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CHAPITRE 21: MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE.
J'avais à peine allumé
mon ordinateur que les enfants arrivèrent timidement. Je ne fus
pas plus surpris que ça de voir Ouissecasse dans les bras de Jasmine,
elle, fourrant son nez dans ses poils. J'avais l'impression de voir un
éternel remake du même film, avec une interprète différente
à chaque fois, le rôle de l'irrésistible jeune premier
étant toujours tenu par notre Don Juan bicolore.
Je les entraînai au fond du jardin
pour qu'ils s'occupent des bêtes. Régis se plaignit que Diane
l'avait déjà forcé à s'occuper de ses poules
naines, et ils n'avaient pas l'air très chaud pour traire les chèvres
:
- " Mais si, vous allez voir, c'est amusant ! Et toi, Régis,
ça te fera un entraînement, de peloter des mamelles
" Jasmine se moqua de lui, mais Carlos arriva à l'improviste
derrière elle :
- " Fais gaffe à l'âne, il adore
Ah!
Trop
tard... " Il est vraiment rapide pour faire des conneries. Pour avancer,
par contre
Régis tenait sa vengeance :
- " Tu as fait une touche, on dirait ! Qui se ressemble, s'assemble
! "
Je leur expliquai ce qu'il fallait
faire -j'avais d'ailleurs accroché le mot de Carole sur la porte
de la remise- et m'en allai travailler, non sans avoir arrosé au
passage le jardin qui souffrait de la chaleur. Ce n'est que devant mon
ordinateur que je me suis souvenu que le mot de Carole se terminait par
des propos très crus à mon égard
Bof, je me
suis dit qu'ils en verront d'autres, si ce n'était déjà
fait
Les petits monstres étaient
déjà revenus après une demi-heure, en courant et
en se chamaillant. Je pris une grosse voix menaçante : c'est vrai
que je fais très peur
- " Qu'est-ce qui se passe, ici ?! " Régis dénonça
sa sur :
- " Elle a bu du lait de chèvre sans le faire bouillir, et
elle s'est amusé à en recracher un peu sur moi en disant
que c'était comme ça que je faisais ! " Régis
avait peut-être atteint la majorité, mais il était
bien moins mûr que Jasmine. On pouvait même dire qu'il était
encore vert, pas sec. Je fis, très flegmatique :
- " Oui, elle n'a pas tout à fait tort
Alicia peut en
témoigner. " Il se rengorgea devant sa sur, jalouse.
Je tentai de la consoler :
- " Mais toi, ne fais pas cette tête ! N'oublie pas que tu
dors chez moi cette nuit ! " Elle me fit un petit sourire timide
et regarda rapidement ses pieds. J'avais l'impression que son assurance
déclinait à vue d'il
Je me demandais ce qu'elle
voulait vraiment.
Je leur fis déposer leur collecte
à la cuisine et les entraînai à l'étage :
- " Venez, les monstres. Je vais vous montrer où je vais vous
enfermer pour la nuit. " Comme je n'entendais qu'un silence de mort
derrière moi, je rajoutai :
- " Heu
Je plaisantais, là
"
Je les fis pénétrer dans
une pièce qui servait surtout l'hiver, ou bien lorsqu'il faisait
très moche : La salle de jeux. C'était la plus grande pièce
de l'étage, anciennement la chambre conjugale de mes parents. Au
milieu trônaient un billard anglais et un baby-foot, et dans les
coins des jeux d'arcade -démodés- et deux flippers, pas
tout jeunes non plus, des modèles mécaniques des années
soixante. Plus une console de jeux et un vieil ordinateur familial, si
ça ne suffisait pas. Régis était surexcité,
et tournait en rond dans la pièce :
- " Ouah ! Super ! Ah Ouais ! Putain, t'aurais dû me dire ça
depuis un moment, sûr que j'aurais squatté ici ! " Voilà
justement pourquoi je ne lui avais rien dit
Jasmine était plus attirée
par le billard et caressait une queue d'une manière plutôt
équivoque. Comme je la regardais en souriant, elle s'en rendit
compte et la reposa rapidement. Elle me fit timidement :
- " On peut jouer avec ? " Je mis mes mains sur les hanches
:
- " Bien sûr que non ! Ce sont des objets de collection
Mais si, banane, allons ! Pourquoi tu crois que je vous ai fait venir
? Amusez-vous ! Je vous demande juste de n'allumer que les appareils dont
vous vous servez : Ce n'est pas par radinerie, mais ça fait tout
disjoncter sinon. En plus, ça fait des parasites sur mon PC. Allez,
je vous laisse. " Ils étaient déjà à
l'uvre avant que je n'aie fini de parler.
Mon téléphone Internet
s'arrêta de sonner au moment où je retournai dans mon bureau.
Vu l'heure, ce devait encore être Hiroshi
Eh non : c'était
ma famille australienne... J'activai le rappel automatique et une voix
féminine chère à mon cur me répondit
presque aussitôt :
- " Oui ? "
- " Bonjour Maman ! Tu dois être bien matinale pour m'appeler
à cette heure
"
- " Bonjour mon chéri ! Non, il est seulement deux heures
du matin. Je ne trouvais pas le sommeil
Il fait frais, cette nuit,
c'est l'hiver chez nous. J'ai dû mettre un châle. " Elle
avait compris " sept heures ", et sa notion de froid m'amusait.
Elle ne devait pas faire souvent de bonhommes de neige, là où
ils étaient. Il est vrai qu'ils sont partis là-bas pour
ne plus jamais connaître le froid
- " Tu m'appelais pour prendre des nouvelles ou tu as des problèmes
? " Elle soupira, pensive
- " Rien de tout ça
Ton père et ton frère
sont partis à la pêche en mer ce soir et je suis seule à
la maison. J'avais un petit coup de cafard, et je pensais à toi,
à Carole et à la maison
Vous me manquez. "
- " Moi aussi je pense souvent à vous, surtout l'hiver. Tu
ne t'ennuies pas, j'espère ? " Elle rit :
- " Oh non, alors ! Je suis folle de golf, et je me suis mise au
tennis l'année dernière. Des vacances de luxe toute l'année,
au bord de la mer, je ne vais pas me plaindre ! En plus, ton père
nous a offert un voyage au Japon pour notre quarantième anniversaire
de mariage. Ça fait longtemps que j'en rêvais, mais j'ai
un peu peur : ce n'est pas très très loin, mais tellement
différent du monde occidental
"
- " Tu sais sûrement que j'ai un grand ami à Osaka,
il s'appelle Hiroshi. Le pauvre apprend le Français pour plaire
à Carole, il en est fou amoureux. Je crois que ce serait une bonne
idée que je vous mette en rapport tous les deux. "
- " Oui, avec grand plaisir ! Mais je ne parle pas Japonais
" Je ris :
- " Mais moi non plus, qu'est-ce que tu crois ! Parle-lui en français,
il ne demande que ça, et si vraiment il ne comprend pas, rabats-toi
sur l'anglais. Je le contacte dès que possible, mais à mon
avis, il sera fou de joie. "
Nous avons papoté un long moment
et je lui donnai des nouvelles du village et de Carole. J'évitai
bien sûr soigneusement nos dernières péripéties,
cela ne cadrait pas du tout avec les convictions religieuses de Maman,
ni avec sa vision du couple. Ce faisant, j'envoyai un petit courrier à
Hiroshi qui me répondit presque aussitôt: Il devait dormir
à côté de son ordinateur, prêt à intervenir
Il n'était pas en ligne sur notre réseau restreint, ce qui
ne l'empêchait pas d'être en liaison continue via Internet.
J'en fis part à ma maman :
- " Pendant que nous parlions, il m'a déjà répondu
: c'est bref, il n'aime pas trop écrire
Il se débrouille
mieux à l'oral. Voici son mail : " Oui, beaucoup plaisir,
parler maman Luc. " Et là, je te passe les fautes d'orthographe,
mais je t'envoie son mail pour les coordonnées. Tu as même
son numéro de téléphone Internet. Tu n'as qu'à
cliquer dessus. " Ma maman était ravie de pouvoir converser
avec un japonais. Je crois que c'était un de ses -chastes- fantasmes
:
- " Merci beaucoup, mon chéri. Embrasse bien Carole, et fais
une caresse de ma part à Gribouille ! Bisous, mon grand ! "
Elle raccrocha. Pour le nom de notre félin, elle retardait un peu
Je continuai à travailler sans grande conviction jusqu'à
sept heures moins dix, et allai rejoindre la progéniture de mes
maîtres.
Ils jouaient au billard : Jasmine mettait
la pâtée à son frère qui me semblait plutôt
grognon.
- " Eh bien, Régis, on dirait que la petite panthère
des banlieues t'a bien étrillé
" Il fit mine
d'asséner un violent coup de queue derrière la tête
de sa sur, concentrée sur la série qu'elle achevait
:
- " Elle m'a tanné pour que je joue avec elle... Moi, je préfère
les jeux électroniques. " Il louchait sur la console du jeu
" Galactica. " Jasmine nous contemplait d'un air supérieur,
le sourire aux lèvres, sa queue entre les pieds :
- " Je mets la pile à tous les garçons qui me défient.
Et je parie toujours leur petite gueule d'amour ! " Régis
compléta en l'imitant :
- "
Et c'est pour ça qu'ils me laissent gagner ! "
Elle lui tapota l'estomac avec sa queue en arborant son petit sourire
narquois que j'aime tant :
- " On n'a rien parié, face d'alien, et je t'ai écrabouillé
quand même. " Je levai les bras pour abréger leur joyeuse
dispute :
- " Bon, les enf
" Je me rattrapai en souriant à
Jasmine :
- " Madame, Monsieur, je dois m'absenter pour une période
indéterminée. Je vous laisse la maison, faites ce que vous
voulez, mais n'allez pas dans mon bureau. Il y a là du matériel
sensible, et s'il lui arrivait malheur, je serais dans de sales draps.
Pour le repas, je vous laisse fouiner, il y a du pain dans le panier,
des pizzas au congélo et des tomates sur la table et dans le jardin...
Et pas de Ouissecasse au micro-ondes, s'il vous plait ! " Ils rirent.
Régis avait démarré
une partie de Baby-foot avec sa sur : lui qui préférait
les jeux électroniques
- " T'inquiète, on est des enfants de familles décomposées.
On gère
Et paf ! Tu l'as pas vue venir, celle-là !
" Apparemment, je pouvais les laisser seuls, ils se passeraient fort
bien de moi, le temps que je fasse la connaissance de notre Germain
Une voiture assez luxueuse barrait l'entrée du portail de mes voisins
: notre prestigieux invité devait déjà être
là
La lumière était allumée dans l'atelier
encombré de Diane, et je pus l'entendre discuter boutique avec
un homme qui ne me semblait pas trop commode. Ma maîtresse m'avait
assuré avoir de quoi le retenir assez longtemps pour que j'aie
le temps de ne pas louper mon entrée...
Je me glissai à l'étage
pour me préparer : Je m'appliquai à bien me travestir, me
maquillai avec soin et revêtis la tenue complète de soubrette,
bas y compris. Mon reflet dans la grande glace me plaisait toujours autant,
mais je dus me faire violence pour écourter ma contemplation :
notre invité ne devait pas tarder à entrer, et il me fallait
préparer son arrivée.
Je m'activais en cuisine, préparant
les amuse-gueule avec Denis, aussi absorbé que moi. Il me briefa
rapidement sur la conduite à adopter et se laissa aller à
s'épancher un peu :
- " Tu me rends vraiment fou... Tout à l'heure, quand tu m'as
montré ton cul, bien moulé dans ta petite culotte sexy,
j'avais une terrible envie de te le bourrer sur le capot de ta bagnole.
Et j'ai écouté les gars parler, ils passaient leur temps
à t'insulter, et en même temps, ils m'enviaient terriblement.
Il faut que tu reviennes
Surprends-moi ! Je pense beaucoup à
toi, et à Diane aussi, bien sûr... Attention, les voilà.
"
Il haussa le ton :
- " Bon sang, Alicia, tu le fais exprès ? Tu t'es encore trompée
d'assiette ! Tu mériterais que je te fouette à nouveau !
" Je me confondis en excuse :
- " Pardon, Monsieur. J'avais pas la tête. C'est qu'on reçoit
un Monsieur important, aujourd'hui... " Diane et Germain, dans le
hall, avaient bien sûr tout entendu. Ce dernier sembla flatté,
et lança à la cantonade :
- " C'est vrai que je suis le meilleur expert de la région,
souvent consulté par la justice et mes collègues moins doués
D'ailleurs, Diane, tu me déçois profondément : cela
se voyait à l'il nu que ce n'était pas un véritable
Lalique*, mais une pâle copie des années cinquante. Quant
à ta soi-disant commode Louis Seize... Mon temps est précieux,
réfléchis à deux fois avant de me déranger,
la prochaine fois
"
Je cherchais un terme adéquat
pour définir notre invité
Voyons
Ah ! Oui. Un
con fini : Suffisant, le maître du monde. Et physiquement, pas beau
: assez petit, bedonnant, les cheveux plus sel que poivre dégarnis
au milieu, le crâne nu camouflé par une élégante
série de mèches plaquées sur sa calvitie, un grain
de beauté -de toute beauté- sur la joue et une grosse lippe
tombante et humide. Voilà pour la partie visible. Sinon, il était
très élégant, très bien habillé et
très soigné. Je comprenais encore mieux le choix de mes
maîtres : ce serait terriblement humiliant de lui appartenir
Ils s'installèrent au salon,
Diane continuant stoïquement de se faire rabaisser par son mentor.
Je servais les apéritifs et présentais les plats d'amuse-gueule,
me faisant sans cesse rabrouer et critiquer par mes maîtres. Germain
tantôt piquait dans le plat que je lui présentais, tantôt
me chassait d'un revers de main comme un insecte gênant. Il leva
un sourcil intrigué quand il surprit Denis remonter sa main sous
ma robe et me faire pousser un petit cri en me pinçant la cuisse
assez cruellement. Il ne dit mot, mais vit que Diane y semblait tout à
fait indifférente, jusqu'à ce que les caresses obscènes
de Denis me fassent échapper quelques olives qui roulèrent
au sol. Diane s'emporta brusquement et me frappa bruyamment la cuisse
:
- " Mais quelle cruche ! Fais attention ! Continue, et je te bats
! " Germain semblait interloqué, et je vis redoubler la flamme
lubrique qu'il avait dans l'il quand il me regardait. Diane voulut
briller un peu devant son Pygmalion qu'elle avait grandement déçu,
et lui fit, quelques minutes après cet incident :
- " Qu'est-ce que vous pensez de notre nouvelle bonne ? " Il
fit une moue répugnante en regardant mes jambes :
- " Elle me semble plutôt empotée. Jolie, mais empotée.
"
- " Vous savez, il est difficile de trouver du personnel peu exigeant
de nos jours. Et puis, on peut la battre, ça compense les soucis
qu'elle nous donne. Sans compter que mon époux use de son droit
de cuissage
" Il semblait intéressé :
- " Mais que dis-tu ? Ce sont des pratiques d'un autre âge
! "
- " Je vous assure que c'est pourtant la vérité...
Mais demandez-lui ! "
Il se tourna vers moi avec l'air amical
d'un pervers offrant des bonbons à la sortie des écoles
:
- " C'est bien vrai, ma fille ? " Je tordais mes doigts, fortement
impressionnée :
- " Oui, Monsieur. J'ai pas tout compris ce que vous avez dit, mais
mes maîtres sont très gentils de me garder : Je fais des
bêtises, alors ils me battent, c'est normal. Et Monsieur Denis il
m'aime bien, je suis contente qu'il me pardonne toujours après
qu'il
a fait ses petites affaires avec moi. Voilà. "
Il soupira d'aise, et fit à mes maîtres :
- " Eh bien, je trouve que vous avez de la chance ! Ma gouvernante
est moins
arrangeante. Elle vous coûte cher, si ce n'est pas
indiscret ? " Diane fit la moue :
- " Oh, ça va
On lui donne une amende à chaque
fois qu'elle fait des bêtises et qu'on doit la battre, ce qui fait
qu'on ne lui doit presque rien à la fin de la semaine. " Il
était de plus en plus étonné :
- " Dis-moi
Heu
Quel est ton nom, ma petite ? "
- " Alicia, Monsieur. "
- " Dis-moi, Alicia, Tu gagnes beaucoup d'argent, chez tes maîtres
? " Je hochai la tête avec véhémence :
- " Oh oui, Monsieur ! Quand j'ai pas fait trop de bêtises,
je gagne bien vingt euros ! Alors, le dimanche matin, quand je peux sortir
pour aller à la messe, j'achète toujours un petit cadeau
à Monsieur au bureau de tabac à côté de l'église
et des fleurs à Madame pour les remercier. Chez mes anciens maîtres,
je n'avais rien et je pouvais pas sortir. En plus, ils faisaient venir
plein de messieurs qui s'amusaient avec moi. Alors le soir, j'avais mal
aux fesses. Mais c'est pas pour me plaindre, hein ? Et maintenant, je
suis très heureuse. Et je mange bien aussi : quand y en a, je peux
même manger les bons restes de mes maîtres. " Diane avait
du mal à se retenir de rire, et pouffa carrément quand je
la couvai de mon regard de Saint-Bernard éperdu de reconnaissance.
Germain prit ça pour de la moquerie envers une pauvre fille simplette,
abusée de façon éhontée.
Devant tant de naïveté,
le désir l'envahit :
- " Dis-moi, Diane, pourrais-tu me prêter les services de
d'Alicia pour un Week-end ? Je crois que la pauvre petite aurait besoin
de leçons auprès de ma gouvernante. " Diane semblait
gênée :
- " C'est qu'on y est très attaché. C'est une gentille
fille, vous savez
" Germain laissa tomber brutalement :
- " Combien ? " Diane répondit du tac au tac, sur le
même ton sec :
- " Cinq cent euros. " Il siffla entre ses dents :
- " Eh bien, c'est le prix d'une call-girl de grand standing
Deux cent. "
- " Je suis antiquaire, pas brocanteuse : C'est à prendre
ou à laisser. Cinq cent. " Il soupira et sortit un billet
de cinq cent euros de son portefeuille et l'agita sous mon nez avant de
le donner à Diane :
- " Tu vois ce que tu me coûtes ? J'espère que tu m'en
donneras pour mon argent ! " Je pris un air navré en me tordant
les mains et regardai Diane et Denis :
- " Je suis désolée, mes chers maîtres. Je savais
pas que je vous revenais si cher. Je savais bien que vous me donnez trop.
" Germain me prit la main, la caressa et fit à Diane :
- " Au fait, j'ai peut-être agi un peu vite... Je ne suis pas
sûr de ses
Compétences, après tout
"
Diane me tira brutalement par l'autre main et me dit sèchement
en me forçant à m'agenouiller :
- " Fais ce que tu fais à Monsieur quand il boit son café,
après dîner ! " Je regardai autour de moi et fis d'un
air gêné :
- " Bien, Madame. Mais je venais de lui faire dans la cuisine, avant
que vous êtes rentrés... " Denis pouffa :
- " Ne t'inquiète pas, c'est juste pour une démonstration
" Je m'agenouillai entre les cuisses de Denis et lui fis une fellation
très excitante à regarder. Je commençais à
être bien rôdée
Denis était en transes :
- " Voilà
Oui, comme ça
Elle suce très
bien, ma petite salope
Oui, vous pouvez l'insulter, pour elle, c'est
normal. Qu'est-ce qu'elle est bonne
Ça se sent qu'elle a
beaucoup de pratique. Et elle fait ça de la manière que
vous voulez, vous n'avez qu'à demander. Même pour la sauter
: moi, je passe mon temps à la prendre par derrière, et
du matin au soir : Diane est soulagée
Bon, arrête maintenant.
Arrête, je te dis ! " Il m'arracha à grand peine de
son sexe en riant :
- " Le problème, c'est que c'est une petite assoiffée
! Pour elle, c'est une récompense... " Je reboutonnai tristement
son pantalon, me relevai et lui fit avec des yeux de chien battu :
- " Je suis désolée, Monsieur. Je n'ai pas l'habitude
d'arrêter avant que vous soyez content. Je crois que je mérite
pas ma récompense, cette fois. Vous allez me taper ? " Denis
rit en me flattant la cuisse :
- " Non, pas cette fois
Va dans ta chambre te préparer,
j'arrive bientôt. Tu auras ta récompense, mais de l'autre
façon. " Je lui souris en faisant une petite révérence
à notre invité :
- " Merci, Monsieur Denis. J'aime presque autant
Au revoir,
Monsieur
" Et je montai les escaliers, juste assez pour ne
plus être vue.
Germain n'en croyait pas ses yeux
:
- " Quelle chance vous avez ! Diane, cela ne te gêne pas que
ton mari copule ainsi avec la soubrette, et devant toi, encore ? "
Elle secoua la tête en riant :
- " Pas du tout ! Vous savez, elle nous sert à tous les deux,
moi aussi j'en profite. Elle est également très douée
pour le cunnilingus, et toujours disponible, quand Denis n'en a pas l'utilité.
Mais il arrive assez souvent qu'on s'en serve tous les deux en même
temps. C'est notre jouet, quoi... Vous comprendrez aisément que
vous la laisser tout un week-end, ça nous coûte vraiment.
"
Ils se levèrent :
- " Je repasserai la prendre vendredi soir, à cinq heures.
Qu'elle soit prête. " Denis était toujours excité
:
- " Excusez-moi, Germain, mais je vais la retrouver : je n'y tiens
plus ! " Diane et Germain sortirent, et je l'entendis faiblement
dire à ma maîtresse :
- " Vraiment, quelle chance
" Le reste se perdit au dehors.
Denis tomba sur moi, assise sur les
marches :
- " Tu es encore là ?! Allez, monte, j'étais sérieux
! " Il me poussa brutalement dans la chambre et me laissa juste le
temps de me préparer sommairement avant de me prendre sauvagement.
Je m'appliquai à rester totalement inerte pour lui être encore
plus agréable, mais cette fois, il me fit assez mal et me fit crier
un peu. J'adore être violentée de la sorte, et là,
j'avais été plutôt servie
Il jouit avant de
m'avoir infligé une vingtaine de coups de reins et resta en moi
quelques instants, en me caressant les épaules :
- " Tu m'as fait bander comme un âne avec tes histoires de
Cosette. Tu as vu avec quel gros porc on va t'accoupler ? Je voudrais
bien le voir te saillir, t'écraser de son gros ventre. Tu es contente
? " Je soupirai d'aise :
- " Oui, très ! C'est vrai qu'il me répugne, mais j'en
aurais encore plus de plaisir à vous servir. Par contre, il ne
sait pas que je ne suis pas une fille : Ça risque de tourner court,
voire même au vinaigre
" Il me tapota la cuisse en se
relevant :
- " J'ai une idée : Tu as tes règles
"
Denis redescendit rejoindre son épouse
après avoir fait sa toilette. Je pris une douche et me rechangeai
en Luc avant de souhaiter une bonne soirée à mes maîtres
et voisins. Diane m'embrassa en riant :
- " Tu es fou de raconter de telles horreurs ! Je voulais juste te
présenter comme une fille facile, pas comme une attardée
qui se fait exploiter ! J'ai cru que j'allais tout faire capoter quand
tu m'as fait rire. Apparemment, tu es très convaincant
"
- " J'ai comme l'impression qu'il a bien mordu à l'hameçon.
Pour le reste, fais-moi confiance, j'ai ma petite idée. "
- " Tu me raconteras après. Passe une bonne soirée
avec les enfants
"
Elle m'avait dit ça sur un ton lourd de sous-entendus. Denis ne
rajouta rien, mais il savait que j'allais passer la nuit avec sa fille
et il ne sautait pas de joie.
Je retrouvai les enfants qui étaient
encore en train de jouer. J'ai dû les tirer par les pieds pour qu'ils
m'aident à préparer le souper : des ufs au plat et
de la salade de tomate et concombre. Je me dis en moi-même : "
Vivement que Carole rentre, je commence à en avoir assez de devoir
faire de la grande cuisine
"
Le dessert avalé, je proposai
une partie de billard à Jasmine, qui accepta avec joie :
- " Si je gagne, c'est moi qui décide de tout. Si tu gagnes,
ce qui n'étonnerait, c'est toi ! " Régis, lui, était
trop heureux de pouvoir s'adonner à ses jeux solitaires
Au
fur et à mesure que la soirée s'avançait, elle s'enhardissait
de plus en plus, me volant un baiser à chaque point gagné.
Elle avait à peine entré
la boule blanche en quatre bandes -elle jouait très bien- qu'elle
posa sa queue sur le velours vert et me sauta littéralement dessus,
ceinturant mes hanches avec ses cuisses. Elle m'enlaça passionnément
et me regarda droit dans les yeux, les siens écarquillés:
- " C'est moi qui mène la danse, d'accord ? " Elle retomba
sur ses pieds, et fit tout naturellement :
- " On en fait une autre ? " je levai les bras et les laissai
retomber avec fatalité sur mes cuisses :
- " On a plus rien à parier
" Elle sourit et me
répondit, ingénue :
- " Ce sera le nombre de fois qu'on le fera ! " Je la laissai
se bercer par ses illusions et moi, je me laissai convaincre de faire
cinq autres parties, toutes perdues : Les négociations promettaient
d'être longues
Il était déjà
onze heures. Je l'abandonnai à son frère, à sa grande
déception :
- " Désolé, j'ai une course à faire. Je ne serai
pas long. "
Je téléphonai au "
Lolitas ", en prenant la voix d'Alicia. Isabelle me répondit
:
- " Ah, c'est toi, canaille ! Ne te fatigue pas, tout le monde est
au courant
Toutes mes félicitations, personne ne s'est douté
que tu étais un garçon ! " Je repris ma voix mâle,
déçu :
- " C'est plus la peine que je vienne, quoi
"
- " Oh ! Mais que si ! On se demande toutes à quoi tu ressembles,
en mec. Tu es une vraie légende ! Même Caro chante tes louanges,
c'est pour dire
"
- " En effet, ce doit être quelque chose
Dis, je voudrais
savoir à quelle heure Chloé prend sa pause
"
- " À minuit moins dix, pourquoi ? "
- " Je veux lui faire une surprise. Tu ne lui donnes rien à
boire et tu l'envoies dehors. D'accord ? "
Isabelle se demandait ce que je manigançais,
mais je ne lui en dis pas plus. Je préparai soigneusement mes affaires,
pris un sac, une glacière et un fauteuil de camping pliant, et
allai emprunter la voiture de Denis. Le portail était fermé,
ils avaient bouclé la maison pour la nuit. Heureusement que les
enfants avaient la clé
Je sautai le portillon -je renonçai
à essayer de l'ouvrir dans le noir- et entrai dans le salon, en
laissant mon barda dehors.
Denis faisait violemment l'amour à
Diane, sur le canapé, couché entre ses cuisses relevées
bien haut. Je savourai ce spectacle avec grand plaisir -en pensant toutefois
que leurs enfants auraient très bien pu se trouver à ma
place- jusqu'à ce que Diane me remarque :
- " Tiens, tu
es là
Luc ? " Je me fis tout
petit :
- " Je ne voulais pas vous déranger, je voulais voir si Denis
pouvais me prêter sa voiture
" Il s'arrêta de besogner
son épouse pour répondre :
- " Bien sûr ! Sers-toi, fais comme chez toi. Ça va,
avec les gosses ? " Je pris les clés et les papiers et me
dirigeai déjà vers la porte :
- " Oui, oui
Merci ! " Ils avaient repris leurs ébats
avant que je ne referme la porte.
Il était minuit moins le quart
quand je me garai à une centaine de mètres de la boîte.
J'ai dû me dépêcher pour ne pas rater mon entrée,
ou plutôt la sortie de Chloé. J'étalai mon matériel
sur le trottoir, comme un vulgaire camelot. Chloé apparut à
l'heure dite, l'air un peu étonnée de me voir :
- " Tiens donc ! J'aurais dû me douter que ça ne pouvait
être que toi : Isabelle m'a fait plein de mystères, ça
aurait dû me mettre la puce à l'oreille
" Je l'embrassai
langoureusement :
- " Bonsoir, ma chérie. Je t'ai manqué un peu ? "
Elle soupira, l'air triste :
- " Ohhh Oui... C'était si bien, chez toi
Ma copine
arrive vers une heure. Je préfèrerais qu'elle ne te voies
pas, elle n'est pas partageuse. Mais c'est quoi, tout ce bordel ? "
Je dépliai le fauteuil et l'installai d'autorité dedans
:
- " Ce bordel, comme tu dis, c'est le nécessaire pour une
pause réussie. Bière ou lait de chèvre ? " J'avais
ouvert la glacière et lui présentai les boissons. Elle rit
:
- " Mazette ! Quel service ! Je prendrais plutôt une bière.
Mais si tu pouvais faire goûter le lait à Isabelle, elle
avait l'air plutôt intéressée. " Pendant qu'elle
sirotait sa bière, confortablement installée, je massais
ses pauvres pieds avec un baume apaisant. Chloé se pâmait
:
- " Mon dieu, quel bonheur ! Toutes les serveuses n'ont pas cette
chance
" De rares passants riaient en voyant notre manège,
et quelques clientes du " Lolitas ", sorties pour fumer, vinrent
nous épier avec amusement. Caroline et Stéphanie, mes deux
amies pointèrent leur nez à la porte, et nous entourèrent
bientôt :
- " Alors, petite cochonne, tu as tombé le masque ? Tu es
plutôt mignon, pour un homme, dis donc ! En tout cas, tu es bien
dévoué à ta copine. C'est vraiment adorable
Si tous les hommes étaient comme toi, on serait moins de gouines
! "
Chloé avait terminé
sa pause. Elle me remercia avec émotion, sous les yeux attendris
d'une petite troupe d'admiratrices :
- " Merci beaucoup mon petit chou. Tu ne peux pas savoir à
quel point tu m'as émue
J'espère que tu vas rester
un peu, que je profite de toi
"
- " Pas longtemps
Une toute jeune fille m 'attend à
la maison. J'étais juste passé te faire un peu de bien
" Chloé reprit son service après m'avoir couvé
longuement d'un regard reconnaissant. Elle n'a pas dû croire à
mon excuse
Je la suivis avec mon grand verre de
lait que j'apportai à Isabelle :
- " Salut ma grande ! Tiens, voilà du lait de chèvre
: Chloé m'a dit que tu voulais goûter
" Elle me
dévisagea avec intérêt :
- " Salut, beau blond ! Tu es drôlement mignon aussi, en garçon
C'est vraiment gentil, le lait de chèvre : Chloé n'a pas
arrêté de me faire bisquer avec ça ! " Elle goûta
puis but le verre avec délice. Elle me le tendit et me fit d'une
voix enfantine :
- " Encore ! " Je ris :
- " Non, je suis désolé, ma chérie, mais il
n'y en a plus... Bon, je range mon matériel et je reviens. "
Caroline était confortablement
assise dans mon fauteuil, et Stéphanie, baissée, farfouillait
dans la glacière. Je lui mis un petit coup de pied aux fesses :
- " Hopopop ! Qu'est-ce que tu fous là-dedans ? " Elle
rit :
- " Hé, sauvage ! On te gardait la boutique, et c'est comme
ça que tu nous remercies ? " J'invitai Caro à se lever
en frappant dans les mains :
- " Allez, ouste ! Je remballe ! L'attraction est terminée.
Et comme je lis une foule de questions dans vos yeux bovins, je vous paye
un verre vite fait. " Elles m'aidèrent à remporter
mes accessoires jusqu'à la voiture après m'avoir mis une
claque chacune. Ma galanterie légendaire m'avait encore jouée
des tours
Moi, je trouve ça très joli, les yeux d'une
vache
J'attirai Chloé à notre
table en lui adressant un signe de la main. Je n'ai pas eu à attendre
beaucoup, elle avait les yeux constamment braqués sur moi. Les
surs siamoises donnèrent dans l'originalité en commandant
un baby et une vodka orange, et je les accompagnai avec mon désormais
célèbre Suze-cassis. Chloé me confia :
- " Tu sais que tu as relancé la mode ? J'en ai servi six,
rien que ce soir. Rassure-toi, j'ai renouvelé le stock ! "
Elle m'embrassa rapidement et rejoignit le bar en gambadant joyeusement.
Mon petit traitement semblait lui faire de l'effet
Stéphanie me fit un grand sourire
:
- " On a bien rigolé, après coup, de ton numéro
avec ton soi-disant mari. Vous nous avez bien roulées
"
Caroline renchérit :
- " Ouais, et le pompon, c'était le coup des roses : quel
cinéma ! " Je pris un air grave et songeur :
- " Et bien non, justement : ça a été spontané,
et sincère. Je suis amoureux de mon amant à la fois tendre
et brutal, comme il est amoureux d'Alicia. Je vous jure que pour ça,
on ne vous a pas joué la comédie. " Elles ne savaient
plus quoi dire. Heureusement, Chloé reparut rapidement avec son
plateau et je lui dis en riant :
- " Tu vois, tu es une vraie poupée mécanique : un
coup de clé, une goutte d'huile et c'est reparti ! Bravo pour la
diligence de ton service ! " Chloé s'approcha de moi et me
tendit sa poitrine pour que je la félicite de plus près.
J'en embrassai la partie visible -assez conséquente- et y glissai
un billet de cinq euros.
Elle s'assit un moment sur mes genoux
pour que j'en aie pour mon argent, jusqu'à ce qu'elle se relève
brusquement :
- " Merde, voilà ma copine ! Elle m'a repérée,
elle vient par ici : Elle est en avance
" Son amie était
très jolie. Plus très jeune, mais diablement séduisante
et altière, les cheveux blonds cendrés, mi-long du plus
bel effet. Chloé voulut sauver les apparences :
- " Voilà, Messieurs dames, ça fait treize Euros cinquante.
" Je lui tendis deux billets qu'elle empocha.
Quelque peu angoissée par la
situation, elle fit à son amie :
- " Tu m'attends là, Joëlle ? Je prends une commande
et je suis à toi... " Je la rattrapai au vol :
- " Hep, Mademoiselle ! Ma monnaie ! " Elle me paya et continua
sur sa lancée.
Je fis à Joëlle, faussement
remonté :
- " Il faut avoir l'il, ici ! Ça fait deux fois qu'elle
me fait le coup : Elle doit s'arrondir les fins de mois sur le dos des
clients trop saouls pour compter ! " Joëlle me prit de haut
:
- " Ça m'étonnerait, Monsieur ! Il n'y a pas plus honnête
et travailleuse que cette fille. Et si vous voulez le savoir, je vais
lui demander de partager ma vie, ce soir même. Nous sommes amoureuses
depuis longtemps, Et j'ai même l'intention de sacrifier ma carrière
pour elle, pour être toujours à ses côtés. "
Chloé revint l'installer à une petite table isolée
et Joëlle la força à s'asseoir avec elle, lui prit
les mains en parlant avec solennité. Chloé se leva pour
l'embrasser et la serrer dans ses bras, puis alla chercher sa consommation.
Elle me jeta un air malheureux au passage : elle lui avait dit oui.
Caro commenta :
- " Je crois que votre histoire d'amour vient de se terminer
" Je me levai et leur fit la bise :
- " Bof !... On verra
Au pire, je viendrai m'enfermer aux toilettes
avec elle !
Bon j'y vais, une jeune fille m'attend chez moi. Bisous.
" Elles rirent. Pourquoi personne ne me prend au sérieux quand
je dis la vérité ?
Je rendis la voiture à mes voisins,
sans les voir cette fois, ils devaient être couchés. Par
contre, à la maison, c'était un peu plus agité :
Régis criait comme un putois dans la salle de jeux. A ma grande
surprise, il était seul :
- " Ben pourquoi tu couines comme ça ? Tu t'es fait faire
une pipe par miss Pac-man ? " Il rit :
- " Non, mais j'étais à deux doigts de faire péter
le score de Galactica. J'ai flippé, et j'ai paumé. "
- " Elle est où, ta sur ? " Il fit un geste évasif
:
- " Elle m'a dit qu'elle allait faire un saut à la maison,
mais je ne l'ai pas vue revenir. Tu as regardé dans ton lit ? "
Il avait dit ces derniers mots avec un sourire malicieux.
- " Ah ! Non
De toute façon, je vais me coucher. Tu
peux rester encore, si tu veux, et si tu ne te remets pas à hurler
à la mort
" Il sourit :
- " Je crois que je vais faire pareil, ça commence à
me péter les neurones, le démon du jeu... Bonne nuit avec
ta panthère, si elle revient : je sens que tu ne vas pas fermer
l'il de la nuit
"
Je l'accompagnai jusqu'à la
porte et il me fit la bise. Il me quitta à regret en me prenant
les hanches:
- " Bonne nuit. Tu crois que je pourrais encore coucher avec Alicia,
moi aussi ? " Je lui caressai la joue :
- " J'espère bien ! Je crois bien que la nuit avec toi était
sa plus belle nuit... " Il sourit en détournant les yeux et
disparut dans l'obscurité.
Je fis ma toilette du soir et entrai
dans ma chambre, nu sous mon peignoir. Je fus tout de même plutôt
surpris de trouver Jasmine assise dans le lit, appuyée sur des
oreillers et regardant la télé, une émission musicale
pour les jeunes. Elle était si petite dans ce grand lit, vêtue
d'une chemise de nuit rose à volants un peu trop juste -celle de
son enfance si proche- et pourtant si femme avec son maquillage glamour
et sa cascade de longs cheveux noirs. Elle était belle comme un
cur, si touchante que j'aurais voulu la serrer dans mes bras et
la couvrir de baisers. Mais nous n'avions pas les mêmes sentiments
l'un pour l'autre et ma tenue était trop inconvenante pour que
je me laisse aller à exprimer ainsi ma tendresse pour ma fille
toute neuve
Jasmine caressait distraitement Ouissecasse
lové sur ses cuisses et qui ronronnait comme un fou. Elle éteignit
la télé en me voyant et me fit d'une petite voix triste
:
- " Ah, quand même, tu penses à moi
Tu as été
voir une de tes maîtresses ? "
Je m'assis sur le lit et lui prit doucement
la main :
- " Non, Jasmine, pas comme tu l'entends
" Elle me reprit
:
- " Yasminah. " Je soupirai : Yasminah Müller, ça
ne collait pas vraiment
- " Je préfère Jasmine. C'est tellement plus joli,
et plus doux
" Elle me sourit et minauda :
- " Comme tu veux, mon chéri
"
- " Je disais donc, je suis bien allé voir une dame, mais
seulement pour lui apporter un peu de réconfort en lui offrant
à boire et en lui massant les pieds. C'est une serveuse de boite
de nuit, et elle travaille dur. Voilà. " Elle me croyait à
moitié, mais je ne pouvais pas lui en vouloir, et lâcha après
un profond soupir :
- " Si tu le dis
"
Je contemplai ma robe de chambre mal
fermée et me levai :
- " Je vais passer autre chose. Ce sera mieux. " Elle me coula
un regard gourmand, mais elle devait se méprendre sur mes intentions...
J'exhumai d'un tiroir du débarras
un pyjama rayé flambant neuf que je n'avais jamais porté
: il était horrible et semblait être taillé dans de
la toile à matelas. Un cadeau humoristique de ma chère Ghislaine
D'habitude, je dors nu ou dans un long T-shirt faisant office de chemise
de nuit. C'est d'ailleurs le seul pyjama que je possède.
Je ne l'avais jamais essayé
-je n'en avais encore jamais été réduit à
cette extrémité- et je fus surpris de nager dedans : il
faisait bien trois tailles au dessus, et je ressemblais à un rescapé
des camps de la mort là-dedans. Plus sexy, tu meurs !
Ce fut d'ailleurs aussi l'avis de Jasmine
et je pus lire une expression d'effroi et d'amère déception
lorsque je reparus devant elle :
- " Putain, mais quelle horreur ! Tu as fait les soldes à
Buchenwald, ou quoi ? " Je pris quelques poses de mannequin dans
un défilé de mode et lui répondit :
- " C'est chou, non ? C'est très " vintage ", je
trouve
C'est un cadeau de ma belle-mère, c'est pour te dire
à quel point elle m'aime ! "
Elle fixa le mur, les yeux humides,
imperméable à mon humour :
- " Je sais maintenant que toi, tu ne m'aimes pas, mais j'aurais
cru que tu aurais eu envie de moi, au moins
" À ces
mots, je bondis sur le lit et lui pris les mains :
- " Comment peux-tu dire ça ? Je t'aime beaucoup, au contraire,
et bien plus que je ne le devrais ! Je t'aime comme si tu étais
ma propre fille ! Tu m'as manqué toutes ces années, tu sais
? Et aujourd'hui, je veux rattraper le temps perdu. "
Jasmine poussa un grand soupir plein
de larmes :
- " Alors, c'est foutu ? Nous deux ? " Je la serrai tendrement
contre ma poitrine :
- " Mais non
Ce n'est que partie remise, je te le promets !
Lorsque tu seras une jeune femme, que tu auras mûri un peu et si
tu veux encore de moi, je serai là pour toi ! " Elle lâcha
sur un ton morne :
- " Tant que je resterai vierge, je ne serai pas une femme
"
- " Tu n'as pas compris
Tu es encore trop jeune pour comprendre
ce que je veux dire. "
Nous sommes restés quelques
minutes blottis l'un contre l'autre, moi jouant avec une mèche
de ses beaux cheveux noirs, Elle avec la queue de W qui finit par en avoir
assez.
Ouissecasse sortit, et je brisai le
silence :
- " Tu es vraiment une belle jeune fille, et tu sens très
bon. Un vrai bonbon
" Elle fit une petite grimace :
- " Désolée, c'est du parfum de gosse, à la
vanille. J'avais que ça sous la main. " Elle était
très tendue. Nous sentant dans une impasse, je m'installai à
ma place et mis la main sur l'interrupteur :
- " Tu veux dormir ? " Elle lâcha, peu convaincue :
- " Mouais
Dormir. Quand je disais " dormir avec toi,
" je ne voyais pas ça comme ça
"
Je ne trouvais pas le sommeil, troublé
par les soupirs incessants de Jasmine :
- " Tu ne dors pas ? " Elle était un peu aigrie :
- " Je vois pas comment je pourrais. "
- " Tu veux parler ? "
- " Ouais
Puisqu'il me reste plus que ça. " Seulement,
je ne savais pas comment entamer la discussion, et de longues secondes
s'écoulèrent avant que je me lance en rallumant la lumière
:
- " C'est si important pour toi de perdre ta virginité ? "
Elle se jeta dans mes bras et se blottit contre ma poitrine revêtue
de sa toile à matelas :
- " Oui ! J'aurais voulu que ce soit toi le premier ! Cette nuit
! Demain matin, je me serais levée, j'aurais regardé le
sang sur mes cuisses et je me serais dit ça y est, je suis une
femme. Ta femme ! " Je la rassurai :
- " Hé bien, jeune fille, que de passion !
Tu sais,
ça ne se termine pas toujours dans un bain de sang
Carole,
elle, n'a quasiment rien senti et n'a perdu qu'une toute petite goutte.
Ça dépend des femmes, et de la façon dont ça
se passe. Mais pourquoi tu ne demandes pas plutôt à un de
tes petits amis ? Une jolie fille comme toi, tu devrais avoir au moins
un amoureux, non ? "
- " Ouais, c'est sûr
Ils sont bien gentils, tous, mais
ils sont trop brutaux et ils me font mal, aucune tendresse. Ils sont tous
pareils
Faut dire qu'à force de regarder des pornos, ils
veulent aller trop vite, ils n'ont pas de sentiments. "
- " Toi aussi tu veux aller trop vite. Tu veux te débarrasser
de ta virginité comme d'un mal de dent. Crois-moi, pour ce genre
de chose il ne faut rien précipiter, ni rien programmer. Pour revenir
à Carole -excuse-moi de reparler d'elle- ça s'est passé
un après-midi d'été, tout naturellement, nous n'avions
pas dit un mot ni l'un ni l'autre, c'est arrivé comme ça.
Elle avait dix neuf ans, pourtant je crois qu'elle était -si c'est
possible- encore plus délurée que toi ! " Elle fit,
songeuse :
- " Dix-neuf ans
Je ne crois pas que je pourrais attendre si
longtemps. Mais toi, tu avais quel âge ? "
- " Ben
Dix-sept, elle a deux ans de plus que moi. " Elle
cria, victorieuse :
- " Tu étais mineur ! Tu vois qu'un adulte peut coucher avec
une ado ! " Je tempérai ses élans :
- " Vu la différence d'âge, on ne peut pas parler de
détournement de mineur ! Pour nous, par contre
Mais bon,
pour revenir à ce qui te concerne, il y a plein de choses à
faire avec un garçon avant de te sentir obligé de lui offrir
ta virginité
" Jasmine poussa un profond soupir :
- " Ouais, je sais, j'en parle souvent avec Diane
Mais moi,
c'est différent. J'ai un problème. Tu n'es pas tombé
loin quand tu as parlé de mal de dent
" Je lui fis en
riant :
- " Ne me dis pas que tu as une carie mal placée ! "
Elle ne goûta pas mon humour et fit une moue contrariée :
- " T'es con. C'est pas drôle. J'ai le même problème
que ma maman, elle a dégusté grave. " Je me sentais
un peu bête sur ce coup :
- " Ah bon ? Pourquoi ? "
- " Mon hymen est à peine ouvert. Maman m'a dit que ça
été terrible, et elle a eu très mal, elle a saigné
beaucoup et elle a été déchirée... C'était
mon Papa, Denis, il l'a presque violée malgré ses cris.
Elle s'était gardée intacte pour lui, pour le jour de son
mariage. "
La nouvelle me révulsa et m'attrista
Que Denis soit brutal
avec moi, rien de plus normal. Mais violer son épouse -car pour
moi, c'était résolument un viol- le soir de ses noces, je
trouvais cela intolérable. Mettons ça sur le compte de la
fougue -il était très jeune à l'époque, ou
du banquet trop arrosé
- " Ça alors
J'ai du mal à le croire. "
- " Et pourtant
C'est pour ça que je ne perds pas une
occasion de le choquer ou de le contrarier. Je l'aime bien, c'est un bon
papa, mais je ne peux pas oublier ce qu'il a fait à maman, surtout
que je risque de vivre la même chose. Je lui en ai parlé
mais il dit qu'il ne se souvient pas que ce soit si mal passé
C'est pour ça aussi que par moment j'en ai un peu marre d'être
la petite Jasmine à Papa. "
- " Oui, je comprends un peu mieux certaines choses
En tous
cas, une fille ne doit pas avoir mal. Peut-être une petite douleur
passagère, mais qui doit être noyée dans l'amour et
le désir, pas dans la peur ni dans la violence... Mais tu n'y es
pas encore ! C'est toi qui décideras du moment, quand tu te sentiras
prête à franchir le pas
"
- " C'est pour ça que je veux que ce soit toi. Ça me
fait un peu chier d'attendre deux ans pour faire le remake de " Massacre
à la tronçonneuse, " mais puisque tu as des principes
Je te promets de t'attendre ! "
- " Deux ans, c'est long, surtout à ton âge. Tu rencontreras
certainement la perle rare d'ici là. "
- " Tu parles
Et puis, d'après Diane, tu es parfait
pour une jeune fille. Tu n'es pas trop
gros. " Elle tentait
de n'être pas trop maladroite et je lui demandai :
- " Dis-moi, tu as déjà vu un sexe de garçon
? "
Jasmine hésita un peu avant
de me répondre, gênée :
- " Oui
Dans des films pornos de Régis. Mais ils sont
bien trop énormes, ceux-là ! Je ne me vois pas me faire
déchirer par un truc pareil. Régis avait les boules, il
disait qu'il en avait une petite. " Je la rassurai :
- " Tu sais, ceux qu'on voit dans les films, ce sont des bestiaux
d'élevage. Le
" Truc " moyen, comme tu dis, est
beaucoup plus modeste. C'est comme la chanson de Pierre Perret, "
le zizi ", il y en a pour tous les goûts
Et à
la portée de toutes les bourses. " Elle n'avait pas fait attention
au jeu de mot :
- " En tous cas, si tu en as un petit comme m'a dit Diane, je t'attendrai
patiemment, je suis sûre que tu es fait pour moi ! " Je soupirai
:
- " Oui, il est petit
" Elle se rendit compte de ce qu'elle
venait de dire et s'excusa de sa voix d'enfant qu'elle prenait pour se
faire pardonner de son père :
- " Je voulais pas dire ça
Excuse-moi. "
Je lui fit un grand sourire pour lui
signifier qu'elle ne m'avait pas blessé :
- " Sinon, tu en es où avec les garçons, si ce n'est
pas indiscret ? " Elle me répondit d'une moue dégoutée
:
- " Bof
Pas brillant. Il y a un grand blond dans ma classe
à qui je plait assez. On s'embrasse et je me laisse peloter un
peu, mais ça me fait rien du tout, limite un peu chier. Je préfère
encore me
Enfin, toute seule, quoi
Je te dégoute pas
? Tu crois que je suis normale ? "
- " Mais bien sûr que oui ! Inconsciemment, tu dois avoir peur
des garçons et du mal qu'ils pourraient te faire. Mais pour parler
de tes
Plaisirs solitaires, c'est tout à fait normal, et,
contrairement à ce que à notre éducation Judéo-chrétienne
nous a enseigné
"
- " Je suis musulmane. Enfin, un peu. "
- " Tout ça, ça vient du même tonneau. Donc,
c'est très sain et c'est comme ça que tu construiras ta
sensibilité féminine et ton épanouissement sexuel.
Tu sais, je me masturbe encore très souvent, malgré toute
la satisfaction sexuelle que j'ai. Et Carole aussi, d'ailleurs... Ce n'est
pas ça qui va te dégoûter de faire l'amour, bien au
contraire ! Et à ton âge, j'étais déjà
un grand pratiquant de la chose, j'avais même déjà
connu mon premier " Pénis elbow**
"
J'avais au moins réussi à
la faire rire
- " T'es con
Et pour une fille, on dit comment ? Moule elbow
? "
- " Je ne crois pas
Tiens, ça me fais penser à
une blague : quelle est la différence entre une moule et un pull-over
? " Elle fit mine de chercher un moment et donna rapidement sa langue
au chat :
- " J'sais pas. "
- " Le pull-over moule, et la moule pue l'ovaire. " Elle prit
quelques secondes pour bien comprendre, sourit en secouant la tête
et me dit :
- " T'es vraiment con... Mais si rigolo ! Mes copains me font pas
marrer comme toi, ils sont plutôt genre prise de tête... Attends,
bouge pas ! "
Elle attrapa son téléphone
posé sur la table de nuit de Carole, le brandit à bout de
bras et pris un cliché de nous deux, enlacés dans mon lit
conjugal. Elle me soumit son uvre :
- " Alors, on fait pas un beau couple, bien assorti ? Yasminah, La
petite bombasse d'Anthony, et Luc, Mister Buchenwald 2001 ! " L'idée
qu'elle conserve une preuve de notre fricotage -bien innocent- m'inquiétait
un peu :
- " Tu n'as pas peur que quelqu'un voie cette photo ? Tes parents,
surtout
"
- " Non, c'est pour ma collection perso, je l'ai cryptée.
Et pour mes parents, t'inquiète, ils y entravent que tchi. Ils
savent même pas se servir du minitel***, c'est pour dire
"
Elle reposa son téléphone
et resta silencieuse, les yeux au plafond. Je la pris dans mes bras :
- " Alors, mon petit loukoum de banlieue, tu veux faire quoi ? "
Elle me jeta un regard implorant :
- " J'ai vraiment pas sommeil
On joue encore un peu ? J'avais
prévu un autre genre de loisirs, mais bon
"
- " Tes désirs sont des ordres ma princesse. Monte, je vais
chercher des boissons d'avril
"
- " Mmm ? " Elle n'a pas réagi à mon pitoyable
jeu de mot, hors saison de surcroît.
- " Non, rien. J'arrive. "
Jasmine avait préparé
le billard quand je l'ai rejointe avec une bière et un cola light.
Nous avons fait trois parties -sans enjeu cette fois- toutes gagnées
par qui vous savez, puis deux de flipper ensemble. Elle ne savait pas
y jouer -le flipper n'était plus de sa génération-
et je lui en appris les subtilités en me collant derrière
elle. Elle semblait apprécier ma méthode pédagogique
et y prit vite goût -au jeu, pas à ma chaude proximité
Aussi, comme elle semblait au point, je la laissai jouer seule.
À la troisième partie
en solo, elle éteignit l'appareil, se jeta dans mes bras et me
fit avec la voix d'une petite enfant grognon:
- " J'en ai marre
Je suis fatiguée... Mais j'ai pas
sommeil."
- " Tu veux prendre un bain ? Viens, on a une belle baignoire, à
l'étage. " Cette idée la réveilla tout à
fait:
- " Ah Ouais ! Je l'ai vue, elle est super chouette ! " Elle
me menaça du doigt :
- " Je veux bien, si tu te baignes avec moi ! "
- " Bien sûr, je n'allais pas te laisser seule
Mais en
maillot, pas tout nus ! " Jasmine, qui devait s'attendre à
une telle réponse de ma part, grimaça un peu :
- " Bien sûr
je vais remettre mes sous-vêtements.
Ils ont même pas eu le temps de sécher ! Demain matin, il
faut que je demande à Diane de m'acheter un deux-pièces."
Après avoir passé un maillot, je rejoignis Jasmine dans
un bon bain bouillonnant.
Elle avait bien vu la baignoire, mais
elle ne savait pas qu'il y avait cette fonction supplémentaire
:
- " Arrête de péter, gros dégueulasse ! "
Je lui répondis d'un air las :
- " Toutes celles qui prennent un bain avec moi me sortent un truc
dans ce genre. Ça devient plus drôle. " Elle tomba sur
la boîte à côté de la baignoire, et en sortit
un canard en plastique d'un air entendu :
- " Ouais, je connais, c'est la mode en ce moment... Ça s'allume
comment ? Il est déchargé, peut-être ? " Jasmine
le tournait en tous sens, cherchant la commande du vibromasseur de baignoire
qu'elle croyait tenir entre ses mains.
- " Vous n'y êtes pas du tout, jeune fille à l'esprit
pervers. C'est un honnête jouet que tu tiens là, et ceci
est la maman. Les enfants sont dans la boîte. " Elle le rangea,
déçue :
- " Ça, c'est plus de mon âge. " Je souris en revoyant
Carole et Chloé promener leur petite famille de palmipèdes
synthétiques à travers la mousse
Elle rit en repensant à son
souci premier :
- " Et dire que ma gynéco -enfin, celle que ma maman m'a emmenée
voir- elle veut que je me fasse dépuceler au scalpel ! Ma mère
était inquiète -elle était déjà passée
par là- et elle a voulu l'avis de la doc. Elle a dit que je risquais
d'être gravement déchirée, et elle voulait me faire
une épistomie, ou un truc comme ça
"
- " Je crois que c'est une épisiotomie, mais je n'en suis
pas sûr
L'incision est assez profonde, il me semble, et je
crois que c'est réservé aux accouchements difficiles
" Elle était assez remontée contre les blouses blanches
:
- " Ben non, tu vois
Enfin, je préfère de loin
ta bistouriquette au bistouri. C'est quand même plus romantique
T'imagines ? " Dis, maman, c'était comment, ta première
fois ? -C'est mon plus beau souvenir, ma fille, je me suis fait taillader
la moule à coup de cutter
" C'est top glauque... "
Elle se calma vite et me coula un regard
amoureux, éperdu de reconnaissance :
- " Je ne te remercierai jamais assez pour t'occuper si bien de moi.
Je n'ai jamais parlé comme ça à qui que ce soit,
sauf peut-être à Diane, mais elle, c'est une fille. Tu es
si doux, si gentil
"
- " Et si majeur
Si ça se sait, je suis mort. "
Jasmine fit mine de s'emporter et me tendit un superbe doigt d'honneur
:
- " Et ce majeur-là, tu l'as vu ? Non mais, quel trouillard
! " Elle se radoucit et me prit la main :
- " Mais non, il ne s'est rien passé
J'ai joué
un peu, et je suis rentrée. Je ne suis pas restée chez toi
seule, mon frère ne m'a pas quittée. Et je fais courir le
bruit que je ne suis plus vierge depuis plus d'un an ! Alors
"
Je fis la moue :
- " Mouais, soit. Et cette histoire de piercing supplémentaire,
c'est quoi ? C'est vrai ou pas ?"
Elle ouvrit grand ses yeux avec un
air de gourmandise. Je comprenais mieux ce que pouvait ressentir un rat
hypnotisé par un cobra:
- " Ah ! Petit coquin ! Je me demandais si tu allais m'en parler
un jour
C'est pas faute de t'avoir tendu la perche ! C'est un truc
que j'ai entendu à la radio, sur Skyfun FM, dans l'émission
" Doc' ados. " Tu connais ? "
- " Beuh
Non. "
- " Les jeunes appellent pour parler de leurs problèmes de
santé, mais ça tourne surtout autour du cul et des boutons
sur la gueule. Et ben, il y a une fille -dix-sept ans, je crois, elle
s'est fait mettre un anneau où je t'ai dit et elle appelait pour
dire que c'était super génial, que depuis elle était
super chaude, elle avait tout le temps le feu où je pense. Moi,
je crève d'envie de m'en faire mettre un : Tu sais, c'est pas parce
que je suis encore vierge que je n'ai pas de vie sexuelle
"
Je soupirai :
- " Ça, j'avais cru comprendre... Par contre, ton coup de
l'anneau, ça doit rendre dingue. Tu sais, pour apprécier
le sexe, il faut du repos, que la nuit succède au jour, l'hiver
à l'été
Non, là, je parle comme un vieux
con !... Disons que tu aimes les frites : "
Jasmine hocha la tête avec véhémence :
- " Ah ! Ouais. Ça ouais ! " Je souris :
- " Bon, ça a l'air d'être un bon exemple
Bien,
je t'en donne au petit déjeuner, au déjeuner, au goûter,
au dîner
Comme ça tous les jours. Tu en serais vite
dégoûtée ! Ton anneau, ce serait peut-être bien
pour une escapade amoureuse, pour un week-end torride
Enfin, c'est
toi qui vois, de toute façon, visiblement, tu fais toujours ce
que tu as décidé
" Elle était pensive
:
- " Je ferais ce que tu auras décidé pour moi, mon
amour. Et je voudrais être ta maîtresse quand tu me jugeras
assez mûre
" Je pris l'accent arabe d'un sultan et lui
fit, d'un air hautain, en fumant un gros cigare imaginaire :
- " Toi mon loukoum, ma corne de gazelle à la douceur de miel,
je te prends dans mon harem. Tu rejoindras mes trente autres favorites.
Peut-être que si tu m'implores assez, tu auras l'honneur de réchauffer
ma couche
" Ses yeux me lancèrent des éclairs,
et elle me hurla dessus en arabe -du vrai- ce je compris comme étant
des insultes en me faisant de grands gestes obscènes. J'en eus
réellement des frissons dans le dos : Elle me faisait peur, cette
gamine... Si j'avais tenté de la violer, je crois que je serais
reparti la queue entre les jambes. Avec de la chance
J'affichai une apparente décontraction,
et lui répondis, posément, en bon français cette
fois :
- " Ah non, désolé, je n'ai pas de Nadine Oumouk****
parmi mes connaissances
" Elle rit:
- " Je vais pas te faire un cours d'arabe ce soir... On sort ? Je
me ramollis dans ta bouilloire. "
Nous sommes sortis du bain, et je laissai
Jasmine se sécher et se changer seule. Elle me rejoignit dans le
lit, moi, je m'étais déjà sagement recouché
:
- " Ahhh ! Elle est vraiment trop cool ta baignoire. D'habitude,
je prendrais plutôt une douche, mais avec toi, je suis prête
à tous les sacrifices ! "
Elle me souhaita bonne nuit en me serrant fort contre elle. Elle s'était
faite une raison, pourtant je sentais qu'elle mourrait d'envie de croquer
la pomme. Je ne l'en aimait que davantage.
Ouissecasse était étonnamment
absent, il devait roucouler avec la chatte de la voisine. Il avait beau
être castré, il aimait bien passer des heures en sa compagnie,
au clair de lune.
J'embrassai Jasmine, éteignis
la lumière et lui souhaitai bonne nuit, comme si nous étions
un vieux couple. La proximité de cette jeune et jolie créature
dans mon lit me troublait quelque peu, aussi je lui tournai le dos, mais
je sentis rapidement son haleine fraîche dans mon cou :
- " Tu dors ? "
- " Oui, bien sûr
"
- " Moi, non. J'arrête pas d'y penser, ça me brûle...
" Je rallumai ma lampe de chevet, inquiet:
- " Ça va pas ? " Elle s'énerva un peu devant
mon manque de jugeote :
- " Mais non
Je voulais dire que j'ai trop envie. Je meurs
d'envie de manger des frites ! " Jolie métaphore
"
Toi qui as l'habitude, tu peux quelque chose pour moi ? "
- " Oui, mange tes frites avec les doigts. " Elle me souffla
à l'oreille d'une voix sourde :
- " Putain ! Ça, ça me ferai bien chier ! Alors que
j'ai un beau mec dans mon lit
"
Je me dégageai doucement de
son étreinte pour me lever :
- " Je savais que ce n'était pas une bonne idée. Je
vais dormir à l'étage, dans la chambre d'amis. N'essaye
pas de m'y rejoindre, je vais fermer la porte à clé. "
J'avais le cur brisé de voir sa si jolie petite frimousse
dévorée par les larmes :
- " Non ! Reste, mon chéri, je ne ferai rien, je serai sage,
promis !!! "
- " Je crois que c'est la meilleure solution. Et puis, je ne suis
pas certain de pouvoir te résister longtemps. Bonne nuit, ma petite
Jasmine ! "
Je sortis en affectant une expression
neutre, mais j'étais très mal de la décevoir ainsi.
De plus, je sentais son regard mouillé de larmes vissé sur
moi
J'avais tant envie de la serrer contre moi, la consoler, respirer
son parfum de petite fille dans ses beaux cheveux
Je refermai la
porte sans me retourner, sans un mot de plus.
J'aimais profondément Jasmine,
et j'aurais été très heureux si elle avait été
moins entreprenante pour pouvoir dormir à ses côtés.
Je ne lui en voulais pas, je le regrettais simplement. Bien des hommes
auraient succombé facilement à cette petite panthère,
mais je ne suis pas l'Humbert du livre " Lolita " de Nabokov.
Je ne me sens pas spécialement attiré pas les toutes jeunes
filles, ce serait plutôt le contraire. En faisant le bilan de tout
ce que j'ai vécu avec la gent féminine depuis mon enfance,
je me serais plutôt fait guider -ou abuser- par des filles ou des
femmes plus âgées que moi. En tout cas, plus autoritaire
que moi
le seul point noir que je voyais dans tout ceci était
le sacrifice inutile de Diane. Elle m'en voudra certainement.
Un bruit de meuble qu'on bouscule et
un juron étouffé me tirèrent brutalement de mon sommeil.
Je sursautai et étendit inconsciemment la main à la place
de Carole -où de celle qui dort avec moi, et je réalisai
bien vite que je n'étais ni dans mon lit, ni avec mon épouse.
Jasmine s'était levée et avait dû se cogner quelque
part. J'enfilai mon peignoir -j'avais quitté mon horrible toile
à matelas, las de ressembler à une colonne de Buren*****
ambulante- et m'enquis, encore ensommeillé, en lançant du
haut des escaliers :
- " Ça ira ? Tu ne t'es pas fait mal ? "
- " Non, ça va. J'ai trouvé les toilettes. Rendors-toi,
mon chéri, je vais essayer de ne plus faire de bruit. Désolée
de t'avoir réveillé
"
Je me rendormis presque aussitôt,
jusqu'au matin, sans être troublé de nouveau par le retour
de Jasmine. Je me levai subrepticement, éclairé par les
premiers rayons d'un soleil orangé. Seul dans la cuisine, je mitonnai
amoureusement un petit déjeuner pour mon petit loukoum. Rien que
pour elle. Je me faisais un plaisir de m'imaginer la voir manger goulûment
pendant que je lui sourirais, assis à côté d'elle.
Poussant la porte du pied, j'entrai
dans la chambre obscure. Je posai le plateau sur le bord du lit et ouvris
les volets, inondant la chambre d'un soleil radieux :
- " Ouvre tes beaux yeux, mon loukoum ! Le déjeuner est servi
! " En me retournant, je constatai avec un pincement au cur
que ma colombe s'était envolée. Ses vêtements sur
la chaise, aussi. Je contemplais tristement mon café au lait fumant
et l'uf à la coque. Dehors, Ouissecasse, assis sur son séant,
regardait partir sa dulcinée, une chatte noire angora très
jolie. J'attirai son attention et lui dit :
- " Toi aussi, mon pauvre Ouissecasse, on te laisse tout seul
Viens faire un câlin à papa ! " Il se leva pour la suivre.
Je mangeai mon petit déjeuner seul sur mon grand lit : même
mon félin préféré m'avait abandonné
À suivre dans " La carotte
Nantaise 22: Le retour de la carotte. "
* Joaillier et verrier, célèbre pour ses créations
de cristal.
** Affection redoutée de tous
les grands joueurs de pénis.
*** Instrument de communication du
siècle dernier.
**** Les arabophones apprécieront
***** Ensemble de colonnes rayées
de noir et blanc " ornant " la cour du Palais-Royal à
Paris
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