je soupirai:
- " Vous pouvez pas parler de fringues ou de vedettes de ciné,
comme toutes les autres filles? " Elle se pencha vers moi:
- " Tu nous as bien regardées? On n'est pas comme les autres
filles. " Je tentai de mettre un peu d'ambiance:
- " Bon, ou alors quelque chose de rigolo, comme le surnaturel, la
vie après la mort, les extraterrestres
Ce serait pas plus
festif, non, pour un samedi soir? " Steph lança à Mélanie:
- " Moi, je trouve que les femmes sont vraiment sous-représentées
au sénat. Tous ces vieux machos séniles qui se serrent les
coudes et se cramponnent à leur fauteuil, ça me donne la
gerbe. " Bon, apparemment, c'était raté pour la soirée
pyjama. Je commençais à me faire sérieusement chier.
Dieu merci, un ange vint à ma
rescousse une fois de plus:
- " Ma chérie, je prends ma pause. Tu viens? " Chloé
m'avait posé sa douce main sur l'épaule. Je me levai d'un
bond et la pris par le bras. Elle m'attira jusqu'au bar, où elle
demanda un verre d'eau à Isabelle. Elle avait quand même
droit à un peu de sirop. Je la grondai:
- " Va doucement avec le sirop de cassis! J'en aurais plus pour ma
Suze
" Elle rit:
- " Tu es la seule à en boire! Tu m'en as donné envie
C'est vachement bon, ça me change de la grenadine. Viens, on va
dehors. J'ai cinq minutes. " Je lui posai la main sur l'épaule:
- " Au fait, tu n'as pas encaissé les consommations de la
table de Natty! " Ça n'avait pas l'air de la préoccuper
beaucoup:
- " Bah
Tu paieras à Isa
Après ma pause.
"
Nous étions appuyées
contre la vitrine du Lolitas, assises sur le rebord de la fenêtre.
Je me souviens d'avoir déjà fait un petit câlin à
Carole au même endroit, une fois qu'on était sortis du restaurant
qu'il y avait avant
Carole
J'espérais que tout se passait
bien pour elle. Pour elles
- " Alors, Claudine t'a dépannée? " Chloé
m'a tirée de mes pensées.
- " Heu
Oui, Je lui ai racheté une de ses culottes.
Assez sexy, au demeurant. Merci pour le tuyau. Ces bandes, ça foutait
tout en l'air. " Elle se blottit contre moi:
- " Ne m'en veut pas, mais c'est pour ça que je t'ai poussé
à aller voir Claude
Enfin Claudine. " Je lui fis une
bise sur le front:
- " Mais non, pas du tout
En tout cas, je me doutais que c'était
pas son vrai prénom. " Je poussai un gros soupir. Elle s'en
inquiéta:
- " Ça va pas, tu t'emmerdes avec moi? " Je la serrai
contre moi:
- " Mais non, au contraire. C'est juste que les copines me gonflent
à critiquer tout ce qui n'a pas de clitoris. C'est leur idée
fixe. Je me fais un peu chier, même beaucoup, et il me tarde de
me coucher. Avec toi, bien sûr
" Elle me fit un sourire
enjôleur:
- " Oh! Comme il me tarde aussi de finir mon service
Encore
deux heures
Et j'ai les pieds en compote. "
- " Oui, j'ai pu les voir de près, ils sont très abîmés.
" Elle regarda ses mains, honteuse:
- " Oui, ils ne sont pas beaux. Ça me gêne de te les
montrer. " Je lui caressai la nuque:
- " Tu avais l'air d'aimer, quand je te les ai embrassés
"
- " Oui
Bien sûr, mais je m'en veux de t'imposer ça.
" Je me levai brusquement:
- " Tu ne m'imposes rien. Je te le prouve. " Je m'accroupis
sur le trottoir, devant elle, enlevai ses escarpins et posai ses pieds
douloureux sur mes genoux. Je les massais avec entrain et les embrassais
tendrement, sans m'inquiéter des regards intrigués que me
jetaient de rares passants. Elle sirotait son verre en poussant des petits
grognements de satisfaction. Un peu comme la dernière fois que
je lui ai fait l'amour
Elle arracha ses pieds à ma sollicitude,
à regrets:
- " Il faut que j'y retourne. C'était divin. Tu ne veux pas
aller en boîte, t'amuser un peu? " Je lui remis ses chaussures:
- " Ouais, mais pas longtemps. C'est pas trop mon truc, le trémoussage
de masse. Et puis, je suis fatiguée. "
- " Va danser. Quand tu en auras marre, je te donnerai mes clés
et tu m'attendras. D'accord? "
- " Je préfère te ramener. Je t'attendrai, dussé-je
séduire d'autres conquêtes pour patienter. " Elle me
donna une légère gifle en riant:
- " Petite salope! "
Elle m'embrassa tendrement et rentra
dans l'arène. Je la suivis jusqu'au bar, où Isa lui cria
qu'elle était attendue à quelques tables avec impatience.
Je me cramponnai au bar en jouant des coudes. Ce n'est pas qu'il y avait
une cohue terrible, mais je voulais être en face d'Isabelle. Elle
me fit un grand sourire:
- " Qu'est-ce que tu veux, ma belle? " Je lui rendis son sourire:
- " Juste payer les consos de la table de Natty. " Elle fouilla
dans une liasse de tickets et me tendit la note. Je payai, et, avant qu'elle
ait pris le billet que je lui tendais, lui saisis la main et l'embrassai
avec un clin d'il malicieux:
- " Vous pouvez garder la monnaie, mademoiselle. " Elle rit,
la main sur le cur.
Je retournai une nouvelle fois voir
si mes copines avaient changé de chaîne. Je ne pris même
pas la peine de m'asseoir: Elles parlaient de l'avilissement de la femme
dans la publicité, et le diktat des mâles désirant
des femelles sans défaut. Je mis mon grain de sel:
- " Dites, quand vous voyez une super nana faire de la pub pour du
yaourt, vous croyez que c'est monsieur Muscle qui pousse le caddie? Non,
ce sont les femmes! Et nous désirons toutes ces créatures
de rêve, ou nous désirons leur ressembler, même la
plus homo ou hétéro d'entre nous! C'est dans l'essence de
l'humanité, et ça ne sert à rien de palabrer, ça
fait des dizaines de milliers d'années que ça dure. Quelqu'un
veut venir danser avec moi? " J'avais formulé ma question
sur un ton enjôleur, qui tranchait avec ma diatribe véhémente
-mais certainement discutable- qui les avait clouées sur place.
Pour une fois, j'avais mouché les déménageuses associées.
Corinne se leva d'un bond:
- " Oh oui! J'ai demandé à Mélanie, mais elle
n'avait pas envie. On y va? " Elle était fraîche et
pétillante, c'en était un plaisir. Je fis la bise à
Mélanie, un peu triste de ne pas avoir ni le même goût
ni la même énergie que sa jeune compagne. Je la rassurai
en lui glissant dans le creux de l'oreille:
- " Ne t'inquiètes pas: Je veillerai à ce que personne
ne te la prenne. Je m'enfermerai dans les toilettes avec elle, ce sera
plus sûr
" Elle me fusilla du regard. Je lui caressai
la joue en souriant, sans grand effet. Corinne me tira par le bras:
- " Allez, bouge! En plus, j'ai envie de pisser. " Je ne crois
pas qu'elle m'ait entendue parler à son amie, mais ma plaisanterie
risquait fort de se muer en prophétie
Elle m'entraîna dans les toilettes.
Il y en avait une de libre, et elle s'enferma avec moi. Elle baissa sa
culotte et se soulagea rapidement, en faisant entendre un jet sonore contre
la porcelaine, ma musique préférée :
- " Vache! Je commençais à avoir sérieusement
envie! " Elle chercha désespérément du papier
hygiénique dans le dévidoir:
- " Merde
Elles ont tout bouffé, les gouines! T'aurais
pas un mouchoir en papier, dans ton sac? " Elle avait beaucoup d'humour,
aussi. Je restai les bras croisés:
- " Oui, mais je ne te le donnerai pas. Lève-toi. " J'avais
encore le goût de l'urine ma maîtresse sur la langue
Elle se leva, troublée. Elle savait ce que j'avais en tête,
et de quoi je pouvais être capable. Je m'accroupis et glissai ma
langue dans sa fente juvénile. Elle était bien épilée,
seule restait une petite touffe de la taille d'une petite boîte
d'allumettes. Je fis sa toilette rapidement. Elle en aurait bien supporté
plus, mais je ne voulais pas la prendre à Mélanie. Juste
la goûter, par gourmandise. Je me relevai:
- " Pourquoi tu t'es enfermée avec moi? Tu craignais de manquer
de papier? " Sa voix était tendue par l'excitation:
- " Tu m'as terriblement troublée, maintenant et tout à
l'heure. Ce que tu as fait, ce que tu as dit
Je t'admire : tu n'es
qu'un sexe offert au plaisir de ton homme. " Je souris:
- " Un peu plus que ça, tout de même
" Elle
se rassit sur les toilettes et mit les mains sur le bas de ma robe:
- " Montre-moi. Tout. " Je lui cramponnai les mains:
- " Non! Il n'y a rien à voir. " Elle me fit un sourire
entendu:
- " Je sais tout, Mélanie m'a tout dit. " Quelle bavarde,
celle-là
- " Dit quoi? " Elle releva ma robe d'un coup sec:
- " Que tu es un homme
Tiens, tu n'as plus tes bandages
Chapeau pour l'alibi, au fait
" Je la laissai baisser ma culotte,
très serrée. Elle caressait mon sexe, du bout des doigts:
- " Tu sais que j'en ai jamais vu de près? D'homme, je veux
dire
"
- " Et bien, ta curiosité est récompensée. J'espère
que tu es la seule au courant? "
- " Mélanie me l'a dit à l'oreille. Je lui faisais
la gueule parce qu'elle m'a fait comprendre qu'elle en savait beaucoup
plus que ce qu'elle voulait bien me dire, et elle a fini par craquer.
Mais moi, rassure-toi, je sais tenir ma langue. " Elle tenta de me
masturber maladroitement, et je lui mouillai les doigts:
- " Mais t'es plein de sperme! Je te fais jouir? " Je ris. Elle
ne connaissait rien aux garçons, visiblement:
- " Mais non. Ce n'est que de l'excitation. Les garçons mouillent
aussi, tu sais. Et je n'ai pas joui. " Elle goûta ses doigts,
et suça mon gland du bout de ses douces lèvres:
- " C'est pas mauvais
Un garçon. C'est pas pareil qu'une
fille
" Elle remontait ma culotte, mais je l'en empêchai.
Elle crut que j'en voulais plus:
- " Non, s'il te plait
J'ai pas envie. Je voulais voir, c'est
tout
" Je ris:
- " Mais non
C'est juste qu'il faut que je débande un
peu
Voyons
Pensons aux sénateurs séniles qui
se cramponnent à leur fauteuil
" Elle rit. Je lui caressai
la joue:
- " Ça se passe bien, avec Mélanie? "
- " Oh oui, très bien
Nous sommes très amoureuses.
Elle me fait faire de ces trucs
C'est vraiment très cochon.
"
- " Avec son chien? " Elle me mit une tape dans l'estomac:
- " T'es bête
Elle est vicieuse, mais pas autant que
toi
" Pour une fois, le Sénat avait agi: je pouvais
me rhabiller sans problème. Nous sommes sorties, sous le regard
entendu de quelques filles qui attendaient leur tour, peut-être
pour faire la même chose
À l'entrée du dancing,
la charmante videuse nous fit signe qu'il y avait juste deux entrées.
Nous avons donc pris place sur le trémoussarium après un
crochet par le vestiaire.
La musique n'était pas trop
mal, récente, mais assez dans mon style. Bien sûr, on ne
pouvait entendre que des femmes chanter. J'étais assez réticent
à me déhancher à cause de mes chaussures: elles avaient
une pointure de trop, et, malgré le coton, je sentais qu'elles
risquaient de voler à chaque instant. Je décidai de les
ôter et les coinçai derrière un radiateur pour être
sûre de les retrouver. Je me sentais beaucoup plus libre et me défoulais
hardiment, pour le plus grand plaisir de Corinne. La fatigue, chassée
par cet afflux d'adrénaline, avait disparu. Elle me souriait et
ne me quittait pas des yeux. J'avais bien l'impression qu'elle était
à nouveau -ou encore- amoureuse de moi. J'affectais de ne pas la
regarder directement, et observais les autres danseuses. Pas une ne semblaient
s'intéresser à moi. Une fille m'a souri, toutefois. Je commençais
à douter de mon charme vénéneux
Après quatre ou cinq titres
bien rythmés, La disc-jockey de la boîte -J'ai appris plus
tard par Chloé que c'était la patronne- nous gratifia d'une
balade romantique, assez incongrue après ce qu'on venait d'écouter.
Aussitôt, Corinne m'enlaça passionnément sans me demander
mon avis, me donnant une idée assez précise de ce que ressent
un crabe dans les tentacules d'une pieuvre. Elle se collait à moi
très étroitement, et j'avais l'impression confuse qu'elle
recherchait le contact de mon sexe. Elle s'épancha dans mon oreille:
- " Je crois que j'ai envie de toi... Je te désire depuis
que je t'ai vue pour la première fois, si timide devant le Lolitas
Je ne savais pas alors pourquoi je ressentais un tel trouble
"
- " Tu comprends maintenant pourquoi je me refusais à toi.
Je ne crois pas que tu aurais apprécié la surprise
"
- " C'est vrai que j'aurais eu un choc. Mais moi, tout ce que je
peux ressentir de toi, ce sont des sentiments de fille. Je veux dire que
tu es une fille, ton sexe mis à part. "
- " Détrompe-toi. Je suis un homme, marié, et j'ai
même une maîtresse, en dehors de mon amant. Et je ne te parle
même pas de Chloé
Au fait, Mélanie t'a dit qui
c'était, ma femme ? " Elle se recula et me fixa dans les yeux:
- " Non
Qui c'est ? " Je lui fis un bisou sur la bouche:
- " Si Mélanie ne te l'a pas dit, ce n'est pas la peine que
je le fasse. Ce coup-ci, tu nous prendrais vraiment pour des tordus. "
Elle rit:
- " C'est déjà fait. Je parie que c'est Mélanie
! Elle se plaint toujours de son mari pervers, et en plus, vous êtes
arrivées ensemble. Bien sûr, je ne l'ai jamais vu, comme
par hasard, il n'est jamais chez elle
" Je pris un air sérieux:
- " On peut dire que tu es perspicace. Mais qui est Denis, alors?
"
- " Ben
Ton amant ! Vous vous êtes tournés tous
les deux vers des personnes de votre sexe, mais vous restez ensemble pour
assouvir vos fantasmes. C'est pour ça qu'elle était si émoustillée
quand elle t'a vu te faire
Tu vois ce que je veux dire. "
Elle me fixait d'un air de défi.
Je me rendis, après un long silence:
- " Il n'y a plus rien à ajouter. " Elle me serra fort
dans ses bras, et me fit, surexcitée:
- " Si. Vous me partagerez toutes les deux. À trois, dans
le même lit. "
- " Je ronfle
Bon, on en reparlera avec bobonne. " Elle
était satisfaite. Elle avait dénoué l'imbroglio du
siècle, et avait réussi à s'immiscer dans un couple
de pervers. Je me demande si Jikka serait d'accord
Nous avons dansé enlacée
encore deux slows, nous nous sommes trémoussées jusqu'à
une heure, puis nous sommes remontées. Elle me tenait par la main,
et ne semblait pas vouloir me lâcher. Chloé nous vit et détourna
brusquement le regard.
Nous nous sommes rassises à
la table. J'avais besoin d'un verre, et les abreuvoirs de ces dames étaient
à sec. J'essayais d'attirer l'attention de Chloé en remuant
désespérément les mains, mais elle faisait la sourde
oreille**.
Corinne avait retrouvé sa petite
amie. Elle la couvrait de caresses et de baisers, mais Mélanie
devait sentir qu'elle avait quelque chose à se faire pardonner,
et y semblait assez hermétique. Chloé était au bar
et confiait une commande à Isabelle. Celle-ci lui parlait assez
sèchement en lui désignant notre table du doigt : elle emporta
ses verres en haussant les épaules. Elle finit par arriver, en
traînant les pieds, la mine sombre. Ses copines l'accueillirent
en la chahutant, mais elle n'en avait que pour moi. Elle me fit, assez
en rogne:
- " Ça y est, tu as tiré ton petit coup? C'est meilleur,
avec une jeunette, hein? " Je me demandai si les femmes utilisaient
aussi cette expression entre elles, ou si elle était juste destinée
à l'homme que j'étais de temps en temps. Je lui souris tendrement:
- " Allons, ma chérie, nous sommes allées danser
"
- " Ouais
Dans les chiottes, il y a tellement plus de place
" Je suis sûre que toute la boîte était au courant.
Mélanie n'avait même pas bronché. A peine avait-elle
baissé les yeux
- " Ce n'est pas ce que tu crois. Elle voulait voir
mes bandages,
et ce qu'ils cachaient. Rien de plus. Fais-moi confiance
S'il te
plait.... " Elle se radoucit un peu, mais je ne crois pas que je
l'ai convaincue. À voir son regard
d'autant que Corinne avait
recommencé à me couver des yeux, c'en était presque
indécent. Elle prit les commandes, et je me laissai séduire
par une crème de whisky. Corinne, qui buvait mes paroles comme
si j'étais le messie, cria:
- " Oh oui, moi aussi! Ça fait longtemps que j'en ai pas bu,
c'est vachement bon! " J'essayai de refréner son enthousiasme:
- " Hé, du calme! Tu devrais arrêter la cocaïne...
Tu as les yeux bien brillants, je trouve
" Elle me regardait
avec un immense bonheur dans les yeux:
- " C'est tout ce que tu m'as raconté sur Mélanie et
toi qui me rend folle! Il me tarde de
" Je la coupai brutalement:
- " Oui, bon, ça va! Tout le monde n'est pas censé
être au courant! " Mélanie nous regarda d'un il
noir, toutes les deux, et commençait à regretter d'avoir
parlé. Bien fait. Steph et Caro, plutôt avachies l'une sur
l'autre sur la banquette, nous regardaient nous débattre dans notre
vaudeville en trois dimensions d'un air goguenard:
- " Tu nous mettras deux babies. Avec beaucoup de glace. "
- " Et toi, ma pauvre chérie? Bienvenue au club, au fait.
" Chloé s'était adressée à Mélanie.
Elle était ailleurs:
- " Hein? Ah! Heu
Encore un Margarita, s'il te plaît.
Je crois que j'en ai besoin
"
- " Ouais, moi aussi, mais je ne dois pas boire pendant le service.
" Elle s'éclipsa.
L'ambiance était assez tendue,
seules les deux lesbiennes pur sucre semblaient s'amuser de la situation.
Je ne serais pas surprise qu'elles y soient pour quelque chose
Chloé
revint avec nos consommations. Elle semblait avoir digéré
mon escapade, et me fit même un sourire, que je devinai un peu forcé
tout de même. Je lui rendis un bien plus éclatant:
- " Viens m'embrasser, ma chérie. Pense à ce que j'ai
promis de te faire
Encore pire que dehors. " Elle rit franchement:
- " Arrête, elles vont croire que tu es une perverse
" J'ouvris mon portefeuille pour payer, mais fis la grimace. Il ne
me restait plus grand-chose, après mes emplettes chez Claudine,
et les verres que j'avais déjà payés. J'eus tout
de même juste assez.
Je sirotais mon dernier verre en écoutant
parler mes amies. Elles avaient enfin entamé un sujet intéressant,
le don d'organes. Nous étions toutes pour, sauf Mélanie
qui tenait à rester intacte pour sa prochaine résurrection.
Je repensai à Juliette: j'avais vraiment envie d'elle, malgré
son âge.
Steph charriait Mélanie:
- " Parce que tu crois que tu vas rester nickel sous terre, en attendant
sagement les trompettes du jugement dernier? Tu vas d'abord moisir et
te faire bouffer par les vers, et dans vingt ou trente ans, on jettera
tes trois nonosses qui resteront à la fosse commune. Après
avoir piqué tes bagouzes et tes dents en or, bien sûr. Alors
que tu aurais pu sauver une vie, que dis-je, plusieurs vies avec tes organes!
Ça me révulse qu'on puisse encore croire à des conneries
pareilles à notre époque! " Mélanie restait
prostrée, mais ce n'était pas ces paroles de faux prophète
qui allait la faire changer d'avis.
J'avais fini mon verre, et avais envie
de changer d'air:
- " Dites, les filles, je vais faire un retrait, je suis quasiment
à sec. Vous voulez venir avec moi? " Corinne finit son verre
avant de répondre, toujours aussi amoureuse:
- " Oh oui, on va prendre l'air! " Elles se levèrent
toutes. Steph et Caro nous firent la bise:
- " Nous, on se casse. De toute façon, Ca va bientôt
fermer. J'ai horreur de me faire jeter à coup de balai. "
Caro rajouta en me regardant d'un air goguenard:
- " Et merci pour l'attraction. Ton mec est une véritable
invitation au lesbiennat. Je te rassure, on a bien rigolé quand
même, mais la prochaine fois, tu le laisses dans sa niche, on préfère...
Allez, salut! " Elles s'éclipsèrent en se tenant par
la main. Mélanie n'avait pas fait part de ses intentions, mais
se préparait à nous accompagner. Elle n'allait pas encore
nous laisser seules toutes les deux
Je fis un petit signe circulaire de la main à Chloé pour
lui signifier que je revenais, avant de sortir.
Comme je le craignais, ça s'était
sérieusement rafraîchi. Dieu merci, j'avais ma culotte "
Couilles Croisées " de Playsex. Le distributeur de billets
n'était pas loin, près du commissariat et de l'endroit où
j'avais laissé mon scooter la fois précédente. Je
fis à Mélanie, toujours un peu sombre et boudeuse:
- " Ma chérie, la petite sait tout à notre sujet. Elle
veut vivre avec nous. " Elle s'arrêta net:
- " Quoi? Qu'est ce que tu lui as raconté? " Je pris
un air innocent, ce que j'étais après tout:
- " Moi, absolument rien, elle a tout deviné toute seule.
Toi, par contre, tu as été trèèès bavarde
Et ne rajoute plus un mot à mon sujet, compris ? " Je retirai
mes billets, et nous sommes rentrées au " Lolitas ".
Je n'ai plus rien dit, les laissant se débattre dans leur quiproquo.
Ça devait les occuper un moment
Elles sont passées
devant la boîte sans s'arrêter, sans un mot pour moi.
Deux heures approchaient. J'étais
assis au bar, en devisant par moments avec Isabelle quand elle passait
à ma portée. Elle finit par ne plus bouger beaucoup et par
essuyer ses verres avec un bruit de grincement agaçant. Elle me
confia d'un air grave, pendant que Chloé nettoyait rapidement les
tables au fond de la salle:
- " Tu sais, elle a presque pleuré quand Caro lui a dit que
tu étais partie aux toilettes avec Corinne. Elle y est même
allée, pour voir si c'était vrai. Quand elle est revenue,
elle était complètement abattue. Déconne pas avec
elle, elle est assez malheureuse comme ça
" Je lui souris:
- " Ne crains rien, C'est Corinne qui m'a entraînée.
Elle voulait que je lui confie des détails croustillants sur mes
rapports avec mon mari. Je lui ai raconté que j'utilisais du matériel
Bref, elle voulait voir. C'est tout. Je ne veux pas la piquer à
Mélanie après avoir tout fait pour qu'elles se mettent ensemble.
Mais je crois que tu en as été un peu témoin
" Elle me sourit franchement à son tour:
- " Oui, Tu as raison
Je te fais confiance. Tu n'as pas l'air
d'être une écervelée, contrairement à ce que
j'entends sur toi
Et même bien pire. Mais la voilà
Elle en a plein les bottes, on dirait. " En effet: elle arriva vers
nous en boitant un peu, son plateau lourdement chargé de verres,
en poussant un gros soupir:
- " Ouafff! C'est plus de mon âge, ces conneries... J'ai l'impression
d'avoir cent ans. " Elle posa péniblement son plateau sur
le comptoir et tomba dans mes bras. Elle sanglotait doucement:
- " Tu m'as fait peur
J'ai cru que tu allais me larguer pour
Coco
" Je lui tapotai l'épaule:
- " Mais non, mais non
Tu as bientôt fini? " Isabelle
répondit pour elle:
- " Ça y est, elle a fini. Elle va se changer et elle va rentrer
chez elle se faire dorloter un peu. Je terminerai. "
Chloé remercia son amie -une
vraie, celle là- et courut tant bien que mal se changer. Elle revint
au bout de deux minutes, avec les mêmes vêtements que la veille.
Nous fîmes la bise à Isabelle. Comme nous allions partir,
je fis à Chloé:
- " Tu ne te caches pas sous le comptoir, ce soir? " Elle rit,
et me fit avec de grands yeux ingénus:
- " Mais je ne me cachais pas, je lui faisais une pipe! " Isabelle
secoua la tête en riant:
- " Allez, barrez-vous, pauvres malades! " Nous ne nous sommes
pas fait priées. Mais avant, je suis passée derrière
le comptoir, j'ai pris le bouquet de roses en en donnant une à
Isabelle, ainsi qu'un baiser sur la bouche. J'aime goûter aux femmes
Chloé n'a rien dit, elle avait
même l'air d'avoir apprécié mon geste. Nous sommes
rentrées directement chez elle, sans passer boire un petit coup.
Moi, j'avais eu ma dose, et j'étais plutôt claquée.
Je n'avais pas beaucoup de sommeil, ces temps-ci. Moi qui suis du genre
marmotte
En entrant dans son appartement, j'eus
un choc. Il était toujours aussi ringard, mais on voyait qu'elle
avait fait de gros efforts de nettoyage et de décoration. Je disposai
les roses dans un grand vase à la mode -des années soixante-
qui semblait les attendre et leur donnai de l'eau. Chloé fit voler
ses escarpins dans l'entrée -ce devait être un rituel-, se
déshabilla entièrement et s'allongea sur le lit en poussant
un grand soupir. J'aurais bien aimé l'assister
Je me plantai
devant elle, les mains sur les hanches:
- " T'as oublié d'écarter les cuisses
"
Elle sourit, navrée:
-" Excuse-moi, je suis crevée. Je ne crois pas que je te ferais
l'amour ce soir. " Moi, quand je suis avec une nouvelle conquête,
même crevée, j'arrive encore à la désirer.
Non, elle devait vouloir me faire payer mon fricotage
Mais j'en
pris mon parti et entrepris de m'occuper d'elle, de gré ou de force.
Je revins avec une bassine d'eau chaude qui devait lui servir à
faire sa petite lessive -d'après l'odeur de détergent-,
une serviette, du savon, ainsi qu'un tube de crème pour les pieds,
trouvé dans son armoire à pharmacie. Je l'avais fouillée
pendant son sommeil à la recherche d'un quelconque tube de lubrifiant,
au cas où
Elle releva la tête, intriguée,
et un peu contrariée:
- " Qu'est-ce que tu fous? T'es pas fatiguée? "
-" Oh! Si
Mais moins que toi. Je veux m'occuper de ton corps.
" Elle regardait la bassine et le savon, et dit comme je lui empoignais
un de ses pieds martyrs:
- " Ah ouais
Je pue, quand même
Je te dégoûte?
" Je lui fis d'un air salace:
- " Oh! Non, regarde
" J'engloutis son pied odorant dans
ma bouche, aussi loin que je le pus. Elle me fixait, les yeux troubles,
en soupirant. Je le suçai longtemps, et cela me faisait plutôt
mal: elle avait de joli petits pieds, mais assez gros pour ma petite bouche.
J'en fis autant avec l'autre, et les léchai sur toute leur surface,
avec application, en n'omettant pas d'aller entre les orteils. Elle ne
disait plus rien, et se laissait faire avec délice. Je posai la
bassine sur le lit et les plongeai dedans. Elle sursauta:
- " Hou! C'est chaud! "
- " Ça te détendra
"
Je les savonnai abondamment en les
massant énergiquement, puis les abandonnai un peu pour aller voir
leur maîtresse. Ma maîtresse. J'appartiens à celle
qui veut bien de moi. Elle m'embrassa fougueusement en m'enfonçant
sa langue dans la bouche. En langage des signes, ça voulait dire
" baise-moi! " Je descendais embrasser ses jolis seins aux petits
tétons dressés. Je les caressais tendrement, délicatement,
du bout des doigts et de la langue. Chloé soupirait d'exaspération
et d'excitation.
J'essuyai ses pieds et les enduisis
de crème nourrissante. Je lui prodiguai un nouveau massage long
et consciencieux, puis me lavai les mains dans la cuvette, en feignant
de ne pas m'apercevoir que j'étais attendue.
Elle m'attira sur elle, m'embrassa
et me dit:
- " Putain, tu m'excites trop! Tu sais que j'étais sur le
point de jouir? Personne ne m'a caressé les pieds comme tu l'as
fait. Je n'aurais jamais cru que ce soit possible. On en apprend à
tout âge, même sur soi
" Elle était bien
bavarde
Je lui écartai les cuisses, doucement, et me mis
à quatre pattes au-dessus d'elle pour la goûter. J'ouvris
son sexe luisant et gonflé du bout des doigts, en prenant garde
de ne pas le toucher et plaçai mon visage à quelques centimètres.
Elle tendit son bassin pour mieux m'accueillir, mais je restais distante.
Je l'effleurais du bout de ma langue, par petites touches très
douces. Carole m'avait appris que cela devenait vite insupportable. Je
résistais aux exhortations de Chloé qui souffrait le martyre.
Elle désirait que je la prenne, en me lançant des termes
très crus et en m'insultant, mais je restais impassible, continuant
à la torturer. Elle ne pouvais pas me déloger: j'étais
cramponné à ses cuisses aussi solidement qu'un morpion l'est
aux poils pubiens d'un marin à l'escale.
Elle commençait à haleter,
et me suppliait " d'achever sa moule à grands coups de bite.
" C'est pour dire dans quel état je l'avais amenée.
Curieusement, je n'étais pas spécialement émoustillée,
concentrée sur mon travail de précision qui durait depuis
un petit moment déjà. Je me sentais l'âme d'un bourreau
qui torturait sans passion, parce que c'était son métier.
Je n'irais pas jusqu'à dire que je n'y prenais pas de plaisir
Je décidai de lui asséner
le coup de grâce. J'aspirai son clitoris et me mis à le téter
furieusement. Elle hurla longuement. Les voisins avaient attrapé
leur balai pour lui intimer l'ordre de baisser ses vocalises, mais sans
résultat. Elle devait en avoir l'habitude
Moi, j'aimerais
bien être réveillée par les cris de ma maîtresse
pilonnée par Denis
Je remontai m'allonger à côté
d'elle. Elle avait l'air apaisée, mais très triste:
- " Putain, mais qu'est ce que t'es salope
Je te criais que
j'avais envie de toi, et toi, tu continuais à m'agacer avec ta
langue
"
- " Tu n'as pas aimé? "
- " À ton avis
Mais on dirait que tu n'as pas envie
de me sauter. Je suis sûre que tu préfèrerais Corinne
" Je me relevai et la toisai:
- " Il n'y a rien qui te choque? " Elle me détailla de
la tête aux pieds, d'un air dubitatif:
- " Ben non
Je vois pas
"
- " Je viens de te faire l'amour pendant près d'une heure,
les pieds compris, et j'ai encore mes escarpins. " Elle se rendit
enfin compte qu'elle m'avait complètement négligée
depuis que nous étions rentrées. Elle baissa la tête:
- " Ben
J'étais crevée. Je me suis foutu à
poil pour que tu me sautes, que je puisse dormir. C'est vrai que ça
ne s'est pas passé comme ça
" Je croisai les
bras et lui fis la morale:
- " Ah bravo! Tu veux me faire payer mon petit flirt avec Corinne?
" Elle ne répondit rien, et partit se laver les dents. Je
débarrassai mon matériel et l'imitai, enlevai ma perruque
et me démaquillai. Cette fois, je n'avais rien oublié.
Elle se coucha dans les draps et me
regardait me dévêtir sans un mot. Elle ne fit même
pas une remarque sur ma lingerie toute neuve. Je la rejoignis sous les
draps et elle se blottit sur moi, silencieuse. Je lui en fis la remarque:
- " Toi, tu as un problème
" Elle soupira:
- " Tu ne m'aimes plus. J'ai tout entendu, dans les toilettes. Tu
lui as fait l'amour. " Je soupirai à mon tour:
- " Mon dieu, que vous êtes compliquées, les femmes
Je l'ai juste goûtée. Ça n'a pas été
plus loin. Je crois que je te l'ai déjà dit, mais je suis
un esclave, au service de mon maître et de ma maîtresse. "
- " Oui, je crois que tu m'as dit que tu étais maso. Quel
rapport?"
- " Oui
Et bien, par extension, je me mets au service de ceux
ou celle qui le demande. Je prends mon plaisir comme ça. Et là,
il se trouvait que Corinne n'avait plus de papier pour s'essuyer
" Elle m'arrêta:
- " Ça va, j'ai compris
Bonne nuit. Au fait, si tu veux
me baiser, te gênes pas. " Elle me faisait encore la gueule.
Si j'avais su, je l'aurais sautée, Corinne.
J'étais en rogne, et trop énervé
pour dormir. J'avais une furieuse envie de me barrer, mais si je le faisais,
j'étais sûr qu'elle ramperait à mes pieds pour me
dire qu'elle était désolée. Je finis tout de même
par m'endormir comme une masse. Je fus tiré de mon sommeil par
les fesses de Chloé qui se frottaient sur mon sexe en érection.
C'était une érection nocturne, sans désir. C'est
même assez désagréable, contrairement à ce
que peuvent penser certaines femmes qui nous prennent pour des satyres.
Elle soupirait très fort, je crois qu'elle dormait, ou n'en était
pas loin. Cette fois, elle ne me guidait pas, et je la laissais se calmer
toute seule en me tournant. Elle revint à la charge et colla ses
fesses sur les miennes. Elle s'arrêta net en se rendant compte que
je m'étais retourné. Elle devait croire que j'étais
mieux disposé
Je me rendormis rapidement.
Je fus réveillé par ses
douces lèvres autour mon sexe. Je lui caressai la nuque, elle s'arrêta
et vint m'embrasser tendrement:
- " Bonjour, mon chéri
Tu as bien dormi? " J'étais
totalement vaseux:
- " Bof
Pas assez. " Elle me regardait dans les yeux.
Enfin, plutôt les paupières : je n'étais pas franchement
réveillé:
- " J'ai attendu toute la nuit que tu me fasses l'amour, comme la
dernière fois
J'ai cru que tu allais me prendre, et puis
tu t'es tourné. J'en ai pleuré
C'est ma faute, je
suis une grosse conne... Tu me donnes un plaisir inouï, sans que
tu en prennes toi-même, et moi je t'engueule. Je mérite que
tu te venges sur moi. Fais-moi tout ce dont tu as envie. Fais-moi ce qu'on
te fait. Sinon, je ne mérite pas ton amour
- " C'est pas si simple. Et je ne veux pas me venger. " Elle
avait l'air désespérée:
- " Mais si! Je suis méchante, égoïste, conne.
Tu veux venir dans ma bouche, ou tiens, encore mieux: me prendre par derrière,
comme tu aimes tant? " Je la calmai:
- " Bon, d 'accord, je veux bien te punir. Et si tu veux vraiment
me faire plaisir, je te conduis à ma maîtresse. Elle cherche
une nouvelle esclave. Et même qu'en ce moment, elle doit s'envoyer
ma femme. Tu sais, la foldingue rousse
" Elle rit, les yeux
pleins de larmes:
- " Ah ouais ?... Je te jure que je le ferai, si tu le désires.
Je risque pas de te perdre, en faisant ça? "
- " Mais au contraire, c'est ma voisine ! Et son mari, c'est Denis,
mon mari d'hier soir
" Elle se prit la tête dans les
mains :
- " Hou là là
Mais il a l'air un peu
bizarre,
non? " Je ris:
- " Mais non, C'était un rôle qu'il jouait
à
la perfection. On s'est bien amusé, du reste. Bien, tu es prête
pour ta punition? " Elle me fit un grand sourire, heureuse qu'on
soit tous les deux de nouveau en phase. Elle se leva:
- " J'ai du beurre dans la cuisine, ça ira? " Je la retins
par la main:
- " On a un peu évolué depuis le dernier tango à
Paris. Mais ce n'est pas à ce genre de punition que je pensais.
La sodomie doit être un plaisir, pas une corvée ni une torture.
Reste ici. " Je n'avais plus du tout envie d'elle. Elle avait rompu
le charme.
Je pris une longue règle plate
que j'avais repérée sur son bureau et la fis mettre à
quatre pattes sur le bord du lit. Je pris ma petite culotte toute neuve
-celle que j'ai remplacée par mon tanga blindé- dans mon
sac à main, l'enfournai dans sa bouche et la bâillonnai avec
la bande. Je lui mis un grand coup de règle sur les fesses qui
claqua comme un coup de fouet dans le silence du petit matin, et elle
poussa un gémissement. Les voisins risquaient de ne pas apprécier
Je décidai de la frapper avec la tranche: ça ne faisait
presque pas de bruit, mais beaucoup plus mal. Elle se laissa corriger
sans trop bouger. Je n'entendais que ses gémissements, et ses sanglots.
Elle se contorsionnait tout de même pour amortir les coups, mais
je la frappais en tout sens, très vite, aussi sur les cuisses et
le dos. Je crois qu'elle n'en pouvait plus, et moi, j'avais une érection
terrible. Serais-je sadique? J'aurais décidément tous les
vices !
Je jetai la règle par terre.
Je me rappelai le souvenir traumatisant de son enfance. Je posai une main
sur sa croupe et enfonçai mon majeur dans sa raie, caressant furtivement
son petit trou qu'elle m'avait pourtant offert de bon coeur. Elle tressaillit
en gémissant. J'avais envie de la saillir comme une chienne et
de prendre égoïstement mon plaisir en elle, mais j'avais un
meilleur projet pour ma semence...
Je m'habillai en homme. Elle ne pouvait
pas parler, toujours bâillonnée, mais voyait que je m'en
allais. Elle pleurait. Juste avant de partir, je la libérai:
- " Tu veux venir avec moi? " Elle essuya ses larmes:
- " Tu m'as fait drôlement mal
Je travaille à
la boulangerie ce matin. Tu restes pas un peu, mon chéri? Et faire
l'amour, maintenant? On a le temps
" Je lui répondis
d'un ton glacial que je ne me connaissais pas :
- " Non, je n'ai pas envie. Je te laisse les papiers dont je t'ai
parlé, il y a mon numéro de téléphone dessus.
Appelle-moi si tu veux me voir cet après-midi. Je serais peut-être
libre. " Je refermai la porte, la laissant pleurer à chaudes
larmes sur le lit. C'était la première fois que je faisais
pleurer une femme de la sorte. J'eus un pincement au cur et la nausée
me monta aux lèvres quand je démarrai la voiture:
-" Bah
Elle appellera. C'est sûr. "
À suivre dans " La carotte
Nantaise 15: Juliette la grenouille. "
* Ne pas confondre avec la célèbre marque américaine
de produits chimiques.
** C'est volontaire.
*** Quartier homo de la capitale.
**** Ce n'est pas de La Palisse, c'est de moi
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