Histoires Des Invités
Trois, c’est déjà une foule
Par Jumpgirl Prettywater
Traduit par Rose Mimbo
3. « La belle, tu veux faire un tour ? »
Le cordon des écouteurs est tout emmêlé et Lucie ne peut s'empêcher de
penser aux doigts de Jacques formant des nœuds sur tout son corps à la
pause déjeuner. Mais non, elle est censée être en colère contre lui pour le
moment. D'accord, elle a eu beaucoup moins mal qu'elle ne l'avait craint
juste après la séance de bondage, ressentant à peine une petite douleur
lorsqu'elle s'était redressée de toute sa hauteur pour atteindre un
classeur à anneaux sur l'étagère la plus haute. Et personne n'a rien
soupçonné, Jacques ayant évité son cou et ses poignets. Mais quand même.
Toute la mise en place l'a énervée...
« Hé, mignonne, tu veux faire un tour ?
La voix a un accent du sud exagéré, mais Lucie la reconnaît tout de suite :
« Édouard ! »
Il est au volant de son SUV noir, la fenêtre baissée. Il incline un chapeau
de cow-boy imaginaire vers elle :
« C'est moi, Madame. »
Édouard se gare à contre-courant de la circulation et est donc tout contre
le trottoir. Lucie n'a qu'à se pencher un peu pour l'embrasser. Le baiser
est frais et bref, et elle se redresse avec un sourire :
« Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis venu te chercher.
- On va quelque part ?
- Juste chez moi. Tu montes ? »
Lucie fait le tour de la voiture, remet rapidement le mp3 emmêlé dans son
sac à main et monte. Édouard remonte la vitre, mais ne démarre pas le
moteur. Au lieu de cela, il demande d'une voix rauque :
« Tu as encore des marques ? »
Il n'attend pas de réponse, mais saisit son col et tire vers le bas pour
découvrir son épaule. Lucie ne peut pas voir si elle porte encore des
marques, mais elle sursaute légèrement lorsque le pouce d'Édouard se pose
sur une partie douloureuse de sa peau. Il lui prend ensuite le bras et
remonte la manche de son chemisier jusqu'au-dessus de son coude. Là, Lucie
aperçoit deux anneaux de peau plus rose sur son avant-bras, mais seulement
parce qu'elle savait où regarder. En effet, Édouard semble déçu lorsqu'il
redescend sa manche. Il finit par démarrer la voiture et déclare d'un ton
un peu bourru :
« Je veux que tu restes pour la nuit.
- D'accord. Mais je vais devoir passer chez moi pour prendre quelques
vêtements.
- Ne t'inquiète pas, je m'en suis occupé. »
Lucie fronce les sourcils :
« De quoi parles-tu ?
- Tu te souviens de ton rendez-vous avec Jacques ? Tu m'as laissé dans ton
appartement en me disant de simplement fermer la porte derrière moi. J'ai
décidé de partir avec un sac de voyage. Tu n'as pas remarqué que certains
de tes vêtements manquaient ?
- Oui, mais je pensais qu'ils avaient été mal rangés pendant que tu les
passais en revue. Ou plutôt que j'avais tout remis en place de façon
désordonnée. »
Édouard rit, puis redevient sérieux d’un seul coup. Lucie a un éclair de
lucidité :
« Vous pensez encore à cette photo. Jacques a dit que ça vous mettrait en
colère. »
Édouard hoche la tête :
- Que nous partagions les femmes ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir
une petite compétition de temps en temps. Quel culot il a ! Je savais qu'il
avait ce fantasme du van et qu'il attendait qu'une nouvelle soumise se
présente. Mais je n'aurais jamais pensé qu'il ferait ça si vite ! Merde,
j'aurais aimé être là ! »
Édouard frappe le volant avec sa paume. La luxure dans sa voix fait gigoter
les cuisses de Lucie, des sensations s'éveillent par-là... Elle aussi
regrette qu'Édouard ne fût pas là... Elle suggère doucement :
« Nous pourrions le refaire. Ensemble cette fois. »
Édouard secoue la tête :
« Ce ne serait pas pareil. Mais merci d'avoir proposé. »
Ils se mettent alors à parler de leur journée et, sans surprise, celle
d'Édouard s'avère être la plus intéressante. Il est une sorte d'ingénieur
en bâtiment et commence à raconter son enquête sur un site de construction
le matin même, alors qu'ils arrivent dans sa rue. Il n'a pas encore terminé
lorsqu'ils entrent dans l'appartement, car tout ce qui pouvait pu mal se
passer sur ce chantier s’est produit. Sans s'écarter de son histoire plutôt
drôle, Édouard leur apporte des cocas frais du frigo et ils s'installent
sur le canapé. Lucie est heureuse de se blottir contre lui et de glousser
périodiquement. Elle retrouve l'homme doux qui l'a séduite. D'une manière
ou d'une autre, elle l'avait perdu de vue sous les traits d'un Dominant
dévoilé et d'un homme avide de relations à trois. Le fait qu'Édouard
s’avère un Dom ne l'a pas vraiment surprise. Elle avait senti sa confiance
en lui dès leur première rencontre. Elle s’attendait à ce que sa démarche
devînt arrogante et grossière, mais ça ne fut pas le cas et quelque part
autour de leur troisième rendez-vous, elle s’est mise à envisager l'idée
qu'elle pourrait avoir trouvé un vrai Dom. Seulement, elle en a trouvé
deux...
« Pourquoi souris-tu comme ça ?
- C’est ton histoire. »
Édouard secoue la tête :
- Non, tout ton visage a changé. Dis-moi. »
Son ton n'est pas différent de celui d'avant, mais il y a de l'opiniâtreté
dans ses yeux et Lucie se trouve contrainte d'expliquer le fil de ses
pensées. Elle conclut en se plaignant :
« Tu ne devrais pas me faire dire ces choses. Je me ridiculise.
- Je pense que c'est mignon.
- Je te trouve mignon. »
Lucie gémit et se tape le front :
« Dis-moi que je n'ai pas dit ça à haute voix ? Je suis désespérée. »
Elle s'éloigne d'Édouard et veut se lever, mais il lui attrape le bras :
« Où vas-tu ? »
Lucie soupira d'apitoiement :
« Je rentre à la maison. Le petit jeu de Jacques m'a lessivée et je ne suis
pas bonne quand je suis fatiguée. Mon cerveau se déchaîne de façon
bizarre... Et c’est bien bi-za-rre que je veux dire.
- Non. »
Édouard tire sur son bras, pas très fort mais en la prenant par surprise,
et elle s'étale sur sa poitrine. Il lui prend le menton :
- Je n'ai pas dit que tu pouvais partir.
- Oh, parce que maintenant j'ai besoin d'une permission ?
- Oui. Tu restes jusqu'à ce que nous en ayons tous les deux fini avec toi.
»
Le ton de Lucie est taquin. Pas celui d'Édouard. Elle déglutit, sentant une
lueur de feu danser dans son ventre. Elle hésite, ne sachant pas comment
réagir à cet ordre. Édouard se déplace simplement sous elle jusqu'à ce
qu'ils soient à nouveau confortablement installés, et dit :
« Alors Gabe demande : et les contreforts ? Et, tu ne vas pas le croire...
»
Au fur et à mesure que l'histoire d'Édouard progresse, il utilise de plus
en plus d'argot d'ingénieur. Très vite, ses paroles parviennent à Lucie
comme s'il s'agissait d'une langue étrangère. Mais elle ne dit rien, se
sentant trop bien pour être dérangée par un détail aussi insignifiant. Elle
ferme les yeux et laisse la voix d'Édouard l'imprégner. En peu de temps,
elle s'endort.
Elle est réveillée par un frisson. Mais elle soupire, se frotte le visage
et retrouve l'agréable oubli qu'elle fut forcée de quitter. Le frisson
revient et cette fois, elle identifie sa source comme un petit courant
d'air contre sa poitrine nue. Poitrine nue ? Les yeux noisette de Lucie
s'ouvrent et rencontrent les yeux bleus d'Édouard au moment où il lui
souffle une troisième fois sur les seins. Il sourit :
« Réveille-toi, belle endormie. »
Lucie se soulève sur un coude et regarde autour d'elle, hébétée : elle n'a
pas bougé du canapé d'Édouard, mais elle est maintenant étendue toute nue.
Elle balbutie :
« Quoi ? Mais comment... ? J'ai le sommeil très léger ! Comment ? »
Le sourire d'Édouard s'élargit. Il est manifestement très fier de lui. Il
coupe court au bavardage de Lucie :
« Ce ne fut pas facile, crois-moi. Mais ça valait le coup, ne serait-ce que
pour la tête que tu fais... »
Lucie rougit et se met inconfortablement en position assise, ramenant
rapidement ses jambes au-dessus du canapé pour pouvoir se cacher derrière
ses genoux relevés. Voyant qu'elle enroule ses bras autour, Édouard se
moque :
« Il n'y a rien que je n'ai pas encore vu... »
Le rougissement de Lucie s'accentue et elle détourne le regard pour scruter
la pièce :
- Où sont mes vêtements ?
- Dans la machine à laver. J'avais des trucs à laver alors je les ai
ajoutés. Tu as dormi plus d'une heure ! »
Le reproche n'est qu'à moitié sincère, alors Lucie l'ignore et dit :
« Mais tu en as d'autres, non ? »
Édouard acquiesce :
« Oui, j'en ai d’autres. »
Lucie attend, mais Édouard ne manifeste nullement l’intention de se lever
pour aller chercher d’autres habits. Il se contente de la regarder
placidement, les lèvres prêtes à se transformer en sourire.
« Est-ce que c'est... Est-ce que tu établis ainsi une sorte de règle ?
Sans savoir pourquoi, Lucie parle à voix basse. Édouard utilise le même ton
intime pour répondre :
« Pas une règle en soi, mais Jacques et moi considérons que les vêtements
sont facultatifs pour toi. »
Lucie enfouit son visage dans ses genoux :
« Je... Je ne fais pas ça. »
Édouard prend ses mains et se met à jouer avec ses poignets :
« Maintenant, tu vas le faire. »
Lucie le fixe intensément, la nouveauté d'une relation BDSM la rend
craintive et méfiante. Est-ce l'attitude normale d'un Dom ordinaire ? Ou
celle d'un psychopathe ? Édouard soutient son regard dans un silence
patient. Elle soupire et baisse à nouveau la tête, cette fois en signe
d'acceptation.
Édouard embrasse le haut de son genou gauche et lâche ses poignets. Il
caresse ses tibias jusqu'à ses chevilles. Là, il saisit ses talons et les
descend jusqu'à ce qu'ils reposent sur le sol. Les genoux de Lucie
s'ouvrent juste assez pour laisser apparaître sa fente. Pensant à ces
Maîtres qui interdisent à leurs esclaves de croiser les jambes devant eux,
elle demande timidement
« Est-ce une autre règle ? »
Toujours aussi doucement, Édouard répond :
« Non, j'en avais juste envie. »
Sa bouche se recourbe en un léger sourire de gamin. Lucie avance la tête de
quelques centimètres et l'embrasse, ses paupières se ferment d'elles-mêmes.
Comme ils ont cessé de se tenir la main, elle lève les siennes et défait le
premier bouton de la chemise d'Édouard. Ses mains reviennent doucement mais
rapidement sur celles de Lucie :
« Non, je vais garder mes vêtements pour l'instant. »
Lucie rouvre les yeux :
« Pourquoi ?
- Parce que je veux faire mes propres photos... »
Édouard se lève d'un bond et reprend sur son ton habituel :
« Allons-y. »
Il a gardé la main gauche de la jeune femme et l'entraîne joyeusement
jusqu'à sa chambre. Lucie découvre qu'il n'a pas utilisé sa sieste
seulement pour la déshabiller : Édouard a également installé un appareil
photo d'aspect professionnel sur un trépied et un projecteur, tous deux
face à son lit. Lucie passe le bout de ses doigts sur le grand boîtier de
l'appareil, se souvenant des magnifiques clichés qu'Édouard lui a montrés
pendant l'après-midi câlin qu'ils ont passé après leur première nuit
ensemble. Il a l'œil pour découvrir la beauté des choses banales comme les
arbres noueux et les statues tachées de crottes de pigeons, en jouant avec
les angles ou avec la lumière et les ombres.
Édouard pose une main dans le bas du dos de Lucie et la dirige vers le pied
du lit. Ils s'assoient ensemble et son pouce commence à tracer des cercles
sur son dos.
« Est-ce que tu me fais confiance ? »
Lucie acquiesce solennellement :
- J'ai vraiment confiance. Mais tu devras être patiente. Je n'ai jamais
laissé les autres me photographier nue.
- Je ne suis pas un étudiant stupide. Je n'enverrai pas de courriel à mes
copains pour montrer ce que j'ai baisé.
- Je sais. »
C'est elle qui referme le petit espace qui les séparait à nouveau. Le
baiser est plein de passion, mais du genre intime et sincère. Lucie ne
savait pas qu'on pouvait mettre autant d'intensité dans un simple baiser.
Elle appuie ses mains sur la poitrine d'Édouard, et ensemble, ils basculent
de côté sur le lit. Non pas pour passer à l'acte, mais parce qu'ils ont un
besoin soudain d'intimité. Elle étreint la forme du corps d'Édouard,
passant même une jambe au-dessus de lui pour que ses poils pubiens moulent
ceux de son entrejambe à lui. En réponse, Édouard passe la paume de sa main
sur sa jambe repliée, saisit le début de sa fesse et l'attire encore plus
près. Ses lèvres s'écrasent sur les siennes mais, au lieu de se troubler de
désir, le regard d'Édouard reste clair et presque impossible à soutenir.
Ils restent ainsi collés l’un à l’autre pendant près d'un quart d'heure.
Quand Édouard finit par se retirer, Lucie réalise avec un sentiment
d'angoisse qu'elle est en train de tomber amoureuse de lui. Elle pense
qu'il y a quelque chose dans ses yeux aussi, mais il détourne le regard
pour la première fois depuis un moment et elle ne peut pas en être sûre. La
main d’Édouard sur sa cuisse a cessé de l'attirer et se met à pétrir sa
chair. Son propre bras est posé sur les reins d'Édouard, ses doigts
s'enfonçant dans le dos de sa chemise. Elle ramène sa main pour écarter ses
cheveux de son visage. Puis elle la tend vers la joue d'Édouard. Elle
caresse la courte barbe la recouvre, appréciant le grain des poils sous le
bout de ses doigts. Elle n'avait jamais vu Édouard autrement que rasé de
près. La barbe le fait paraître fatigué et débraillé.
« Est-ce que tu laisses parfois pousser ta barbe ?
- Pas vraiment. Mais j'ai essayé l'hiver dernier.
- Tu me montreras des photos ? »
Édouard hausse les épaules :
« Si tu veux. Mais tu n'aimeras pas ça, je ressemblais à mon père.
- Je n'ai jamais vu ton père. »
Édouard tourne la tête vers elle :
- Peut-être que tu devrais venir au dîner de famille de samedi alors.
- Peut-être en effet. »
Lucie combat le sourire stupide qui menace d'apparaître sur ses lèvres et
se concentre sur le moment présent. Et si ce n'était qu'une remarque
spontanée de la part d'Édouard ? Il ne peut certainement pas avoir
l'intention de la présenter à ses parents alors qu'ils se connaissent
depuis moins d'un mois et qu'ils ne sont passés aux choses sérieuses -
c'est-à-dire coucher ensemble - que depuis quatre jours. Mais il est
vraiment dur entre ses cuisses, et il n'arrête pas d'en caresser une...
Presque comme pour annuler ses pensées romantiques, Lucie ramène sa main
vers l'entrejambe d'Édouard, et ouvre le bouton de son jean. Elle dégouline
régulièrement depuis un moment, et le tissu est trempé de sa propre
cyprine. Elle abaisse lentement la fermeture éclair d'Édouard, gémissant
faiblement lorsque le dos de sa main touche ses lèvres gonflées. Elle
caresse son boxer rouge, lui aussi mouillé, mais par sa propre excitation.
Il grogne de frustration, mais ne dit rien. Finalement, elle passe un doigt
sous le large élastique et tire vers le bas. Le membre d'Édouard s'élance
vers elle de manière agressive, mais elle passe le bout de ses doigts
dessus, presque avec révérence, jusqu'à ce qu'il repose sur sa peau et
contre la bosse de son bassin. Elle pose alors sa paume sur sa tige et se
met à frotter de haut en bas. Une larme de liquide séminal apparaît sur le
gland circoncis.
L'esprit soudain enflammé, Lucie cesse de frotter et recueille la goutte
avec son pouce. Puis elle ramène sa main vers le haut, vers son sein droit.
Elle se fige à quelques centimètres de son mamelon. Édouard saisit cette
main.
« C'est bien. Je ne voulais vraiment pas te punir. »
Le deuxième bras d'Édouard est sous l'épaule de Lucie, et elle en ressent
le manque lorsqu'il l'écarte. Elle ressent un tel désir qu'on ne peut
parler que de concupiscence, et chaque centimètre de contact avec Édouard
compte.
Il utilise son autre main pour lui voler la goutte de son jus, puis guide
son poignet vers le bas. Ce n'est que lorsqu'elle entoure à nouveau son
membre qu'il la lâche, mais il maintient sa main près d'elle au cas où il
aurait besoin d'intervenir à nouveau. Près de ses seins, son pouce humide
commence à faire le tour de son mamelon, puis à jouer avec, en le tordant
juste au-dessus du seuil de la douleur. Lucie halète mais s'en réjouit, car
cela diminue le besoin de jouir dans son clitoris. Cela n'a cependant aucun
effet sur son désir général.
Elle tourne sa main sur le membre dur comme de l’acier d'Édouard et étend
ses doigts, de sorte qu'ils puissent juste effleurer ses couilles en
descendant. En remontant, elle frotte son pouce sur son gland luisant. Son
gémissement profond commence une demi-seconde avant son éjaculation,
donnant à Lucie juste le temps de poser sa main sur le haut de son membre.
Il gicle deux jets longs et chauds, puis il s’écarte d’elle en roulant.
Lucie roule sur le dos aussi, car le sperme s'échappe à travers ses doigts,
sur son ventre. Édouard soupire puis se lève dans un effort visible. Lucie
le voit faire le tour du lit jusqu'à la table de nuit de gauche et tirer
une petite serviette de toilette de son grand tiroir. Il s’agenouille sur
le lit, se rapproche de Lucie et l'embrasse passionnément tout en lui
nettoyant les mains et le ventre. Lorsqu'il se déplace vers le bas, elle
pense que son tour est venu. Son clitoris engorgé lui semble trois fois
plus gros que d'habitude et elle a hâte de se libérer. Mais Édouard se
contente de descendre du lit et d'aller allumer le projecteur. Lucie se
souvient alors, avec un sentiment de malaise, de la raison initiale pour
laquelle ils sont venus dans la chambre. Alors qu'il se penche sur son
appareil photo, Édouard lui explique joyeusement :
« Par-dessus tout, je veux recréer ce moment avant que je ne fasse entrer
Jacques. Je n'arrête pas de te voir suspendue à mon baldaquin, les genoux
écartés... Bon sang, tu étais si chaude ! »
À l’évidence très excité, Édouard se mord la lèvre inférieure. Juchée au
bout du lit, Lucie ne dit rien, sa timidité revenue. Elle remarque pour la
première fois l'enroulement de la chaîne en argent à la base du projecteur.
« Je retire ce que j'ai dit. Ta pose est parfaite pour une première photo.
Souris ! »
Lucie retrousse sa bouche d'un air gêné, et l'appareil photo se déclenche.
Elle se lève précipitamment :
« Laisse-moi voir. Ce n'est pas trop vulgaire ? »
Édouard la rattrape avant qu'elle ne puisse faire le tour de l'appareil :
« Ça va. Mais les prochaines seront géniales, je te le promets. »
Il se penche pour attraper la boucle de chaîne, et Lucie frissonne pendant
qu'il lui attache les mains ensemble avec le métal froid. Mais elle le suit
docilement jusqu'au lit et s'agenouille, jambes écartées, tandis qu'il fixe
la chaîne au sommet du cadre du lit. L'air froid se précipite sur sa peau
tendre et elle lutte contre l'envie de resserrer ses cuisses et de se
frotter.
« Écarte plus. »
Les mains d'Édouard apparaissent sur ses genoux, les écarte, puis s’en
vont. Il peigne un peu ses cheveux, déplace ses mèches dans un sens puis
dans l'autre avant de faire un pas en arrière, exactement comme quatre
jours auparavant. Il se gratte le menton :
« Qu'est-ce que j'oublie ? »
Rougissant, Lucie laisse sa lèvre inférieure tomber un peu, se rappelant
comment Édouard lui avait ouvert la bouche juste avant d'inviter Jacques à
entrer. Édouard rayonne :
« Parfait. Ne bouge pas. »
L'appareil photo se déclenche plusieurs fois, puis Édouard l'enlève du
trépied et commence à tourner autour d'elle comme si elle était un
mannequin.
« Tu n'en as pas assez ? Arrête.
- Encore une, chaton. Juste une. »
Mais il prend au moins trois gros plans de ses seins avant qu'elle ait le
temps de demander :
« Tu viens de m'appeler chaton ? »
Le visage d'Édouard surgit au-dessus de son appareil photo, traversé par un
sourire de gamin :
« Je suppose que oui. Mais ça te va bien.
- Donc Jacques pense que je suis grosse et toi, tu penses que je suis un
animal de compagnie ! »
Le sourire d'Édouard s'élargit :
« Vois-le comme ça : féline mais jeune. Quant à Jacques, il doit avoir de
la merde dans les yeux. Je crois que c'est tout... »
Édouard s'assoit à côté d’elle et se met à appuyer sur des boutons de son
lourd appareil photo. Il se fige soudain, avec son expression insondable.
Lucie se tord dans ses liens :
- Laisse-moi voir ! Je savais que ce serait grotesque ! »
Édouard finit par décoller ses yeux de l'écran et sourit :
« Elles sont superbes. Tu es magnifique, bien sûr. »
Il se lève tout en parlant, et tend la main vers le verrou de la chaîne.
Lorsque ses mains sont redescendues, Lucie crache :
« Tu mens. Tu veux juste me baiser à nouveau.
- Depuis quand est-ce que je dois mentir pour te baiser ? »
Dès qu'il libère ses mains de la chaîne, Lucie plonge vers l’appareil photo
et regarde anxieusement le petit écran. Il affiche un plan de son corps
entier à genoux sur le lit. Ses mains sont tirées suffisamment haut pour
qu'elles dépassent le sommet de sa tête, mais sans être trop serrées, de
sorte que ses bras sont bien courbés, comme ceux d'une danseuse indienne.
Son visage a l'air timide et perdu, mais ses tétons relevés et sa chatte
dévoilée trahissent son excitation. Elle a l'air à la fois impuissante et
très sensuelle.
Les bras d'Édouard l’entourent :
« Tu crois toujours que je mens ? »
Têtue, Lucie tente :
« C'est parce que l'écran est trop petit. Tu verras comme elles sont ratées
en fait.
- Je les mettrais bien sur mon ordinateur maintenant pour te prouver que tu
as tort... Mais c'est l'heure de la récompense... »
Édouard prend l'appareil photo des mains de Lucie et le pose en toute
sécurité sur le sol. Puis il se tourne vers elle et appuie sur ses épaules
jusqu'à ce qu'elle s'allonge à nouveau sur le lit. Il embrasse ses lèvres,
son cou, ses seins, son nombril... Puis il pose une main sous son genou
gauche et le déplace sur le côté, dégageant la voie vers sa chatte. Pendant
qu'il utilise le pouce de chaque main pour écarter ses lèvres, il songe :
« Je n'avais pas encore bien regardé en bas... J’aime tes lèvres, bien
proportionnées. Oh, mais regarde ce qui se dissimule derrière son petit
capuchon... »
Lucie n'aime pas la manière dont Édouard roucoule à propos de son clitoris,
et essaie de fermer ses jambes. Mais ses mains sont fermement en place et
il la pousse à se rouvrir :
« Tu ne veux pas ta récompense ? D'accord, je vais aller droit au but. »
Édouard se penche et ce que Lucie attend presque depuis leur premier baiser
se produit : sa langue à l’intérieur de sa chatte.
Il ne la déçoit pas. Sa langue est souple mais ferme, et il la fait courir
partout avec une pression aléatoire. Après avoir goûté à toute la chatte,
il joue avec son clitoris pendant quelques secondes, mais juste au moment
où elle commence à être vraiment réactive, il retourne jusqu'à son entrée.
Il la touche à plusieurs reprises, faisant pénétrer sa langue plus loin à
chaque fois avant de remonter le long de ses lèvres, répandant son jus
jusqu'à son clitoris. Cette fois, il s'y consacre sérieusement : il le
lèche, le harcèle, le presse et l’aspire au point que c'en est presque
trop. Lucie gémit de plus en plus fort, ses mains s'enfoncent dans les
couvertures jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et supplie :
« S'il te plaît, s'il te plaît : est-ce que je peux me toucher ?
- Je te le permets. »
Édouard répond en dévorant son bouton, et les ondes sonores la font gémir
encore plus fort. Elle est trop avancée pour de simples caresses et se
tripote sans vergogne les seins, tirant sur ses tétons. Entre ses jambes,
Édouard continue le travail jusqu'à ce qu'elle hurle et se convulse, ses
cuisses se refermant autour de sa tête.
Mais il ne s'arrête pas pour autant. Il continue à lui lécher le clitoris
par à-coups et en quelques instants, une deuxième vague de plaisir s'empare
de Lucie, encore plus forte et plus dévastatrice que la première.
C'est alors qu'Édouard se retire. Il se déplace sur le lit jusqu'à être
allongé à côté d'elle, appuyé paresseusement sur une main. Il ressemble à
ces empereurs romains mangeant du raisin sur les peintures anciennes. Lucie
halète :
« Je ne savais pas... Ouaouh. Juste ouaouh ! »
Édouard lui sourit avec une impérieuse suffisance. Lucie sourit en retour,
mais timidement, et dit :
« Ce que tu as dit tout à l'heure était vrai : je ne suis qu'une gamine
comparée à toi. »
Édouard fronce les sourcils, puis se souvient :
« Oh, tu veux parler du truc du chaton. Eh bien, je suppose que je vais
devoir t'apprendre alors... »
Il s'approche soudain d'elle et lui chuchote malicieusement à l'oreille :
« Leçon numéro un : il n'y a rien de tel que trop de sexe, chaton. »
Sur ces mots, il tend la main vers sa fermeture éclair pour libérer son
pénis engorgé.
*
* *
Lucie rejette le drap loin d'elle, mais ça ne l’aide pas. La fenêtre
complètement ouverte non plus. Le problème est le corps chaud d'Édouard
appuyé contre le sien. Elle a perdu l'habitude de dormir avec quelqu'un, si
tant est qu’elle elle l'eût jamais, et cette nuit est particulièrement
chaude. Pourtant, il faut qu’elle dorme, sinon elle sera un zombie au
travail demain. Elle décide de prendre une douche pour se rafraîchir, et
cela ne la dérangerait pas non plus de se sentir propre. Édouard l'a
agressée encore deux fois au cours de la soirée et en début de nuit, et l'a
laissée toute transpirante et collante.
Dès que l'eau coule, elle se sent mieux. De bonne humeur, même. Édouard lui
a dit tant de belles choses aujourd'hui :
« Tu devrais peut-être venir au dîner de famille samedi…
Tu es magnifique…
Chaton... »
Elle lui plaît, c'est clair. Et comme elle a elle-même des papillons dans
l'estomac chaque fois qu'elle pense à lui, cela lui fait plaisir au-delà de
l'imaginable. Et si... Non, ça porterait malheur d'y penser ! ... Et si
c'était lui, l'Élu ? Elle glousse dans la douche, avant de se mettre à
chantonner sans raison.
Elle a fini de se savonner partout, et se retourne pour remettre le gel
douche en place dans le petit panier en métal. Au lieu de cela, elle crie
et le laisse tomber, manquant de peu un petit doigt. Il y a quelqu'un
debout derrière la porte de douche dépolie.
« Dois-je déduire de ce cri que tu m'as enfin remarqué ?
Le cœur battant, Lucie demande d'un ton incertain :
- C’est Jacques, n'est-ce pas ? Je ne savais pas que tu étais de retour.
- Seulement pour quelques minutes. »
Quelques minutes ? Lucie essaie frénétiquement de se rappeler si elle a
entendu quelque chose, mais elle n'a pas fait très attention et il y a eu
les bruits de l'eau et du fredonnement. Même maintenant, elle doit élever
la voix pour se plaindre :
« Tu m'as donné la chair de poule ! Tu aurais pu appeler. »
Ou ne pas entrer dans la salle de bains
... Mais elle n'exprime pas cette seconde pensée. Jacques ne répond même
pas à sa première protestation, il demande simplement :
« Peux-tu fermer l'eau ? »
Elle le fait à contrecœur, ne voulant pas avoir de conversation ici et
maintenant. Mais à son grand étonnement, la porte de la douche s'ouvre et
Jacques entre. Il est nu et arbore une légère érection. Lucie essaie de se
mettre dans un coin, mais la cabine de douche n'offre qu'une faible marge
de manœuvre. Jacques se place sous la pomme de douche et fait couler l'eau.
Après quelques secondes, il verse du shampoing sur ses cheveux et s'écarte
en disant :
« Vas-y. »
Lucie le frôle avec hésitation, elle le touche alors qu'elle ne le souhaite
pas, et commence à rincer de ses cheveux l'après-shampoing qu'Édouard a
volé dans le placard de sa propre salle de bains. Elle n'apprécie pas la
présence de Jacques et lui tourne le dos, mais elle ne peut s'empêcher de
le bousculer et d'être bousculée en retour. Soudain, Jacques la prend dans
ses bras et la serre contre lui. Sa bouche se pose sur son cou et il
souffle :
« Sais-tu que la façon dont tu n'arrêtes pas de remuer la tête est
incroyablement sexy ? »
Lucie est toujours sous le jet d'eau, et il promène ses mains sur tout son
corps, enlevant le savon. Lucie s'appuie sur sa poitrine, submergée par son
désir pour lui. Toutes ses pensées sur Édouard se sont évanouies ; la seule
chose qui compte désormais est la verge affamée - et maintenant bien dure -
de Jacques, qui se presse entre ses fesses. Une de ses mains la rejoint,
l'autre tenant fermement Lucie sous les seins :
« Et ce cul... Je jure que je n'en ai jamais vu d'aussi alléchant. Juste la
bonne taille pour être palpé aussi... »
Tout en continuant à manipuler ses rondeurs, il lui mordille l'oreille.
Lucie ferme les yeux, fait rouler sa tête contre son épaule et demande,
presque douloureusement :
« Qui es-tu ? »
Jacques cesse de la mordiller et sa main sur ses fesses se fige :
« Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Si nous ne sommes pas un couple, alors qui es-tu ? Qu'est-ce que je fais
avec toi ? Parfois, je ne t'aime même pas ! »
Lucie a soudain envie de pleurer, frappée par l'amère question de savoir
comment Édouard peut être son Unique si ça ne le gêne pas qu'elle couche
avec son propre jumeau ?
Jacques ne dit rien pendant plusieurs secondes. Puis il déclare simplement
:
« Il n’y a pas besoin de romance pour qu'une relation D/s fonctionne.
- Je ne suis pas sûr de comprendre...
- Ce n’est pas nécessaire. Tout ce que tu dois faire, c'est te soumettre. »
La main de Jacques passe de son cul à ses poils pubiens, se faufile dans sa
fente jusqu'à ce que son majeur joue avec son clitoris. Sa voix est comme
de la perversion en fusion :
« Soumets-toi. Je sais que tu en as envie. Tu as envie d'entraves et de
rênes. »
Le gémissement de Lucie commence comme une objection, avant de se
transformer en plaisir lorsque le doigt de Jacques glisse vers le bas et
pénètre facilement dans son vagin plus juteux que jamais.
« Est-ce que tu sens mon pouvoir ? »
Il n'a jamais relâché sa prise sur elle, et son érection est encore plus
prononcée. Mais c'est en ajoutant un deuxième doigt qu'il fait haleter
Lucie :
- Oui !
- Tant que tu le sentiras, tu seras ma soumise et je serai ton Dom. C'est
ce que nous sommes. »
Il recommence à lui mordiller l'oreille, ses doigts entrant et sortant
d'elle. Peut-elle faire ça ? Baiser Jacques alors que l'homme qu'elle veut
vraiment est Édouard ? Oh, mais en ce moment, elle veut vraiment Jacques
aussi... Lucie agite son bassin vers l’avant, mais en vain et crie :
« Mon clitoris ! S'il te plaît, mon clitoris !
- Fais attention à ce que tu souhaites... »
Le pouce de Jacques se dirige vers son clitoris, mais il insère également
un troisième doigt. Elle pousse un cri étranglé et ses yeux se remplissent
de larmes. Maintenant, elle est plus effondrée sur Jacques que penchée sur
lui. Alors qu'il l’amène de manière experte à l'orgasme, il déclare :
« Et quand nous aurons fini ici, je te prendrai à nouveau le cul. »
FIN
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