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Histoires Des Invitées

This Is The End, My friend....

Par Rubberjohn

 

 

Ce qui reste de la conscience d’Emma se remémore ce titre fameux dont le rythme lancinant lui revient en mémoire… Qu’est que la vie pense-t-elle ? Emma a disparue, Whore s’est substituée à elle, volontairement à chaque étape de son parcours auto-programmé de destruction. De son fétichisme innocent est né une pulsion violente, sado-masochiste, qui l’a conduit à renoncer graduellement à chaque composant de son identité de femme libre. De ce qui n’était qu’un jeu entre adultes consentants, est aujourd’hui une prison sans pitié dont elle sait, délibérément, qu’elle ne sortira jamais, vivante. Aujourd’hui, face à ses juges, elle n’a plus aucun droit dans cet espace qu’a su installer l’Organisation à qui elle s’est confiée, librement. A chacun de ces instants solennels où elle confrontée à ses juges, elle sait qu’elle va descendre un cran plus bas dans la conscience. Son image, sa liberté, ne sont déjà plus qu’une petite lumière faible et vacillante, portée par un corps magnifique et totalement transformé. Mais aujourd’hui la volonté n’est plus là. Elle est lasse de cette vie de recluse, de ces interminables moments de solitude où son cerveau n’a plus de matière première pour continuer à fonctionner. L’apathie la gagne, elle a encore conscience qu’elle est en train de la perdre. C’est cela, être esclave, pense-telle. Ne rien vouloir, ne rien pouvoir, dépendre des autres. Ce qui l’excitait totalement dans son projet initial ne lui provoque aujourd’hui aucune émotion. Elle comprend que dans les phases initiales de son parcours la transgression était le carburant de ses audaces et nourrissait ses désirs les plus fous. Mais désormais, elle a le sentiment de ne plus pouvoir encore aller très loin dans ces excès. Elle ne ressent plus rien de ses longues séances de sodomie imposés par ses clients, son anus dilaté ne lui transmet aucun signal de plaisir, elle ne craint plus le fouet même si la douleur atteint encore ses centres nerveux intacts. La descente dans le puits où elle est désormais enfermée, stockée comme un déchet nucléaire, pense-telle en souriant, créé certes de nouvelles angoisses et provoque des réactions qui la réveillent. Mais après plusieurs heures d’enfermement, il n’en reste rien. Elle perd la notion du temps, assoupie dans un demi-sommeil permanent. C’est pour cela que l’idée de la mise en scène de sa propre exécution reste le seul champ de conscience qui lui procure une excitation. Elle souhaite que cela prenne beaucoup de temps, au moins quelques jours, qu’elle soit consciente de chaque étape. Ce chemin final, elle veut le réussir brillamment comme le reste. Mais les scénarios qu’elle imagine se traduisent tous par une fin trop rapide….Seule la crucifixion létale lui parait réunir le plus d’éléments… positifs, douleurs, durée, spectacle…

es pensées sont interrompues par la reprise du discours de ses juges et tuteurs. C’est Magdalena qui prend la parole :

« Whore, ton audace à vouloir aujourd’hui librement passer à la phase 4 de ton contrat, c’est-à-dire ta terminaison volontaire, a suscité, nous pouvons le dire, beaucoup de débats entre nous. Certains considéraient que c’était l’issue naturelle de la situation où tu t’étais graduellement enfermée et nous devons admettre que Peter a été très actif pour soutenir cette solution, en nous rappelant vos débats et ton insistance à ce que cette clause soit très clairement inscrite dans ton contrat. Il a même souhaité être ton exécuteur et proposé une crucifixion lente provoquant une agonie douloureuse qu’il se faisait un immense plaisir à prolonger. Nous avons toutefois pensé que cet acharnement était très personnel et ne pouvait, à lui seul, justifier une telle décision, même légitime car, selon les règles qui régissent nos esclaves, toute décision doit être lucide et contractuelle. Nous avons pensé que ta valeur intrinsèque justifiait un prolongement temporaire de ta survie. Notre décision intègre la plupart des paramètres que tu as évoqués: ton ennui et ton manque de stimulation, conduisant à la perte graduelle de tes facultés cérébrales, ta désensibilisation sexuelle et sensorielle quasi-totale, aggravée par tes conditions de détention, le manque de communication avec d’autres êtres humains. Bien que tous ces facteurs aient été prévisibles, car soigneusement planifiés par toi seule, nous pensons au sein de l’Organisation que nous devons valoriser l’investissement que nous avons fait sur toi. Nous avons donc imaginé un nouveau cadre de traitement pour toi. Voici les dispositions que nous avons décidées et pour lesquelles ton accord est sollicité.

Sans quitter ta résidence actuelle, tu vas être rattachée à un nouveau référent qui s’est proposé pour te gérer en direct. Il s’agit de ton ancien patron, qui a été très heureux de te retrouver et s’engage à te traiter avec toute la dureté requise. Mais tu auras désormais quelqu’un à qui parler. Il souhaite vivement valoriser l’actif que tu représentes et développer activement la carrière d’esclave prostituée. Par ailleurs nous souhaitons utiliser tes talents de ta vie professionnelle d’avant ton choix de l’abandonner pour devenir esclave. Il se trouve que ton nouveau référent – nous préférons ce terme à celui de maître qui laisserait entrevoir une relation affective privilégiée – a imaginé que tu pourrais redevenir active sur le plan financier. En effet l’Organisation doit faire face à de nouveaux défis pour gérer ses finances. La complexification du blanchiment d’argent, la disparition officielle des paradis fiscaux, imposent beaucoup plus d’imagination et il a pensé que tu serais capable de conseiller utilement la direction financière de l’Organisation. Nous avons validé cette orientation originale. Ainsi tu auras un nouveau défi professionnel qui occupera tout le temps disponible en dehors de tes sévices sexuels. Nous pensons que ceci te donnera encore envie d’exercer tes talents sexuels. Toutefois je dois venir à un point certainement négatif pour ton évolution. Ton référent nous a parlé d’un chirurgien très habile... »

Whore se souvient effectivement de cet échange et commence à trembler devant la perspective de nouvelles mutilations. Mais Magdalena ne lui laisse pas le temps d’imaginer.

« Dans un premier temps tu seras donc amputée des deux bras au niveau des épaules. Rassures-toi tu n’auras pas besoin de clavier pour remplir ta mission, les commandes vocales y pourvoiront efficacement. Pour te préparer à cette mutation radicale, qui implique que te reprennes l’habitude de marcher sans l’usage de tes mains et de tes bras, tes bars seront attachés dans le dos de façon définitive avant leur ablation dans quelques mois. Cette disposition transitoire te permettra de t’habituer à ta nouvelle vie. Nous sommes sûrs que cela augmentera ton attractivité et nous avons commandé une garde-robe complète qui intègre cette nouvelle situation. Rassures-toi, ton élégance sera préservée, ta rééducation te permettant de remarcher avec des talons hauts. Nous sommes convaincus que tu vas aimer cette situation de dépendance totale, moins totale toutefois que si nous avisons décidé également de l’amputation de tes membres inférieurs. Mais j’ai parlé d’une première étape... »

Whore est sans voix face à cette escalade dans l’horreur. Le pire qu’elle ait pu imaginer se réalise. Elle en tremble de tout son corps. Des larmes jaillissent des yeux assombris par le tatouage. Mais très vite elle se résigne, elle sait que ce cocktail de bonnes et mauvaises nouvelles est inhérent à sa situation, à son contrat. Elle ne veut pluss y échapper et finalement se dit qu’elle pourrait retrouver une raison de vivre en étant à nouveau stimulée, reconnue comme une personne par ce nouveau maître qu’elle connait parfaitement et qui n’est peut-être pas aussi inhumain que l’anonyme Organisation. Elle se prend à espérer que son parcours lui réserve de nouvelles émotions intenses...

« Whore, acceptes-tu formellement ce nouveau traitement ? »

« Oui, je l’accepte », répond-elle sobrement, sans hésitation. Magdalena lui tend un contrat et un stylo. Elle parcourt rapidement. Elle constate que le phase 4 est simplement différée, mais que l’amputation des membres inférieurs est prévue pour une date ultérieure. Elle signe, en pensant que lors de la prochaine étape elle n’aura plus cette possibilité physique. Elle regarde sa main droite avec émotion, comme si elle la découvrait. Elle pense que très bientôt elle n’aura plus cette faculté, et se demande, rationnelle, comment elle procédera aux gestes familiers, si courants qu’ils sont oubliés....le sens tactile, la préhension, l’écriture ne seront plus qu’un souvenir. Et à nouveau cette onde profonde au fond de son ventre se met à émerger, comme à chacune des étapes de sa déchéance programmée. Son masochisme l’emporte toujours sur sa raison et la pousse toujours plus loin dan sla dégradation. Mais au moins cette fois elle pourra nourrir ses stimulations intellectuelles même si elle aura encore de très longues séances d’isolement. Il y a désormais dans sa vie une petite lumière, faible mais suffisante pour faire naître un espoir. Elle ressent pour la première fois depuis si longtemps un plaisir certes atténué, mais bien réel. Elle existe non plus comme objet informe et asexué mais aussi, à nouveau, comme femme. Elle ressent presque une impatience à connaitre sa nouvelle silhouette...

 

La suite: Armless for ever

 

 

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