La tension était à couper
au couteau. Je venais dêtre piégé, métais
fait avoir comme un marcassin.
« Alors, Citoyen, tu ne
réponds pas? »
Que répondre? Le lapin avait
frappé durement. Il était furieux. Il se trouvait à
avoir raison, à tout le moins selon les standards de Kivat, que
japprenais à nuancer. Aucune des réponses que jaurais
pu donner naurait été valide, à ses yeux.
Son odeur était intense. Amizar,
qui avait toujours été une personne calme. Amizar qui, il
y avait longtemps avait été un ami indéfectible.
Il était en uniforme, astiqué, et prit le gant blanc unique
qui faisait partie de luniforme, nétait jamais porté,
et sen servit pour me gifler au visage, son seul réel usage,
me signifiant ainsi son mépris le plus profond. Je ne fis aucune
réponse.
« Jaurais espéré
que la prison taie réformé. Il demeurait dans mon
cur un doute lointain. Ce doute est mort. » Sa voix était
froide. « Je vais écrire au département de la
citoyenneté pour relater les faits. Je tenverrai ma copie
pour que tu puisses corriger toute erreur que je pourrais faire. Tu prends
esclaves. As-tu trahi Kivat pour Shavayan, en plus?! Tu nes pas
digne de notre citoyenneté. » Il y avait une grande
douleur dans sa voix. Un moment de silence. Un juron de dépit,
profond. Puis, « jai honte de tavoir déjà
eu en grande estime. »
Il prit mon béret dune
main, le tourna. Lépinglette de lAcadémie Militaire.
Il allait lenlever. Ma première réaction, de capturer
son poignet dune main. « Tu peux dire beaucoup, Amizar,
mais cette épinglette mappartient de droit. »
Je le regardais droit dans les yeux.
Ses narines frémissaient, sa
colère visible malgré sa retenue. « Tu déshonores
tout ce que tu touches. Mais tu as raison. Si la réputation de
lAcadémie ne veut rient dire pour toi, alors garde la. »
Il aurait laisser tombé le béret, mais jétais
en béquilles, et il y avait certaines limites à ne pas franchir.
Il me laissa le reprendre, et je le relâchai.
Il se tourna pour faire face aux louves
et au coyote. Leur donna une courbette. « Mesdames, monsieur
»
Il se redressa, claqua les bottes, et avec toute la confiance et la dignité
de son rang, il se retira des lieux.
Un court moment de silence, rompu par
Vaya qui, se levant, dit « Sélène. »
La louve en question se leva, serrant
les dents. Elle savait ce qui allait se passer. Pour être admis
sur les lieux, Amizar avait été invité. Sélène
lavait fait, et je savais quAmizar naurait jamais impliqué
une tierce partie sans son consentement. Sélène et
deux autres- avaient joint le navire sur Conamel. Un bon contact, qui
avait pris un tournant désastreux lorsquelle avait appris,
pour Valérie. Il ny avait pas que Kivat qui détestait
les coutumes de Shavayan.
Chaque club lupin avait sa zone de
combat. Elle était massivement surclassée par Vaya qui lui
offrit une correction dont elle allait longtemps se rappeler. Dune
certaine manière, Sélène avait défié
Vaya en sachant exactement ce quelle faisait. Vaya, se sentant profondément
responsable, incapable dintervenir autrement, passa sa frustration
sur lautre louve, sauvagement. Je ne restai point pour voir.
Peut-être aurais-je dû.
Attendant à lextérieur, accotée contre une
cloison les bras croisés, la Sergent Varenn attendait patiemment.
« Tu fuis ta honte, Citoyen? »
Cinq mots. Des paroles assassines,
ayant plus dimpact de par leur véracité. Rien dautre
de sa part. Elle venait de faire exactement ce quelle voulait faire.
Ennemie déclarée, agissant selon les règles, comme
Amizar lavait fait.
Jencaissai, la regardant un moment,
sans arrêter. À mes cotés, Valérie avait lair
malade.
De quoi avais-je lair? Jétais
un peu détaché, comme si un obus avait explosé trop
proche de moi, sans laisser de blessure visible sauf pour une certaine
stupeur.
Lofficier politique de leur unité
les avait laissé quitter la zone réservée aux Légionnaires,
naturellement. Un état dennemi déclaré permettait
certaines choses.
La renarde des sables avait été
présente dans le club, mais les autres gardes ne savaient pas,
sentaient que quelque chose dimportant venait de se passer.
Dune certaine manière,
cétait une bonne chose. Depuis plusieurs jours, depuis que
je savais quils étaient à bord, je métais
demandé de quelle manière ils agiraient. Je savais, maintenant.
Rien de cela ne ce serait produit si
jétais resté sur Kivat. Valérie allait offrir
une prise merveilleuse à ceux qui me voyaient comme un ennemi à
harceler. Je men étais bien douté, javais commencé
à me faire à lidée, mais ça allait être
difficile.
**
Plusieurs heures pour absorber le choc.
Un autre mattendait dans ma boîte de courriel : un message
visant les citoyens de Kivat se trouvant à bord, les avisant des
faits. Aucun mensonge, la vérité tel que vue par mes ennemis,
minvitant même à présenter ma version des faits.
Cette fois, il y avait quelque chose
à faire. Javais écrit au Ministère de lImmigration
suite au marché conclu avec Vaya, et je mis le document en pièce
jointe. Jallais me faire tailler en pièces, mais au moins
linformation allait être complète.
Un autre courriel, celui-ci bien plus
difficile à écrire, destiné à ma famille.
Au moins, ils lapprendraient de moi en premier.
**
« Je suis désolée. »
Il y avait de lamertume dans la voix de Vaya. Elle avait anticipé
des problèmes, mais navait pas prévu des conséquences
aussi sérieuses. Elle se blâmait.
« Ça va. Cétait
à moi de refuser Valérie. Je
ne suis pas surpris. »
Un long silence. Mes mots navaient
rien fait pour la réconforter.
« Est-ce quils peuvent
vraiment mettre ta citoyenneté en péril? »
Couché sur le sofa, un coussin
sous la tête, je me posais cette même question depuis environ
deux heures. « La procédure de destitution est très
rarement déclenchée. Il faut des crimes profondément
graves pour le faire. » Un traître qui possédait
une esclave? Ça regardait mal.
Elle allait dire une chose, puis se
ravisa.
« Si cétait
à refaire, je le referais probablement. Valérie a fait un
choix personnel en toute liberté, est libre de sen aller
quand bon lui plaira, et ceux de tes esclaves qui le désirent trouveront
un havre en Kivat. Je suis satisfait. Il me faut maintenant assumer. »
Javais fait le tour de la question.
Jétais en paix avec mes choix. Tant pis pour le reste.
Cétait dur de sen
convaincre.
Vaya se leva, un air déterminé
sur sa face. « Ne tinquiète pas pour ta citoyenneté.
Je men occupe. »
Je la regardai, surpris. Comment pouvait-elle
affirmer une telle chose? Il ny avait rien quune citoyenne
de Shavayan puisse faire qui aiderait mon dossier. Cependant, elle parlait
avec une assurance que javais appris à respecter.
« Et comment feras-tu? »
Elle me donna un sourire tendu. « Il
est temps pour moi dobtenir une audience avec Arlenn Kerzah. Elle
saura comment désarmer la situation. »
Si quelquun le pouvait, cétait
effectivement elle. Je me levai, mais la louve me fit signe de rester,
« je ne veux pas de toi avec moi. Tu peux dire ce que tu voudras,
mais cest moi qui ai précipité les choses, et ce pot
cassé, je peux le réparer. Je dois le réparer. »
Je pouvais comprendre. Elle se sentait
responsable, et jaurais fait pareil dans une telle situation.
« La décision, cest
moi qui lait prise. »
Elle hocha de la tête, mais je
voyais bien que ça ne changeait rien, en ce qui la regardait. Elle
sen alla, dun pas déterminé.
**
Amizar se tenait debout, dans mon chemin.
Jaurais pu prétendre ne pas lavoir vu, jaurais
pu prendre un corridor latéral. Il avait voulu être vu dune
bonne distance. Son expression devint plus dure lorsque je ne refusai
pas laffrontement.
Je marrêtai devant lui,
au beau milieu du corridor, les gens nous passant par la gauche et par
la droite. Il regarda mes béquilles, mes gardes qui portaient une
expression très neutre. Ils désapprouvaient, mais ils en
savaient assez au sujet de Kivat pour ne pas interférer.
« Tu as des amis haut placé,
Arkel, » il me dit.
Je haussai les épaules. « La
Croix de Sivant à cet effet sur les Impériaux, il semble. »
« Ce nest pas la première
fois que jentends parler de ça, » il admit. « Et
puis il y a des rumeurs
» Il me disait cela dun
ton troublé, et je pouvais imaginer quelles sortes de rumeurs pouvaient
courir.
Il ny avait rien à répondre.
Et il ne pouvait rien demander de ce coté.
Il sembla sébrouer. « Ta
Vaya, cette louve de Shavayan, elle nous a demandé quand était
la dernière fois que nous avons fait libérer des esclaves
de Shavayan. Elle nous a très clairement expliqué les enjeux.
Elle nous a aussi montré le document que tu as envoyé au
Ministère de lImmigration. »
Il vit mon expression changer. « Mon
document? »
Il était rapide. « Dois-je
comprendre quelle navait en principe pas accès à
ce document? »
« Cest ça. »
Il serra les dents. Linvasion
de la vie privée nétait pas tolérable pour
un citoyen de Kivat. « Je ne laurais pas lu si je lavais
su. »
« La faute nest pas
tienne. Je doute quelle pensait que nous nous parlerions ainsi. »
« Je sais. De toute manière,
cest un mal pour un bien. Je ne sais pas ce que jaurais fait
à ta place. Où plutôt, je sais. Jaurais fait
une chose similaire, je crois, si javais confiance que la parole
donnée par quelquun de Shavayan allait être respectée. »
Il posa les yeux sur la renarde se tenant à mes cotés, regardant
Valérie avec une curiosité qui ne pouvait être exprimée.
Puis, retournant les yeux sur moi,
« je suis désolé de tavoir attaqué
sur ce point sans avoir été au courant de tout ce que jaurais
dû savoir. La Sergent Varenn et moi avons convenu quil ny
a pas lieu décrire au Département de la Citoyenneté.
Je te présente mes excuses sur ce point. Varenn ne ten présentera
aucune. »
Un grand soulagement, que celui la.
« Des excuse ne sont pas nécessaires. »
À cela il ne répondit
rien. « Je demeure ton ennemi, Arkel. Mon officier politique
ne me donnera pas dautres opportunités lors de ce voyage,
mais nos chemins se croiseront encore, un jour. » Une voix
calme, une expression déterminée, une promesse inéluctable.
« Je sais. »
**
Vaya était dans mes bras. Les
odeurs étaient fortes. Elle se frottait contre moi, repue.
Elle me lécha le museau. « Jai
entendu dire que tu as rencontré le Lieutenant Amizar? »
« Tu as des espions partout. »
Elle ria, manquant la pointe daspérité
que je navais pas entièrement réussi à cacher.
« Tu mes précieux, Arkel. » Elle était
enthousiaste, me raconta comment Arlenn lavait conseillée
et lui avait fourni des armes. Et lune delle, le document
que javais écrit. Une grande légèreté
à cette nouvelle. Et un peu de honte. Javais résolu
de ne pas lui en parler, de ne rien laisser paraître. Je ne lui
avais pas donné loccasion de se défendre. Elle était
innocente, ce nétait pas elle qui avait intercepté
mes communications privées, mais le personnel de lAmbassadrice,
qui était totalement justifiée puisque cétait
une question de sécurité Impériale. Javais
toujours assumé que les services Impériaux garderaient un
certain degré de monitoring sur ma personne.
Je nétais pas seul. Contre
mon dos, je sentis Valérie se détendre. Sa tension navait
fait quaugmenter lorsque je navais pas confronté Vaya,
la renarde comprenant très bien ce qui se passait dans ma tête.
Un vieil adage de Kivat me revint : il vaut mieux risquer dêtre
trahi par un ami que den douter.
Vaya était volubile, soulagée
de la bonne résolution de la situation. Elle sentit le partage
de ce soulagement, de cette légèreté desprit.
Elle me tourna sur le dos, prenant soin de ne pas donner de coup à
ma jambe blessée, et se coucha sur moi. « Tu seras un
Maître sur mon monde, un jour. Tu as beaucoup à apprendre
»
Elle disait cela en souriant, dun ton enjoué et léger,
qui lui permettait de prétendre quelle ne faisait que samuser,
quil ny avait rien de sérieux dans ses mots. Je savais
très bien ce quelle faisait. Elle navait pas abandonné
la partie, mais jétais étrangement disposé
à jouer le jeu, un peu. Je désirais grandement sa compagnie,
sur une base de longue durée. Nous trouverions certainement une
solution à lépineux problème de cette obligation
pour moi de devenir un Maître, pour peu que nous cherchions cette
solution.
« Jai beaucoup à
apprendre? »
Elle me lécha le museau. « Oui.
La discipline de tes esclaves, par exemple. »
« Oh? »
« Comme pour Valérie. »
« Oh? »
« Cest elle mon espionne.
Cest elle qui ma parlé de ta rencontre avec le Lieutenant
Amizar. » Elle me disait cela avec un sourire en coin, un amusement
profond dans ses yeux. Une fausse déclaration, bien évidemment.
Valérie émit un son aigu,
sa gorge momentanément trop serrée pour protester. Elle
comprit rapidement ce qui se passait, cependant.
« Oh! Non! Je suis révélée!
O Maître, ne me punissez pas! » Sa voix était
pleine de crainte, et elle frémissait contre mon dos. Une prestation
très crédible, neut été de son odeur,
qui navait aucune peur, mais possédait une pointe rapidement
grandissante dexcitation.
« Hmmm. Je la fouetterais
bien, mais
»
Vaya hocha de la tête, « mais
en béquilles, ça nest pas parfait. Et puis, tu dois
apprendre à le manier avant den faire usage sur quelquun.
Il y a bien dautres manières
»
« Et tu en as à me
suggérer? »
« Bien sur. »
Quelques minutes plus tard, nous étions
à pied duvre, en train de mettre à Valérie
un corset qui
faisait des merveilles pour ses formes déjà
très belles.
« Serre plus fort. »
Jétais un peu inquiet,
mais Vaya savait ce quelle faisait. Valérie laissa échapper
un petit gémissement.
« Elle feint, ne tinquiète
pas. Elle a porté des corsets une bonne partie de sa vie. Plus
fort. »
Je serrai plus fort chacune des lanières,
prenant soin dy aller très graduellement.
« Ce qui est plaisant dans
un corset, à part de lallure quil te donne, cest
quand tu lenlèves. Une sensation de bien-être que tu
ne peux imaginer. » La louve me disait cela avec un petit sourire,
comme si elle se remémorait certains souvenirs.
« Tu en as déjà
porté? »
« Oui. Cela peut paraître
inconfortable, mais tu ty habitues, et lallure quil
te donne
Encore un peu plus serré
cest bon.
Debout, Valérie, montre lui.»
Valérie se mit debout, et se
tourna lentement. Un corset noir, qui faisait un beau contraste avec sa
fourrure brun-rouge. Elle semblait avoir une poitrine plus ample, couverte
par le corset, et sa taille sen trouvait très amincie. Des
petites culottes noires que Vaya lui fit enlever.
Suivant les instructions de Vaya, elle
mit des bottes de cuir au fini mat et à talons hauts montant à
mi-cuisse. Un cuir souple, qui moulait parfaitement ses courbes on ne
pouvait plus féminines. Un jupon noir, de longs gants de cuir noir
mat qui montaient jusquen dessous des coudes. Pour finir le tout,
un collier de cuir, lui aussi dun noir profond. Elle portait déjà
des boucles doreilles. Elle était
ravissante. Malgré
mes efforts de la soirée, je sentais lenvie de
la prendre.
Vaya me fit approcher. « Tu
dois faire attention avec ceci. Si tu serres trop, elle sévanouira. »
Elle me montra une languette de cuir, au collier. Elle me fit y mettre
de la tension. Je nétais pas confortable, mais lodeur
de Valérie prenait de lintensité.
« Sil y a une chose
quelle adore, cest celle-ci. » Vaya me dit. « À
moins dun serrement accidentel, elle ny touchera pas, alors
tu dois poser les bonnes questions, laisser les bonnes instructions. »
Elle me fit arrêter lorsque la tension désirée fut
atteinte. Elle me montra le bouton caché qui permettait de tout
desserrer dune seule pression du doigt.
« Si elle ne bouge pas,
elle respirera bien. Si elle marche, fait des activités légères,
elle aura le souffle court. Des activités plus fortes? Elle pourrait
aller jusquà sévanouir. Ce quelle aime
le plus? Faire lamour, être à la limite de son souffle,
à lendroit où tu perds la périphérie
de ta vision, la ou elle devient grise, et les sensations les plus intenses
prennent la place des sens qui sestompent. Tant que tu nas
pas plus dexpérience, ne serre pas plus fort. À ce
niveau, le pire qui puisse arriver est quelle perde connaissance
quelques instants. »
« Ça me semble dangereux
»
je lui dis, un peu inquiet.
Elle hocha de la tête, « ça
lest, si tu serres plus fort, sans savoir ce que tu fais. Mais à
cette coche, il ny aucun risque. »
Je donnai des instructions à
Valérie, pour quelle me le dise si cétait trop
serré, et de ne jamais hésiter à presser elle-même
le bouton. Elle hocha de la tête, « oui, Maître,
mais il viendra un temps ou vous mattacherez. Vous devrez reconnaître
vous-même les signes
»
Eut-elle été moins enthousiaste
que je naurais pas voulu rien essayer. Mais il était manifeste
que ceci était une chose qui la faisait brûler.
Vaya me prit par le bras. « Viens.
Allons prendre une douche. Jai une idée
»
**
Pour un Maître de Shavayan, le
nombre et la « qualité » des esclaves lentourant
étaient des signes de son importance. Il était toujours
embarrassant de marcher avec Vaya, particulièrement dans des lieux
bondés.
Les habillements y étaient aussi
pour quelque chose. Les mâles de Vaya avaient fière allure,
se portaient avec élégance et raffinement, portant lécusson
au couleurs et armoiries de la famille Shavayan. Plus dune tête
se tournait à notre passage. Valérie, habillée comme
elle létait, attirait elle aussi lattention. En leur
présence, je passais pratiquement inaperçu. Vaya était
elle-aussi assez remarquée, mais cétait plus une question
que les regards cherchaient à voir qui était la Maîtresse.
Elle ne cherchait pas particulièrement à briller.
Le casino était bondé,
mais il semblait que la louve était bien connue des autorités
du casino. Nous nétions pas encore entré que déjà
elle avait acquis un chaperon, un lapin dapparence impeccable, qui
senquérait de ses désirs, et allait au-devant de ses
besoins.
Les rouages du casino étaient
bien huilés : malgré la foule, on nous ouvrit le chemin
discrètement, et un ascenseur nous attendait pour nous mener au
deuxième étage. Un tel traitement de faveur métait
en principe répugnant, mais comme je nen étais pas
la cible, et que nous nétions plus dans le système
planétaire de Kivat, je regardais avec amusement.
Des gens de tous les mondes, habillés
de manières différentes. Les sons, les odeurs, lambiance
électrisante, les consommations gratuites
tout cela était
excitant. Jétais distrait, regardant ces gens qui gagnaient,
perdaient. Au deuxième étage, il y avait moins de gens,
et ceux-ci avaient une apparence plus fortunée. Le chaperon de
Vaya lui trouva une table de BlackJack, et lui offrit une petite boîte
de plaquettes rectangulaires en céramique, métal et plastique,
estampillées du logo du casino, avec une puce électronique
à lintérieur. De diverses couleurs, et de formes légèrement
différentes, afin que les espèces ne pouvant distinguer
les couleurs puissent reconnaître la dénomination.
Je vis comment Ayel, lun des
esclaves de Vaya, signa discrètement un papier notant la réception
dun certain montant.
Vaya joua un peu, mexpliquant
les règles du jeu. Elle gagnait, elle perdait. Elle mexpliquait
pourquoi. Rien de compliqué.
Elle voulait me faire prendre sa place,
mais jétais suspicieux, lui demandant la valeur des plaquettes.
La plus petite avait une valeur de 500 ducats. Elle ria de mon expression,
peut-être un peu déçue de ne pas avoir réussi
à me piéger. Une petite heure agréable, passée
à la regarder perdre une somme équivalant à la valeur
de la maison familiale
« Pas une bonne soirée, »
elle me dit, se levant, décidant enfin de couper ses pertes. Elle
me prit par le bras, me mena au restaurant du casino. On tenta de nous
donner la meilleure table, qui permettait de voir tout ce qui se passait
en bas de la mezzanine, mais mes gardes sobjectèrent :
si je pouvais voir, cest que je pouvais être vu. Une table
dans un coin tranquille, avec vue sur lespace par un gros hublot.
On nous apporta la carte des boissons. Je nouvris pas la mienne,
car jallais prendre de leau, comme toujours.
Vaya me parlait, massurait quelle
gagnait plus que ce quelle ne perdait cela me surprenait car
cela allait contre les statistiques- mais elle semblait réellement
le croire, alors
il y avait un mouvement, à ma droite, les
mâles de Vaya formant brièvement un mur alors que Valérie,
qui avait perdu quelque chose, se glissa sous la table pour retrouver
lobjet. Jallais bouger pour laider dans ses recherches,
mais Vaya posa une main sur mon poignet, secouant légèrement
la tête, clairement amusée.
Un moment plus tard, je compris, alors
que Valérie se glissa entre mes jambes, ses doigts agiles détachant
ma ceinture, ouvrant ma braguette. Javais les yeux écarquillés.
« Laisse. Cest une
autre des choses quelle aime. Elle ne sest pas encore fait
prendre, » Vaya me chuchota. Mes gardes savaient, ne serait-ce
que parce quils ne pouvaient plus voir Valérie, et quil
y avait une seule place ou elle pouvait être. Les gens aux tables
avoisinantes navaient rien remarqué. La nappe cachait beaucoup,
et les esclaves de Vaya bloquaient la vue.
Jaurais protesté, mais
la sensation dune langue sur mon membre était trop immédiate,
et le résultat trop puissant, pour que je veuille réellement
résister.
« Tu fais quoi, quand tu
te fais attraper? »
Elle ria, « tu souris, fais
un clin dil, dis un commentaire léger, paies, et tu
bats en retraite. Ils sont rares, ceux qui vont pousser les hauts cris,
particulièrement si tu laisses un bon pourboire. Ils riront, en
parleront à tout le monde, mais sans plus. »
Valérie me prit complètement
dans sa bouche. Jétais déjà très dur.
Vaya me tapa légèrement le poing gauche, « relaxe.
Parle moi de
» et elle démarra une petite conversation.
Tenir mon bout de cette conversation nétait pas facile. Je
regardais constamment, tout autour, mais, quoique certains regards étaient
parfois jetés dans notre direction, cétait plus une
question des esclaves qui attiraient lattention.
Puis la serveuse revint, pour prendre
la commande. Elle ne se doutait de rien, et Vaya
faisait par exprès,
demandait plus dinformation sur telle ou telle boisson, prit beaucoup
de temps avant de faire son choix.
Valérie
ce nétait
pas la première fois que je sentais sa langue, mais cette fois
ci, elle se dépassait. Je compris rapidement que son but était
de me faire réagir, me faire nous trahir. Je pouvais lentendre,
aussi. Elle respirait plus lourdement, excitée, son cur battant
vite, brûlant de loxygène plus rapidement. Avec son
collier de cuir, tout serré, mon membre dans sa bouche
La serveuse revint, avec mon verre
deau et lexpresso de Vaya. Vaya, qui samusait, qui posa
quelques questions à la lapine, qui semblait être du genre
à aimer se laisser engager dans une conversation, surtout lorsque
cette cliente était fortunée. Il me fallait sourire, avoir
lair détendu, prétendre
Jadorais. Cétait
une surprise, puissante et délicieuse. Sur Kivat, après
une chasse, il était normal de servir la chasseresse qui vous avait
choisi, et de le faire devant les yeux de tous. Ceci
était
différent, comportait une bonne dose dillicite excitant.
Vaya me regardait, et je la sentais
excitée. Elle se doutait bien que je navais jamais fait une
telle chose, avant. Pour une décadente fille de Shavayan, me voler
un peu de mon innocence était une chose séduisante.
Je fermai les yeux lorsque vint mon
moment, mes cuisses serrant la tête de la renarde, éjaculant
copieusement dans une bouche avide et chaude. De longs moments à
me concentrer à paraître calme, à forcer louverture
de mes yeux. Vaya me regardait, avec son petit sourire en coin, accotée
nonchalamment sur le dossier de sa chaise. Satisfaite.
Valérie me lécha bien,
avant de refermer mes pantalons et de boucler ma ceinture. Une pression
de mes jambes. Valérie comprit aisément. Je la sentais bouger,
se tourner.
Vaya se tendit presque imperceptiblement,
son expression se figeant. Mon sourire aurait pu être celui quelle
arborait, il y avait à peine quelques minutes
Le
Loup 10
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