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Attaque, parade, riposte, esquive,
feinte, botte. Une séquence de mouvements rapides, le corps agissant
avant lesprit. Le claquement sec de bambou sur bambou accompagnant
les sons deffort, de pas sur le sol.
Milène avait la vitesse dun
cobra frappant sa victime, lagilité dun chat. Elle
pouvait en dire autant de moi. Elle avait commencé à manier
les armes à dix ans. Moi aussi. Elle avait dix ans de combats désespérés
mais occasionnels alors que jen avais fait cinq ans daussi
désespérés, mais trop fréquents.
Elle prit quelques pas de reculs, et
jen fis autant. Elle baissa sa garde, enleva son masque, mouillée
de sueur mais souriante. La salle darme était de loin trop
chaude, et notre équipement de protection ne faisait quempirer
les choses. Quatre heures à se pratiquer, à se battre ainsi.
Il nétait pas important de terminer ce combat. Nous étions
trop bien balancés, et je gagnais aussi souvent que je perdais.
Je connaissais ses astuces, elle ne connaissait que trop bien les miennes.
Elle me tendit la bouteille deau
après en avoir fini. Une eau froide, qui frappait par la pureté
de son goût, de son absence de quelque saveur que ce soit. Habitué
comme je létais à une eau maintes fois recyclée
par des usines vieillissantes et insalubres, jappréciais
ce luxe simple.
Je puais et elle aussi, à moitié
par notre propre sueur, à moitié par lodeur rance
qui se dégageait de notre équipement de protection loué,
utilisé par des dizaines dautres personnes et jamais lavé.
La salle darmes elle-même nétait pas fameuse,
la peinture sécaillant en plaques et rendue grise par le
temps. Mal éclairée, équipée de matériel
bon marché et de qualité médiocre, cette salle avait
lavantage dêtre près de chez moi. Et de ne pas
être chère. Ce dernier point avait son importance particulière.
Nous avions besoin dune douche,
mais les douches de ces lieux étaient pires que tout le reste.
Un changement de vêtements, le retour des équipements au
bureau de location, et nous étions de retour dans les corridors.
Incognito, elle portait une tenue de
combat reprisée et un peu trop ample. Son expression était
dure, sa démarche confiante mais aussi un peu agressive, du style
qui ne commençait pas les batailles, mais qui les finissait. Elle
portait un badge de spécialiste à lépaule droite,
ce qui lui permettait de porter ses armes en public. Je portais le même
insigne. Deux vétérans, épaule contre épaule.
Deux loups parmi les moutons, peu importe que certains de ces moutons
viennent en groupes armés.
On nous laissait passer sans nous inquiéter.
« Bonjour Monsieur Arkel
» Cétait dit avec un ton était enjoué
et respectueux. Alem, le genre de gars qui aurait vendu des drogues dans
une école primaire. Il tentait déviter de poser les
yeux sur Milène mais ny parvenait pas totalement. Milène
avait cet effet sur les gens. Je répondis dune vague courtoisie,
comme toujours.
Un pas plus lent, car il y avait beaucoup
plus de monde que normal dans le corridor, une petite cohue occasionnée
par une vive dispute entre voisins. Il semblait quun chien avait
cruellement mordu un autre. Cétait du moins lexcuse.
Un autre corridor, puis un autre, et
nous étions rendu dans mon coin. Un coup dil me permit
de constater que la porte navait pas été ouverte.
Milène aussi était aux aguets. Elle était incognito,
mais un paladin était une cible tentante pour lennemi, tout
comme je létais. Avec un ange comme père, son âme
était particulièrement désirable.
Elle avait bien anticipé son
coup. Jaurais dû my attendre. Nous enlevions nos bottes,
mais elle se dépêcha, et je tardai à comprendre. Elle
me tassa de son chemin dun rude coup dépaule et sengouffra
dans la chambre de bain, barrant la porte avant que je ne puisse la rattraper.
« Ouvre cette porte! Cest
ton Maître qui lordonne! »
« Quoi? » Un ton espiègle
que je ne connaissais que trop bien.
Cétait peine perdue. Milène
me réclamait comme étant son maître, mais elle était
celle qui décidait des temps ou elle mobéissait. Son
problème était que plus elle était avec moi, plus
elle obtenait ce dont elle avait besoin, plus elle était elle-même,
et moins elle avait besoin de moi.Milène était une créature
de contradictions : elle pouvait vivre et se battre dans les pires conditions
pour de longues période de temps, mais lorsquelle le pouvait,
elle insistait pour avoir ses petits conforts. Elle détestait prendre
une douche à leau froide, adorait les longues douches, et
mon chauffe-eau navait quune faible capacité. Je la
connaissais : elle ne me laisserait pas une goutte deau chaude.
Il était temps dagir.
Une petite attente pour avoir la certitude quelle était sous
la douche
puis quelques petits tours de poignet pour fermer la valve
deau chaude
et ma vengeance était consommée.
De vils jurons parvinrent à mes oreilles au travers du mur. Une
musique exquise.
Elle sortit de la chambre de bain,
nue et dégoulinant sur le sol. Jétais la, en embuscade,
prêt, mais elle avait prévu le coup. Elle était déjà
en mouvement pour me contrer. Elle était glissante, en plus. Jétais
cependant plus lourd quelle, et quoiquelle soit très
bonne au combat corps à corps, il était rare quun
paladin ait à se battre daussi proche, alors que jy
avais été obligé pendant mon temps dans les bataillons
pénitentiaires. Elle me donna beaucoup de fil à retordre
et me fit encaisser un certain nombre de coups, mais jarrivai éventuellement
à avoir la main haute sur elle et à forcer sa reddition.
Des menottes faisaient partie de son
équipement, et elle les accepta de bon gré sa capitulation
était parfois véridique-, ses mains attachées derrière
elle.
« Non! » Elle sécria,
lorsquelle comprit mes intentions, soudainement tentant de me résister
alors que je la forçais à me suivre dans la chambre de bain.
Même avec ses mains attachées derrière elle, elle
me fit travailler très fort pour la faire entrer dans la douche.
Leau froide coulait toujours, et je me faisais moi aussi mouiller,
mais moins, et la satisfaction valait bien un petit désagrément.
Je la tenais coincée contre
le mur, son corps directement sous le jet deau. Elle se débattait,
et le risque de glissade était grand. Une décision, et je
la laissai glisser, mais de manière contrôlée, la
suivant. Assis sur le fond de la douche, je me faisais maintenant mouiller
autant quelle. Au sol, il était plus facile de la maintenir
en place. Elle le savait.
« Ça va, Arkel. Tu gagnes,
» elle me dit, claquant des dents, frissonnant.
Cette fois ci, sa reddition était
réelle. Elle allait être douce comme une brebis
en
autant que je nambitionne pas trop. La clef des menottes me prit
une minute à trouver.
« Lave toi. Lave toi bien. Ne
manque aucun morceau. » Je lui dit, une fois libérée.
Elle prit bien garde de ne pas montrer quelque hargne que ce soit.
Elle se lava rapidement, mais avec
soin, car elle savait que si elle tentait de couper les coins ronds, elle
ne resterait que plus longtemps sous leau froide. Je ne détestais
pas le petit spectacle, même sil navait rien dérotique.
Elle me donna un regard quand elle eu terminé. Je la fis se tourner,
mais elle ne mavait donné aucune raison.
Elle sortit rapidement après
avoir fermé leau, et accepta ma serviette, transie. Quelques
minutes plus tard, cétait à mon tour de sortir de
la douche une douche à leau bien chaude, pour faire
changement-.
Elle était dans le lit, enroulée
dans les couvertures. Je ne pouvais même pas lui voir la tête.
Elle se dégagea un peu, me laissa avoir assez de couverture, mais
je compris rapidement que cétait un acte intéressé;
à peine glissé sous les couvertes, elle se colla contre
moi. Elle était froide! Elle magrippait fermement, comme
pour mempêcher de la fuir. Cétait de bonne guerre.
Elle me mordillait lépaule,
je la caressais, mes doigts explorant ce corps qui mappartenait.
Blottie contre moi, elle frissonna lorsque mes caresses vinrent à
trouver ce tatou discret sur la fesse droite, cette marque qui lidentifiait
comme étant mienne. Ma main était insistante, les doigts
traçant chacune des lignes, lui rappelant que cétait
elle qui était venue me voir, avait insisté pour que jen
fasse ma propriété. Javais testé sa résolution
dès le début de notre relation, et cest ainsi quelle
en était venue à porter ma marque.
Elle sentait bon. Elle me caressait
dune jambe, une main derrière ma nuque, ses doigts caressant
paresseusement. Elle frissonnait parfois.
Elle se crispa un peu alors que mes
doigts commencèrent à suivre les endroits ou sa chair avait
été cruellement meurtrie par lennemi, torturée
pendant des semaines. Plus rien ne paraissait, pas une cicatrice
rien de physique. Mais son esprit avait été profondément
blessé, saignait toujours un peu. Elle frissonnait; ce nétait
plus de froid, mais de cette peur, de cette douleur, de cette sauvagerie
quelle portait toujours en elle. Je connaissais lintensité
de ses émotions, la profondeur de ses plaies, et savais instinctivement
comment laborder, comment drainer lexcès, comment calmer
cet esprit structuré et discipliné.
Je me rappelais de ce corps ensanglanté,
écorché, brûlé que javais trouvé.
Seuls sa ténacité et lendurance de son corps lui avaient
permis de survivre. Ça, et les pouvoirs de guérisseur que
javais hérité de ma mère. La sauver mavait
poussé aux limites mêmes de ma capacité plutôt
considérable. Un lien avait été créé,
sans le vouloir, comme cela arrivait parfois.
Elle était certaine que Milikki
était intervenue en me guidant à elle. Je détestais
lidée, mais elle avait probablement raison.
Mes doigts tracèrent le long
de sa colonne, lui rappelant cette horrible blessure. Elle se crispa encore
plus, laissa échapper un sanglot. Les meilleurs thérapeutes
de lEmpire avaient échoué. Trop fière, trop
disciplinée, trop blessée pour faire confiance à
quiconque, pas pour ces choses. Sauf avec moi, qui lavait sauvée,
qui avait guéri son corps, avec qui elle partageait un lien indéfinissable,
un lien quelle croyait voulu par Milikki.
Je traçais ces cicatrices, qui
nexistaient maintenant plus que dans son esprit. Elle souffrait,
sa mémoire vive et intacte, se rappelait de la douleur intense
et soutenue qui sapait moral, énergie et volonté. Avec moi,
elle baissait sa garde, acceptait de se livrer, de pleurer, de sagripper
à moi, de relâcher cette tension accumulée en elle.
Jusquà ce que cette douleur enfermée dans un coin
de son esprit soit complètement libérée.
De longues minutes à raviver
chaque blessure, à la brûler de son esprit, jusquà
ce quil ne reste rien dimportant. Le tout reviendrait, saccumulerait
à nouveau, mais cela prendrait un certain temps.
De longues minutes à simplement
la tenir, à partager ma chaleur avec elle. Elle bougea la première,
membrassa. Une chose mena à une autre, puis à faire
lamour de manière paresseuse, sans urgence. De longues caresses.
Du plaisir, mais de moyenne intensité. Une fin satisfaisante, mais
la tendresse comptait plus, en ce moment.
Plus tard, couchés sur le coté,
son dos contre ma poitrine, je lui murmurai à loreille ce
à quoi je mattendais delle. Une mission, qui la garderait
profondément allumée, qui lui permettrait de tenir plusieurs
semaines sans avoir à être en ma compagnie. Je la sentais
réagir, son odeur semblant devenir plus profonde, et elle frissonnait
danticipation. Je voulais la voir poser nue, dans le plus grand
magazine érotique du monde. Elle avait le corps, le visage. Elle
saurait trouver les contacts, à passer avant toutes les autres
déjà prévues. Elle arriverait à sassurer
que personne ne puisse affirmer que cétait elle.
Une tâche tout de même
difficile, qui ferait beaucoup pour elle. Elle se tourna. Et cette fois,
il ny avait rien de paresseux à la manière avec laquelle
elle me fit lamour, férocement, avec passion
Framm
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