Histoires Des Invitées
Carole Et Monsieur
Cartoon
LE DRESSAGE:
Vie Quotidienne
Notre vie quotidienne était des plus banales, réduite qu'elle était par
deux vies professionnelles bien remplies. Si j'ai été une esclave sexuelle
dévouée, je n'ai jamais servi de bonne à tout faire, car les gouts et les
habitudes de Monsieur s'y prêtaient assez mal.
Monsieur, lui si méticuleux lorsqu'il s'agissait de me soumettre à ses
volontés, manifestait un absolu mépris pour la chose domestique. Il
ressemblait en cela à Sherlock Holmes, ce héros de Conan Doyle qu'il
m'avait fait découvrir, si incisif et rigoureux dans ses enquêtes et si
désintéressé des contraintes du quotidien, au point de faire le désespoir
de sa logeuse et de son colocataire. Du coup, les soins de la maison se
réduisaient à l'intervention épisodique d'une femme de ménage qui a eu la
délicatesse de ne jamais s'étonner de voir une verge sécher sur mon bureau
ou un fouet, pour lui bien vivant, accroché à la chaise de Monsieur
Monsieur m'avait, dès le début de notre liaison, prévenue de ce qu'il ne
recherchait pas en moi une domestique mais uniquement une esclave sexuelle.
Il disait ne pas mettre en doute mes talents sur ce dernier point et s'en
contenter largement. Pour le reste, nous partagions assez équitablement les
taches du quotidien, à l'exception de la cuisine. Quelques tentatives
avaient en effet convaincu Monsieur de m'interdire ou peu s'en fallait
l'accès à ce lieu sacré, si ce n'était pour des taches subalternes ou pour
lui préparer, occasionnellement, le café au lit qui remplacerait la
fellation matinale. Mais si j'avais le malheur de rester assoupie, c'était
lui qui m'apportait mon petit déjeuner, attention que j'accueillais avec un
bonheur teinté d'humiliation, comme si j'avais manqué à mes devoirs.
Et pour ce qui était de la cuisine ! Le rizotto aux cèpes ou à autre chose,
le Bœuf Stroganov dont il se faisait gloire d'avoir amélioré la recette en
faisant rissoler la viande pour l'incorporer à peine cuite juste avant de
servir, que sais je encore ? Bien sur, il nous arrivait aussi de manger un
steak haché ou des pâtes « a la carbonara » mais bon...
Rétrospectivement, je reste émerveillée de l'avoir vu, lui indifférent au
rangement en bon ordre des choses matérielles, si rétif à la moindre
habitude, se montrer vis à vis de moi aussi attentionné, aussi strict et
aussi inexorable. J'ai soupçonné là un effort de tous les instants qui
devait lui demander des trésors d'énergie.
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