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Les odeurs étaient fortes, mais
pas du tout déplaisantes. Jétais fatigué,mais
de cette fatigue physique qui apportait un grand contentement. Une nuit
torride, ou lon ne mavait pas laissé beaucoup de repos.
Javais oublié à
quel point il était plaisant de se réveiller, chaudement
entouré, après une nuit dexcès. Cinq louves,
juste pour moi. Et pour faire changement, assez de temps pour apprendre
à les connaître. Assez de temps pour quelles apprennent
à me connaître.
« Je suis frappée à
quel point tu sembles être véridique lorsque tu te dis innocent.
» La voix de Stanza dans mes oreilles, à peine plus quun
murmure. Elle avait ses bras autour de moi, sa poitrine et son ventre
contre mon dos. Des odeurs que je portais, la sienne était la plus
marquée.« Cest que je le suis, » je lui répondis.
« Ma famille, mes amis, mon clan, la Légion, tous ont tenté
de me prouver innocent. Les preuves sont accablantes. Je crois que seuls
les membres de ma famille me croient innocent. Et encore, jai certains
doutes. »
Elle prit quelques instants avant de
me répondre. Puis, « jai étudié ton dossier,
jai fait mes recherches lorsque loffre ma été
faite dêtre de celles qui taccueilleraient à
ton arrivée. Limage que je me faisais ne correspond pas à
ce que je tiens entre mes bras. » Sa voix était sobre, son
ton légèrement menaçant. « Jai un bon
jugement. Ce jugement est en conflit avec les faits. Je déteste
me faire jouer. »
Un long silence de ma part. Comment
répondre? Ceux de mes amis qui ne sétaient pas déclarés
mes ennemis mavaient indiqué quils ne désiraient
plus me voir. Mon clan mavait signifié que je passerais probablement
le reste de ma vie à essuyer la dette dhonneur qui entachait
se réputation. Ma famille mavait supporté inconditionnellement.
« Considère moi coupable.
Cest plus simple. »
La morsure quelle me donna en
réponse était douloureuse. Elle nétait pas
entièrement inattendue, ce qui me permit de contrôler ma
réaction.
« Regarde moi, Arkel, »
elle mordonna, dun ton mat.
Je pris soin de ne pas réveiller
personne en me tournant, me retrouvant museau contre museau avec elle.
Son expression était hostile, son regard était menaçant,
promettant la guerre ouverte à vie si je lui mentais.
« Regarde moi dans les yeux.
Tu es innocent, ou coupable? »
« Innocent. » Jutilisais
un ton neutre, sans inflexions. Je tenais son regard sans difficulté.
Il était difficile pour un loup de mentir à un autre loup.
Très difficile.
De longues secondes à me regarder
droit dans les yeux, puis sont expression sadoucit un peu. «
Arkel
ces derniers jours
» Sa voix était un peu
étranglée, « les derniers jours ont été
tels que toute louve devrait avoir, jour après jour. Je peux prétendre,
pour quelques jours encore. Je naurai probablement jamais dautre
opportunité comme celle-ci. Si un jour japprends que tu viens
de me mentir, que tu viens de ruiner ce moment
»
Je lui donnai un sourire dur, «
rien de ce que tu peux faire battra ce que mes amis mont fait ou
me feront pour le reste de mes jours. » La trahison de lamitié
était lune des pires, et cette perception que javais
trahi leur confiance totale mavait valu des ennemis motivés.
Elle hocha de la tête. «
Très bien. Je te crois. Jai vu les preuves. Tout se tient.
La seule manière pour que cela soit, et que tu sois innocent, est
que quelquun ta délibérément visé,
a construit les preuves de toutes pièces. Qui? Pourquoi? »
Un petit sourire soulagé de
ma part, content de voir quelle pouvait faire un tel saut, de me
faire confiance. « Jétais un simple cadet officier,
prometteur, mais sans plus. Aucune importance. À part dêtre
loup et male
rien. »
Elle me posa des questions, elle fit
ce que me amis avaient fait alors quils me croyaient toujours innocent.
Ce quavaient fait la défense, ma famille, le procureur, le
juge, la Légion, mon clan
que de frustrations, de questions
sans réponses, de preuves inattaquables.
Le juge, comme le voulait la coutume,
mavait offert dadmettre mon crime, et de men tirer sans
peine de prison sil me croyait sincèrement repenti. Jaurais
eu à présenter mes excuses à toutes les personnes
concernées. Mes amis mauraient pardonné. Mon clan
maurait pardonné. La société entière
maurait pardonné. Je naurais pu continuer dans larmée,
mais
mon futur naurait pas été entièrement
détruit.
Trop fier, pour admettre un crime qui
nétait pas le mien. Le juge, voyant que je continuais à
clamer mon innocence, avait ordonné des compléments denquête.
Mes amis, mon clan et ma famille, tous avaient remué ciel et terre
pour moi. Et navaient trouvé que dautres preuves de
ma culpabilité. Le juge, courroucé par mon manque de bonne
foi manifeste mavait condamné à la prison de Shilo,
la pire, la plus dure, pour cinq ans, le maximum quil pouvait donner
pour une cause de trahison. Il ne me restait quun mois à
faire pour servir ma peine. Dans quelques jours, jy serais de retour.
**
Arta faisait partie de notre mini-meute.
Sa vie était en sécurité entre nos mains, mais nous
lui avions appris à en douter, ces derniers jours. Avec laccord
de Stanza, javais demandé aux louves de sen servir,
de lasservir, de faire delle leur jouet. Pour ma part, jen
avais un usage plutôt rude. Javais laissé sur la lapine
lemprunte de mes dents, en mains endroits, prenant soin de ne laisser
que des marques qui ne seraient visibles quau toucher.
Elle portait au cou un collier que
javais fabriqué en prison, en prévision de cette proie
qui serait mienne. Ce collier épais, fait dune substance
qui ne pouvait être distinguée du cuir, était ciselé
de scènes érotiques mimpliquant. Javais choisi
à lavance le sexe et lespèce de ma proie, ce
qui mavait permis de la tracer sur le matériel. Le collier
avait des ouvertures, pour me permettre de la mordre au cou si je le désirais.
Il avait aussi un long anneau recouvert de cuir capitonné et attaché
à une longue languette de cuir, et plusieurs dents de métal,
toutes courbées dans la même direction. Lorsque lanneau
était tiré, la surface interne rétrécissait,
et des lamelles de cuir appliquaient une pression directe sur les voies
respiratoires
Nous lavions utilisé,
ces derniers jours. Parfois pour de longues heures à faible intensité,
se servant des dents de métal pour barrer en place la languette,
parfois juste pour quelques minutes, mais très serré. Elle
avait souvent eu le souffle court, ma lapine, sur le bord de lévanouissement
à plusieurs reprises. Nous avions pris grand plaisir à lexciter,
à lui faire perdre le souffle.
Comme maintenant. Elle me chevauchait,
magrippait de toutes ses forces.Lanneau du collier était
entre mes doigts. Sa respiration était laborieuse, saccadée.
Je ne bougeais pas, lui laissait faire tout le travail, lencourageait
à brûler son oxygène, à consommer plus quelle
ne pouvait inspirer. Les louves étaient autour de nous. Nous navions
rien mangé depuis le petit matin, et les grognements destomac
navaient rien de simulé. Et les louves la caressait, la mordillait.
Et la mordait parfois au sang, puis léchaient ce sang, férocement.
Elle poussa un petit cri lorsque je
tirai lanneau, resserrant ainsi son collier. Ses yeux étaient
larges, son expression était intense. Elle me regardait avec des
pupilles qui se dilataient lentement, voyait ce sourire de loup que je
lui donnais. Je lui avais dit que nous la dévorerions si elle ne
pouvait me satisfaire avant de perdre connaissance. Je la sentais saccrocher,
se débattant pour rester consciente, se concentrant pour me forcer
à jouir
mais deux louves avaient eu leur tour avant elle,
et il y avait ce plaisir quelle ne pouvait résister, venant
de toute part, cinq paires de mains, cinq bouches, dévouées
à son plaisir.
Je la regardais, je voyais chaque étape
sur son visage, comment elle sentait un picotement partout à la
surface de sa chair, comment elle perdait sa vision périphérique.
Le plaisir, sa principale sensation, et je la faisais durer, je la laissais
parfois prendre un peu plus dair. Un équilibre délicat.
Les louves laidaient à bouger, lencourageant, lui faisant
des promesses qui caressaient son Endoctrination. A moitié consciente,
ses inhibitions abandonnées des jours avant, elle se laissait aller,
perdant parfois connaissance pendant quelques secondes, revenant à
elle graduellement mais à la sensation dun plaisir qui navait
jamais cessé.
« Prépare toi
»
Mes mots, murmurés quelques instants après lui avoir laissé
le plaisir rarement apprécié de profondes inhalations dun
air vital. Elle se tendit, haletant rapidement, goulûment
et puis je tirai, lentement, fermement. Jusquà ce que le
cliquètement de la barrure se fasse entendre. Un cliquètement
dont je lui avais parlé, mais dont elle navait jusqualors
pas entendu le son. Elle ne pouvait presque plus respirer.
« Joui de ce que tu peux, »
je lui dis, la tirant à moi, puis tournant nos deux corps jusquà
ce quelle soit sous moi. Je lavais laissé récupérer.
Elle avait quelques dizaines de secondes de conscience en avant delle,
pas plus. Elle le savait. Elle nétait plus certaine de sa
sécurité. Son Endoctrination
était déchaînée,
vraiment libérée pour la première fois de sa vie.
Son dos forma un arc malgré mon poids qui lécrasait,
ses mains formant des poings dans lépaisse fourrure de mes
épaules, et elle me présenta sa gorge.
Poussée par son Endoctrination,
cette culmination de plusieurs longues heures de jeu, ce plaisir doté
dune intensité quelle navait encore jamais connu,
il ny avait rien que je puisse faire pour amoindrir son orgasme.
Je ne pouvais que laméliorer. Et je savais très bien
comment; une vigueur très grande, la prise de sa gorge entre mes
dents, des grognement féroces, des morsures de la part des louves
Tout cela elle obtint dans ces précieuses
secondes. Elle se débattait, ses instincts prenant le contrôle
alors même que ses désirs lui faisaient rencontrer mes poussées
avec son corps. Un jeu dangereux, car mes dents la tenaient fermement
afin de maintenir lillusion, mais cétait un jeu dans
lequel jétais maître. Je la sentais glisser, faiblir.
Je continuais, laccompagnais aussi loin que possible, jusquà
ce que Stanza me tape lépaule tel que convenu. Je laissai
aller sa gorge, puis appuyai sur un bouton camouflé, et son collier
la libéra dun coup sec, lui permettant de respirer. Stanza
lui administra rapidement une injection qui la garderait inconsciente
pour les heures à venir. Elle vérifia ses signes vitaux,
puis me donna un sourire.
« Tu es certain que tu ne veux
pas de ta proie? Tu las mérité, et elle en serait
honorée, tu sais
»
« Nous en avons déjà
parlé. Non. » Un ton plaisant, mais ferme.
Elle haussa les épaules. «
Comme tu voudras. » Elle caressa les courbes de la lapine avec regret,
et je savais que la louve, elle, naurait pas hésité.
Jespérais avoir donnée
à Arta les outils dont elle aurait besoin. Elle se réveillerait
dans quelques heures, portant nos odeurs. Sur son bureau, divers documents
: lun deux avisant tout prédateur quelle était
mienne et mienne seulement, un autre lui détaillant ce que je voulais
delle, pour les années à venir, comment me contacter
afin quelle puisse me rejoindre si elle ne pouvait plus résister.
Des documents, sous format électronique, certains dentre
eux verrouillés par des dates, qui lui donneraient accès
à des photos de nous, delle. Lune des louves était
très bonne avec une caméra, et avait pris de nombreuses
photos, et filmé beaucoup. Avec ses souvenirs, mes instructions,
ses photos et enregistrements pour but, elle arriverait peut-être
à contrôler ses désirs.
Nous lui avions donné les armes,
et cétait maintenant à elle de se battre.
**
Je regardais mon épinglette
dans son écrin avec incrédulité. Les louves étaient
autour de moi, fières et heureuses. Gravé à la surface
était la Croix de Sivant, une marque qui nétait décernée
que quelque fois par année, qui demandait la signature du Premier
Ministre. Elle signalait à tous que javais survécu
lune de mes épreuves avec un très grand courage et
une détermination inébranlable. Tel que le voulait la coutume,
cette nouvelle allait être rapportée dans tous les médias,
ainsi que les circonstances lentourant.
La marque noire de ma condamnation
pour trahison, ainsi que toutes les autres marques auxquelles jétais
habitué étaient bien présentes sur lépinglette,
massurant que ce nétait pas une erreur.
Une joie indicible. Ma famille, avec
qui le seul contact que javais depuis cinq ans était un bulletin
officiel standardisé, allait être très fière.
Un peu de baume sur les plaies. Cela aiderait énormément
les relations avec mon clan, puisque ma valeur sen trouvait fortement
appréciée. Un mois. Un mois avant de sortir de prison, de
faire de nouveau face à la société. Javais
hâte. Javais peur.
Stanza prit lépinglette
dargent et me la fixa au collet. « Nos félicitations,
Arkel. » Elle se colla contre moi, membrassa, et je répondis
avec émotion, lui laissant savoir avec ce baiser les sentiments
que javais pour elle, pour cette confiance quelle me faisait
en acceptant ma parole. Javais de nouveau une alliée qui
nétait pas de ma famille. Les autres étaient moins
certaines, ou encore croyaient en ma culpabilité, mais elle avait
semé un doute dans leur cur. Stanza et les autres allaient
voir si elles ne pouvaient trouver de nouveaux indices. Elles ne trouveraient
pas, mais ce qui importait était leffort, la tentative.
Elles menserrèrent, lune
après lautre, me murmurèrent leurs invitations à
un jour les retrouver, leurs bons souhaits. Deux dentre elles étaient
probablement enceintes, et les autres avaient un droit sur moi, lorsque
leur temps viendrait. Toutes avaient bien sur gagné ce droit. Les
membres du sexe féminin ne faisaient pas face à des épreuves
mortelles, mais seules celles qui portaient les marques requises à
leur épinglette avaient le droit de chercher la compagnie des males
de leur espèce. Il était probable que sur toute planète
autre que Kivat, la louve au fond de notre petite hiérarchie aurait
été une louve assez forte pour être une louve dominante.
Dautres sociétés nous accusaient deugénisme,
mais nos ancêtre avaient payé de leur sang, avaient résisté
lextermination avec de maigres moyens, et jamais plus Kivat ne serait
envahi, quel que soit le prix à payer.
Des derniers adieux, puis je mis mon
manteau, pris mes quelques possessions, et sortis résolument dans
la froide nuit polaire pour prendre lavion sans jeter un regard
en arrière.
Le
Loup 3
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