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CHAPITRE
8: MISES EN BOITE.
Je retournai manger en compagnie de ma bien-aimée. La table était
mise, mais on sentait qu'elle devait avoir la tête ailleurs. C'était
soirée saucisson/fromage. Je lui lançais:
- " Je crois que je ne ferais pas de remarques, ce soir. "
- " Tu es malade? T'es tout triste... Tu vas manger, quand même?
" Je l'imitais:
- " Ce soir, casse-croûte façon Caro. " Elle était
vexée:
- " Hé! Ho! J'ai fait la salade, quand même! "
Je la rassurai:
- " Mais c'est bien comme ça, ça me va. J'aime bien
saucissonner, de temps en temps. De plus, il fait plus chaud que ce midi.
Quel Temps! On se serait cru chez Henri. " Ça lui rappelait
de bons souvenirs:
- " Tu te rappelles, cette cheminée, Et cette peau de bête?
" Elle attaqua le saucisson par surprise et nous en coupa des rondelles.
Moi, je me chargeais du pain.
- " J'espère qu'on a pas fait trop de taches... Au moins,
on leur aura laissé un bon souvenir... "
- " En tout cas, ils ont la main baladeuse, dans cette famille, et
pas que les hommes. Les distractions sont plutôt rares. " Je
confirmai:
- " Oui, même moi, je me suis fait palper l'entrejambe par
sa soeur, en la croisant dans le couloir. Elle a paru un peu déçue...
"
- " Le froid, sans doute... Elle doit encore se demander comment
tu me fais tant de bien avec si peu... " J'étais conscient
de la taille de mon sexe, mais ça me fait toujours un peu de mal
quand elle m'en parle.
Je changeais de sujet:
- " Alors, tu fais quoi, ce soir? "
- " Je te l'ai dit, je sors Mélanie. "
- " N'oublie pas sa muselière. " Elle n'aimait pas que
je critique sa copine:
- " Hin. Hin. Hin. Très drôle. En fait, on va au "
Lolitas et Mentalos ". Au moins, on sera pas emmerdées par
des mecs lourds comme qui tu sais. "
- " C'est quoi, ce truc? On dirait le nom d'une garderie ou d'un
parc d'attractions pour les gosses... "
- " C'est normal que tu connaisses pas. C'est une boîte pour
nanas. Rien que. Ça remplace le restau où on allait souvent,
au début. Heu... " Les trois amis ", je crois
"
- " Oui, je vois où c'est. Je me rappelle aussi d'une fille
qui me jurait ses grands dieux: "Mais je ne suis pas gouine! ",
mais je ne me souviens plus qui... " J'avais essayé d'imiter
sa voix et son intonation étranglée.
- " Je te dis que c'est pour lui trouver une copine. Une bien à
elle, qu'elle pourra garder dans son lit. "
- " Ça va être difficile pour elle. Quand on a roulé
en Ferrari, c'est dur de changer de voiture... " Elle rit:
- " Tu dis ça pour ma carrosserie, ou mon moteur? "
- " Les deux, mon amour, et je rajouterai même pour la couleur...
" Je parlais de ses cheveux, bien sûr.
- " Boâh! je rougis pas si souvent... "
Pendant le reste du repas, une idée s'insinua petit à petit
dans mon esprit. Ce n'était qu'une idée saugrenue, au départ,
et complètement irréalisable. Je lui demandais des précisions:
- " Tu y vas à quelle heure? "
- " Je vais chez Mélanie vers huit heures et demie, et on
devrait y aller vers neuf heures et demie -dix heures. Je prends la "
Clito ", tu n'en auras pas besoin? " C'était le petit
nom de notre voiture, une Renault Clio.
- " A priori, non. "
- " J'espère rentrer seule... En tout cas, ne m'attends pas
avant une à deux heures du mat'. "
- " Moi, je vais rester un peu chez les Müller, je continue
la vidéo. Denis est sorti, je resterai sûrement tout seul.
Ensuite, je rentre. " Petit à petit, les pièces du
puzzle se mettaient en place, et chaque problème trouvait sa solution.
Mon but: emmener Alicia, inconnue de presque tous, au milieu des femmes.
Il fallait déjà y aller:
Carole prenant la voiture, il me restait le scooter. Il fallait le garer
dans une rue sûre, et qu'elle ne le reconnaisse pas. Ensuite, les
vêtements: J'avais repéré dans un placard des robes
qu'on lui avait données, trop grandes pour elle. Je les avais déjà
essayées, il y a un petit moment, quand elle n'était pas
là... Le maquillage, la perruque, la lingerie, ça devrait
aller. Reste les chaussures... Je fais du quarante et un, Carole du trente
neuf. C'était le dernier obstacle, et il venait peut-être
de sauter. Je venais de me souvenir d'une habitude bizarre de mon épouse,
qui lui avait passée, et pour cause: quand elle achetait des chaussures,
elle les essayait, et prenait une boîte identique qui n'avait pas
encore été ouverte. Elle était rentrée fièrement
avec de jolis escarpins gris métallique, et lorsqu'elle a voulu
me les présenter à ses pieds, elle s'est rendu compte qu'elle
nageait dedans. Elle avait bien pris les mêmes, mais quelques tailles
au-dessus... Elle a égaré le ticket de caisse, et, normalement,
ils devaient dormir dans le même placard que les robes.
J'attendis avec impatience qu'elle
soit partie en tapotant distraitement sur mon ordinateur -je corrigeais
les effets de mes erreurs petit à petit- pour me ruer dans la pièce
où étaient stockées les choses qui ne nous servaient
pas, plus ou peu. Je plongeai fébrilement en bas du placard et
exhumai une pile de boîtes de chaussures: c'est dingue tout ce qu'elle
peut acheter à mon insu. Je trouvai enfin les fameux escarpins:
c'était du quarante.
Ils taillaient un peu grand, je réussis
à entrer dedans, mais ils me faisaient un mal de chien. Carole
a des embauchoirs à vis: Je leur en mis un coup pour les agrandir,
en les trempant dans l'eau et en les passant au sèche-cheveux.
Je l'avais déjà vu faire ça avec des escarpins trop
petits, et ça marche très bien. Ils étaient quand
même un peu justes. Et neufs: je risquais de souffrir le martyre.
Je choisis une jupe grise et un chemisier rouge, un petit sac à
main discret et emportais tout le nécessaire et le scooter chez
nos voisins. Je me préparais avec une grande excitation mêlée
d'une grande peur, en espérant que je ne me dégonfle pas
devant la porte de la boîte. J'avais mis mes sous-vêtements
et la lingerie blanche de mon baptême, ce qui allait assez bien
avec le gris.
Seulement, mon membre se devinait un
peu trop à mon goût sous la jupe. Je pris une bande à
pansements dans leur armoire à pharmacie et m'en comprimai le sexe.
Ce n'était pas très confortable et m'obligeait à
marcher en roulant des hanches, mais de ce côté, ça
apportait quand même un petit plus. Le maquillage me causa beaucoup
plus de soucis: tous les gestes que j'ai vu faire avec aisance par Diane
me semblaient très difficiles à reproduire. J'ai dû
me reprendre à plusieurs fois avant de tomber sur le résultat
souhaité. Heureusement que j'avais pris des notes... Je m'admirai
dans mon miroir en pied: j'étais plutôt craquante... J'étais
sûre de faire illusion auprès des hommes, mais des femmes...
Elles ont un sixième sens, ces petites bêtes-là.
Il était dix heures, il était
temps de me mettre en route. Je mis des baskets -les escarpins me faisaient
trop mal- une veste empruntée à Diane et enfourchait mon
scooter. Le casque me causait du souci, je craignais pour la perruque.
Je décidais de prendre une petite route, pour plusieurs raisons:
Carole ne la prenait jamais, elle était plus courte et moins fréquentée.
Vingt minutes plus tard, je garai mon scooter dans un endroit sécurisé,
bien éclairé et à deux pas du commissariat de police.
Je mis mes escarpins et rangeais mes baskets et mon casque dans le grand
coffre. Je contrôlai mon apparence dans un rétroviseur :
la perruque n'avait pas bougée, elle avait juste besoin d'un peu
de gonflant. Je me coiffai d'un grand béret noir, toujours emprunté
à Diane, histoire de la rendre moins visible, car je trouvais qu'elle
sonnait toujours un peu faux. Plus j'approchai du " Lolitas "
et plus j'étais mal à l'aise. J'avais l'impression d'avoir
un panneau lumineux au-dessus de moi qui disait: " Attention, les
filles! c'est un mec! ". Arrivée devant la porte, j'étais
tétanisée. Je restai bêtement plantée là,
à deux mètres de l'entrée. Heureusement, une bonne
âme me vint en aide, en la personne d'une jeune fille fort sympathique
au charme eurasien:
- " Salut! tu n'oses pas entrer? " Elle me fit sursauter:
- " Heu... Salut! Heu... Non, j'ai un peu peur. Je suis seule, et
je ne suis jamais venue. " Elle m'entraîna par la main à
l'intérieur, éclatant d'un rire cristallin:
- " N'aie pas peur! Tu verras, c'est plein de copines, là-dedans!
" l'endroit était heureusement non fumeur. Je supporte très
mal la fumée, surtout dans ce genre d'établissement. Le
fond de la salle était occupé par un grand bar. Des tables
isolées par des petits boxes, mais permettant tout de même
une vue d'ensemble en remplissaient le reste au trois-quarts. L'ambiance
était assez bruyante, la barmaid -disc-jockey se chargeant de l'animation.
La fille m'entraîna dans un coin. Elle me cria à l'oreille:
- " Viens, je te présente à mes copines! Au fait, moi
c'est Corinne! " Je lui répondais en criant aussi:
- " Alicia! " J'avais du mal à contrôler ma voix.
J'essayai de la rendre la plus féminine possible, mais ce n'était
pas facile en hurlant. Heureusement, la barmaid baissa la sono, elle avait
juste monté le son pour faire profiter l'assemblée d'un
morceau qu' elle affectionnait particulièrement. Nous nous sommes
installées à une table assez en retrait, nettement plus
au calme. Sur les six places, deux étaient occupés par un
couple d'amoureuses. Corinne fit les présentations:
- " Salut les filles! Je vous amène une nouvelle recrue! Elle
s'appelle Alicia! C'est chou, non? " Les deux demoiselles se présentèrent:
- " Bienvenue! Moi c'est Caroline, mais tu peux m'appeler Caro. "
- " Salut! Moi c'est Steph. T'es nouvelle? Raconte! " Je me
sentais comme un crabe dans une nasse. Avec trois charmantes langoustes.
- " J'avais envie de sortir en célibataire. Mon mec fait une
soirée foot avec ses copains. " Manque de pot, Caro était
une fan de foot:
- " Mais il n'y a pas de match, ce soir! C'est une excuse foireuse
pour te faire cocue et s'envoyer sa collègue de bureau, à
tous les coups! " J'étais plutôt mal partie:
- " Bof! de toute façon, notre couple part en vrille. Il fait
ce qu'il veut, moi, j'ai envie de m'éclater. " Corinne me
dévisageait avec intérêt:
- " Moi, je suis libre, je peux te tenir compagnie ce soir, si tu
veux... "
- " Je ne crois pas que je sois ton genre. "
- " Qu'est-ce que tu en sais? "
- " Oh! Un pressentiment. Dis-moi, tu n'aurais pas des origines laotiennes?
" Elle resta la bouche ouverte:
- " Ah ben ça! Comment tu le sais? " Outre le théâtre,
j'avais pris à l'école une option ethnologie. J'avoue que
ça ne m'a pas servi beaucoup pour ma carrière. Enfin, pas
souvent:
- " Ben... ton visage est assez typique. Je parie même que
c'était un de tes grands-parents, ou les deux. "
- " Alors là, je suis sciée. Ma grand-mère maternelle,
du temps des colonies d'Indochine. " Elles applaudirent toute les
trois. Une serveuse d'une quarantaine d'années, brune, pas spécialement
jolie mais attirante, prit les commandes. Caro nous présenta:
- " Bonsoir, Chloé! Je te présente Alicia, une nouvelle.
Alicia, je te présente Chloé, la sympathique serveuse de
ces lieux, et accessoirement, mon ex. " Chloé et moi échangions
un long sourire. Visiblement, il se passait quelque chose entre nous.
- " Je suis enchantée de te connaître, Alicia. Je te
trouve
Charmante. "
- " Moi de même. Je vous trouve charmante aussi. Pour moi,
ce sera une Suze-cassis, s'il vous plaît, Mademoiselle. " Chloé
me corrigea en faisant mine de me gronder:
- " Hé! Tout le monde se tutoie, ici! Par contre, je ne sais
pas si on a de la Suze. C'est pas trop le genre de la maison. "
- " Si vous n'en avez pas, apporte-moi un vermouth à la place
" Les filles se cantonnèrent à de sordides whisky-coca
et vodka-orange. J'offrais la tournée, à la satisfaction
générale. Steph se doutait de quelque chose:
- " Dis donc, tu es bien généreuse avec des inconnues
Tu veux acheter notre amitié, ou quoi? " Je pris un air outragé:
- " Qu'est-ce que vous allez imaginer
Je veux juste vous mettre
toutes les trois dans mon lit en même temps! " Elles rirent.
- " Vous inquiétez pas, c'est le fric de mon mari. Il en a
pas besoin pour regarder son match
" Je leur fis un clin d'il
entendu. Corinne reprit la parole:
- " T'es forte, quand même. J'en reviens à mon histoire:
si tu savais comme j'en ai marre qu'on m'appelle "La chinoise"!
Mais toi, pourquoi tu mets une perruque? " Ça y est. Démasqué,
le faux-bourdon*. J'essayais de sauver les meubles:
- " Merci de le faire remarquer à tout le monde. J'ai des
problèmes de cheveux. C'est d'ailleurs une des causes du naufrage
de mon couple. Ça et mes kilos. " Elle était confuse,
et le regard appuyé de ses amis n'arrangeait pas son sentiment
de culpabilité. Tout à coup, une voix tonitruante et familière
se fit entendre à l'entrée:
- " Allez, bourrique! Entre! Fais pas ta timide! " Des rires
éclatèrent un peu partout dans la salle, et tous les regards
se tournèrent vers la grande rousse sexy vêtue d'une robe
rouge moulante qui traînait une petite fille par la main. Steph
lança en riant:
- " Quel couple! La poissonnière et sa crevette! " Je
remarquai:
- " Je la trouve très appétissante, la poissonnière...
Je lui mangerai bien la moule. " Elles poussèrent un "
Ohhh! " d'indignation amusée.
Carole fit monter Mélanie sur un tabouret de bar aussi haut qu'elle
et commanda deux verres. Son aisance me fascinait, tous les regards étaient
braqués sur elle. Chloé reparut avec nos consommations:
à la vue de mon verre, les filles firent un " Ohhh
"
d'admiration. Je payai Chloé et me répandais en compliments
mielleux:
- " Bravo! Quelle rapidité! Quel service de qualité!
" Elle me répondit d'un air coquin:
- " Si tu es satisfaite du service, n'oublie pas la serveuse
" Aussitôt, je lui glissai un billet de cinq euros plié
entre les deux seins blottis l'un contre l'autre qui saillaient de son
décolleté. Caro se dressa sur ses ergots:
- " Hé! C'est pas une pute! " Chloé s'interposa:
- " C'est pas grave
" À moi: " C'est à
cause de choses comme ça qu'on s'est séparées. Elle
est trop jalouse et possessive
Pour le service, je pensais plutôt
à un bisou
" Je l'attirai aussitôt à moi
et lui déposai un gros baiser bruyant sur chaque sein, sous les
cris amusés de mes camarades. Elle me glissa à l'oreille:
- " Je finis mon service à deux heures
" Elle nous
quitta en me glissant une illade coquine. Mon dieu! Si j'avais été
une vraie fille
Caro était encore jalouse:
- " Je crois que tu lui as tapé dans l'il
"
Corinne observait mon verre avec fascination, et admirait le dégradé
de couleurs, du jaune au violet. Elle avait même la main dessus:
- " Je peux? " Elle n'y avait sans doute jamais goûté.
- " Je t'en prie. " Elle trempa ses lèvres dans mon verre.
Son visage s'enroula sur lui-même en une grimace de dégoût,
m'évoquant un escargot ayant rencontré du gros sel sur sa
route:
- " Heuârk! C'est amer! On dirait du jus d'oreilles! "
Nous nous sommes toutes mises à rire et à se moquer d'elle.
Je la consolai d'une bise sur la joue:
- " Voilà. Ta curiosité est satisfaite. "
Je surveillais du coin de l'il
mes Laurel et Hardy. Après le premier verre, je vis le ton monter
entre elles. Mélanie lui retint le bras. Carole glissa un mot à
la barmaid qui lui tendit un micro. La musique s'arrêta net et Carole
monta sur les barreaux du tabouret pour dominer la salle. Le silence se
fit presque complètement:
- " Mesdemoiselles et mesdames, excusez-moi de vous interrompre.
Je suis ici en tant que chaperon. J'ai ici à caser une jeune fille
de cinquante printemps qui recherche l'âme soeur. Merci de venir
tenter votre chance auprès d'elle. Je peux vous assurer que c'est
vraiment un bon coup, et elle est aussi vraiment très bien roulée.
Merci de votre attention, et bonne soirée! " La musique et
le brouhaha reprirent. Mélanie, qui était restée
la tête dans les bras pendant sa promotion commerciale, se leva
d'un bond en direction de la porte et lança quelques mots rageurs
à Carole. Elle la rattrapa par le bras in extremis en lui lançant
à haute voix:
- " Hopopop! Où tu vas comme ça?! Attends un peu et
finis ton verre! " Elles étaient l'attraction de la soirée.
Mélanie commençait à
se calmer, et les regards ont fini par se détourner. Carole, séduite
par un morceau qu'elle aimait bien, se mit à danser devant le bar,
dans un endroit assez dégagé pour accueillir une dizaine
de danseurs. Elle attira aussitôt une demi-douzaine de jeunes filles
autour d'elle, de bien jolies nymphes. J'avais l'impression qu'elle leur
faisait la danse du ventre... Mélanie, restée seule sur
son tabouret, décida de la rejoindre sur la piste improvisée,
la boîte de nuit proprement dite n'ouvrant qu'à onze heures.
Je la fixais avec amusement pendant quelques minutes: elle me faisait
penser à quelqu'un, mais à qui...
Corinne, qui avait un petit faible
pour moi et qui me dévisageait sans arrêt, me demanda:
- " Qu'est-ce qui t'amuse tant? tu te moques de cette pauvre fille?
" Je venais juste de trouver la réponse à ma question,
ce qui m'avait fait pouffer:
- " Oui, je me demandais à qui elle me faisait penser, à
danser comme ça... "
- " Et ?... "
- " Eh bien, elle me fait penser à C3PO, le robot aussi débile
que doré du film "La guerre des étoiles". Elle
a vraiment le sens du rythme, y a pas à dire. " Corinne rit
un peu, mais me gronda ensuite:
- " T'es méchante avec cette pauvre fille. Sa copine est vraiment
salope de lui avoir fait un coup pareil. " Je décidai d'aider
un peu le destin:
- " Tu as raison. Je vais l'inviter à notre table. "
Corinne posa la main sur ma cuisse nue, en l'insinuant sous mon bas:
- " Reviens-moi vite. " Je tentai de la mettre en garde:
- " Je te répète que je ne suis pas faite pour toi.
Tu serais très déçue. " Je me levai et me dirigeais
vers le bar. Comme je passai à proximité de mon épouse,
elle m'adressa un baiser du bout des lèvres: Je devais être
son genre
Cela dit, elle faisait de l'oeil à toutes les filles
qui dansaient autour d'elle. Quelle santé...
Mélanie était remontée
en haut de son tabouret, et regardait tristement son verre vide.
- " Bonsoir, je m'appelle Alicia. Et toi? " Elle semblait un
peu paniquée. J'ai dû la tirer de ses sombres pensées:
- " Moi? Heu... Mélanie. C'est joli, Alicia! "
- " Merci! Mélanie aussi, c'est pas mal... Dis, tu veux te
joindre à nous? On est quelques filles à te trouver sympa.
À vrai dire, on a pas apprécié des masses le numéro
de ta copine. Elle est jolie, mais elle a l'air un peu conne. Et très
salope, aussi. " Je l'avais choquée volontairement:
- " Non, dis pas ça, c'est une chic fille. En plus, elle est
mariée. C'est uniquement pour moi qu'elle a fait ça. Mais,
d'accord, je te suis. "
- " Qu'est ce que tu bois, tant qu'on est au bar? "
- " Je reprendrais bien un Margarita. Elle les fait bien, la petite!
"
La barmaid lui répondit par
un sourire et la servit. Une double dose. Je payai et ramenai la crevette
dans mes filets, en repassant devant ma Messaline. Elle dansait tête
baissée, ses anglaises remuant en tout sens. Elle avait toujours
son harem qui ne la quittait pas des yeux : la patronne de la boîte
devrait l'embaucher pour rameuter les clientes... Je me suis rassis à
côté de Corinne -Je l'aimais bien, cette petite- mais plaçai
Mélanie en face d'elle.
Je fis les présentations. J'étais
beaucoup plus à l'aise, à part le fait que Corinne semblait
plus attirée par moi que par Mélanie, et que mes pieds commençaient
à me faire souffrir. Il fallait que je joue sur du velours
Je lançai la conversation:
- " Alors, Mélanie, dis-nous tout: tu es nouvelle sur le marché?
Qui c'est, ta copine loufoque? "
- " Elle s'appelle Carole. À vrai dire, je suis amoureuse
d'elle. Elle est mariée à un petit trou du cul prétentieux,
une tapette qui ne la mérite pas. Elle m'a aidée dans un
moment délicat et les choses se sont... compliquées. Depuis,
elle ne cherche que mon bonheur. Au fait, je suis mariée
Enfin, sur le papier, parce que je ne vois presque plus mon mari: lui,
il a une vie ailleurs, et on se voit de temps en temps. Mais on est restés
copains, quand même. Ce soir, Carole a décidé de prendre
ma vie sentimentale en main. Et me voilà devant vous. "
Connaissant ses petites histoires,
j'ai voulu m'amuser un peu:
- " En parlant de moment délicat, j'ai eu un problème,
le mois dernier. Je vais peut-être vous choquer, mais il m'arrive
de... comment dire... coucher avec mon chien. Il est resté coincé
en moi une demi-heure. Heureusement, il a fini par se dégager.
" Mon anecdote n'a eu aucun succès. Elles semblaient toutes
gênées, et Mélanie a pâli sans parler de son
expérience. J'évacuai le sujet:
- " Mais je vous rassure, je le fais plus, c'est bien trop risqué.
En plus, c'est pas si bien que ça. "
J'avais au moins dégoûté
Corinne, qui semblait maintenant plus intéressée par notre
nouveau membre:
- " Tu fais quoi, dans la vie, Mélanie? "
- " Je ne travaille plus. Trop vieille. Maintenant, on veut des petits
canons derrière les bureaux. Je m'occupe de quelques associations
dans mon village, et du comité des fêtes. " Pas très
vendeur, tout ça
Elle lui retourna la question:
- " Et toi? "
- " Moi, je suis vendeuse dans un magasin de bricolage, le Bricostore,
à Nemours sud. Je suis la reine du rayon plomberie. Si vous voulez
un tuyau... " Nous nous sommes toutes mises à rire.
Carole était assise, en grande
conversation avec une beauté méditerranéenne. Corinne
et Mélanie se sont vite mise à discuter toutes les deux
et semblaient avoir pas mal d'atomes crochus. Je les laissais entre elle
et me mêlais de la conversation des deux autres amoureuses. J'avais
l'impression qu'elle me regardaient avec circonspection depuis mon pseudo
coming-out canin. Steph, qui était à côté de
moi, me glissa à l'oreille:
- " Tu as laissé passer ta chance avec Corinne. Tu as fait
deux conneries: ton histoire de clébard et ramener la crevette
ici. " Je la rassurai:
- " C'est pas grave. Tu sais, je n'ai pas vraiment envie de vivre
une expérience avec une fille. J'aime bien être au milieu
de copines, c'est tout. "
Mélanie manifesta son envie
d'aller aux toilettes. Corinne se leva et l'invita à la suivre
en lui prenant la main:
- " Viens, je vais te montrer. " Caroline nous glissa d'un air
entendu, dès qu'elles eurent le dos tourné:
- " Ouais, elle va lui monter... Tout! Elle fait toujours comme ça
: elle s'enferme avec ses victimes dans les chiottes. Ça peut durer
longtemps. "
Je remarquai soudain que la salle s'était
vidée petit à petit, insidieusement. Quelques couples restaient
encore, mais le plus gros de la clientèle avait disparu à
mon insu. Steph vit mon étonnement et me dit:
- " Ouais, la boîte est ouverte. C'est en bas. Vas-y! Nous,
on reste encore un peu. On a des trucs à se dire, si tu vois de
quoi je cause... " Et elle me fit un clin d'il appuyé.
- " Il fallait le dire, si je vous gêne! " Je leur fis
la bise à tout hasard et descendais aux enfers.
Je passai devant les toilettes. Je
commençais à avoir envie de pisser. Malheureusement, Caroline
avait raison: les toilettes étaient occupées... Une fille
attendait déjà son tour en serrant les cuisses. Il y avait
trois WC, mais je reconnus les pieds de Mélanie, accroupie, et
la voix haletante de Corinne. Ça semblait bien parti entre elles.
J'attendais poliment qu'elles aient fini, et en profitai pour me rajuster
discrètement et vérifier que Carole ne se trouvait pas dans
les autres toilettes. C'était décidément trop long:
je frappai à la porte:
- " Les filles, j'y vais. Amusez-vous bien, mais pas trop longtemps,
il y a des gens qui attendent! " Elles me répondirent en cur,
le plus naturellement du monde:
- " Bisous, à la prochaine! Merci pour le verre! "
- " Pas de quoi. "
Je jetai un regard compatissant à
la pauvre fille qui se trémoussait en grimaçant en attendant
son tour et mis le cap sur la boîte. Une videuse à l'allure
de caricature de lesbienne me barra la route en me désignant le
vestiaire. J'y laissai mon sac, mon béret et ma veste. Je me sentais
toute nue
La boîte était petite, c'était une
cave. Je m'étonnais qu'on puisse ouvrir un tel lieu public avec
des accès aussi réduits : j'en fis part à la videuse
qui me cria dans l'oreille:
- " C'est pour ça que je suis ici! Je dois limiter l'accès
à quarante personnes! et pas de feu, clopes ni joints! " je
lui tapotai l'épaule pour la remercier pour son renseignement.
Elle me regardait d'un sale oeil, elle devait se douter de quelque chose.
En tant que videuse, elle se devait d'être physionomiste
Je trouvais Carole, elle dansait enlacée
dans les bras de la belle plante que j'avais vue avec elle un peu plus
tôt. J'ai failli l'accoster directement, j'avais complètement
oublié que je n'étais pas son mari
Je lui fis un petit
signe timide pour accrocher son regard: elle me jeta un regard de noyée,
avec un sourire incertain. Elle devait être ivre. Je m'approchai
de son oreille et lui criai:
- " J'ai casé ta copine! Elle s'envoie en l'air dans les toilettes!
" Elle rit:
- " La petite cochonne! Elle est encore plus rapide que moi! "
Je désignais sa cavalière qui nous souriait:
- " Tu as trouvé la perle rare, on dirait! "
- " Oui, tu as vu cette beauté? Elle s'appelle Aïcha.
Je la partage avec toi, si tu veux. Tu es mignonne, tu me plais bien.
Tu me fais penser... " Elle se mit à rire. "...Tu me
fais penser à mon mari! " J'étais vexée:
- " Je sais pas comment je dois le prendre! "
- " Rassure-toi, il est mignon! "
- " Tu es venue en voiture?! "
- " Ouais
Enfin, je crois!... "
- " Tu devrais pas rentrer dans ton état! " La belle
plante s'interposa:
- " Elle dormira chez moi, j'habite à côté! "
Je repensai à Mélanie:
- " N'oublie pas ton bibelot! " Aïcha vint à notre
secours:
- " Si sa copine ne l'héberge pas, j'ai de la place dans mon
appart! Tu peux venir aussi! Plus on est de folles!... " C'était
un supplice de décliner une pareille invitation:
- " C'est très gentil, mais il faut que je rentre! À
une prochaine fois! " Je repassai devant la videuse qui ne me quittait
pas des yeux. À ma grande surprise, elle parut déçue
de me voir partir:
- " Tu pars déjà?! Ça te plait pas, ici?! "
- " Si, beaucoup, mais je venais voir une copine! Il faut absolument
que je rentre! "
Je quittai ce lieu bruyant, payai le
vestiaire et repassai par les toilettes. Mes deux amies y étaient
toujours enfermées, mais je ne voyais plus les mêmes pieds.
Cette fois, une des toilettes était libre et je pus me soulager,
en position assise en m'appliquant à ne pas faire de bruit révélateur
en visant le bord de la cuvette. J'eus un peu de mal à remettre
ma bande en place, je ne voulais pas me déshabiller. En traversant
la salle, je vis Steph qui me fit signe, je fis donc un crochet pour la
saluer une dernière fois. Je la croyais seule, mais Caro était
allongée sur la banquette, la tête sur ses cuisses nues:
- " Alors, Alicia, tu les as vues? "
- " Ouais, Steph! Vous aviez raison: elles sont enfermées
depuis un bon moment. C'est pas sympa pour celles qui ont de bonnes raisons
d'y aller
" J'avais mal aux pieds, je me suis assise un peu.
Nous n'avions rien à nous dire,
j'en profitais pour leur faire part d'une remarque:
- " Dites, c'est une idée, ou on n'entend pas un mec chanter?
Il n'y a que des nanas
" Steph trouvait ça naturel.
- " Ben oui, c'est une boîte de filles
" Je montai
sur mes grands chevaux:
- " Mais c'est quoi ce sectarisme de merde?! sous prétexte
que vous êtes des filles, vous escamotez cinquante pour cent de
la planète? Je suis sûre que dans les boîtes gays,
les filles sont plus à l'honneur que les mecs! " Caro se releva,
et elle n'était pas contente:
- " Ho! Qu'est ce qu'elle nous fait, Louise Michel**? Vas-y dans
ta boîte gay, et même, vas-y te faire mettre! " Steph
explicita le propos de sa compagne, en des termes mieux choisis:
- " Tu sais, la plupart des filles que tu vois là -je parle
de mes amies- ont eu, à un moment ou à un autre de leur
vie, une expérience pénible avec un homme. Ici, c'est une
oasis de tranquillité, sans quelque chose qui pourrait nous rappeler
un souvenir douloureux. C'est tout. " Je m'étais bien calmée:
- " Ah bon
Je ne voyais pas ça comme ça
Je vous présente mes excuses. Je suis désolée de
m'être emportée pour si peu. " Caro me fit un grand
sourire:
- " Allez, c'est pas grave. Ne soyons pas plus connes que les mecs.
À la tienne. " Elle leva son verre.
Steph me fit un geste du doigt par-dessus
mon épaule. Je me retournai et vis mes deux tourterelles tout juste
sorties de leur alcôve. Elles étaient enlacées et
semblaient très amoureuses, sur un petit nuage, surtout Mélanie.
Je l'abordai:
- " Ça a l'air de coller entre vous deux! Je suis allée
voir ton amie la rouquine et elle va dormir chez une copine. Tu fais comment,
toi? "
- " Te fais pas de soucis, Corinne s'occupe de moi. D'ailleurs, on
va chez elle. "
- " Pense à la prévenir avant de partir, elle est en
boîte. Moi, je rentre. J'ai horriblement mal aux pieds. " Je
fis la bise à Mélanie et à Corinne, de qui je m'étais
prise d'affection. Je leur glissai tout de même une petite remarque
assassine:
- " C'est bizarre, vous sentez la fille toutes les deux! " Elles
sourirent d'un air gêné. Ce n'était pas vrai, elles
avaient dû se débarbouiller aux toilettes. Je pris la main
de Corinne:
- " Salut ma chérie, et passez une bonne soirée. "
Malgré moi, ma voix exprimait un vif regret. Elle s'en rendit compte:
- " Je suis désolée pour toi. Je t'aime aussi, tu sais...
" je lui fis un grand sourire:
- " Je ne suis pas triste! On se reverra sûrement... J'ai de
la plomberie à faire! " Elle rit.
Je vis Chloé appuyée
au bar, derrière le comptoir, en train de faire ses comptes. Elle
savait que je m'en allais: elle me jetait des coups d'oeil malheureux.
Je décidai de tenter le tout pour le tout, quitte à brûler
mes vaisseaux. Je me dirigeai vers elle avec un sourire engageant.
- " Tu pars déjà? " Elle me faisait des yeux de
cocker triste. Pléonasme.
- " Oui, je suis fatiguée, et j'ai mal aux pieds. "
- " Tu ne m'attendras pas, alors? "
- " Ça dépend de toi. Tu sais garder un secret, même
si c'est grave? " Elle sourit:
- " Tu as tué ton mari? " C'était un peu ça
- " Non. En vérité, le mari, c'est moi. Je suis un
travesti. " Elle éclata d'un rire nerveux:
- " Tu te fous de moi! Qu'est-ce que tu vas pas inventer
"
Comme je restais de marbre, son visage se figea en une expression d'étonnement:
- " Vrai? "
- " Vrai. Tu veux vérifier? " Son regard se perdait dans
la salle:
- " Non, je te crois
Je vois bien que tu as une perruque
Alors, je te fais rien
" Je la pris par les épaules:
- " Hé, C'est pas vrai! Je suis un homme, c'est tout! Alors,
je t'intéresse toujours? " Elle me sourit quand même.
- " Oui, je suis bi. J'aime pas les hommes trop machos, et je crois
que tu pourrais faire l'affaire. Tu
Tu viendras m'attendre, alors?
En fille, je préfère. C'est pour mes copines, surtout. "
- " Avec plaisir. Je rentre chez moi, je me rafraîchis, et
je reviens te chercher. J'espère ne pas trop être à
la bourre. "
- " Je t'attendrai jusqu'à deux heures et demie. Après,
je me tire. Allez, sauve-toi, il est bientôt minuit. " Je lui
déposais un rapide baiser sur la bouche et sortis rapidement.
Je quittai mes nouvelles amies à
regrets, mais je m'étais promise de revenir. Je regagnai mon scooter
et me ruai sur mes baskets. Quel soulagement! Je rentrai paisiblement
et ne croisai que deux voitures. Au loin, des éclairs illuminaient
un mur de nuages menaçants. Après avoir garé le scooter
chez moi, je jetai un oeil sur le répondeur, j'avais deux messages:
un premier -laconique- de Denis qui était rentré et me cherchait,
et un deuxième de Carole -confus- qui disait de ne pas m'inquiéter,
qu'elle dormait chez une copine, le tout dans un brouhaha terrible. J'ai
cru reconnaître la voix d'Aïcha qui disait " Merci Luc,
je t'aime! " ou un truc comme ça. Elles avaient l'air aussi
fumées l'une que l'autre.
Je rappelai Denis: Il répondit
rapidement, à croire qu'il attendait à côté
du téléphone:
- " Oui? "
- " C'est Luc. Ou plutôt Alicia. Je peux venir? " Il était
tout excité:
- " Tu parles! Ça fait presque deux heures que je tourne en
rond. J'ai dû me contenter des vidéos. C'est pas mal, dommage
qu'on nous voit presque toujours par morceau... "
- " Oui, Il vaudra travailler le placement des caméras la
prochaine fois. J'arrive. " Je jetai une poignée de croquettes
au pauvre Ouissecasse -nullement impressionné par mon charme féminin-
qui n'allait pas encore avoir beaucoup de compagnie puis je traversai
la rue, sans me soucier d'un éventuel insomniaque qui irait relater
nos allées et venues suspectes. À mon entrée chez
lui, Denis se liquéfia:
- " Ouah... t'es canon... " Je me débarrassais de la
veste, du sac et du béret et pris des poses aguichantes en ondulant
des hanches. Il se rua sur moi pour me peloter furieusement. Je me laissai
faire de bonne grâce.
Il me souffla dans le cou:
- " D'où tu viens? T'étais où? J'avais tellement
envie de toi... " Son problème de stock devait être
résolu et il avait l'air de vouloir fêter ça
- " Je suis sortie en ville pour tester mon charme. Personne ne s'est
rendu compte de rien. " Il se recula, me détailla de la tête
aux pieds et répéta:
- " Tu m'étonnes... Tu m'étonnes... " Il plaqua
sa main sur mon sexe toujours bandé et me caressa.
- " Oh!
Même là... " Il se recula et commença
à dégrafer nerveusement son pantalon:
- " Suce-moi... " Je m'agenouillai devant lui et l'aidais à
tomber le pantalon et le slip. J'en profitais pour me défaire discrètement
de mes escarpins, de plus en plus insupportables. Je me mis à le
sucer amoureusement, mais il se fit plus brutal. Il se dégagea
après quelques instants et me releva:
- " Allonge-toi sur le sofa. Sur le ventre. " Je m'allongeai
docilement. Il releva ma jupe, baissa ma culotte et tomba avec effroi
sur mon bandage:
- " Enlève-moi ça. C'est moche. " Je m'exécutai
avec difficulté, sans changer de position. N'y tenant plus, Denis
tira dessus pour me l'arracher et me fit assez mal.
Il s'immisça entre mes fesses
sans aucune autre préparation que ma salive sur son membre et le
produit de son excitation. Je criai comme il commençait à
s'enfoncer en moi:
- " Tu me fais mal! Prépare-moi un peu, quand même!
" Il se retira et me donna une grande claque sur les fesses:
- " Tu as déjà oublié que je suis ton maître?
Si j'ai envie de te baiser comme ça, tu n'as rien à dire!
Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir laissé Diane te dépuceler
hier. Le pire, c'est que j'en avais terriblement envie. Voilà.
Maintenant, tu te tais et tu me laisses faire. Sinon, je vais devoir t'attacher
sur la table. Ah non, c'est vrai, elle est partie ce matin. Si madame
la comtesse Machin savait ce qui s'est passé sur la table à
manger familiale, elle ne serait pas contente. Allez. Je veux plus t'entendre.
"
Il reprit sa pénétration
où il l'avait interrompue. Je retenais mes cris en serrant les
dents. La douleur s'estompa peu à peu et fit lentement place au
plaisir. Je commençais à l'accompagner en ondulant des reins,
mais cela n'avait pas l'air de lui plaire: Il me frappa le côté
de la cuisse:
- " Bouge pas! " Je restai donc inerte, et il se mit à
me peloter furieusement les seins à travers mon soutien-gorge rembourré.
Je me sentais à la fois frustrée de ne pas participer et
ravie de me soumettre à sa volonté. Il jouit sauvagement
en me gratifiant de grands coups de reins et s'étendit sur moi.
Il reprit ses esprits:
- " Putain, qu'est-ce que t'es bonne! C'est pas ma Lady Di que je
pourrai sauter comme ça. Elle fait bien l'amour, mais putain, qu'est-ce
qu'elle est coincée avec moi! Avec toi, par contre, elle est nettement
moins réservée... " J'aurai bien aimé lui dire
que s'il agissait comme ça avec elle, il pouvait toujours attendre
ses faveurs
J'avais oublié de lui signaler mon rendez-vous:
- " Denis, il faut que je sois à deux heures à Nemours.
Il faudrait que je parte d'ici à une heure et demie, au plus tard.
"
- " Il te faut une demi-heure? Tu y vas en pédalo, ou quoi?
"
- " Non, en scooter. Carole a pris la voiture. "
- " Prends la mienne. À cette heure-ci, tu risques de te tuer,
ou plutôt de te faire tuer. Tu as un rendez-vous galant? "
Il était assez détendu, et apparemment pas jaloux. Il venait
de se libérer d'une bonne dose de testostérone en moi.
- " Oui, avec une fille. Merci pour la voiture! " Avec l'orage
qui menaçait, elle était vraiment bienvenue.
- " Tu l'as draguée comme ça? en fille? "
- " Oui
Si tu savais le succès que j'ai, c'est dingue.
Même Carole est folle de moi. "
- " Arrête, je sens que je vais être jaloux. Qu'est ce
qu'elle en dit, Carole? "
- " Elle ne le sait pas. Je compte sur ta discrétion pour
ne pas lui en parler. Je pense lui en faire la surprise. " Il me
caressa les épaules en m'embrassant la nuque:
- " Mais tu viens de me dire qu'elle te trouvait à son goût
"
- " Oui, mais elle ne m'a pas reconnue. "
- " Holà! Mais tu joues un drôle de jeu, là
" Je ris:
- " Oui, et je m'amuse beaucoup. Ça te dirait de faire mon
mari macho? " Il rit aussi.
- " Ah ouais! Ce serait fendard! " Il était toujours
sur moi, et l'évocation de mes frasques l'excitait. Je sentais
son sexe reprendre vie.
- " Maintenant, tais-toi. On a plus d'une heure à tuer
"
À suivre dans "
La carotte Nantaise 9: Rendez-vous galant. "
* Male de l'abeille. Il se fait sortir
à coups de pompe de la ruche par les ouvrières, et meurt
sur le trottoir.
** Anarchiste, meneuse lors de la commune de paris en 1871.
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