Histoires Des Invités

 

La Carotte Nantaise 23

Claude D'Eon

 

CHAPITRE 23: JEUNE FILLE AUX PAIRES. (EXTRAITS)


Comme la dernière fois, les enfants étaient cantonnés chez nous, ce qui ne les gênait pas trop -ils connaissaient bien tous nos jeux et les appréciaient pleinement. Ils mouraient tout de même d'envie d'assister au spectacle, mais Denis leur avait promis de leur montrer les enregistrements vidéo : il avait immortalisé sur cassette ma première prestation qui les avait tant fait rire…

Je m'affairais en cuisine avec Diane lorsque la grosse berline de Germain se gara en travers du portail, sans égard pour les éventuels usagers. Mais le maître du monde ne s'embarrasse pas de tels scrupules… Il entra sans frapper, la porte étant ouverte. Diane l'accueillit en lui serrant poliment la main -elle m'avait avoué qu'elle lui faisait autrefois la bise- et le dirigea vers le salon en l'invitant à s'asseoir. Il s'exécuta de mauvaise grâce :
- " Je ne vais pas rester bien longtemps : Je suis venu chercher Alicia. Elle est prête, j'espère ? " Carole lui faisait la gueule : elle a horreur d'être invisible, un comble pour une telle beauté flamboyante… Germain attendait juste qu'on lui présente cette déesse avant de lui adresser la parole :
- " Eh bien, Diane, présente-moi ! Tu fais une aussi mauvaise maîtresse de maison qu'une exécrable antiquaire… "

Diane s'empressa, confuse :
- " Oui, Germain, je te présente Carole Gardinot, une voisine qui passait nous rendre visite à l'improviste. Carole, je te présente Germain Pélissier, un expert en antiquités de renommée internationale. " Germain se rengorgea et précisa, dans le cas où ma moitié ne serait pas assez impressionnée :
- " Et accessoirement, expert près le tribunal de Versailles, ainsi que celui de Paris. " Mon épouse fit une moue approbative pour donner le change : elle savait à qui elle avait affaire, et ce n'était pas sa rangée de médailles brillant sur sa poitrine qui allait le rendre plus digeste.

Il continua sur un ton impatient :
- " Tu n'as pas répondu à ma question : Alicia est-elle prête ? " Diane agita énergiquement la tête :
- " Oui, oui, elle est prête, ses valises aussi… Alicia ! Dépêche-toi ! " Je déboulai dans le salon avec mon plateau chargé, un tablier autour de la taille pour ne pas salir ma jolie robe de vichy :
- " Voilà, voilà, Madame… Le thé est juste prêt. "

Germain me dévora des yeux, soupesant chaque partie de mon corps en imaginant ce qu'il pourrait en faire, à volonté, tout un week-end. En me baissant pour servir le thé, je sentis son regard plonger dans le décolleté -pourtant sage- de ma robe. Et quand je lui tournai le dos, il risqua une main discrète sous ma robe, caressant mon bas.

Il grimaça en reposant sa tasse : mon Earl Grey ne lui convenait visiblement pas. Il s'adressa à Diane :
- " Trop infusé, eau trop chaude, et ce n'est pas du Darjeeling… J'espère qu'elle emporte son uniforme de servante, je ne compte pas lui offrir des vacances… "
- " Oui, bien sûr, et d'autres choses encore. Alicia, qu'est-ce que tu emmènes comme vêtements ? "

Je me dressai fièrement et énumérai en comptant sur mes doigts, comme une gamine :
- " Alors : ma tenue de servante, de cuisinière, d'écolière, d'infirmière, et ma robe que j'ai sur moi. Et pis ma chemise de nuit. Voilà. J'espère que vous aurez du plaisir à me regarder dans mes jolis habits : Monsieur Denis il aime bien que je change souvent. Il est tout content et il me serre contre le mur quand il me voit. " Carole ne put s'empêcher de pouffer, ce qui vexa Germain :
- " Madame, ne vous moquez pas de cette pauvre fille. Elle est assez déficiente mentalement, mais je suis sûr qu'elle est pleine de bonne volonté. Et puis, ce n'est pas ce que vous semblez croire : j'ai une grande propriété qui n'est tenue quasiment que par ma gouvernante. Un peu d'aide et de jeunesse lui feront le plus grand bien, je présume… "

Carole lui adressa un sourire narquois et lui fit sur le même ton supérieur :
- " Mais ouais, mon bon monsieur, on doute pas de la pureté de vos intentions… " Germain se sentait pris au piège et ne voulait pas rendre de compte à cette persifleuse, très jolie mais visiblement sans éducation. Il se leva -il n'avait touché ni au thé ni aux petits gâteaux- et salua l'assistance d'un revers de main :
- " Je ne suis pas venu ici pour me faire donner des leçons par une vulgaire inconnue. Alicia, je t'attends à la voiture. Dépêche-toi ! "

Diane contrôla nerveusement ma mise -on aurait dit la maman d'une petite miss avant le concours- et me tendit mes valises. Carole me serra dans ses bras en ayant du mal à contenir une hilarité croissante :
- " Hé ben, ma chérie, je te souhaite bien du plaisir... Essaie de ne pas vomir, quand même. Ça fait mauvais genre, dans ce milieu ! " Elle me coiffa soigneusement de mon adorable chapeau de paille décoré d'un ruban : j'étais vraiment mignonne ainsi, mon petit sac à main en bandoulière. Ils m'accompagnèrent tous à la voiture, en restant toutefois à distance.

Germain m'ouvrit le coffre de sa grosse Mercedes pour que j'y place mes pauvres petites valises de toile. Il m'ouvrit également la portière -non par galanterie, mais parce que je n'y parvenais pas- et démarra rapidement en marche arrière. J'agitai la main par la vitre restée baissée en criant joyeusement " au revoir " à mes maîtres et leur invitée. Eux ne bougeaient pas une oreille, à part Carole qui riait derrière sa main et devait me trouver irrésistible en simplette, rôle qu'elle tenait naturellement d'habitude. Je continuai à les saluer bien après que l'on ait tourné au coin de la rue, ce qui agaça Monsieur :
- " Cesse, je te prie. Ils sont hors de vue à présent. "

Je lui fis un grand sourire enfantin :
- " Ça y est, on est parti. Où on va ? "
- " Tu le sauras bien assez tôt. Chez moi… Dis-moi, Alicia, tu connais la dame qui était chez tes maîtres ? "

Je pris une expression d'intense méditation :
- " Ben, je crois que c'est la voisine. Elle est copine avec Madame Diane. Des fois, elle vient à la maison, mais elle m'a jamais touchée. C'est dommage, j'aimerais bien qu'elle joue aussi avec moi. Elle est belle, hein ? "

Il fit la moue :
- " Oui, très belle, mais je la trouve également très vulgaire, et d'après le peu que j'ai pu en juger, sans éducation ; et à mon avis toujours, sans culture. Crois-moi, je me trompe rarement… Je hais la vulgarité. Tu vois, toi, malgré ton manque patent d'éducation et ton intelligence limitée, je te trouve bien plus intéressante. "

Il était surtout plus certain de me sauter que ma chère épouse…

[…]

Je regardais, émerveillée, tout autour de moi : nous traversions une belle forêt odorante, nous roulions apparemment en direction de Fontainebleau. Je rouvris la vitre -j'avais vite trouvé la commande électrique sur l'accoudoir- et respirai à pleins poumons :
- " J'aime bien la forêt, ça sent bon les champignons. Des fois, mes maîtres ils m'emmènent en pique-nique, et ils m'attachent à un arbre un peu couché. J'aime bien sentir sa peau sur la mienne… Ça gratte, mais il sent bon. Monsieur Denis il se met derrière moi et il me serre comme il fait d'habitude. J'aime bien, même si Madame Diane elle me tape en disant que je suis une salope. Elle a raison, je fais des bêtises. Il faudra pas le dire, Monsieur, hein ? " Il tapotait mon genou avec insistance : mon babillage lubrique semblait l'exciter.

Il ne daigna pas répondre, et je le regardais fixement dans cette attente. Il me jeta enfin quelques coups d'œil rapide avec prudence, la petite route qu'il avait prise étant sombre et sinueuse :
- " Pourquoi me dévisages-tu ainsi? Je te fais peur ? Tu me trouves repoussant ? "
- " Oh non, Monsieur… C'est que je me dis que vous êtes un grand monsieur, et moi une petite bonne. Je parle trop. Je fais des bêtises. " Il rit :
- " Ne t'inquiète pas… Pour l'instant, tu peux parler à ta guise. Par contre, à notre arrivée, je te prierai de te taire. Je ne veux pas que tu donnes une mauvaise opinion de toi à ma gouvernante. Mais dis-moi, quel âge as-tu ? "
- " Madame Diane elle a dit que j'ai cinq ans, mais c'était pour rire. Moi, je sais pas, mais je sais que j'ai plus. " Il rit :
- " Je n'en doute pas… En tout cas, tu n'as plus l'air d'être mineure, c'est déjà cela. Mais ton côté enfantin, plutôt de femme-enfant, me séduit beaucoup. "
Je lui souris fixement, avec admiration. Comme il parlait bien… je n'avais pas tout compris, mais comme il parlait bien…

Il ralentit soudainement et s'engagea dans une allée forestière. La voiture s'immobilisa entre deux immenses murs de rondins de bois, attendant leur chargement après abattage : un endroit parfait pour avoir un peu d'intimité… Monsieur Germain défit sa ceinture de sécurité et me caressa un sein. Je ne bougeais pas d'un pouce, et lui adressais un grand sourire innocent. Il embrassa mes lèvres assez timidement et me dit en soufflant :
- " Tu es une gentille fille... Serais-tu assez gentille pour me prendre en bouche, comme tu as fait avec ton maître ? " Je gardais mon sourire figé. Je ne comprenais pas :
- " Oui, Monsieur? Prendre quoi ? " Il soupira et défit nerveusement son pantalon, m'exhibant son sexe. Il déboucla la ceinture de sécurité qui me retenait -je n'avais pas la présence d'esprit de me libérer- et m'attira sur lui, me laissant quand même ôter mon chapeau de paille. Son sexe était assez court mais semblait très fort, comme le pied d'un cèpe. Il était humide de désir, mais encore mou. Je le caressai :
- " Monsieur, comme vous avez une grosse bite ! J'en ai jamais vu de si grosse... " Il me reprit :
- " Ne soit pas vulgaire ! N'utilise pas de mot de ce genre, cela me choque. J'exige une parfaite maîtrise du français de la part de mes employés, et je ne tolère aucun écart de langage, ne fusse que de la part d'une bonniche intérimaire. Et même dans une situation aussi scabreuse. " Je me repris :
- " Bien Monsieur… Je disais que vous avez une bite énorme. " Il rit :
- " Tu es vraiment impayable ! Enfin, tu m'as coûté un billet, tout de même, mais je crois que je vais en avoir pour mon argent… " Grosse " n'était pas le mot qui me gênait… "
- " Ah bon? C'est quoi, alors ? "
- " C'est le mot " bite. " C'est très vulgaire. Dis plutôt " membre " ou " sexe. " Ce sera mieux ". Je boudai :
- " Ah bon… Je savais pas. On me dit rien. "

[…]

Un grand portail automatique en fer forgé s'ouvrit sur un parc arboré immense, coupé en deux par un ruban de gravier qui se terminait devant une demeure assez sinistre m'évoquant le style victorien. Encore une lubie d'expatrié, sans doute… La voiture s'arrêta devant le perron de grès gris et Germain ouvrit le coffre pour que j'en sorte mes pauvres valises. Une femme aux cheveux à peine grisonnants, d'une élégance sobre comme toutes les gouvernantes nous accueillit. Elle avait le visage triste et très doux, mais ses yeux me lançaient des éclairs que je fis mine d'ignorer pour arborer ma bonne humeur habituelle.

Je lui fis une petite révérence, une valise dans chaque main :
- " Bonjour Madame. Je M'appelle Alicia. " Elle me battit froid et m'ignora :
- " Monsieur a fait bonne route ? " Il ne la regarda même pas, fourrageant dans ses poches à la recherche de Dieu sait quoi :
- " Mmm… Linette, occupez-vous d'elle. Soyez indulgente, elle est assez… limitée. Je serai dans mon bureau. " Il nous laissa toutes les deux, face à face. Je lui souriais toujours, et fit après avoir balayé le parc des yeux et poussé un profond soupir d'aise :
- " Ils sont beaux, les arbres. J'aime bien, ça sent bon. " Linette fit entre ses dents, comme pour elle-même :
- " Ma pauvre fille, je crains que tu sois là plus pour ton joli minois que pour ton esprit brillant… " Je souriais toujours :
- " Vous avez l'air gentille. Votre mari aussi. " Elle eut un rire triste :
- " Si seulement… Ce n'est que mon patron, depuis plus de seize ans. Il était charmant, avant que son épouse décède il y a deux ans… Depuis, seul son boulot compte. Je ne crois plus que… Mais qu'est-ce que je fais, moi, à parler avec une demeurée qui vient me piquer ma place ?! "
Elle entra et montait déjà les grands escaliers qui menaient à l'étage :
- " Allez, viens ! Reste pas plantée là. Je vais te montrer ta chambre, si Monsieur t'y laisse dormir… " Je ne comprenais pas et la suivis en souriant, comme un chiot joueur ignorant les méchants coups de pieds.

La chambre était assez petite, aveugle, aménagée à la va-vite. Cette pièce devait avoir une autre affectation avant ma venue, et dégageait une odeur de vieux cuir, de vieux papier et d'encaustique : certainement une remise à vieilleries.

Linette referma la porte sur moi :
- " Je te laisse t'installer et te changer. Rejoins-moi à la cuisine. C'est la porte sous le grand escalier du hall, à droite. " Je repris pour un temps mon tonus habituel pour déballer mes affaires et me changer. Je soignai ma mise de soubrette, ainsi que mon maquillage et descendis.

[…]

Je trouvai la cuisine très facilement. Linette préparait le souper pour Monsieur :
- " Ah, quand même, te voilà enfin ! Aide-moi à éplucher les légumes, je prépare la table. C'est ton travail, en principe, mais je n'ai pas le temps de t'expliquer où se trouvent les choses. Tu sais faire ça ? " Je hochai la tête avec énergie :
- " Oui, oui ! Ça, je sais bien faire. J'aime bien, on fait pas de bêtises. " Elle me tapota l'épaule avec l'air de dire : " Eh bien, c'est pas gagné… " Elle avait rapidement fait le tour de mes capacités :
- " C'est bien, ma fille, c'est bien… "

Elle me laissa seule dans la grande cuisine qui avait dû connaître un personnel nombreux en une époque plus reculée. Je trouvais que la quantité de légume était importante pour un seul homme -et deux employées. J'avais du pain sur la planche, et me demandais si le repas allait être prêt à temps quand Linette reparut, un peu amère :
- " Ça va, tu travailles vite et bien… Dépêche-toi de finir avant le repas, Monsieur te réclame pour le service. Tout nouveau, tout beau… " Je la regardais en souriant. Je ne comprenais pas :
- " Pour sûr. On mange pas les légumes pas épluchés. " Elle secoua la tête :
- " Mais non… Le repas est déjà prêt, dans les casseroles derrière toi. Les légumes, c'est pour faire du consommé : Monsieur adore ça, j'en fais de grandes quantités que je congèle. Il mange peu, et tard. Mais tu verras. "

Elle s'assit pour m'aider. Comme je lui souriais gentiment, elle s'adoucit et me rendit la politesse :
- " Tu as l'air d'être une gentille fille. Très jolie, mais un peu… " Elle cherchait un terme qui ne me vexerait pas. Je complétai :
- " …Grosse? Je sais. J'aime bien manger les bons restes de mes maîtres. Madame Diane, elle me bat quand j'ai trop mangé. " Linette ouvrit de grands yeux :
- " Quoi? Ta patronne te bat ? Te laisses pas faire, bon sang ! Porte plainte ! " Je boudai :
- " Ah ben non. J'aime bien ma maîtresse. Elle m'aime bien aussi. Mais j'ai besoin d'être punie, sinon, je fais que des bêtises. " Elle me caressa le visage du dos de la main, pleine de compassion :
- " Ma pauvre chérie… J'ai bien l'impression que tu es une de ces esclaves modernes, comme on dit aux informations. C'est souvent des gens bien comme il faut, des bourgeois ou des notables qui abusent de personnes vulnérables comme toi. C'est répugnant. " Je lui répondis avec un large sourire :
- " Vous êtes une gentille madame. " Elle secoua la tête, l'air triste :
- " Je te plains… Tu es un jouet innocent entre les mains de gens sans scrupules, et tu ne t'en rends même pas compte… "

Je poussai un soupir d'aise, les yeux fermés :
- " Qu'est-ce qu'on mange? Ça sent drôlement bon ! " J'étais si heureuse dans mon petit monde simple qu'elle laissa tomber ma défense :
- " Du bœuf mode, avec des pâtes. Monsieur aime manger simplement quand il est seul. À vrai dire, il a perdu le goût des plaisirs de la vie. Seul son travail arrive encore à anesthésier son chagrin. Et un bon cigare, de temps en temps… Il aime me laisser l'allumer : Peut-être le fait de le voir dans ma bouche, si tu vois ce que je veux dire… Mais je ne voudrais pas te choquer. Je n'aime pas le cigare, mais c'est le moment le plus intime que l'on ait ensemble… "

Je souriais en épluchant mes carottes, lorsqu'une clochette tinta à un tableau -du dix-neuvième siècle, environ- que je croyais décoratif. Linette me fit :
- " Tiens, Monsieur sonne. C'est à toi d'y aller, il y tient. Son bureau est à droite de l'escalier. "
- " Je sais, je l'ai déjà embêté dans ses gros livres tout sales. Il était pas content, il va sûrement me taper. " Elle se prit la tête dans les mains, comme Chloé, mais le texte était différent :
- " Mon Dieu, Mon Dieu, Mon Dieu!… Qu'est-ce que tu as fait ? Il va nous tuer ! " Je me dirigeai vers la porte :
- " Mais non, il est chou… C'est qu'un gros nounours grognon. "

Je refermai la porte de la cuisine avant de pouvoir goûter sa réaction et frappai à la porte du bureau. Germain me cria d'entrer, et je me présentai timidement au pied de sa table de travail. Il me dit sèchement :
- " Quand je sonne, tu entres. Quand tu viens me demander quelque chose -ce qui ne doit pas arriver, dans ton intérêt- tu frappes. Jusqu'à maintenant, tu as fait l'inverse. " Je baissai les yeux, des trémolos dans la voix :
- " Pardon, Monsieur. Vous voyez, je fais des bêtises. Vous n'auriez pas dû me donner déjà de récompense. Je suis vilaine. "

Il se radoucit. J'étais si mignonne…
- " Passons… Je savais à quoi m'attendre en te prenant à mon service... Je t'ai appelée pour te dire que je désirais passer à table. " Je le gratifiai d'un grand sourire enthousiaste :
- " Ben venez ! On va manger du bœuf à la mode, avec encore ses pattes. Si vous mangez pas tout, je pourrais goûter. Mais je dis pas ça pour réclamer, hein ? Faut pas croire ! " Il rit :
- " Ah!… La bécassine de mon enfance n'est pas morte… Dis à Linette que je vais manger… Heu… Que je désire passer à table. Tu vois, je parle comme toi, à présent ! Tu insuffles une bouffée de fraîcheur dans cette demeure compassée, à ce qu'il semblerait... " Je fis avec dédain, en me dirigeant d'un pas décidé vers la porte :
- " Mpfff… Encore un gros mot. " Il éclata de rire en secouant la tête comme je tirai la porte sur moi.

Linette m'accueillit avec inquiétude :
- " Alors? Qu'est-ce qu'il voulait ? " Je haussai les épaules :
- " Ben, il va passer la table. Je devais vous le dire. " Elle parut surprise :
- " Déjà? Il est sept heures et demie… D'habitude, il ne mange pas avant neuf heures du soir, au plus tôt… " Elle me regarda d'un œil suspicieux :
- " Il a dû avoir une dépense d'énergie imprévue… Il t'a touchée ? " Je hochai la tête avec véhémence :
- " Oui, un tété. Et une épaule. "
- " C'est tout ? "
- " Ben oui, il pouvait pas toucher plus, il pouvait pas bouger, comme il m'avait donné sa grosse bite à sucer… Non, faut pas dire de gros mots. " Elle était horrifiée :
- " Il t'a forcée ? " Je haussai les épaules :
- " Ah ben non. Elle est grosse, mais elle est bien rentrée quand même. Vous, vous avez une grande bouche, vous devez pas forcer non plus. " Elle s'assit, abattue :
- " J'ai compris ce que tu fais là… Je n'osais pas y penser, mais là, aucun doute n'est permis. S'il me l'avait demandé, je l'aurais consolé…peut-être. Je n'ai pas l'attrait de la jeunesse, comme toi… Mais je saurais être aussi docile. Je lui ai déjà donné ma vie. " J'ouvris de grand yeux inquiets :
- " T'es morte ? " Elle eut un rire triste :
- " Ce soir, oui... Mais va l'attendre à la salle à manger. C'est la même porte que le bureau, mais de l'autre côté de l'escalier. Fais un effort, ne te trompe pas cette fois. "


Monsieur avait entièrement terminé son repas, pourtant copieusement servi. Il soupira d'aise et frotta son gros ventre bien rond:
- " Sonne Linette, je te prie. Là, derrière toi. "

[…]

Germain lui sourit enfin :
- " Ma bonne Linette, vous pouvez me servir, s'il vous plait ? Je crains qu'Alicia ne connaisse mes goûts quant au café. Et vous le servez si bien, agrémenté de la meilleure façon. Il est toujours égal depuis toutes ces années… Combien, au fait ? Je crois que j'en ai perdu le compte… "
- " Dix sept années en novembre, Monsieur. Mais je n'ai pas la prétention d'affirmer que je vous ai satisfait dès mon entrée à votre service… " Il savourait son café les yeux fermés, tenant la précieuse petite tasse entre ses doigts boudinés, l'auriculaire en l'air. Linette lui demanda :
- " J'allume votre cigare, monsieur ? " Germain était dans un état second. Il devait revivre ses années de bonheur avec sa tendre épouse:
- " S'il vous plait, oui… Alicia, sers-moi un verre de fine champagne. " Comme je regardais autour de moi à la recherche d'une bouteille de champagne, Linette me désigna à la fois le flacon, le verre adéquat et la quantité, tant que Monsieur avait les yeux fermés.

Linette s'agenouilla devant un genre de petit frigo en bois et en sortit avec précaution un coffret marqué " Corona" en lettres d'or qu'elle posa sur la table basse. Elle en a extrait un cigare qu'elle déposa dans un petit plateau d'argent en le tenant entre les deux index, et rangea le coffret. Linette fit glisser sa bague d'un geste sûr et le fit craquer entre ses doigts, contre son oreille, puis en plaça une extrémité dans une petite guillotine dorée, un coupe-cigare qui aurait dû faire fureur pendant la révolution française. Après avoir humecté ses lèvres d'un coup de langue sensuel, elle y planta le gros cigare et attrapa une boîte d'allumettes démesurée. Une fois l'allumette enflammée, elle la promena longuement sous le cigare pour finir par l'allumer en tirant quelques lentes bouffées en creusant les joues. C'est vrai que c'était très sensuel, s'il n'y avait pas cette épouvantable odeur…

Linette inspecta l'extrémité rougeoyante du cigare d'un œil critique et le tendit à Germain :
- " Voici, Monsieur. " Il le vissa à ses lèvres avec volupté, pris le temps de savourer sa première bouffée avant de dire :
- " Merci, ma bonne Linette. Vous pouvez vous retirer, à présent… Non, laissez là le café, je crois que j'en reprendrai. Passez une bonne soirée. " Elle me considéra d'un air triste :
- " Merci, Monsieur. Je vous souhaite également une bonne soirée. " Linette sortie, je tendis le verre de fine à Germain qui l'accueillit avec un sourire. Comme j'étais une gentille fille bien dressée, je me glissai entre ses genoux et dégrafai son pantalon. Il me laissa faire en souriant :
- " Que fais-tu, petite coquine ? "
- " Ben, comme d'habitude… Excusez-moi, vous avez déjà fini votre café… "
- " Ne te donne pas cette peine. Si tu veux, tu peux me caresser doucement… Tu sais, ma petite machine ne marche plus très bien, et je compte bien t'en faire profiter dans mon lit. Qui voyage loin ménage sa monture, comme le dit le proverbe. " Son sexe restait désespérément flasque dans ma main, à la limite de l'érection. Il reprit :
- " Avant la venue de Linette, nous parlions d'elle. Tu me disais qu'elle était morte, elle aussi. Dis m'en plus, je te prie. "

[…]

Germain se mit à son travail, sans aucune attention pour ma modeste personne. Me voyant désœuvrée, il m'attira près de lui:
- " Viens ma petite. À présent, je ne serais pas contre le fait que tu t'occupes de moi… Comme tu l'as si bien fait dans la voiture… " Je me levai, heureuse d'être enfin utile :
- " Ah oui, d'accord ! " Je me glissai sous son bureau et baissai son pantalon et son caleçon à ses genoux : j'aime avoir mes aises quand je travaille, d'autant que je peinais à lui procurer une érection décente. Je m'en inquiétai :
- " Ben pourquoi vous êtes pas dur, Monsieur? Vous êtes pas content ? "
- " C'est comme ça. C'est une chose qui ne marche plus très bien chez moi. Il faudra que tu fasses avec. " Je repris mon office, très lentement. Il posa sa main sur ma tête pour m'arrêter : il voulait juste être au chaud, dans le nid douillet de ma bouche. J'enserrai sa taille en poussant un gros soupir d'aise qui le fit glousser :
- " J'ai l'impression que nous partageons quelques goûts communs pour la chair… " Je l'entendais tourner les pages craquantes de son grimoire, et griffonner des notes de sa petite écriture nerveuse, quand soudain mon estomac se mit à gargouiller, émettant un bruit terrible dans le silence feutré du bureau. Germain s'en inquiéta:
- " Mais… As-tu mangé, au moins ? " Je libérai son sexe flasque de l'emprise de ma bouche pour répondre, en émettant un bruit de succion :
- " Ben non, pourquoi ? " Il s'emporta, certainement contre lui-même :
- " Pourquoi? Pourquoi ? Mais, ma pauvre fille, je pensais que tu avais mangé depuis bien longtemps! Pourquoi n'en as-tu rien dit ? "
- " Ben, Normalement, on aurait dû manger avant, mais vous avez mangé plus tôt que d'habitude. Sinon, je mange quand on a plus besoin de moi… Mais je croyais que vous allez me donner ma récompense : C'est bon, et j'ai un peu moins faim après… "

[…]

Linette avait retrouvé un pâle sourire et nous mangions toutes deux avec appétit. Je retournai toutefois le contenu de mon assiette en tous sens :
- " Ben, elles sont où, les pattes du bœuf ? Vous avez déjà tout mangé ? " Germain rit, et en expliqua la raison à Linette :
- " Je ne sais pas pourquoi, mais elle tient absolument à ce que le bœuf ait encore ses pattes. Qu'est-ce que vous avez bien pu lui raconter ? " Elle réfléchit, amusée :
- " Je ne vois pas… Je lui ai dit que je vous avais cuisiné du Bœuf mode, accompagné de pâtes… Et bien voilà, je crois que je viens de trouver la réponse ! " Ils rirent. Moi aussi, de les voir rire.

Germain dit en regardant la table, encore amusé :
- " Nous avons tout intérêt à soigner nos propos à son égard. Elle ne laisse rien au hasard, ni rien passer. Elle est fine mouche, malgré sa naïveté déconcertante, et j'en ai plus appris sur moi -grâce à elle- en quelques heures qu'en dix ans de vaine introspection. Je vous conseille vivement de l'écouter, et même si son discours vous semble inepte, il y a toujours un fond de vérité dans ses propos. Au pire, elle vous fera rire et allègera vos peines. " Linette acquiesça, la bouche pleine :
- " Oui, la pauvre fille est désarmante… " Il compléta :
- " Et bien plus heureuse que nos deux pauvres carcasses réunies. Dans sa sagesse, en un clin d'œil, elle a vu que nous étions morts tous les deux… " Son regard se perdit sur le mur. Germain se leva après un silence gêné :
- " Bien… Je retourne à mon bureau, à présent, puis je monte en mes appartements. Veuillez lui indiquer leur emplacement, qu'elle me rejoigne dès qu'elle sera dispose. Bon appétit, mesdames. "

Linette attendit qu'il ait gravi pesamment les marches du grand escalier pour me demander :
- " C'est quoi, cette histoire ? On est mort ? " Je léchai mon assiette avec élégance :
- " Ben ouais. Des fantômes. Vous vous cognez sans vous voir. " Elle soupira :
- " Germain… Monsieur Germain a raison. La vérité coule de ta bouche. " Je m'essuyai les lèvres avec insistance, ce qui la fit rire :
- " Non, c'est une expression… Autre chose : c'est quoi, cette histoire de mal de dents ? "
- " Ben, il a un peu mal aux dents, des fois. C'est pour ça qu'il est méchant avec vous. Il vous aime beaucoup, et je lui ai dit qu'il pouvait vous perdre s'il était trop méchant. J'avais un chat, je l'aimais bien, mais je l'ai trop embêté, et il est jamais revenu. " Elle eut un sourire triste :
- " Là, tu te trompes. Je mourrais plutôt que de le laisser. " Je dressai fièrement mon nez en souriant :
- " Je sais bien, mais j'y ai dit quand même. Les choses qu'on peut pas perdre, on s'en fout. " Elle me regarda, troublée, en joignant les mains :
- " C'est pas possible… Tu es un ange… " Je brisai les ambitions qu'elle venait de placer en moi :
- " J'ai envie d'aller au petit coin… "


[…]


Il glissa délicatement le livre sous le lit, et m'embrassa :
- " Je suis tout à toi, ma belle colombe. Je m'en remets entre tes mains… Mais déshabille-toi. "

Je me levai d'un bond et allai admirer un panneau mural auquel étaient suspendues des armes médiévales, des fléaux et des masses d'armes:
- " Vous allez me taper avec ça? Ça va me faire des trous dans les fesses… Vous avez pas un fouet ou un martinet, comme tout le monde ? " Il me gronda :
- " Mais non, allons ! Je n'ai pas l'intention de te frapper ! "
- " Ben pourquoi ? Vous aimez pas ça ? Je vous plais pas ? Je fais pas assez de bêtises ? "
- " Je ne vois pas pourquoi j'aimerais frapper un ange. "
- " Ah bon ? Mes maîtres ils aiment bien ça… Ils m'attachent, ils me tapent en me disant " conne, salope ", et Monsieur Denis il se colle derrière moi et Madame Diane elle me donne son abricot tout mou et tout mouillé à manger. J'aime bien, mais après elle crie trop fort… Mais c'est rigolo que vous dites ça, Madame Linette elle dit aussi que je suis un ange… "

Il s'impatienta :
- " Déshabille-toi, je te prie ! " Je lui souris et ôtai ma chemise de nuit pour qu'il découvre mes formes.
- " Tu es belle… Un peu grasse, mais ce n'est pas pour me déplaire. Oh ! On voit encore les marques de ta dernière punition... Je trouve que les châtiments corporels ont quand même un certain charme, surtout sur la peau d'une jolie fille… Montre-moi tes seins, à présent. " Malgré qu'il s'en défende, Germain semblait positivement troublé par ma propension à me faire battre.
- " Oui, mais ils sont tout petits. Madame Diane elle dit que les messieurs aiment les grosses paires de tétés, alors elle m'a donné ce joli soutien-gorge avec du mou dedans. Je l'enlève pas devant Monsieur Denis. "

Je lui dévoilai ma poitrine enfantine :
- " En effet, ils sont très menus, mais ce n'est pas pour me déplaire non plus. Ta jeunesse m'attire. "
- " Madame Diane elle m'a rendue belle. C'est comme la Schtroumpfette, Gargamel il l'a faite pas belle, les schtroumpfs ils lui jetaient des cailloux, et elle pleurait. Alors, le grand schtroumpf il l'a prise dans son champignon -c'est leur maison- et il l'a rendu toute belle, et après les schtroumpfs ils se battaient pour elle, alors que c'était la même en plus belle… " Il fit un geste d'impatience :
- " Oui, je sais, je l'ai lu dans " Le monde " de ce matin. Tu as fini? "
- " Je vais vous montrer. " Je courai à moitié nue jusqu'à ma chambre, et lui rapportai ma photo de baptême d'esclave, essoufflée :
- " Voilà. C'est quand Madame Diane elle m'a transformée en princesse. " Il semblait sincère :
- " Ah oui, en effet… Absolument ravissante. Mais tu étais blonde ? " Je lui fis un sourire moqueur en me tirant une mèche :
- " Ah ben non ! C'est pas mes cheveux, ils étaient pas beaux, Madame elle me les a coupés et a mis ceux-là à la place. Ou ceux là. Monsieur il m'aime blonde, Madame brune, c'est facile comme ça. " Petit à petit, je le préparais à affronter la dure vérité. Il lorgnait sur ma culotte bien rebondie avec un œil soupçonneux : l'épaisse serviette hygiénique de Carole était très visible :
- " À présent, enlève ta culotte. " Je me crispai :
- " Non, Madame Diane elle a dit que j'avais mes périodes ! "
- " C'est vrai ? Elle s'est bien gardée de m'en aviser, la perfide…"
- " Ah, ben je sais pas… "
- " Tu ne sais pas, tu ne sais pas… Tu perds du sang ? " J'étais choquée:
- " Ah ben non, jamais !… Des fois, quand on me tape, mais pas dans la culotte. " Il s'énervait, pressentant une déconvenue encore plus grande :
- " Alors, baisse cette satanée culotte, nom de nom ! "

Je m'y cramponnais des deux mains, résolue:
" Ah non. Madame Diane elle veut pas. Monsieur non plus. Ils disent que je suis pas belle. "
- Tu es donc si monstrueuse que ça ? "
Je reniflai :
- " Ben oui, faut croire. Quand je me montre, on rit ou alors on me tape en donnant des coups de pieds en criant très fort. Et pis on me jette dehors toute nue avec mes habits qu'on me lance par terre. Alors maintenant, je montre plus. " Il me fit venir sur ses genoux:
- " Ecoute, tu m'as bien prévenu, je sais à quoi m'attendre. Je te promets de t'accepter telle que tu es, et surtout, ni je te battrai ni te repousserai. Tu es rassurée? " Pas très:
- " Je sais pas, Monsieur. Ils disent tous ça, et après, ils crient et ils me traitent. " Il leva la main droite:
- " Je jure sur la tombe de ma chère épouse que je te respecterai, quoi qu'il advienne. " Je souris timidement, me relevai, mis les deux mains sur l'élastique de ma culotte et lui dis tendrement :
- " Alors, si votre gentille femme nous regarde, c'est d'accord. Mais j'ai honte de vous montrer, c'est pas beau. "

[…]


Il soupira et me sourit enfin :
- " C'est bon, tu peux rester. Ce n'est pas ta faute, après tout… Je t'avais juré que cela n'y changerait rien, et j'ai failli me parjurer, devant ma défunte épouse de surcroît… Mais tu ne te rends pas compte que tu es un homme? " Je séchai vite mes larmes de crocodile en me relevant :
- " Un quoi? Ça va pas la tête, Monsieur? Vous faites pas la différence entre un homme et une belle fille comme moi ? " Il rit en secouant la tête :
- " À dire vrai, non, pas vraiment. " Je laissai tomber bruyamment mes bras sur les cuisses:
- " Ah ben voilà! Vous savez pas, et après vous dites n'importe quoi. Vous faites comme avec Madame Diane et Madame Linette. Vous faites du mal, vous êtes comme un chien qui court partout et qui casse tout et qui s'en rend pas compte. " Il rit:
- " Tu as raison, ma petite philosophe. Mais merci pour la comparaison avec le chien… " Je lui fis, toujours très candidement:
- " Oh, vous savez, j'allais dire un éléphant, mais j'avais peur de faire du mal. Moi j'aime pas qu'on me dise que j'ai un gros cul. C'est vrai, mais j'aime pas. "

Il avait bien encaissé le choc et fut de nouveau séduit par ma sensualité bien féminine, elle :
- " Tu es vraiment mignonne, et je trouve ton… " cul ", très appétissant. " Je m'assis brutalement à côté de lui et lui dis, excitée :
- " C'est vrai, vous allez le manger? J'aime bien, des fois on me le fait, mais pas souvent. C'est bête, j'aime bien ça. Beaucoup. " Il fit une grimace :
- " Heu… Non, c'est une expression. Je voulais dire qu'il me donnait envie, c'est tout… " Je lui sautai au cou:
- " Alors là, je suis contente: vous êtes comme mon gentil Papa, je vous aime bien. Vous allez voir, vous allez être content. "

J'écartai les draps et dégageai son sexe de son pyjama d'un geste rapide. Germain protesta quelques secondes mais fut vite séduit par mes projets :
- " Mais non, je n'ai pas dit que j'avais envie! De plus, je ne crois pas que je pourrais… Oh, mais si! Je sens la vigueur gagner mon membre. Tu es une fée! Ou plutôt un ange, au sexe indéterminé… Ohhh… " Je l'avais pris dans ma bouche. L'aspirine avait fait des merveilles sur ses artères encrassées par la bonne chère et le tabac : son gros cèpe se déployait entre mes lèvres gourmandes dans toute sa splendeur. Je ménageais son érection en le masturbant doucement de la main, je ne savais pas s'il pouvait en avoir une seconde. De mon autre main glissée dans son pyjama, je caressais sa poitrine glabre:
- " Vous voyez, vous avez plus mal aux dents. C'est bien, l'aspirine pour les dents. " Il soupirait sous mes caresses:
- " Petite coquine, tu as bien préparé ton coup! L'aspirine, c'était pour cela… Et c'est plutôt efficace, à ce qu'il me semble… " Je lui fis un sourire malicieux :
- " Ça, je savais, j'ai fait exprès. C'était arrivé à un monsieur qui était pas dur, il tordait sa bite… Pardon, son… membre dans mes fesses, et il a demandé une aspirine à ma maîtresse -C'était pas Diane, j'étais toute petite encore- et après, il était tout dur, même qu'il m'a fait drôlement mal et qu'il était content. Voilà. Je lis pas beaucoup, mais j'apprends des choses avec les gens que je vois. " Il était attristé par mon histoire, mais bien excité quand même:
- " Dis-moi, tu me laisserais aller aussi entre tes jolies fesses? Mon membre est bien gros, grâce à toi, mais je ne sais pas si… "

[…]

Je lui dis, pleine d'assurance:
- " Demain, on va se promener. Il est beau, le parc. Je vais toucher les arbres, et vous m'attacherez. J'aime bien les arbres. "
- " Tu es quand même un peu perturbée, ma petite. Si cela peut t'amuser, je pense que cela pourrait me divertir, en effet…"

Il roula sur le lit, allongé sur le dos, les membres écartés :
- " Je crois que je vais passer une excellente nuit, pour une fois. L'exaltation de la chair n'a pas que des côtés pernicieux, n'en déplaise aux ascètes… " Je lui souriais amoureusement sans comprendre, bien sûr, et admirais son membre maintenant au repos et pourtant encore bien imposant en me laissant aller à le caresser du bout des doigts.

Germain me rendit mon sourire :
- " Tu me trouve donc si beau, un vieux singe obèse comme moi? " J'opinais du chef:
- " Oh oui! Et pis j'aime bien les singes, ils sont rigolos. Avec votre gros ventre, on dirait celui qui a un grand nez et un gros ventre, le nazi qu'y s'appelle. " Il rit:
- " Le moins que l'on puisse dire, c'est que tu n'es pas avare de compliments… Et le singe dont tu parles, c'est du nasique dont il s'agit, et non du nazi. C'est une espèce de singe aussi, mais beaucoup moins drôle, et malheureusement, moins menacée de disparition que le nasique. "
- " M'empêche que quand vous riez, vous êtes beau. Pas comme un acteur de cinéma, mais moi je vous trouve bien plus beau. Alors, y faut pas faire la gueule. Surtout à Linette, la pauvre, elle mérite pas ça. "

Il sembla méditer mes paroles quelques secondes, remisa son sexe dans son pyjama et rentra dans le lit:
- " Bien, ma petite Alicia, tu peux aller te coucher, maintenant. Passe une bonne nuit. " Pour toute réponse, je me couchai à côté de lui, ce qui l'étonna:
- " Hé bien, tu ne vas pas te coucher? Tu m'as bien servi, tu peux disposer à présent. Ce n'est pas la peine de rester avec moi, tu ne m'offriras rien de plus. Tu peux aller dormir dans ton lit, tu as compris? "
- " Ben ouais, j'ai compris, je suis pas stupide ! Je peux. Mais moi, j'aime bien être avec vous : vous grognez et vous êtes gentil comme un gros nounours. " Il éteignit la lumière en me souriant :
- " Comme il te plaira. Mais je te préviens, je ronfle. "
- " Ça, c'est pas grave, moi je sais siffler. " Il rit :
- " A ton aise… Il y a très longtemps qu'une… femme n'a pas honoré ma couche de sa présence. "
- " Ah bon ? Vous mettez des couches? Madame Diane elle m'en met aussi des fois, elle m'appelle son bébé et elle me donne ses bons gros tétés à sucer, sur ses genoux. Elle veut que je fasse mes commissions dans mes couches, et ça sent pas bon, et elle me tape. Moi, j'aime bien, ça me fait des choses… Après, elle me nettoie et elle me met du lait qui sent bon, et elle me remet une couche toute propre et elle m'embrasse très fort. J'aime bien Madame Diane quand elle est comme ça : C'est ma gentille maman. " La pauvre Diane, je l'affligeais de toutes les perversions… Germain était troublé:
- " Je n'aurais jamais cru cela possible de ma petite Diane. Elle est à la fois si gentille, si douce, et à ce qu'il m'avait semblé, pas spécialement portée sur la chose... Alors, l'imaginer se livrer à toutes les turpitudes dont tu m'as abreuvé jusqu'à présent, cela me paraît irréel. Bien. Dormons, à présent. "

[…]

Je prenais beaucoup de plaisir à me faire saillir -comme m'avait promis Denis- par Germain. La douceur de son gros ventre aux creux de mes reins amplifiait le bonheur de lui appartenir. J'aurais aimé que cela dure longtemps, mais il n'était pas au mieux de sa forme et finit par se répandre dans mes entrailles en me mordant la nuque pour étouffer ses propres cris. Linette dormait non loin -à la portée d'un appel de son maître- et il ne voulait troubler ni son sommeil, ni son esprit. Il se rendormit presque aussitôt et je me blottis contre lui pour profiter plus intimement encore du contact de son corps joufflu, bercée par son souffle chaud dans mon cou.

Je me réveillai assez tôt et m'éclipsai en douce, éclairée par les premières lueurs du jour qui filtraient par les persiennes et les rideaux. Germain s'était retourné et dormait profondément. Je pris une douche, fis ma toilette -sans oublier de me raser- et repris mon apparence de ravissante soubrette. Je descendis en cuisine rejoindre Linette que j'entendais préparer le déjeuner: elle devait avoir de longues journées, la pauvre.

Elle avait l'air surprise de me voir:
- " Tiens, tu es déjà debout? j'aurais cru que Monsieur t'aurait gardée auprès de lui pour son plaisir personnel… "
- " Ben non, je me suis levée. Il avait l'air d'être fatigué. Bonjour, Madame Linette! " Elle m'embrassa:
- " Oui, bonjour Alicia. Excuse-moi, j'étais tellement surprise de te voir... Je suis si seule si souvent… Mais je t'en prie, tutoie-moi. Tu veux un café? " Nous avons papoté longuement devant une tasse fumante. Elle nous avait entendus, malgré le soin que nous avions apporté à sa tranquillité:
- " Je t'ai entendue crier plusieurs fois… Il t'a fait mal? "
- " Oh oui, mais c'était bon quand même. Il a un gros zizi, Monsieur Germain. Pas long, mais très gros. Tu l'as déjà vu? " Elle sourit, se remémorant un bon souvenir:
- " Oui, une fois… Il allait faire l'amour à son épouse dans la buanderie, au milieu du linge sale. Ils aimaient bien ces jeux, et c'était chez eux après tout. Je suis entrée sans me méfier, et j'ai pu l'apercevoir quelques instants, dans la main de Madame… Une belle pièce, en effet. " Je levai le doigt:
- " Ben c'est pour ça qu'ils allaient dans la buanderie: c'est une belle pièce! " Elle rit de ma méprise et glissa sur ce sujet, passant au comportement de son patron. Linette sentait un frémissement dans ses rapports avec Germain, et je l'assurai avec mes pauvres mots de mon soutien total. D'ailleurs, Germain descendit pesamment l'escalier prendre son petit déjeuner au salon. Je me ruai pour l'accueillir en bas des marches avec mon plus beau sourire :
- " Bonjour Monsieur! Vous avez bien dormi? " Il me sourit:
- " Merveilleusement bien, mon petit ange, à part une crise de somnambulisme… Je vais prendre mon déjeuner, si tu pouvais prévenir Linette… "
- " Oui, et elle va manger avec vous. Moi, je regarde et je vous sers. Il faut bien que je travaille un peu, non? " Il leva un sourcil:
- " Quelle idée… Ma foi, si Linette trouve agréable de déjeuner en ma compagnie, je n'y vois pas d'inconvénient. Au contraire, à la réflexion. Bien au contraire… " Je fis part de mon idée à Linette qui ne semblait pas très chaude. Non pas qu'elle soit contrariée à l'idée de devoir manger en sa présence, mais plutôt que ce soit une idée de moi et non de Germain. Je réussis -facilement- à la convaincre et l'accompagnai en apportant ses couverts. Elle, se chargeait du déjeuner en question.


[…]

Germain lui prit la main:
- " J'espère que nous n'avons pas trop troublé votre repos… Alicia est assez… …bruyante. " Linette baissa les yeux, gênée:
- " Non, non… Mais j'ai comme l'impression que vous lui avez fait très mal. Pardonnez mon audace, mais je connais votre particularité physique. Madame s'en était ouverte à moi, et elle se plaignait parfois de douleurs. Elle ne vous en a jamais rien dit -je présume- pour préserver votre amour. " Germain semblait atterré:
- " Mon Dieu, je m'en doutais! Toutes ces années à la voir grimacer sous mes assauts passionnés… Je croyais qu'elle y prenait du plaisir… " Linette le rassura:
- " Oh! Elle en prenait… Elle m'avait confié aussi qu'elle adorait se soumettre à vos élans et se sentir possédée pleinement, même au-delà de la plénitude… C'était là ses propres mots. Et puisque nous en sommes à ces confidences, Madame m'avait invitée à vous satisfaire également. J'avais décliné son offre, à l'époque, par respect pour vous deux… "

Germain sembla émoustillé par les projets inavoués de sa défunte épouse:
- " Vous en aviez envie ou je vous dégoûtais déjà? " Elle cria, outrée:
- " Monsieur! Jamais, vous m'entendez? Jamais vous ne m'avez dégoûtée. Bien au contraire. Mais je vous avais mis sur un piédestal, tous les deux, et je ne me voyais pas m'immiscer dans votre couple si harmonieux… Une vieille gouvernante compassée, qui plus est… " Il rit en s'adressant à moi, clin d'oeil à l'appui :
- " Tu as entendu? Elle aussi dit des gros mots… " Il reprit son sérieux et lui fit d'un ton solennel:
- " Je vous interdis de vous dénigrer de la sorte. Mon épouse était -un peu comme l'est Alicia, dans un autre registre- très clairvoyante. Si elle estimait que je pouvais vous trouver à mon goût, c'est que vous l'étiez… " Elle était flattée:
- " Vraiment, Monsieur? Mais plus maintenant. Quelques cruelles années sont passées par-là… " Il reposa sa grande tasse de café:
- " Ne soyez pas si dure avec vous même, ni trop tendre avec moi. Demandez à Alicia de vous aider à vous apprêter. Je vous autorise même -que dis-je: je vous encourage- à puiser dans les placards de mon aimée. Je crois sincèrement qu'elle aurait été d'accord. " Il se leva:
- " Pour ce matin, je retourne travailler. Je dois impérativement rendre cet ouvrage lundi matin: il repart à la bibliothèque nationale. Par contre, cet après-midi, je compte le consacrer entièrement à vous deux. Mesdames… " Il se retira et gravit les escaliers d'une démarche plus légère que la veille.

Linette regarda longuement son bol après qu'il soit parti. Elle se retourna brusquement, se rappelant enfin ma présence. Elle rayonnait:
- " Oh! Ma chérie, tu as entendu? Quel bonheur! Quelle cruche j'ai été de me claquemurer dans mes préjugés stupides! " Elle me tira par la main pour m'asseoir à la place de Germain:
- " Tu m'aideras à m'arranger un peu, dis? Tu te maquilles si bien… " Je lui souris:
- " Ah ben oui… Mais ça va pas être dur, vous êtes belle. Y a qu'à enlever la poussière, et hop! Vous êtes la princesse de ce château. " Elle rit.

Je me servis dans la tasse de Germain, ce qui horrifia Linette:
- " Attends! Je vais te chercher une tasse propre! " Je secouai la tête:
- " C'est pas la peine : vous savez, avec Monsieur Germain, on a fait des choses bien plus sales... "
- " Oui, je m'en doute… Mais c'est moi qui aurais dû prendre ta place. " Je la toisai d'un air de défi:
- " Vous savez, c'est mieux que c'était moi. Ce qu'il m'a fait, je voudrais pas qu'il vous le fasse. J'ai beaucoup l'habitude, mais là, j'ai cru qu'il allait me casser les fesses en deux. " Elle réfléchit un instant, et son visage se décomposa:
- " Tu veux dire qu'il t'a prise... heu... par derrière? " je me suçai quelques doigts maculés de confiture :
- " Ouais, deux fois. "
- " Madame m'avait dit qu'ils avaient essayé, mais qu'ils y avaient vite renoncé : la douleur était atroce, malgré le soin qu'ils y apportaient… Mais si c'est le goût de Monsieur, je m'y plierai, dussé-je tourner de l'œil. "
- " Pour moi, c'est normal. Vous demanderez à Monsieur Germain de vous dire, moi, j'ose pas, j'ai honte. "
Elle me regarda engloutir mon déjeuner pensivement, puis je l'aidai à débarrasser.

[…]

Elle tourna le dos à l'armoire, les mains derrière elle sur la poignée comme pour m'en interdire l'accès. Elle se mordit les lèvres et me dit, en évitant mon regard :
- " Tout à l'heure, je t'ai demandé si tu aimais les femmes. Moi, je peux t'assurer que j'aimais Madame. Pas au point d'entrer dans son lit -je n'aurais jamais osé- mais je me repaissais de la vue de son corps. Elle aimait que je m'occupe d'elle, que je la lave, l'habille ou que je fasse ses soins corporels. Et ce jusqu'à ses derniers jours, mais elle me suppliait d'engager une infirmière pour faire ce travail, elle avait honte de ce qu'elle était devenue. Même réduite à l'ombre d'elle-même, je l'aimais encore et la couvrais de baisers. Monsieur, lui, était ivre de chagrin et de désespoir, au point qu'il ne put même pas l'honorer une dernière fois avant qu'elle nous quitte… Elle m'avait pourtant demandé de la rendre " comestible " -c'était ses propres termes- et attirante pour l'occasion. Ils ont passé la nuit ensemble, et au petit matin, elle… " Linette sanglota en se mordant les lèvres, le visage ravagé par l'émotion :
- " Il pleurait, il ne voulait plus la lâcher… Elle était si belle, si calme… Il répétait: " Pardon, ma chérie, je n'ai pas pu, pourtant je t'aime tant… " Depuis, il traîne sa douleur comme un couteau planté dans son cœur. "

Je me jetai sur elle et la couvris de baisers et de caresses, ce qui la fit rire nerveusement malgré la douleur qu'elle ressentait, elle aussi :
- " Ma pauvre Linette, c'est pas bien d'être triste comme ça… fais-moi un câlin ! " Elle me rendit mes caresses et mes petits baisers affectueux. Les siennes se firent plus pressantes et ses mains parcouraient mes hanches et mes seins. Je la laissai faire en soupirant d'aise dans son cou, jusqu'à ce qu'elle mit fin brutalement à ses attouchements par un chaste baiser sur mon front :
- " Excuse-moi. Je n'aurais pas dû. Pardonne-moi " Je la regardai d'un air étonné :
- " Ben pourquoi? C'était bien, j'aime bien, moi, qu'on m'aime… Pas Toi ? " Elle éluda la question sur un grand sourire radieux :
- " Dis-moi, petite intrigante, tu sais ce que Monsieur a prévu pour cet après-midi? Je suis sûre que tu es à l'origine de ce changement d'emploi du temps : le samedi après-midi, il le consacre habituellement à sa collection de timbres. " Je pris un air coupable :
- " Ben oui, c'est moi… Je lui ai dit qu'on irait se promener dans le parc entre les gros arbres, qu'il m'attacherait à un beau et qu'il me taperait un peu. " Linette ouvrit de grand yeux :
- " Quoi? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? C'est toi qui demande ça ? " Je boudai :
- " Ben Oui… Ça m'énerve, ici, y a personne qui veut jouer avec moi. Madame Diane elle le fait bien souvent, un peu fort des fois, mais c'est bien. " Elle fronça les sourcils en souriant :
- " Mais tu es une petite masochiste, on dirait… Qu'en dit Monsieur Germain ? "
- " Il m'a dit que oui, mais je sens bien que c'était pour avoir la paix, que j'arrête de l'embêter avec ça parce qu'il voulait plutôt jouer dans mes fesses. "

Elle sourit en faisant une drôle de petite grimace dégoûtée qui tordait ses fines lèvres :
- " Tu es un drôle de phénomène… Tu ne préfèrerais pas jouer au croquet, plutôt ? Ce serait plus de ton âge, et nous y jouions parfois tous les trois. Ça rappellera de bons souvenirs à Monsieur. " Elle devait parler de mon âge mental, je présume…

[…]

Linette me montra sa maigre garde-robe et je lui choisis une belle robe d 'été vert anis. Elle s'assit ensuite devant la glace de sa coiffeuse et sortit quelques produits de maquillage : ils semblaient très anciens.

Je les examinai d'un air dubitatif :
- " Je vais chercher les miens. Je sais m'en servir, mais pas des tiens. " Je revins rapidement et entrepris de la rendre séduisante. Elle s'enquit :
- " Tu ne mets rien pour cacher mes rides? Elles commencent à se voir… "
- " Non, je les cache pas, je les mets en valeur. Monsieur Germain il est antiquaire, lui il sait que les vieilles choses ont de la valeur. " Elle rit :
- " Dommage qu'il ne soit pas paléontologue, il m'aurait déjà prise sur la table du petit déjeuner ! " Je souris par politesse, je n'avais pas compris :
- " Il faut pas tricher. Les tricheurs, ils perdent toujours à la fin. Regarde les vieilles madames qui se font tirer la peau, elles ont plus de rides mais on dirait quelle ont une tête en plastique, comme les poupées. C'est pour ça qu'on appelle ça la chirurgie plastique. Même des fois, elles sont si pas belles qu'on dirait des poissons qui se sont écrasé la tête dans leur bocal… Voilà, j'ai fini. Je vous ai faite à peu près belle, mais pour ce soir, juré je vous fais en princesse, comme Sissi, mais en plus vieille. " Elle resta insensible à mon compliment, mais s'admira sans fin dans le miroir :
- " Ah oui ! Bravo ! Ton maquillage est vraiment discret : tu es une vraie artiste… " Elle m'attira contre elle pour que l'on puisse s'admirer ensemble. Cette fois, je pris les devants et l'embrassai passionnément. Elle se laissa faire de bon cœur mais me repoussa gentiment. Ce n'était pas la première fois qu'elle expérimentait les amours saphiques, à mon avis -bien que pour ce qui me concerne, le terme soit un peu exagéré...

[…]


- " Ah bon… Dis, ça veut dire quoi, le mot que tu m'as dit tout à l'heure ? Heu… Masotiste, ou un truc comme ça… " Linette se redressa sur sa chaise et prit le temps de boire à son verre d'eau avant de répondre :
- " Hé bien, un masochiste -ou une masochiste dans ton cas- c'est quelqu'un qui aime bien qu'on lui fasse du mal, ce qui n'est pas normal à mon avis. Moi, je préfère qu'on me fasse du bien. Tu peux me dire ce que ça te fait ? C'est la première fois que j'en rencontre une, et je me suis longtemps demandée ce qui les motivait… "

Je tordais mes mains, puisant dans mes sentiments contradictoires :
- " Ben, je sais pas… Il faut que les gens qui me tapent, ils m'aiment. J'ai déjà eu des monsieurs malades vraiment méchants qui voulaient vraiment me faire du mal. J'ai eu peur, là je voulais pas, et mes maîtres ils étaient pas contents non plus. "

Linette me glissa, amère :
- " Je parie qu'ils t'on frappée pour te consoler ? "
- " Ah ben non ! Ils étaient très gentils et très embêtés. J'ai pu dormir entre eux deux pour me faire consoler. Là, j'étais bien contente… "

Je sauçai ma cassolette avec délice :
- " Mais quand c'est des gens qui m'aiment, Comme mes maîtres Denis et Diane, c'est pas pareil. Je suis triste quand ils ne me punissent pas, ou qu'ils me tapent pas. Des fois, ils m'attachent, ils me tapent un peu et ils font exprès de m'oublier et ils font comme si j'étais pas là, je peux pas faire pipi ou je mange pas. Là, c'est pas pareil, je sais qu'ils pensent toujours à moi. Des fois, Monsieur Denis passe me serrer très vite en me faisant mal aux fesses, ça j'aime bien. Surtout quand ils me remplissent la bouche pour pas m'entendre. Et même que des fois, c'est pas lui, ou il y a plusieurs messieurs avec lui… "

Linette semblait au bord de la nausée :
- " Je ne voulais pas que tu me racontes ce que tu subis. Je voulais juste savoir ce que tu ressens au fond de ton cœur, pourquoi tu as du plaisir quand on te fait du mal. "

Je fis la moue, puis un grand sourire :
- " De l'amour ! Beaucoup d'amour. C'est comme ça que je donne mon amour. Offrir quelque chose qui vous coûte, c'est donner beaucoup. Et m'offrir de la douleur, c'est prendre tout l'amour que j'offre. Me rien faire, c'est m'empêcher de donner mon amour et me rendre malheureuse. C'est pour ça qu'il faut me taper. Tu voudras ? " Linette essayait d'assimiler ma vision de la chose :
- " Si tu veux… Mais quand tu m'as embrassée, tout à l'heure, tu voulais me donner de l'amour, alors pourquoi te faire frapper ? " Je soupirai :
- " T'as pas compris… Je parlais d'amour, le vrai, comme celui qu'on a pour le Bon Dieu, la Sainte Vierge et le petit Jésus. Les bisous, les câlins, quand on joue dans le lit, c'est pas pareil. " Linette hocha lentement la tête :
- " Oui… Je crois comprendre. J'aurais du mal à reformuler ce que tu viens de me dire, mais je crois que j'ai compris dans les grandes lignes. C'est promis, je m'occuperai de toi. Avec amour. " Je hochai la tête d'un air décidé :
- " Et Monsieur Germain aussi. Il a dit. Il faut tout lui dire ce que j'ai dit. "

[…]

Germain se racla la gorge, visiblement mal à l'aise :
- " Dites-moi, Linette, j'ai évoqué -pour la énième fois- l'inclination d'Alicia pour les sévices corporels, et elle m'a assuré qu'elle vous avait abondamment renseignée sur le sujet. Elle refuse de renouveler ses explications. J'ai l'impression que cela l'a épuisée… " Je confirmai l'impression de Germain :
- " Ah ouais. J'ai dû me faire fumer la tête pour trouver des mots comprenables pour vous. Alors, Linette, vous lui dites bien tout comme j'ai dit. " Elle rit :
- " Bien, Alicia… Monsieur, j'espère que je serais assez… " comprenable. " Alors, si j'ai bien compris, Alicia fait la distinction entre deux amours : le léger, comprenant les attouchements et les rapports sensuels, et le profond, quasi mystique, qu'elle ressent envers la personne qui la maltraite -à la condition expresse qu'elle l'aime, enfin qu'il y ait une dualité -j'oserai même le terme de communion- bourreau-victime. Elle m'a affirmé qu'elle ressentait le même amour envers la personne qui lui " offre " ses sévices que pour Dieu. Voilà, je crois que j'ai répété à peu près tes paroles. "

Je hochai pensivement la tête. Germain reposa sa fourchette et se rinça la bouche à son verre de bordeaux :
- " Je n'en suis pas surpris le moins du monde, et pour tout dire, enchanté de cette nouvelle. J'entretiens des rapports épistolaires avec un ami -ancien séminariste et à présent évêque- au sujet des saints et de leurs sacrifices. Même Jésus Christ était mu par ces sentiments qui nous semblent révoltants : Il a souffert jusqu'à la mort pour nous submerger d'amour, par delà les siècles. Idem pour les saintes " à grand spectacle ", comme Catherine de Sienne -qui se délectait des suppurations et des sanies recueillies dans un bol sur les malades aux plaies les plus nauséabondes**** et Thérèse d'Avila qui passait la nuit à se faire torturer par les anges. Les sœurs qui assistaient à la scène rapportaient que cela ressemblait étrangement à un orgasme prolongé****… Je ne veux pas dire par là que les masochistes sont des saints ni que les saints sont masochistes, mais qu'une certaine forme de douleur consentie peut s'apparenter à un profond acte d'amour. "

Je fis une moue dégoûtée :
- " Votre Thérèse, elle faisait pire que moi. Le pire que j'ai fait, c'est de servir de petit coin, et encore, ça, j'ai bien aimé. Bon, maintenant, vous allez lui dire que je suis ratée. Je regarde que vous dites bien tout. " Il soupira : cette tâche ne lui plaisait pas... Plus pour son image de marque que par respect pour moi, je suppose…
- " Bien… C'est délicat. Je suppose qu'elle vous a parlé de cette nuit, et de nos rapports, je présume ? Entre femme, on doit parler de ces choses-là… " Linette n'était pas à l'aise non plus, et ne tenait pas vraiment à apprendre ce que je voulais qu'elle sache :
- " Oui, monsieur, mais c'est votre vie privée, et elle ne me regarde absolument pas. Vous avez le droit d'assouvir vos pulsions perverses avec une fille majeure. "
- " Vous ne me facilitez pas vraiment la tâche… C'est la volonté d'Alicia, et cela ne m'amuse pas non plus. Bien, je vais être cru, vous ne me laissez pas le choix : je l'ai sodomisée, et ceci à deux reprises. Je suppose que vous l'avez entendue crier. Oui, vous me l'avez confirmé ce matin… Et bien, si je l'ai déshonorée de la sorte, ce n'était pas par vice -bien que j'en ai retiré un immense plaisir, c'était une expérience nouvelle pour moi- mais par obligation. À part sa bouche, elle n'a pas d'autre orifice. Pas de vagin, mais elle a un pénis. " Linette se dressa :
- " Quoi ?! C'est un travesti ?! " Germain lui fit signe de se taire, mais je criai à mon tour :
- " Ah non ! Pas encore ça ! Pas ce mot qui veut rien dire ! " Je mouillais mes yeux pour faire bonne mesure.

Germain lui expliqua ce que j'étais vraiment :
- " Non, Linette : Alicia est une vraie fille dans son cœur. Elle sent confusément qu'elle est anormale, mais elle se sent absolument femme, jusqu'à éprouver un désir ardent de porter un enfant, désir évidemment irréalisable. J'espère ne pas vous avoir choquée par mes pratiques sexuelles… En tout cas, veuillez ne pas déconsidérer cette brave Alicia, et voyez-la plutôt comme une de vos semblables. Je l'ai cruellement blessée, hier, alors qu'elle m'avait gentiment prévenu de son " problème ", qu'elle ne parvient pas à identifier d'ailleurs. Ne faites pas la même erreur, je vous le demande comme une faveur. Et, dernière chose, je tiens à accéder à son désir de se faire corriger, cet après-midi. Veuillez préparer le nécessaire, je vous prie. "

En prononçant sa dernière phrase, Germain me regardait avec amusement saliver devant la part de clafoutis qui l'attendait :
- " Tu en as eu pour ton dessert ? En veux-tu encore ? "
- " Ben… On avait pas fini quand vous avez sonné. Mais oui, j'en veux bien. Ça sent bon, ça aussi ! " Il émit un rire sardonique:
- " Je m'en doutais, vilaines menteuses ! Je vais vous punir pour avoir proféré un tel mensonge: je vous condamne à prendre le café et votre dessert en ma présence ! " Linette se leva pour débarrasser et chercher nos desserts et le café. Elle prit un air contrit, tout en souriant :
- " Pitié, maître! Pas ça! Fouettez-nous nue, plutôt! "

Il cria, se voulant menaçant:
- " Ah! Ne me tentez pas, Linette, ne me tentez pas! "

Pour la première fois, j'entendais le rire joyeux de Linette qui résonnait en cascade dans le grand hall. Germain me sourit:
- " Tu vois, je lui ai tout raconté. Elle n'a pas l'air d'être trop effrayée… "
- " Oui, et puis vous allez nous taper toutes nues toutes les deux, ça va être bien! Elle pourra vous donner plein d'amour, comme ça! " Il tendit la main pour réfréner mes ardeurs :
- " Holà! c'était une boutade... Nous allons commencer par toi. Ne nous en veut pas, mais c'est une chose nouvelle pour nous. Je ne sais pas si d'ailleurs nous serons à la hauteur de tes espérances. "

[…]

Je patientais dehors avec ma longe et mon scion de bambou en attendant que Linette reparaisse avec Germain. Cinq minutes plus tard, ils descendaient les marches du perron en devisant aimablement :
- " Vous avez eu là une excellente idée, Linette. Je crois qu'il n'y a pas de meilleur jeu pour cette occasion, distrayant et accessible à tous. Et que de souvenirs, mon Dieu, que de souvenirs! "

J'aidai Linette à enfoncer les arceaux selon un parcours machiavélique tandis que Germain examinai les maillets et les boules, pensif.

Je m'amusais réellement comme une folle, criant après Linette ou Germain qui s'ingéniaient à éjecter ma boule hors du circuit. Ils ne me ménageaient pas, et j'aimais bien ça.

Monsieur confia à sa gouvernante:
- " Mon Dieu, comme j'aurais aimé avoir une enfant comme elle! Regardez-la vivre, quel plaisir! Même aussi simplette, elle m'aurait comblé de bonheur. J'ai élevé mes enfants dans le respect, l'obéissance et le travail, et voyez le résultat: des êtres ingrats, froids et calculateurs, qui viennent m'imposer ponctuellement leur progéniture -leur copie conforme- pour estimer la valeur de leur héritage… Quelle ironie ! On croit que la réussite est la clé du bonheur, et regardez… Regardez-la ! Heureux, les simples, le royaume des cieux est à eux… "

Je bondis sur place:
- " Ouaiiis! Buuut! "

Linette remporta la partie haut la main. Germain avait sa dose, et nous aida gentiment à ranger :
- " À présent, allons nous promener dans le parc. Alicia, prend ton matériel que je vois là… Tiens, ma canne à pêche… Au moins, elle va servir un peu… " Il était très joyeux et détendu, et Linette, à son bras, était comme une rose épanouie.

Ils devisaient en évoquant le bon vieux temps, Madame et les enfants. Moi, je les suivais à petite distance, examinant les arbres, recherchant l'élu de mon coeur. Un grand marronnier me fit de l'œil et je criai :
- " Ça y est! Je veux çui-là! " Germain et Linette se retournèrent et vinrent me rejoindre.
- " Voilà : Vous allez m'attacher et me taper. Mais attention, hein ? Faut pas être gentil ou dire que j'ai trop mal, autrement ça gâche tout. Et il faut me dire des gros mots, et me punir vraiment. Vous pourrez ? Vous êtes trop gentils, je crois. " Germain haussa le ton :
- " Petite idiote, j'ai eu trois enfants, et je ne me gênais pas pour les corriger sévèrement. Tu ne m'attendriras pas. Déshabille-toi. Vite ! Linette, vous l'attacherez, bien serrée. " Il me donna une grosse claque sur les fesses et m'arracha la trique et la longe des mains. Je m'exécutai en baissant la tête, soumise, et me mit entièrement nue. Linette fut très troublée par la vue de mon sexe, incongru sur mon corps si féminin. Je ne lui laissai pas le temps d'en profiter en étreignant le gros tronc rugueux. Linette me lia les poignets ensemble -mes mains étaient distantes d'une trentaine de centimètres- d'un geste sûr et rapide, ainsi que les chevilles en m'obligeant à serrer les jambes autour du tronc en une position tout à fait inconfortable. Elle aussi devait bien m'aimer…

Mes pieds étant décollés du sol, seule l'écorce sur ma peau et mes poignets serrés me tenaient debout. Je n'aurais pas imaginé que ce fut aussi pénible… Soudain, la fine baguette de bambou s'abattit sur mes reins en un sifflement aigu. La brûlure m'arracha un cri.

Germain semblait ennuyé:
- " Tu cries trop fort. Je ne veux pas t'entendre, tu vas nous faire remarquer. Mords-toi l'épaule ! " Il reprit ses coups, mais je faisais encore trop de bruit en pleurant à présent :
- " Linette, faites-la taire. Débrouillez-vous. " Elle plaqua sa main sur ma bouche en s'efforçant de me faire des yeux menaçants, mais, à travers mes larmes, je voyais bien qu'ils étaient humides également. Elle m'embrassa alors sauvagement, écrasant sa bouche sur la mienne à chacun de mes sursauts. C'était très bon, et j'accueillis sa langue consolatrice avec bonheur.

Germain s'arrêta, jetant la fine baguette de bambou au sol:
- " Je n'en puis plus. Linette, vous me faites un effet terrible, toutes les deux… Je vous prie de m'excuser, mais je n'y tiens plus. " Il baissa son pantalon et se colla derrière moi, s'insinuant sans ménagement entre mes fesses. J'avais été bien inspirée de me lubrifier, il était très en forme… Linette continuait à m'embrasser au rythme des coups de reins de Germain, canalisant à grand-peine mes cris et mes contorsions.
Mais cela ne dura qu'un instant, et Germain se retira rapidement en lâchant:
- " Le cul de cette petite pute est exquis… " Il se rhabilla, et, son excitation retombée, se sentit assez gêné par sa conduite et ses propos. Linette ramassa la baguette et reprit ma correction, sur les fesses et les cuisses cette fois. Je l'entendais ahaner à chaque coup, elle y mettait du cœur. Moi, je mordais à nouveau mon épaule…

Elle s'arrêta net. Germain avait retenu son bras :
- " Cessez, Linette, vous vous épuisez. Venez plutôt vous promener avec moi, nous avons beaucoup de choses à nous dire… Allez, venez, elle ne mérite pas qu'on s'intéresse à elle. " Je les regardai s'éloigner sous les arbres frais, se tenant par le bras, sans un regard pour moi. Ils avaient été parfaits.

La peau griffée par mon châtaigner, je suivais leur conversation silencieuse de loin et essayais de deviner leurs propos. Ils m'adressaient par moment un coup d'œil fugace et inquiet, mais semblaient être en grande discussion, face à face, se prenant et se caressant les mains. Germain se jeta à genoux en parlant d'une voix forte et chargée d'émotion, suivi aussitôt de Linette qui fit de même, mais sur un ton plus résolu. Germain la releva, lui baisa les mains et ils disparurent au fond du parc -si tant est qu'il en eut un, tellement il me semblait immense.

Je pouvais entendre le clocher du village proche égrener les heures, après avoir annoncé un mariage. Il était six heures passées lorsque Linette vint me chercher sans un mot, se contentant juste de me délier un pied et un poignet, et elle repartit aussitôt en direction de la maison. Je la surpris tout de même à me jeter un regard coupable par dessus son épaule, qu'elle déguisa en mépris.

Je frottai mes poignets endoloris et ma poitrine marquée par l'écorce, sous mon poids et mes convulsions, puis je me rhabillai bien vite pour aller rejoindre mes maîtres temporaires. Je retrouvai Linette dans sa cuisine: Elle préparait le repas -qui pour une fois n'avait pas tenu compagnie à Hibernatus- en chantonnant gaiement.

Je me jetai sur elle en la serrant très fort :
- " Oh! Ma gentille Linette, comme tu m'as bien fait plaisir ! Tu peux pas savoir ! " Elle me prit dans ses bras avec réticence :
- " Nous sommes des monstres... Je n'aurais jamais cru pouvoir faire ça. Mais le pire, c'est que j'ai pris un plaisir immense à te torturer… Si Germain ne m'avait pas arrêtée, je ne sais pas ce que je t'aurais encore fait… " Je la grondai :
- " Mais non, vous êtes des amours de m'avoir fait tout ce que je voulais. Même me faire croire que vous vous en foutez de moi, mais moi je voyais bien que vous me regardez avec des yeux tristes… Vous pouvez être content, j'ai eu un beau cadeau. Maintenant, je vous embête plus avec ça. Qu'est-ce qu'on mange? "

Elle rit :
- " Tu ne perds pas le nord, toi! Que des bonnes choses... J'ai envie de fêter ça. Tu pourras me faire belle, ce soir, alors? " Je lui fis, les poings sur les hanches:
- " Ah ben ouais! Vous allez être belle comme la princesse de cendrillon. Et pis, c'est pareil: vous êtes toute sale dans la cuisine, et hop, un coup de baguette magique -pas celle que j'ai eu sur les fesses, hein!- et vous êtes toute belle, que Monsieur Germain il va se rouler par terre quand il va vous voir. " Linette, toujours d'humeur badine, lâcha sur un ton faussement sérieux :
- " De rire? Merci bien. Je n'ai pas fait l'école du cirque, mais l'école hôtelière. " Je ris à son humour si proche du mien :
- " Mais non, vous êtes bête. Il va pleurer de voir une si belle madame qu'il a rendu malheureuse si longtemps… "

[…]

Je l'accueillis dans le hall. Il semblait plutôt gêné et baissa les yeux en me voyant, aussi je tins à le mettre à l'aise:

- " Ah Monsieur, je vous attendais. Je voulais vous dire merci pour tout ce que vous m'avez fait. J'ai déjà dit pareil à Linette, alors, il faut pas vous inquiéter. Je vous vois tout bizarre, y faut pas. Allez, venez, je vous ai préparé une belle surprise… " Je ris dans ma main : " Ouais, une belle surprise! "

Détendu et intrigué, il me suivit jusqu'au petit salon, à côté de la salle à manger monumentale. Je l'installai dans un fauteuil moelleux, tout en attentions et en prévenance, le couvant des yeux comme une jeune fille comblée par une nuit d 'amour torride :
- " Voilà. Bougez pas, je vais chercher votre surprise. Bougez pas, hein? " Il acquiesça en souriant, amusé par mon excitation.

Linette avait dû nous entendre car elle se tenait en haut des marches, un peu en retrait. Elle sautait sur place, excitée comme une collégienne, et je la rejoignis bien vite :
- " Comment tu me trouves ? Ça va ? Je suis pas trop froissée ? J'ai pas abîmé mon maquillage ? Et mes cheveux? J'ai pas une mèche, là ? " Je répondis patiemment à toutes ses questions, en lui souriant tendrement.
- " Vous êtes très belle. Une princesse, je vous dis... Votre prince, il attend au salon. J'y ai dit qu'il allait avoir une surprise, et je crois bien que c'est vraiment vrai. Tout à l'heure, vous étez déjà un peu belle et… Au fait, y vous a dit que vous étez belle ? "
- " Oui, mais pas tout de suite. Il voulait me le dire plus tôt, mais il trouvait cela inconvenant… Mais après ce qu'on t'a fait, on a parlé d'égal à égal. C'était très fort… On s'est dit des choses… " Ses yeux commençaient à s'embuer mais elle reprit ses esprits et sa gaieté en me donnant une petite tape sur les fesses, ce qui me fit glousser :
- " Allez, descends, petite coquine ! Je te suis à distance. "

Je rejoignis Monsieur Germain qui était plongé dans son carnet en patientant. Il me regardait avec amusement me poster devant la table basse, entre les deux fauteuils, les mains dans le dos, bouillante d'une excitation contenue. Soudain, il se raidit, porta la main à son cœur, se leva, la mâchoire pendante -ce qui mettait sa lippe humide encore plus en valeur- et bredouilla à l'attention de Sissi :
- " Mon Dieu! Vous êtes sublime, Linette! L'espace d'un instant, j'ai cru revoir mon Eymeline… Mais je suis sot. Je ne veux pas vous comparer sans cesse à elle : Ce doit être très humiliant pour une femme de vivre dans l'ombre d'une rivale… Vous êtes sublime, vous, Linette. Voyez, j'en ai les larmes aux yeux tant vous irradiez de beauté. "

J'étais vexée pour elle et grondai Germain:
- " Hé Ho, Monsieur! On s'est donné du mal pour qu'elle soit comme une princesse, et vous vous dites qu'elle irradie, comme si c'était du géranium ! Dites pas n'importe quoi, vous allez encore la faire pleurer ! "

Il rirent et s'installèrent en vis-à-vis en se couvant des yeux. Moi, je faisais un peu la gueule de ne pas être plus souvent prise au sérieux. Je repris vite mon air joyeux pour leur servir l'apéritif en buvant leurs paroles, mais malheureusement, ils restaient très évasifs en ne faisant que des allusions à leur passé commun et aux propos -visiblement intenses- qu'ils ont échangés dans le parc.

[…]

Ils étaient assis face à face, Linette finissant d'allumer amoureusement le cigare de Germain. Après un si bon repas, cette odeur me soulevait plutôt le cœur. Il prit le cigare que lui tendait Linette et me fit, joyeux :
- " Alicia ! Tu pouvais te joindre à nous, tu sais ? Viens nous servir : nous prendrons tous deux une fine. " Je les servis et me lovai entre les genoux de Germain qui bredouilla :
- " Mais, enfin ! Je ne… Pas devant… Linette est là ! " Je lui décochai un grand sourire angélique :
- " Oui, vous avez raison. Il faut toujours commencer par les femmes. Madame Diane elle me dit ça toujours, même que Monsieur Denis il râle et qu'il a jamais le temps… " Germain m'interrompit :
- " Mais non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire ! Je n'ai pas envie, et Linette non plus ! " Je lui répondis sur un ton plein d'assurance, teinté de reproche :
- " Ah, ça ! Vous dites toujours que vous avez pas envie, après vous en redemandez ! C'est comme les dames qui viennent prendre le thé chez Madame : elles prennent un petit bout de gâteau, parce qu'on les force, et après, elles mangent tout en disant c'est pas raisonnable. Et Linette, vous croyez qu'elle a pas envie ? Je sais qu'elle pense qu'à ça ! "

Curieusement, Linette resta étrangement silencieuse. Germain aussi, guettant sa réaction. Elle mordait ses lèvres, en proie à un conflit intérieur. Elle finit par lâcher :
- " Vas-y, Alicia. Ça ne me gêne pas que tu t'occupes de Monsieur. Il a déjà fait ça devant moi, tout à l'heure. Je ne suis qu'une domestique, comme toi, après tout… " Germain était excité par la proposition de sa gouvernante, et n'émit qu'une faible objection :
- " Mais, Linette, vous êtes sûre? Après tout ce qu'on s'est dit ? "
- " Je vous en prie. Ne vous gênez par pour moi. De toute façon, il est hors de question que j'aie des relations sexuelles avec un homme en dehors du mariage. Et puis, vous l'avez fait venir pour ça, après tout. Profitez-en. Allez, je vous regarde. Faites-moi ce plaisir. "

Germain ne répondit rien. Qui ne dit mot consent… Je m'emparai de son sexe, mou pour l'instant, mais m'appliquai à lui pratiquer la meilleure fellation possible. Je regrettais que Linette ne puisse rien voir d'où elle était. Elle lui parla, d'une voix chaude et tendue par l'émoi qu'elle ne cherchait pas à dissimuler :
- " Monsieur… Je me souviens vous avoir surpris avec notre chère Eymeline… Je l'enviais, et comme je l'aimais... Elle adorait me confier vos secrets d'alcôve. Si vous le désirez, je pourrais la remplacer, comme elle me l'avait demandé… J'envie Alicia, elle ne s'embarrasse pas de conventions. Elle ne cherche qu'à donner du plaisir. Un vrai ange… Oui, un vrai ange… " Germain se pâmait, perdu dans les yeux de Linette. Il lui faisait l'amour, par personne interposée :
- " Oh ! Ma chère Linette ! Comme vous êtes bonne avec moi ! C'est vrai, je vous aime. Et à présent, c'est clair : Voulez vous être ma femme? "

Je n'ai jamais vu une demande en mariage aussi romantique… Il aurait pu attendre un peu, tout de même…

Mais Linette se semblait pas choquée, comme si je n'existais pas :
- " Oh ! Mon bon Germain ! Oui!… Oh oui ! Je veux être à vous… Toute à vous. Epousez-moi, je saurais vous satisfaire, même s'il m'en coûte… " Elle s'arrêta pour le regarder prendre son plaisir. D'après sa voix amoureuse, elle semblait avoir apprécié :
- " J'aime vous voir… Comme ça. J'espère que je vous verrais souvent aussi heureux… Sauf quand je vous tournerai le dos, bien sûr ! "

Je rhabillai Germain. Sa promise l'émoustillait beaucoup, et je doutais fort qu'ils tiennent jusqu'au mariage :
- " Linette, vous êtes une coquine, et j'aime ça. Je vous promets de ne pas vous décevoir, et surtout d'être à la hauteur de vos attentes. Mais Alicia s'était proposée de vous satisfaire également. Vous dites que vous voulez me plaire, mais je veux une preuve de votre loyauté. Laissez-vous faire à votre tour, et offrez-moi votre plaisir. C'est un ordre. "

Je me mis aussitôt à ses genoux, arborant un grand sourire d'encouragement. Elle était très gênée :
- " C'est embarrassant… Je ne sais pas si… Avec une fille… Vraiment… " Germain abattit une carte décisive :
- " Vous vous vantez d'avoir eu une certaine complicité avec Eymeline, mais ce que vous ne savez pas, c'est que vous n'étiez pas la seule à bénéficier de ses confidences. Alors, ne me faites pas croire que c'est une chose nouvelle pour vous… "

Elle semblait atterrée, paniquée :
- " Elle m'avait promis!... Jamais vous n'auriez dû le savoir ! Cela ne nous est arrivé que quelques fois, en votre absence. Nous ne voulions pas vous faire de peine… "

Germain se mit à rire à gorge déployée. Il s'en expliqua après s'être un peu calmé :
- " Eh bien… Non, ma tendre épouse ne vous a pas trahie, c'est vous-même qui venez de le faire… Elle m'a toujours caché vos amours saphiques, bien que je m'en doutais, au vu de la tendresse de vos rapports… Cela restait un fantasme d'homme, jusqu'à aujourd'hui, et je vous remercie de rajouter une rose sur l'autel que je lui ai dressé dans mon cœur… Mais non, je faisais allusion aux rapports soutenus que vous entreteniez avec la petite bonne que j'aimais tant, Claudine… Vous n'étiez pas très discrètes, surtout dans le silence nocturne… "

Sans un mot, Linette vida son verre de cognac brûlant d'un trait et s'offrit à moi, comme si elle montait à l'échafaud. Je fis glisser sa culotte humide que j'offris malicieusement à Germain, sous le regard réprobateur de Linette et ouvris ses cuisses en l'avançant au bord du fauteuil. Germain pouvait voir ses belles jambes gainées de bas couleur chair, encadrant ma tête agitée de mouvements de bas en haut. Germain la gronda :
- " Mais laissez-vous aller, nom d'une pipe ! Regardez-moi dans les yeux, et laissez-vous porter par vos sens ! " Ses conseils semblèrent porter leurs fruits, et petit à petit, Linette apprécia pleinement mes caresses, au point de guider ma tête avec ses mains. Je sentais qu'elle faisait très attention à ma perruque, bien qu'il en faille beaucoup pour la déloger. Germain avait dû lui en parler…

Elle jouit en geignant, comme une enfant capricieuse et grognonne.

J'embrassai une dernière fois son sexe en gage d'affection et rabattis sa robe. Germain serrait sa petite culotte dans son poing et la humait avec délice, ce qu'il devait faire depuis un moment... Linette lui fit, gênée :
- " Je vous ai donné ce que vous vouliez. Rendez-la-moi, maintenant. Vous m'embarrassez, à la sentir comme ça. De plus, j'ai dû la tacher, c'est très gênant. " Il enfourna la petite culotte dans sa poche et toisa sa fiancée :
- " Non. Je tiens à la conserver : c'est mon cadeau de fiançailles. Je la garderai sur moi, jusqu'à ce que vous soyez mienne. Au moins."

[…]

Il me mit une tape sur les fesses pour me faire monter l'escalier, ce qui me fit glousser :
- " Oh ! Monsieur, comme vous êtes coquin ! " Un peu surréaliste, comme remarque, après ce qu'il venait de me faire endurer…

Comme la nuit précédente, je m'étais préparée de fond en comble, mais j'avais revêtu ma tenue d'infirmière, avec mes bas blancs. Il ne l'avait pas encore vue…

J'entrais sans frapper. Germain était déjà couché, et cette fois, entièrement nu dans son lit ouvert. Pas de livre pour apprendre à mourir dans la joie, rien. Seul un sachet d'aspirine vide gisait sur la table de nuit à côté de son verre d'eau.

Il me détailla avec intérêt :
- " Tu es très belle en infirmière. Tu savais que c'était un des fantasmes préféré des hommes ? " Je prenais des poses suggestives :
- " Ben ouais. J'allais pas me déguiser en bonne sœur, quand même… "
- " Et pourquoi pas? Tu serais certainement ravissante, dans cette tenue. À vrai dire, je crois que j'aimerais beaucoup… "

Je bougonnai :
- " Faut pas jouer avec la religion. C'est pas bien. Le bon Dieu, je crois pas qu'il aimerait ça. " À la vérité, c'est une idée qui m'excitait également, mais je n'avais pas la tenue idoine. J'aurais même pu chanter mon adaptation à capella de " Dominique-nique-nique " dans cette tenue…


[…]

Il me souffla, en rut :
- " Hier, quand je trouvais ton cul appétissant, tu as dis que tu aimais te le faire manger, tu te rappelles ? " Je me fendis d'un large sourire :
- " Oh oui, alors ! " Il me fixa d'un air trouble :
- " Hé bien, j'espère que tu aimes ça. Je n'ai pas arrêté d'y penser, et moi aussi, j'ai envie d'essayer. Tu vas me manger. " Je ne m'attendais pas du tout à ça, et je dus faire une drôle de tête :
- " Quoi, ça te dégoûte? Tu dois en avoir l'habitude, pourtant ! " Je tentai de reprendre une contenance, et un air enthousiaste. Oh ! Cela ne me déplaisait pas, mais j'étais tellement surprise…
- " Oui, Oui… Oh ! J'aime aussi, hein ? Montrez-moi votre gros derrière. " Il se tourna péniblement, et je le plaçai au bord du lit, à quatre pattes.

[…]

Après une brève toilette, je regagnai ma chambre. Germain m'avait fait plutôt mal et je commençais à souffrir continuellement de la visite répétée de son membre épais. Je somnolais depuis un petit moment quand la porte de ma chambrette s'ouvrit et se referma doucement. Je crus avoir rêvé quand une douce présence se glissa sous mes draps.

C'était évidemment Linette. Sa bouche cherchait la mienne en me soufflant son haleine chaude et parfumée :
- " Ne dis pas un mot. Germain ne doit pas savoir. Jamais. " Elle m'embrassa passionnément, comme lors de ma punition, et fit glisser ma chemise de nuit en tremblant :
- " Tu m'as léchée divinement, et devant mon fiancé encore. J'étais un peu gênée, mais terriblement excitée… Oui, terriblement. J'étais trempée, et j'espérais tant ta langue… " Elle se coula sur moi, se dirigeant vers mon sexe en arrachant mes couvertures. Je la retins par le bras :
- " Non, je suis pas belle… Y faut pas. " Bien sûr, j'en mourrais d'envie, mais je protestai pour la forme.

[…]

Germain me secoua l'épaule :
- " Réveille-toi, Alicia ! J'ai encore envie de toi. Je t'ai renvoyée trop tôt. " Je fis mine de me réveiller :
- " Mmm ? C'est vous, Monsieur ? Quelle heure il est ? "
- " Plus bas ! Linette dort à côté. Je vais te prendre de telle façon qu'elle ne t'entende pas. Je ne voudrais pas qu'elle me prenne pour un satyre. Mais j'ai des besoins… Tu as ouvert la boîte de Pandore, à toi d'en assumer les conséquences. "

J'étais encore embrumée :
- " Mmm ? La quoi ? " Il me tira par les pieds pour amener mon visage au milieu du lit, et je me laissai faire sans comprendre.

Mais je compris bien vite : il s'allongea au-dessus de moi et planta son sexe dans ma bouche, m'étouffant de son gros ventre. Je l'entendais psalmodier des obscénités à voix basse pendant qu'il me déshonorait :
- " Oui, je te baiserai aussi comme ça, ma salope de Linette… Tu aimes ça, grosse pute, vieille salope… Tu as bien bouffé la chatte de ma femme, sale truie ! Je t'aime, sale putain, je t'aime… " Et il s'abandonna en moi en grognant, puis se releva précipitamment et bredouilla :
- " Ne dit rien… Jamais. Elle me quittera sinon, c'est sûr… Oublie… Tu n'as rien entendu. "
Et il s'enfuit à grandes enjambées. J'entendis la porte de sa chambre se refermer assez bruyamment.

Linette refit surface en s'extrayant péniblement de dessous le lit. Elle me poussa pour se faire une place et dit, nonchalamment, d'un ton amusé :
- " Bien. Reprenons où nous en étions, Mademoiselle, je vous prie. En position... "

[…]

Après une retouche sommaire de mon maquillage -qui commençait à m'insupporter, malgré le service minimum que je m'accordais pour la nuit- je descendis prendre mon déjeuner. Linette regardait mes petits seins nus sous ma chemise de nuit vaporeuse et secoua la tête en souriant. Dieu sait quelle idée elle avait en tête :
- " Après manger, tu feras ta toilette et tu mettras ta belle robe, la bleue que tu avais hier. Et ton chapeau. Je sens que tu vas faire tourner la tête à plus d'un paroissien… ensuite on ira à la pharmacie, et à la boulangerie. Je vais acheter un beau gâteau en ton honneur, pour te remercier. Tu choisiras. " Je bondis de joie :
- " Oh ! Merci ma bonne Linette ! Ça… Alors ça, c'est gentil… Je pourrais choisir ce que je veux, même si c'est un gros ? " Elle me sourit, attendrie :
- " Mais oui, ma chérie. Ce que tu voudras. Et puis, des bonbons, aussi. Tu les mangeras chez toi. " J'étais aux anges. Quels gentils maîtres !

[…]

Linette conduisait très bien, d'une façon sûre et décontractée, indispensable pour ménager ces vieilles mécaniques. Elle se gara sur la place du village, en face de l'église. Une dizaine de tourterelles turques****** y picoraient avec frénésie le riz jeté la veille. Je m'extasiai, les mains jointes sur mon cœur :
- " Oh les jolis pigeons ! Qu'ils sont beaux ! On dirait qu'ils sont tout roses ! " Elle secoua la tête :
- " Mais non, ce sont des tourterelles. " J'étais vexée :
- " Ah ben peut-être. Je suis pas une ornithorynque, moi ! " Elle me reprit :
- " …logue. Ornithologue. "
- " Ouais. Je me trompe toujours avec le docteur qui soigne le nez… " Elle n'insista pas et m'invita à admirer lesdits volatiles :
- " C'est vrai qu'ils sont beaux. C'est vraiment l'animal rêvé pour symboliser le mariage : ils sont… huit, et tous sont en couple. Regarde bien. "
- " Ah ouais, dis donc ! Vous avez vu comme ils se tiennent la main ? " Linette pouffa. Je ne relevai pas et sortis la photo de mon baptême de mon sac à main :
- " Ça c'est moi, la mariée. Je suis belle, hein ? " Elle prit la photo et oscillait entre l'admiration et la tristesse : "
- " C'est ta robe de mariée? Germain m'a parlé de ton fiancé, celui que tu attends encore. Tu crois qu'il va revenir ? " Je lui fit un sourire radieux :
- " Ben oui, il m'a dit ! Et on s'aime tellement… On va se marier et on va faire des bébés. Je suis sûre. "

[…]

Le pharmacien semblait bien la connaître :
- " Bonjour Mademoiselle Linette ! Belle journée, encore. L'été semble vouloir rester, cette fois… Mais qui est cette jeune beauté avec vous ? "
- " Bonjour, Monsieur Alexandre ! C'est Alicia, une jeune fille au pair qui passe quelques jours avec nous, pour me seconder un peu. "
- " Oui, vous avez un grand domaine. Et une bien grande maison… Qu'est-ce qu'il vous faudra ? "
- " D'abord, des bas de contention : je vois que vous en avez de très beaux en vitrine… " Il semblait un peu gêné, étrange pour un pharmacien :
- " Oui… Mon assistante va s'occuper de vous. Elle est plus… qualifiée que moi pour vous présenter ces modèles. " L'assistante en question, une jeune fille brune d'une vingtaine d'année, terminait de servir une gentille vieille dame au problème de transit, saluée précédemment devant l'église :
- " Bonjour, mesdames, j'ai entendu que vous souhaitiez des bas ? "
- " Oui, ceux-là, les mauves. En taille trois. " Elle sortit de derrière son comptoir et releva sa blouse, entraînant sa petite jupe dans le mouvement pour nous dévoiler ses cuisses :
- " C'est amusant, j'ai les mêmes ! À force de piétiner toute la journée… Ils sont très beaux. C'est pour mademoiselle ? " Nous profitions toutes deux de son anatomie, et même de sa petite culotte de coton. Nous étions seules dans l'officine, et Linette avait du mal à se concentrer :
- " Heu… Oui… Non ! C'est pour moi. Ça fait très " jeune ", non ? " La jeune fille laissa retomber le rideau du théâtre de Guignol et attrapa une boîte :
- " Oui, et cela vous ira très bien. Une touche de fantaisie, rien de tel pour que la vie vous sourie ! "
- " Vous ne croyez pas si bien dire… Il me faudrait aussi du lubrifiant à usage intime. Un gros pot, ou un tube, selon ce que vous avez… " La préparatrice se fit plus sérieuse :
- " Vous souffrez de sécheresse vaginale? Nous avons aussi des ovules à placer… " Linette savait ce qu'elle voulait :
- " Non, je vais me marier, et je compte m'offrir entièrement à mon époux. Ce serait pour des rapports… Heu… Sodomites. " La fille lui fit un grand sourire coquin :
- " Ah… Des rapports anaux, vous voulez dire… Monsieur est gâté, si je puis me permettre… " Linette ne se démontait pas, et prenait plaisir à étaler ses fantasmes :
- " Vous ne croyez pas si bien dire… Gâté par la nature, de surcroit… Il a un sexe énorme, et il a déjà déshonoré Mademoiselle de cette façon. La pauvre, elle a beaucoup crié … Il me faut un lubrifiant très efficace. "

La fille nous regardait en souriant, se doutant qu'on la menait en bateau. Je vis Monsieur Alexandre passer le nez par l'embrasure de la porte menant à l'arrière-boutique, rouge comme une pivoine, mais il disparut aussitôt. La demoiselle nous donna un gros tube de lubrifiant " hautes performances ", toujours le même sourire aux lèvres. Elle devait se demander ce qu'on allait réellement en faire…

Le soleil qui montait dans le ciel nous éblouit. Je clignais encore des yeux quand Linette me demanda :
- " Tu pourras tout répéter ? "
- " Ben oui… Je crois. Pourquoi vous avez dit tout ça ? Le pauvre Monsieur de la pharmacie était tout embêté. Y a des gens qui aiment pas qu'on parle des choses… comme ça. " Elle me sourit :
- " Je sais qu'il est très timide... Je l'ai fait exprès, pour le mettre dans l'embarras. Mais sinon, tout était vrai. Tu pourras dire à Monsieur Germain que… Tiens, c'est là : Regarde tous les beaux gâteaux ! " Nous étions arrivés devant l'échoppe et je m'extasiai devant les pâtisseries :
- " Oh oui! Ils sont beaux… Oh! Celui là, avec les fraises! J'aime bien les fraises. Et pis il est pas trop gros… " Linette me tapota l'épaule :
- " Excellent choix… Nous adorons cela également. De plus, tu n'as pas hésité longtemps ! " Nous faisions la queue, il y avait déjà une demi-douzaine de personnes qui attendaient leur tour. Je regardais d'un air hostile les clients qui faisaient mine de s'approcher de mon fraisier, tout en faisant mon choix parmi les assortiments de friandises devant le comptoir.

Linette prit le fraisier et m'offrit pour quatre euros de bonbons divers. Les clients et la vendeuse se moquaient -gentiment- de moi comme je remerciais sans arrêt mon amie, ce qui l'agaça : elle n'aimait pas qu'on se moque de moi.

Juste à côté de la voiture, sur le trajet du retour, je vis la vitrine d'un bureau de tabac et collai mon chapeau tout contre pour mieux voir les merveilles exposées. Tout à l'heure, je devais avoir le soleil dans l'œil pour ne pas l'avoir remarquée. Linette voulait encore me faire plaisir :
- " Quelque chose te plait ? Dis donc, ils ne s'embêtent pas… C'est de l'or, pour ce prix ! "

Elle était un peu dure : bien sûr, ce n'était pas de la qualité, mais il y avait de très jolies choses :
- " Allez dans la voiture. J'achète des cadeaux et j'arrive. Je veux pas que vous voyez. " J'avais repensé à ce que j'avais dit à Germain à sa première visite, et j'avais imaginé une liste de présents possibles, des bricoles qu'on pouvait trouver dans ce genre d'endroit. Mes maigres économies y étaient passées, mais j'ai trouvé ce que je cherchais. De magnifiques bijoux en merdium massif, plaqué or de synthèse.

[…]

Germain apparut dans l'encadrement de la porte :
- " Alicia, si tu veux venir… Et vous aussi, Linette, si vous pouvez quitter vos fourneaux… " Linette avait mis un plat à dégeler lentement, et pouvait sans problème le laisser sans surveillance.

Germain nous entraîna à pas lent sous les fraîches frondaisons, chacune à un de ses bras :
- " Mesdemoiselles, j'ai enfin terminé l'étude de mon ouvrage. Mais ce n'est pas pour cela que je tenais à ce que vous soyez là, toutes les deux… Voilà, je m'explique : Linette, j'ai demandé votre main hier, mais je crains ne pas avoir été honnête avec vous : je vous demanderai des choses… abominables. J'en ai besoin pour exulter. Vous en avez eu un bref aperçu, avec notre chère Alicia. Mais cela risque d'être bien pire, et je crains que notre future union n'y survive. Je ne sais pas si Eymeline vous a confié l'intégralité de mes perversions et de mes inclinations… " Linette lui adressa un sourire poli :
- " Une bonne partie… Mais j'ai appris à les aimer, et je ne peux pas concevoir désormais que vous soyez autre. Mais j'espère que vous me réserverez d'autres surprises. J'aimerais assez que violiez ma bouche en m'insultant de façon ordurière... Comme vous avez fait à Alicia, cette nuit ! "

Il s'arrêta net de marcher pour me gronder sévèrement :
- " Alicia ! Je vous avais formellement prié de vous taire, c'était donc trop vous demander ! " Il m'avait vouvoyé, je crois bien que c'était la première fois.

Linette prit ma défense :
- " Elle n'a rien dit ! Elle n'en avait pas besoin, j'étais là, sous le lit, et j'ai pu apprécier votre coup de reins... Je ne savais pas alors ce que vous lui faisiez, la petite chanceuse, mais j'ai bien savouré vos mots d'amour. Dès que vous êtes reparti, je me suis fait satisfaire par Alicia. Mon gros verrat chéri, je suis votre vieille truie. De bon cœur. " Germain la regardait, fasciné par son aplomb, et se demandait si c'était " du lard ou du cochon. "

Il bredouilla, rouge de honte :
- " Pa… Pardonnez-moi, ma pauvre Linette… Vous voyez quel genre de bête lubrique je suis ? Je vous prie de m'excuser pour ce moment d'égarement, et… " Linette le fit taire d'un baiser :
- " Il suffit. Je connais presque tout de vous. C'est avec plaisir que je me soumettrai à tous vos caprices. J'ai déjà commencé ce matin: je suis allée acheter -avec Alicia- les beaux bas que vous m'aviez choisis et un gros tube de lubrifiant pour notre nuit de noces. J'ai bien précisé à quel usage pervers il était destiné, et combien il devait être efficace pour l'usage que j'en attendais. Alexandre était au bord de la pamoison. "

Germain la serra dans ses bras :
- " Oh ! Mon aimée ! Quel bonheur de vous avoir ! Mais ce n'était pas urgent, et je disais cela pour plaisanter… Et en outre, je n'avais parlé que des bas ! Bien sûr, j'en avais très envie, mais je ne me serais jamais douté que vous auriez eu le courage, le sens du sacrifice aussi exacerbé… J'en suis très touché. Mais ce pauvre Alexandre, vous allez le tuer ! " Ils rirent, enlacés.

Linette reprit :
- " Je veux rester à votre service, une fois mariés. Nous ne changerons rien dans nos habitudes, sauf que nous partagerons nos repas, vous pourrez jouir de moi à votre guise, me prendre dans les couloirs comme une petite soubrette… Cela me rappellera ma jeunesse. Je suis d'ailleurs déçu que vous n'ayez jamais rien tenté… "
- " Je suis désolé, Linette, mais je suis très fidèle. Mais à présent, je ne suis plus contre un petit extra, partagé bien sûr… "

Il me détaillait de bas en haut, me déshabillant du regard :
- " Alicia, si je voulais te parler, c'était d'abord pour te remercier pour tout ce que tu nous as apporté en si peu de temps. Vraiment, du fond du cœur, et Linette se joint certainement à moi. Ensuite, je voudrais que tu viennes à notre service : tu serais largement récompensée, gâtée et choyée comme notre propre fille. Tu serais libre de faire ce que tu veux, et tous deux, nous te donnerions beaucoup d'amour, tu pourrais même dormir entre nous. À toi de choisir. "

[…]

Germain me prit par la main et m'attira contre un gros chêne :
- " Je veux profiter de toi une dernière fois. Je sais que tu n'as rien demandé, cette fois, mais j'ai envie de toi. Enlève ta robe. " Je me déshabillai en ôtant mon chapeau, puis il me fit m'agenouiller le dos contre le gros tronc rugueux. Il me laissa s'occuper de lui et planta son sexe encore mou dans ma bouche. Il prit rapidement de la vigueur comme il me pistonnait, les bras étreignant le tronc :
- " J'ai joué la comédie, tout à l'heure, et cette nuit… En réalité, j'avais déjà rejoint ta chambre en catimini, celle de Linette n'étant pas très éloignée. "

[…]

Le gâteau était très bon. Ils me regardaient tendrement tous les deux manger ma deuxième part avec gourmandise, en s'étreignant la main. Après le café, je leur offris fièrement mes petits cadeaux: une jolie bague comportant deux cœurs enlacés pour Linette et une épingle à cravate ornée d'un blason -celui des ducs de Lorraine, trois colombes- pour Germain. Malgré l'évidence que mes présents n'étaient pas de qualité supérieure, Linette en eut les larmes aux yeux :
- " Oh, ma chérie, comme c'est gentil… Je ne la quitterai pas : ce sera ma bague de fiançailles, pour toujours. " Germain aussi était touché :
- " Ma Linette, je voulais vous en offrir une bien plus belle, mais je n'en ferai rien : Je vous couvrirai de bijoux si vous le désirez, mais cet anneau d'amour, je le chéris déjà. " Et il embrassa la bague passée au doigt de sa promise. Il continua en installant maladroitement son épingle :
- " Je croyais tout avoir, ne plus avoir besoin de rien et voilà que tu m'apprends qu'il me manquait en fait quelque chose. Je t'en remercie, je suis réellement très touché. Vraiment. D'autant plus que tu n'y étais pas obligée… " Ils se levèrent pour me faire la bise, émus aux larmes. Si j'avais offert un truc comme ça à Carole, je crois qu'elle n'aurait pas réagi aussi chaleureusement. Tout juste un " Ah, merci… Mais t'as pas dû te ruiner… "

[…]

Germain me porta gentiment mes valises jusqu'à la maison, un sourire béat aux lèvres adressé avec subtilité à Diane : l'élève n'avait pas vaincu le maître. Ils se saluèrent, s'installèrent au salon, et comme je n'avais pas de place, Germain me prit sur ses genoux en me caressant tendrement la cuisse. Carole me contemplait avec un regard attendri, mais je lisais dans la flamme de ses yeux gris qu'elle se moquait de moi. Je pouvais même l'entendre rire…

[…]

Ils se levèrent brusquement et m'embrassèrent. Je ne voyais pas ce qu'ils voulaient faire… Carole m'expliqua, un sourire coquin aux lèvres :
- " J'ai négocié un tête à tête amoureux avec tes maîtres. Ils sont très durs en affaires, j'ai dû payer de ma personne pour les faire céder. Ça n'a pas été facile… " Je fis une mine compatissante :
- " Oh ! J'imagine, ma pauvre chérie… Comme c'est gentil de t'être sacrifiée pour moi ! " Nous nous sommes tous mis à rire, et Carole m'entraîna d'autorité par la main dans notre nid d'amour, toujours sous les rires de Diane et de Denis que je pus à peine saluer et à qui je demandai de l'aide :
- " Au secours ! Je veux pas passer à la casserole, je suis trop jeune!… "

Mon épouse adorée avait dressé une table romantique dans le jardin, et Ouissecasse surveillait les assiettes. Au cas où.
- " Installe-toi, mon amour. Je vais te servir, tu l'as bien mérité… "
Elle reparut avec les entrées, entièrement nue. Je l'imitai. J'adore nos orgies bucoliques…

À suivre dans " La carotte Nantaise 24: Plombier, c'est un beau métier. "




**** Véridique.


****** Jolie tourterelle originaire d'Asie mineure, colonisant la France depuis plusieurs dizaines d'années.

 

ŠLE CERCLE BDSM 2011