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La Passion D'Esther

Par Esther Langlewich

 

Attachée.

Deux mois plus tard, au moment où la routine pointait à l’horizon, après avoir fait l’amour, chez moi, comme un couple de petit-bourgeois, le lit encore emprunt de nos sueurs, les draps en léger désordre, Igor m’invective à brule-pourpoint : « Esther, tu ne me fais pas confiance ! » Je proteste sans mentir : « Mais non, j’ai confiance en toi. » - « Prouves-le ! » - « Mais comment le puis-je ? » - « Laisses-moi t’attacher… » Je n’entends pas la suite, car déjà mon imagination gamberge. Je m’imagine nue sur le lit, les quatre membres écartelés, tendus par des chaînes rivées aux quatre pieds du lit, à la merci d’Igor dont je soupçonne les intentions sadiques. Je me souviens de son injonction brutale m’ordonnant de me raser la chatte, de son assaut violent pour me déflorer, et surtout de l’histoire de sa relation avec Philomène. Ne m’a-t-il pas menacé d’aller plus loin avec moi qu’avec elle… Je m’identifie immédiatement à cette Philomène contrainte de lui offrir son petit trou et d’avaler son sperme…

La terre tremble, je suis prise de vertige, électrisée par l’angoisse. Tout mon être proteste. Mais la peur d’être attachée sans pouvoir me défendre, produit, comme par deux fois déjà (dans ma vie antérieure où je me suis vue délestée de moi-même), un orgasme fulgurant. Mon corps se tord, mon vagin laisse couler un liquide odeur de pomme de terre pourrie. Je ne peux plus cacher à Igor mon état de femme au paroxysme de la jouissance. Il constate simplement : « Nous sommes faits pour nous entendre. Tu jouis au moment où tu te sens piégée. Au moment où tu ne veux pas lâcher prise, mais où tu sens qu’une force étrangère t’obligera à te soumettre, c’est à ce moment-là que ton corps bondit au septième ciel. Je m’en souviendrai. » Ces paroles menaçantes s’incrustent dans ma tête. Mais mon corps ne réagit plus ; il attend simplement que s’accomplisse l’acte qui l’a, par avance, fait réagir avec la violence d’un transport amoureux.

Finalement, j’entends la voix d’Igor, d’une étonnante douceur. (Peut-être a-t-il deviné que je ne résisterai pas.) : « Allons, écarte tes jambes et tes bras, je vais t’attacher. » J’obéis et je reste là de longues minutes, le corps en forme de croix de saint André, pendant que Igor s’éclipse pour chercher dans mes tiroirs de quoi me fixer. Finalement, je suis écartelée par les chevilles et par les poignets. L’opération dure longtemps, car sont inadaptés les rubans, les foulards et les ceintures que mon amant a trouvés dans ma penderie. Au bout du compte, je suis là, immobile, nue sur le lit, sans pouvoir bouger. Igor regarde son œuvre. Seul commentaire de sa part : « Il faudra trouver des liens plus commodes ». Puis il s’en va, fermant la porte. J’entends la porte d’entrée s’ouvrir puis se refermer à clef. Une idée terrifiante me saisie : « Et s’il allait me laisser là… Mais non ; il ne ferait pas ça. » Une autre idée, affolante, me traverse l’esprit : « Vais-je rester clouée ici, sans pouvoir aller aux toilettes le moment venu ? » Vertige, dégoût, frisson d’horreur. Mon corps réagit par la fièvre et la sueur. L’orgasme annonciateur de cette position terrifiante est encore loin. Mais une nouvelle idée me traverse le crâne, comme un fer rougi au feu : « Et s’il avait un accident ?! » Je formule en moi-même l’hypothèse selon laquelle Igor, volontairement ou non, ne reviendrait pas… Non, il ne ferait pas cela. « Et s’il lui était empêché de revenir ?! à la manière du Patient anglais, cette histoire dans le film avec Juliette Binoche : l’Anglais avait promis de revenir, mais la guerre, l’administration stupide, les injonctions des supérieurs bornés, l’en avaient empêché. Et sa maitresse était restée à l’attendre, mourant de soif, dans la grotte au milieu du désert... »

Mourir de soif ! Il paraît qu’on meure de soif avant de mourir de faim. Cette perspective atroce provoque en moi, pour la seconde fois aujourd’hui, un orgasme irrépressible. L’on dit que la strangulation provoque, dans les instants qui précèdent la mort, une jouissance sexuelle à nulle autre pareille. C’est ce que je viens d’expérimenter.

Mais non ! Mon amant va revenir. Pour le moment je ne suis plus qu’une pauvre grenouille de laboratoire, les pattes fixées sur la paillasse, le ventre offert au scalpel du laborantin. J’entends la la clef de la porte d’entrée entrer dans la serrure. Ouf ! La mort prend rendez-vous pour un autre jour. Igor constate immédiatement les effets de mon orgasme. « Décidément, dit-il, tu n’as pas besoin de mon corps pour exciter le tien ; mes menaces te suffisent. » Sur ce constat, il défait mes liens, masse mes poignets, me prend doucement dans ses bras. « Je suis allé chez l’épicerie libanaise ouverte toute la nuit, de quoi faire un réveillon. Repose-toi pendant que je prépare. Puis-je mettre le champagne au congélateur ? » Sans attendre la réponse, Igor s’éclipse. Je me rallonge entre les draps, ne sachant quoi penser. Quelle invention tordue Igor prépare-t-il ?

En fait, tout se passa le plus bourgeoisement du monde. Aucune mauvaise surprise, bien au contraire. Au menu de ce réveillon improvisé : foie gras truffé, biribis et champagne –pas tout-à-fait assez frais, pour dire le vrai. Le reste de la nuit fut nourri de câlins soyeux. Je guettais dans mon corps le retour de l’orgasme. En vain. Je n’arrivai pas à oublier les deux explosions que les menaces absurdes avaient provoquées en moi au début de la nuit. Je ne pouvais séparer ces plaisirs extrêmes de la brutalité sadique de mon compagnon. Je me sentis obligée, comme poussée par une man invisible, à récompenser mon partenaire. Est-ce Igor le sadique monstrueux, est-ce Igor l’amant prévenant que je voulais remercier ? Impossible de distinguer les deux ; car à l’évidence, ma jouissance fut provoquée par le côté sombre de mon partenaire. Sans le vouloir vraiment, mais comme si ce devoir s’imposait naturellement, je lui offris mes reins.

Je lui propose, timidement, comme si je lui faisais un immense cadeau : « Si tu veux, tu peux me prendre par derrière… » - « En levrette ? » J’hésite un instant… puis, je me jette à l’eau : « Non. Pas en levrette. Par mon petit orifice. Sodomise-moi ! » - « Tu es sûre ? » Je réponds avec l’assurance d’une enfant : « oui ! » Igor ne manifeste aucun signe de gratitude, pas de même de satisfaction. Sur le ton qu’il aurait pris pour me demander « passe-moi le sel », il me dit d’une voix neutre : « Mets-toi sur les genoux, au bord du lit, le front bien collé sur le matelas, à la manière d’un Mahométan adorant son Dieu. » J’obéis sans mot dire.

Je ne sais pas quoi faire de mes bras. Igor se place derrière moi, debout. Je l’entends ordonner de la même voix neutre : « De tes deux mains, écarte tes deux fesses, … que ton petit trou soit bien exposé. » J’obéis encore, tout en sentant monter en moi une tension nerveuse. J’attendais un Igor plus prévenant, conscient de la valeur du cadeau que je lui fais, qui m’eut encouragée, voire accompagnée dans ce sacrifice que je lui offrais pour son seul plaisir. (Son seul plaisir ? Est-ce bien sûr ?) Au lieu de cela, il prenait mon cadeau comme un dû, et ne semblait tenir aucun compte du prix que je le payais. « Les cuisses…, plus écartées ! » L’ordre claque et me touche, comme un coup de fouet. « Plus bas ! Que ton cul soit à la bonne hauteur ! » Le ton agressif me fait immédiatement regretter mon offrande. Offrande… ? Geste futile –je m’en rends compte maintenant- dans cette liturgie où je ne suis plus qu’un objet, la brebis muette entre les mains du tondeur.

Un instant plus tard, je sens un doigt –sans doute l’index- frapper à l’entrée de ma caverne sacrée. Mais je suis tellement tendue que le sphincter refuse le passage. La porte de derrière reste fermée. « Ne bouge pas » demande Igor. Je ne sais à quoi m’attendre. Sans prévenir, mon amant me frappe violemment de la paume de sa main sur ma cuisse droite. « Ail !... » Mes mains lâchent mes fesses, puis, après une hésitation, reprennent leurs positions pour dégager à nouveau mon petit trou. Je n’ai droit qu’à un bref commentaire, purement technique : « Pour amadouer ton cul récalcitrant. » Un autre coup, encore plus fort, cuisant, au même endroit, sur la même cuisse. Je me sens humiliée. La tête toujours sur le drap, je sens monter des larmes, moins de douleur que de honte.

La technique de la fessée, sur la cuisse rendue sensible à coups de patin, doit être efficace ; car je sens l’index franchir la porte de mes reins, non sans se heurter à une forte résistance. Le sphincter se resserre, tente d’expulser cet intrus. Mais l’assaillant progresse. Bientôt je sens les phalanges du poignet toucher mon postérieur. Le doigt ne peut s’enfoncer plus loin. Il se retire lentement ; mais au moment où il va disparaître, il replonge dans mon intérieur, et chemine pendant de longues secondes en un va-et-vient ininterrompu. Mon sphincter abandonne peu à peu une lutte perdue d’avance. Le doigt avance et recule, de plus en plus vite, jusqu’au moment où il ne sent plus qu’une molle résistance. C’est à ce moment précis qu’un deuxième doigt, un peu plus gros –le majeur, sans aucun doute- se joint au premier. La même bataille se déroule. Je sens une douleur provoquée par ma chair éraflée. J’en aurai la preuve un peu plus tard, inscrite sur mon drap maculé d’un peu de mon sang qui s’écoulera mélangé au sperme de mon « amant ».

Durant toute cette bataille, Igor, le vainqueur, se tait. Lorsqu’il estime que ses deux doigts qui ont ouvert la voie d’accès ont suffisamment préparé le terrain, il présente sa tige à la porte ainsi entr’ouverte et, me saisissant fermement par les hanches avec ses deux mains, pénètre brutalement ma rosette. Un cri m’échappe : « Non, tu fais mal, arrête ! » Igor n’entend pas. Il manœuvre sa verge comme un puissant piston. Je pleure. Il n’en a cure. L’opération dure une ou deux minutes, jusqu’au moment où, toujours silencieux, Igor déverse son jus dans mon rectum. Puis il se retire, s’allonge mollement sur le lit et, d’un geste dédaigneux, me renverse sur le dos. Je pleure de rage impuissante.

Je ne saurai jamais quel plaisir il a pris : le plaisir d’avoir éjaculé dans les reins de la vierge qu’il avait déflorée quelques semaines auparavant-, comme en une sorte de « deuxième première fois » qui provoquerait la même jouissance un peu spéciale-, le plaisir de m’avoir humiliée en se servant de moi comme d’un jouet inerte, brebis muette conduite à l’abattoir, ou encore celui d’avoir suscité en moi un tel sentiment d’abandon –sinon d’amour- que j’ai pris l’initiative de m’humilier moi-même en lui offrant mes reins ? Pour ma part, ma maigre consolation fut le sentiment d’avoir payé de ma personne –à un prix qui me semble tout-à-fait disproportionné- mon geste de reconnaissance. Tout compte fait, je me suis fait piéger. Et c’est moi la seule coupable.

Quelques minutes plus tard, Igor me gratifie d’un commentaire étonnant : « Tu comprends maintenant la parole de l’apôtre Paul sur l’amour ; l’apôtre disait qu’il aurait beau offrir son corps aux flammes du sacrifice –c’est ce que tu as fait-, s’il ne le faisait pas par amour, il n’était qu’une cloche. Esther, tu as cru faire un grand sacrifice en m’offrant ton cul ; tu croyais t’offrir par amour, mais ce n’était pas de l’amour. Sous couvert d’altruisme, sous prétexte de mon plaisir, tu ne faisais que te rechercher toi-même ; tu étais fascinée par la générosité de ton propre sacrifice. La preuve ? Ton cul fermé, obstrué par le stress, refusant de s’ouvrir à mon dard. Réfléchit-y : ma verge n’est pas plus volumineuse que les étrons qui s’échappent de ton cul lorsque tu chies. Ce que tu laisses passer facilement de l’intérieur vers l’extérieur de ton corps –et souvent avec la délectation d’une libération- tu l’as bloqué dès lors que mon bâton, pas plus gros que ta merde, a voulu passer de l’extérieur vers l’intérieur. » Igor a sans doute raison ; je croyais être généreuse, je ne faisais sans doute que me gratifier moi-même ; et cette idée me désole. Je boude.

Je reconnais qu’il n’a pas entièrement tort, et qu’il m’a percée à jour : je suis surtout préoccupée par l’idée que je me fais de moi-même, y compris dans mon phantasme de vierge sacrifiée, obnubilée par son sacrifice, fière de cette destruction d’elle-même, source ultime de son plaisir sexuel. C’est peut-être pour ça que je suis incapable de ne pas « l’aimer ». (Il me faut mettre désormais ce verbe entre guillemets.) Quelques minutes plus tard, nouvelle interpellation : « Esther ? Tu boudes ? » Je ne réponds pas. Mon silence vaut approbation. Igor quitte le lit, va chercher quelque chose dans un tiroir –ou un sac, je ne sais pas-, revient, et me dit sur un ton qui n’admet aucune réplique : « Remets-toi en position, comme tout à l’heure ! » Je suis tétanisée. Mais, par une sorte de réflexe, je me place sur les genoux, le front collé au drap, les deux mains écartant mes fesses. Je sens, non pas un doigt, pas même la verge d’Igor, mais un gros objet rond se présenter à la porte de mon cul. Par une forte pression qui me fait hurler de douleur, Igor, sans coup férir, fait pénétrer l’objet. Mes reins avalent l’objet. « C’est un œuf en bois, dit-il, un œuf de couturière, que ma grand’mère utilisait jadis pour raccommoder le talon des chaussettes. Tu ne l’as pas voulu, tu ne l’as pas demandé, tu ne peux donc t’enorgueillir comme si tu avais décidé toi-même. C’est ça ton vrai sacrifice : le sacrifice de ta propre volonté sur l’autel de mon désir pervers. J’exige que tu gardes cet œuf en bois dans ton cul jusqu’à demain, au moment que je fixerai arbitrairement. Et si je décide de te le faire couver toute la journée, ce sera toute la journée. Si tu l’expulses avant que je t’en donne la permission. Rien ne se passera. Sinon que notre relation prendra fin, sans retour. »

Par une sorte d’estime de moi, bien mal placé, je mis un point d’honneur à conserver l’œuf en bois dans mon rectum. Préoccupée par ce souci, je ne dormis pas beaucoup. Le lendemain matin durant le petit-déjeuner, sans chercher à s’excuser, Igor demande : « Alors, cet œuf ? » - « Il est toujours là où tu l’as mis » - « Expulse-le ! » Je me lève pour aller aux toilettes. « Non, Esther, ici, sur le carrelage de la cuisine. » Étonnée, j’hésite, puis, relevant ma nuisette, je m’accroupis devant Igor et, les cuisses écartées, je force mes reins à expulser l’œuf en bois. Igor s’en saisi au moment où je me relève pour m’asseoir sur le tabouret de cuisine. Tenant près de ma bouche l’œuf souillé de mes excréments, il ne dit qu’un seul mot : « Lèche ! ». Je reste un long moment sans réagir. Finalement, prenant ma respiration comme pour me jeter dans l’eau froide, je m’exécute. L’opération me répugne et me donne des nausées. Igor me présente l’objet sous toutes ses faces.

Le nettoyage terminé, Igor m’explique, comme s’il me détaillait la recette de la tarte Tatin : « Je crois que ton plaisir sexuel est à l’opposé du mien. Moi, je trouve mon plaisir au moment où je force la résistance de ma partenaire, où je l’oblige à subir ce qu’elle ne veut pas –ou-bien, comme toi cette nuit, à regretter le sacrifice qu’elle a consenti sans trop réfléchir. Toi, en revanche, ton plaisir n’est pas physique, il est mental ; il ne trouve sa conclusion physique qu’au moment où la terreur panique s’incarne dans ton corps. » Je tente un geste de dénégation, sans conviction ; car je sais qu’Igor a vu juste. Il conclut : « Il est trop tard, ce matin, pour t’en faire la démonstration. Mais je t’en administrerai la preuve lors d’une prochaine rencontre, si, du moins, tu veux bien que nous nous rencontrions à nouveau… » Prise par je ne sais quel mouvement intérieur, et en dépit de la nuit épouvantable que je viens de subir, je réplique sans réfléchir : « Mais bien sûr qu’il y en aura une. » Sitôt prononcée, je regrette ma réponse. Mais, fascinée par la tragédie dont je suis la victime –ma passion pour Igor-, ma réponse me cause une certaine satisfaction.

Durant les semaines suivantes, nous avons passé, Igor et moi, plusieurs nuits ensemble. Mais il ne fit aucune allusion, ni aucun geste, concernant cette fameuse démonstration. Nos rapports sexuels tranquilles n’eurent rien des orgasmes de qualité qui m’avaient secouée lors les quatre circonstances de terreur panique, les seuls moments où je peux dire sans mentir avoir été possédée par la vraie jouissance sexuelle qui irradie dans tout le corps et me transporte au septième ciel.

Un soir, à peine le souper achevé, la vaisselle traînant encore sur la table de ma cuisine, Igor ordonne : « Esther, mets-toi nue, et masturbe-toi devant moi. » Je suis secouée par cet ordre soudain, que rien ne laissait prévoir. Mais je sens monter en moi une excitation de bon augure. J’obtempère, laisse tomber mes fringues. Je veux garder mes baskets ; Igor, d’un geste, me fait signe que « non ». Debout devant lui, nue comme un ver, les jambes légèrement écartées, je porte ma main droite vers mon bas ventre et commence à me frotter le clitoris. Le regard d’Igor me paralyse. Je force un peu la main, frotte avec conviction, certaine que le plaisir va naître. Le plaisir se fait attendre. Ce n’est qu’au bout de plusieurs minutes, au moment où je commence à désespérer, et craignant le regard ironique qu’Igor ne manquera pas de me lancer, que je sens arriver de très loin le signe annonciateur de l’orgasme. Finalement un orgasme arrive, maigrichon ; je feins de le ressentir plus violent qu’il n’est ; puis, après quelques trémoussements de mon corps, laisse pendre ma main.

Sans transition, Igor me lance : « Esther, va t’allonger sur le lit, jambes et bras écartées ; je vais t’attacher ; tu es la grenouille sur la paillasse du laboratoire ; je suis le laborantin qui va s’occuper de toi. » Sans réfléchir, le cerveau rempli d’un épais brouillard, je m’exécute. Igor me rejoint quelques secondes plus tard, tenant dans les mains des cordes, liens mieux adaptés que mes foulards et ceintures. Il m’attache avec soin aux quatre pieds du lit, les membres tendus. Cette position me rappelle la séance similaire au cours de laquelle, craignant d’être laissée ainsi, j’ai joui d’un orgasme qui m’a submergée. Aujourd’hui, forte de l’expérience passée, ma crainte est moindre et mon excitation est tombée, laissant place à une simple curiosité. Qu’a-t-il inventé ? C’est alors qu’Igor me demande : « Esther, ta masturbation t’a-t-elle emportée au septième ciel ? ». Je réponds « Oui ; d’ailleurs tu en as été le témoin oculaire. » Igor me coupe la parole : « Menteuse ! Tu veux me faire croire que cette excitation besogneuse t’a conduite à l’orgasme. Tu as voulu me tromper. Tu as fait semblant ; mais les spasmes de ton corps étaient faux. » - « Mais non, je t’assure. » - « N’aggrave pas ton cas. Tu mens ! Le spectacle que tu m’as donné a au moins prouvé une chose : ton bouton d’amour ne te sert de rien. C’est la peur qui provoque ta jouissance, et non pas l’excitation physique. Tu n’as donc pas besoin de ton clitoris qui ne te sert à rien. C’est pourquoi, je vais te l’enlever. »

À ces mots, je trésaille. La peur me noue le ventre. J’essaie de me raisonner en pensant aux millions de femmes excisées et qui n’en continuent pas moins à pratiquer des rapports sexuels presque normaux. Mais au moment où je pensais retrouver un peu de calme, Igor me jette dans un abîme sans fond en précisant : « Je vais brûler ton clitoris avec un fer chauffé à blanc. Je l’appliquerai sur ton bas-ventre durant au moins dix secondes, de manière à détruire définitivement les nerfs de la jouissance clitoridienne. » Avant même qu’Igor n’esquisse le moindre geste pour exécuter son projet insensé, une forte secousse me tord l’abdomen, comme si mon corps voulait rompre les liens qui me plaquent sur le lit, et je ressens un orgasme fulgurant, de la race de ceux qui, par quatre fois déjà, m’avaient transportée hors de moi-même. Un flot de cyprine coule de mon vagin. Igor, qui était resté près du lit, me regarde en souriant : « Voilà la preuve que je t’annonçais. Tu n’as guère joui de ton excitation physique. Mais tu as connu un orgasme immédiat dès que je t’ai laissé apercevoir la violence inouïe que tu vas subir sans pouvoir y échapper. » Après quelques secondes, il poursuit son monologue : « Le problème avec toi, c’est qu’il me faut exécuter la sentence annoncée. Sinon, n’auront plus aucun effet les menaces qui me servent à provoquer en toi les seuls orgasmes dont tu peux être fière. »

 

FIN

 

 

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