Histoires Des Invités

 

La Carotte Nantaise 26

Claude D'Eon

 

CHAPITRE 26 : BIENVENUE EN ENFER.


Le grand jour était enfin arrivé : je crois que je me souviendrai toujours de ce jeudi de la semaine suivant notre randonnée, et surtout du week-end… Diane avait appelé Carole dès le lundi pour lui dire que je devais de me préparer à mon départ, que je liquide mes affaires en cours et que je prenne mes dispositions. Depuis quelques temps, je surprenais souvent Carole -quand elle ne s'absentait pas longuement- à m'épier à mon insu d'un air sinon inquiet, du moins préoccupé. Elle prit beaucoup de temps pour peaufiner ma garde-robe et apporta des soins attentifs à ma petite santé et mes petits boutons, poils et autres imperfections : elle tenait à ce que je fasse la meilleure impression possible à tata Gisèle. Elle aussi était du voyage, cela me rassurait et m'inquiétait en même temps : J'avais besoin de sa présence aimante, mais je ne voulais ni la choquer ni la décevoir. Après tout, c'était pour moi un grand saut dans l'inconnu, et, je peux bien l'avouer, j'avais très peur. Côté positif, je devais être une fille, et c'est avec grand plaisir que je me glissai pleinement dans la peau d'Alicia.

J'avais demandé à Denis s'il continuait à enregistrer ce qui se passait chez lui, mais il m'a répondu non sans humour que ça faisait trop et qu'il préférait le théâtre au cinéma. Il a tout de même immortalisé leur premier week-end à trois lors de mon séjour chez Germain, et qu'il brûlait de m'en montrer la vidéo. Carole n'étant toujours pas chaude pour m'en faire profiter, il attendait patiemment qu'elle change d'avis... Et moi aussi !

Carole conduisait l'Audi, devisant joyeusement avec Diane, assise à côté d'elle. Denis, en plein chantier à son travail, devait nous rejoindre pour la fin de mon " stage. " Moi, je restais silencieuse sur l'ordre de mes maitresses, dans mon uniforme de collégienne anglaise. Mon éducation avait déjà commencé… Il faisait lourd et j'avais chaud, malgré la climatisation. Mes deux maîtresses étaient superbes, très élégantes, sanglées dans de jolis tailleurs assez stricts. A mon avis, elles ont dû acheter leurs tenues ensemble, ainsi que leurs robes de cocktail -une rouge et une noire- qu'elles m'avaient fièrement exhibées, ainsi que des bijoux et de longs gants assortis qui leur recouvraient les avant-bras… Elles aussi devaient avoir chaud, mais elles semblaient très à l'aise, et plutôt excitées.

La route me sembla très longue, juste interrompue par une pause sandwich sur le bord de l'autoroute bondée. Nous devions paraître vraiment excentriques, à côté des vacanciers en short qui descendaient à la mer…

Carole se faisait guider sur les petites départementales de la Drôme et râlait d'abondance, disant qu'elle n'avait jamais vu de routes si pourries. Mais à mon avis, c'est elle qui conduisait mal, et surtout trop vite.

Nous avons fini par arriver dans le nid de Tonton et Tata : c'était un superbe domaine verdoyant, beaucoup de prairies plantées d'arbres. Nous remontions l'allée qui séparait les dépendances, et Diane nous décrivait chaque bâtiment et les bêtises qu'ils y avaient faites, elle et ses oncle et tante. Leur maison ressemblait plutôt à un château bordelais : j'ai appris plus tard par Diane que c'en était effectivement un, construit par un nobliau local qui avait trouvé ça joli, et s'était même mis à faire du vin, sans grand succès. Par ici, ce serait plutôt les vergers…

Carole se gara devant le perron, juste en bas des marches. Un larbin obséquieux descendit nous accueillir, et vint m'aider à porter les lourdes valises. J'ai su par la suite que c'était oncle Serge. Tante Gisèle, dans une robe grise -chic mais austère- apparut sur le perron, et Diane et Carole s'empressèrent de la saluer en effectuant une petite révérence et en lui effleurant la main : elles avaient bien préparé leur mise en scène…

Je restai digne et féminine en tirant péniblement ma valise -et celle de Carole- en haut des marches. Diane me fit sèchement:
- " Allons, Présente-toi ! " Je posai mes valises, fit une révérence maladroite et dis d'une voix timide, tétanisée par la peur :
- " Je me nomme Alicia, Maîtresse Gisèle, et je suis la propriété de Maîtresse Carole et de Maîtresse Diane. " Je pus la voir de près: elle n'était plus jeune -la cinquantaine finissante- mais encore très désirable, mince et racée, et de plus, elle transpirait le vice…

Elle rit :
- " Pas maîtresse Gisèle ! On m'appelle Dame Aurore, mais pour toi, ce sera " Maîtresse " tout court. Monte tes valises. Et ne dit plus un mot. " Elle entraîna mes maîtresses au salon, tandis que je montais les valises avec Serge. Il était assez méchant avec moi :
- " Pose la valise de ta maîtresse ici. C'est leur chambre. " La chambre, au premier, était superbe, avec un grand lit à baldaquin, aménagée comme celle d'une cocotte de la fin du dix-neuvième. Comme je restai à admirer la pièce, il me tira brutalement en arrière et claqua la porte :
- " Avance! Ta chambre, c'est plus haut. " La mienne était au troisième étage, sous les combles, au bout d'un long couloir sombre et sentant le moisi. Serge ouvrit la porte grinçante et disjointe sur une toute petite pièce, équipée d'une une vieille paillasse crasseuse et de sa couverture militaire, une armoire sans porte et une petite table avec un broc dans une jatte, une chaise bancale et un bout de miroir cassé. Je notai aussi un pot de chambre dessous. Serge me fit poser ma valise brutalement :
- " Voilà, c'est là qu'on te mettra quand on aura pas besoin de toi. Dame Aurore m'a donné la permission de te baiser dans cette pièce. Je ne vais pas me gêner, tu as l'air bonne… Je me suis déjà branlé en regardant tes photos, ça l'a fait rire. Elle m'a quand même bien puni pour ça... " Il me pelota sauvagement les seins, puis me tira par la main :
- " Viens, il ne faut pas faire attendre nos maîtresses. "

[…]

J'en étais à ces réflexions lorsque la porte du bureau s'ouvrit sur Dame Aurore. Ça pète plus que Tata Gisèle, c'est vrai… Je me levai aussitôt, les mains jointes, les yeux baissés. Elle s'approcha de moi et me caressa pour apprécier mes formes :
- " Oui, tu es vraiment une belle fille, dans ton genre… Je vois que tu admirais ta photo ? Je suis fière de ma nièce. Elle t'a bien éduquée… Mais maintenant, il faut passer au dressage, ma petite ! " Elle s'assit derrière son bureau, et m'invita à en faire de même d'un geste autoritaire.

Elle prit un ton grave :
- " Mais avant, je dois m'assurer que tu es ici en pleine connaissance de cause, et de ton plein gré. Tu peux partir dès que tu le désires, mais si tu quittes cet endroit, c'est pour toujours, sans espoir de pouvoir y revenir un jour. Et je ne te cache pas que tu peux y perdre ta -ou tes- maîtres et maîtresses. Es-tu prête à endurer mes tourments par amour pour eux, sans espoir de grâce ? "
- " Oui, Maîtresse. " Elle étendit ses belles mains un peu ridées sur le sous-main :
- " Tes maîtresses sont très cruelles, bien plus que je ne l'aurais cru, et ont insisté pour que tu sois…Elles m'ont demandé une chose qui ne m'a jamais encore été demandée… Je dois d'abord te dire que tu seras mutilée, marquée au fer des lettres de tes maîtres, sur le pubis. J'ai leur accord pour ajouter ma note personnelle. " Mutilée… Et Carole aurait donné son accord ? J'avais du mal à le croire…
- " J'accepte avec joie, si mon épouse y consent. C'est elle qui a droit de regard sur moi. " Elle sourit :
- " Je comprends... Mais c'est elle qui a proposé ça. Mais surtout le reste: le châtiment suprême. L'émasculation. "

Un frisson irrépressible parcourut mon dos et ma vue se brouilla.
- " Vous…Vous êtes sûre, maîtresse ? " Elle soupira :
- " Hélas oui… J'ai eu la même réaction que toi. Pourtant je ne suis par réputée pour être tendre, loin s'en faut. " La tête me tournait :
- " Je pourrais en parler avec mon épouse ? "
- " Ta maîtresse, tu veux dire... Je suis en principe contre, les choses ayant déjà été dites, mais vu l'importance de ton sacrifice, j'y consens toutefois… Mais je veux que tu sois fixée tout de suite... " Elle appuya sur un bouton, sur son bureau, et une sonnerie faible et lointaine se fit entendre.

[…]

Je patientai seule dans le hall, assise sur ce banc de bois, le regard embrassant l'allée qui mène au château et la grande pelouse. Du salon voisin émanaient les rires de mes maîtresses et de Dame Aurore. J'entendais des bruits de porcelaine fine, elles devaient prendre le thé et des petits gâteaux. Emasculée, castrée… Mon dieu… C'était donc si drôle ? Je tournais et retournais sans arrêt les mots de Carole dans ma tête, en imaginant mon intimité couverte de sang…

Une grosse moto noire, assez sportive, s'engagea prudemment sur les graviers de l'allée. Elle s'arrêta devant le perron, et le bruit attira tout le monde. Mes maîtresses restèrent à côté de moi, attendant les visiteurs : deux motards vêtus d'une combinaison de cuir noir et d'un casque intégral également entièrement noir, y compris la visière.

La passagère -une jolie silhouette féminine me faisant irrésistiblement penser à Emma Peel dans la série " Chapeau melon et bottes de cuir, " équipée d'un petit sac à dos noir également, monta la première les marches. Elle enleva son casque et secoua sensuellement la tête pour remettre sa coiffure en ordre. C'était une très jolie jeune femme, d'une vingtaine d'année, très brune -espagnole, ou italienne, je ne pouvais pas me décider- très belle, avec beaucoup de noblesse dans les gestes, le port altier.

Elle se défit de sa combinaison, toujours sans un mot, et se retrouva entièrement nue en un clin d'œil, portant uniquement son maquillage discret mais très séduisant et une grosse chaînette dorée qui enserrait sa taille et qui semblait être rivée sur elle. Son sexe était presque entièrement épilé, comme celui de Corinne. Elle replia soigneusement sa combinaison et la tendit avec son casque à son compagnon qui s'avérait être son maître et époux. Il lui tendit en échange une délicieuse petite tunique prise dans le sac, et elle l'enfila. Elle lui arrivait à mi-cuisse, ample et resserrée à la taille par un ruban et m'évoquait l'antiquité. Une tenue d'esclave…

Dame Aurore fut la première à parler depuis leur arrivée :
- " Alicia, accompagne Mademoiselle -pardon, Madame- à mon bureau, fais-la asseoir et attendez-moi. Faites connaissance, vous n'aurez plus trop l'occasion de parler par la suite… " Elle invita ses pairs à passer au salon, et je fis donc connaissance avec la petite nouvelle. Je l'aurais trouvée fort appétissante, en d'autres circonstances...

Elle avait un petit sourire triste, boudeur et résigné.
- " Bonjour, je m'appelle Alicia. Moi aussi, je viens d'arriver, et je dois m'occuper de votre personne. J'espère me montrer digne de vous. "
- " Bonjour. Moi, c'est Salomé. Je m'appelle comme ça, maintenant. "
- " C'est votre maître, le grand motard ? "

Elle me fit un sourire lumineux :
- " Oui ! Et mon mari aimant aussi. Tu te rends compte, on se connaît depuis mes dix-sept ans, et il ne m'a pas encore touchée. J'en ai vingt deux… Il voulait attendre qu'on soit mariés, et que l'on m'ait " dressée ", comme il dit. Et que c'est seulement après ça que je perdrais enfin ma virginité. " Elle fixait avec moi la grande photo au mur :
- " Quelle belle mariée… Elle a eu plus de chance que moi: Pour ma nuit de noces, maître Karl -c'est comme ça que je dois l'appeler en privé- m'a menottée au pied du lit, dans ma robe de mariée, et il a passé la nuit à faire l'amour à sa maîtresse, ma meilleure amie, ma demoiselle d'honneur. Il y prenait beaucoup de plaisir, et me regardait souvent en m'insultant. La petite salope s'amusait aussi beaucoup. J'ai dit que j'avais besoin d'aller aux toilettes, mais il m'a frappée et bâillonnée. J'ai dû me soulager dans ma belle robe. "

Elle fixait toujours la photo :
- " Elle, on voit qu'elle est heureuse de souffrir pour son maître. Elle est vraiment… troublante. " Je fis, avec un sourire entendu :
- " Et vous avez vu les coups de cravache sur ses joues ? " Elle me regarda, puis fixa plus attentivement le cadre :
- " Ah Oui… On dirait… Tu crois ? " Je bombai le torse :
- " Bien sûr ! C'était moi. Mais ce n'était pas mon mariage, c'était mon baptême d'esclave. Je suis restée attachée une bonne partie de la soirée sur cette table, à me faire torturer et violer... "
- " Ah bon ? Je n'ai pas eu droit à ça, moi… Tu as de la chance. Tu es mariée ? "
- " Oui, avec la belle rousse que vous avez pu voir en arrivant. " Elle fronça les sourcils :
- " Tu es mariée avec une femme ? Un mariage lesbien ? " Je souris :
- " Mais non… Je suis un homme. Un travesti. " Elle fronçait toujours:
- " Hein ? Quoi ? " Pour faire court, je lui montrai mes attributs masculins qu'elle regarda timidement :
- " Ah oui… Dis donc… Tu es bien… Heu… travesti. Qu'est ce que tu vas me faire? C'est toi qui vas me dresser ? "
- " Ça, je ne crois pas. Je ne sais pas ce que je vais vous faire, mais en tout cas, je suis là pour m'occuper de vous. J'espère quand même que… "

La porte s'ouvrit et je me tus aussitôt, rentrant dans ma réserve. Gisèle s'assit à son bureau, examinant quelques feuillets :
- " Ma chère Salomé, Nous nous sommes déjà vues plusieurs fois. Tu sais pourquoi et sur la volonté de qui tu es là. Ton maître tient absolument à ce que je te dissimule ce qu'on va te faire ici pendant ces quelques jours qui vont te paraître bien longs, à mon avis… Il m'a juste autorisé à te divulguer quelques points : " Elle prit le feuillet et raya quelques lignes :
- " D'abord, comme tu le sais déjà, Nous allons briser le peu de volonté qui te reste, te battre, t'humilier, t'insulter, te ligoter dans des positions inconfortables, te faire faire des choses qui vont heurter ta sensibilité. Ce ne sera pas pour notre plaisir -bien que cela y contribue- mais pour celui de ton maître. Tu seras aveuglée pour que tu ne saches pas à quel moment il participera à ton dressage, s'il daigne se déranger, bien sûr... Alicia s'occupera de toi, elle te préparera à ton dépucelage -Pardon, tes dépucelages- te soignera et prendra soin de ta santé. Elle sera aussi chargée de te battre, quand nous en aurons assez nous-mêmes. Es-tu toujours d'accord ? N'oublie pas que derrière ces mots, il y a la dure réalité. "

Salomé inspira longuement et lâcha :
- " Oui, je m'y prépare depuis déjà longtemps. J'espère être à la hauteur des espoirs que mon Maître place en moi. J'ai toujours essayé de ne pas le décevoir. Je suis même prête à mourir pour lui, si cela était sa volonté. Vraiment."

Elle avait énoncé ces derniers mots avec résolution, ce qui fit rire Dame Aurore:
- " Nous n'en sommes pas encore là !... Il y a autre chose : il est prévu que tes trois virginités -puisque tu me certifies que tu n'as jamais été touchée par un homme- soient mises aux enchères. Les gains réalisés, après une petite ponction pour nos frais, reviendront intégralement à ta meilleure amie, la maîtresse de ton époux et maître. " Elle s'excusa presque : " C'est sa volonté… "

Salomé était livide, les yeux humides et les lèvres tremblantes. Elle se tordait les mains et bredouilla :
- " Si c'est la volonté de mon mar… De mon maître… Je n'ai rien à dire. " Elle essuya ses larmes d'un revers de main rapide mais tremblant.

Gisèle semblait troublée par son chagrin légitime mais tentait de garder son ton froid :
- " Ton maître a déjà eu droit à quelque faveur de ta part ? Quel agrément lui apportes-tu, à part ta soumission totale ? " Salomé se mordait les lèvres :
- " Je ne comprends pas: vous voulez savoir ce que je fais pour lui donner du plaisir? "
- " Oui, c'est exactement ça. "
- " Eh bien, il adore que je danse nue devant lui, ou juste vêtue d'un voile transparent, pendant qu'il mange. C'est pour ça qu'il m'a appelée Salomé, d'ailleurs. Je mange après lui, alors… Il aime aussi que je me… touche devant lui jusqu'à ce que je prenne du plaisir. Il m'oblige parfois à recommencer une ou deux fois. Il m'a déjà fait faire ça devant sa maîtresse. Elle m'insultait, et je crois que… j'ai bien aimé. Mais j'ai eu honte, après… Il aime aussi que je le caresse. Il remplit ma main qu'il me fait lécher après. Je n'aime pas ça, ça me soulève le cœur. J'en ai honte, c'est plus fort que moi, et je m'en veux d'être aussi faible. Mais je le fais toujours. "

Gisèle semblait satisfaite :
- " Bien, ma fille, Firmin va te conduire à ta chambre. Les volets y sont fermés et complètement étanche. Tu n'auras aucun moyen de savoir l'heure, et ne te fie pas aux indices, nous ferons tout pour brouiller les cartes. Tu seras seule, sauf quand Alicia viendra s'occuper de toi, et ce, n'importe quand. Tu feras tes besoins -quand tu pourras- dans un seau. Alicia s'en chargera. Tu auras de l'eau à volonté -également quand tu pourras boire, et tes repas te seront apportés à des heures irrégulières. Mais ne compte pas trop dessus, tu vas certainement avoir faim. Pour le reste, tu verras au fur et à mesure. Bien sûr, tu ne diras pas un mot, sauf si on te questionne. Ne demande rien : on ne te répondra pas. Tu ne pourras parler qu'avec Alicia, et encore, si c'est absolument nécessaire. Tu risques d'être écoutée et tu seras punie si tu abuses. Tu te laisseras faire par tous ceux auront envie de toi, ou de te corriger. Tu n'es rien, ici. Firmin s'occupera aussi de toi, tu es sous sa responsabilité. Quant à toi, Alicia, tu feras simplement ce qu'on te dit de faire. "

Elle consulta ses notes et nous regarda toutes les deux :
- " Bien, je crois n'avoir rien oublié, je vous laisse. "
Elle se leva et sortit sans une attention pour nous. Nous nous regardions, un peu effarées et plutôt inquiètes.

[…]

Firmin fit déshabiller Salomé et la lia bras et jambes écartées sur le grand H, puis la caressa de façon obscène:
- " Tu es une bien belle petite pute. Je te baiserais bien, si tu ne devais pas rester intacte… " Il lui caressa le menton de manière appuyée, à lui faire mal. La pauvre pleurait doucement, et il la délaissa pour se rabattre sur moi:
- " Toi, viens avec moi. " Firmin me raccompagna dans ma chambre, ferma derrière nous et laissa tomber :
- " À poil. " J'ôtai tous mes vêtements, ne conservant que mon maquillage et ma perruque. Firmin me détailla avec intérêt et souffla :
- " Comme tu es belle… Qu'est-ce j'aurais aimé avoir un corps comme le tien… J'adorais me travestir, mais avec mes jambes noueuses et mon visage taillé à la serpe et toujours bleu de barbe, j'étais vraiment pitoyable. Mais ma maîtresse a toujours fait l'effort de me trouver séduisante. Mais toi… J'ai vraiment envie de toi ! " Il se laissa tomber à genoux et me fit une fellation gourmande jusqu'à ce que je m'abandonne dans sa bouche. Il grognait d'aise :
- " Mmm…Comme tu es bonne et abondante… Je recommencerai. Maintenant, prépare-toi : J'ai toujours envie de toi ! "

Je ne l'aimais pas beaucoup. Pas ses manières brutales et grossières, je sentais bien que c'était un rôle qu'il jouait pour l'occasion. Non, c'est qu'il ne me plaisait pas, tout simplement, je n'éprouvais pas de plaisir à lui appartenir. Peut-être la peur diffuse que je ressentais depuis mon arrivée et la terrible menace qui pesait sur mes bourses… Mais mon plaisir n'avait pas sa place ici : je devais faire tout ce qu'on me disait de faire, pour satisfaire les désirs de mes maîtres, quels qu'ils soient. Je me préparai donc consciencieusement et me fis allonger sur la paillasse par Firmin, pour qu'il me prenne selon sa fantaisie. Il se contenta de se coucher sur moi, et à ma grande surprise, fut très doux et attentif à mon plaisir. Il n'alla tout de même pas jusqu'à me faire jouir, mais il m'arracha quelques soupirs avant de se déchaîner dans un orgasme violent. Une fois apaisé, je sentis sa main caresser mon corps de haut en bas :
- " Ouais… Tu es vraiment bonne… Tu as un de ces culs bien ronds comme je les aime. Tu es douce et chaude, j'ai l'impression d'être dans une brioche au beurre tout juste sortie du four. J'en ai déjà baisé, des salopes à dresser, mais des comme toi, aussi docile et soumise, rarement. Je sens que je vais profiter de toi souvent, ma cochonne ! "

[…]

Firmin me fit entrer dans la grande pièce presque vide, où trônait Salomé, les yeux bandés, toujours liée à son H, sanglotant doucement, reniflant par spasmes. Son corps, rougi de la poitrine aux pieds, portait de nombreuses marques boursouflées. Je comprenais qu'il ait mal au bras… Il m'entraîna dans un coin reculé de la salle pour m'exposer la suite du programme :
- " Tu vas la détacher, mais tu lui lieras les mains en bas du H aux menottes que tu vois, là. Elle ne doit jamais rester libre. Jamais, et sous aucun prétexte. Tu lui frotteras le corps avec la lotion que voilà… " Il avait ouvert un placard :
- " …Puis tu commenceras son éducation. Tu débuteras par la fellation, et si tu as le temps, par la sodomie. Mais attention, pas question que tu y mettes autre chose que tes doigts ou ta langue ! Tu apprécieras mieux ses progrès, comme ça. "
Il s'approcha de mon oreille et baissa encore d'un ton :
- " Nous, nous sommes les méchants, toi la gentille. N'hésite pas à la consoler et la réconforter. Elle s'ouvrira mieux au plaisir, ainsi. Tu peux parler quand même, tu sais… Mais avec modération. Pas question de papoter. Et ne te formalise pas si on vous surprend à parler et qu'on vous punisse, c'est le jeu. Tu t'es engagée à le jouer, tu te souviens ? " Je hochai lentement la tête. " Voilà. Je te laisse. Continue jusqu'à ce qu'on vienne te chercher. "

Dès qu'il eut quitté la pièce en claquant bruyamment la porte -faisant sursauter la pauvre Salomé au passage, je m'empressai d'explorer les placards : ils renfermaient toute sorte de choses, des produits divers, des entraves, des chaînes, des instruments de torture et de plaisir -parfois les deux à la fois, certains étaient plutôt impressionnants- du linge, des baillons, des masques et une foule de choses inclassables pour la novice que j'étais- et que je suis encore...

[…]

Il devait être aux alentour de minuit quand Firmin ouvrit bruyamment la porte, nous surprenant en pleine activité, mes doigts enfoncés en elle. Il semblait satisfait :
- " C'est bien, Alicia. Tu es une bonne fille besogneuse. Rattache-là debout comme elle était, mais retourne-là. Moi aussi, je vais m'occuper de son petit cul ! " Salomé gémit quand son ventre encore douloureux toucha le métal froid. " C'est bien, prends le seau avec toi -je vois que Madame a eu une petite envie- et suis-moi. J'ai quelque chose pour toi, en cuisine. "

La faim commençait à me travailler. Je pensais à ma petite maîtresse que j'abandonnai dans une position inconfortable en me disant que moi, j'allais sûrement me régaler avec les restes du délicieux plat de Carole quand Firmin m'arrêta devant les toilettes:
- " Pose ton seau ici. Tu ne vas pas le trimballer jusqu'en bas! " Il me guida ensuite jusqu'à la cuisine qui baignait dans une délicieuse odeur de plat mitonné par Carole -je reconnaissais sa patte- et me coucha brutalement, le ventre sur la table. Il releva ma robe et baissa ma culotte:
- " Bouge pas. " Il coupa un morceau de beurre qui traînait parmi les couverts et m'en lubrifia sommairement: il ne dissimulait pas son excitation et me prit ainsi brutalement, sans un mot. Une petite minute lui suffit pour prendre son plaisir, et il se recula, dans un état second, haletant :
- " Voilà, tu as eu ce que tu méritais. Va dormir. " Et il sortit en se rajustant, me laissant seule dans la cuisine. Je me serais bien servi quelque chose à manger, mais je n'en avais pas reçu l'autorisation. Je remontai donc le ventre creux m'occuper du seau de ma maîtresse que je lui rapportai.

J'entrai sans me méfier, la croyant seule… Seulement, elle ne l'était pas : Dame Aurore et ses deux invitées admiraient ma petite maîtresse en la tourmentant : Elle la frappait à coup espacés d'un genre de grand martinet aux lanières longues et épaisses tandis que Diane et Carole caressaient et embrassaient les épaules de Salomé. J'essayai de me faire discrète, mais j'avais déclenché la colère de la maîtresse des lieux:
- " Ici, petite conne ! À genoux devant moi ! " Je m'exécutai, tremblante. Elle me fouetta le dos :
- " Tu ne sais pas qu'il faut frapper, avant d'entrer ? Tu aurais pu très mal tomber !" je l'implorai :
- " Pardon, maîtresse ! Je viens juste de quitter madame Salomé, je la croyais seule… "
- " Tu n'as rien à croire. Enlève ta robe. " J'ôtai doucement ma tenue de soubrette que je posai soigneusement à côté de moi, comme si j'allais me coucher. Elle me releva énergiquement par le bras -elle avait une poigne de fer malgré sa silhouette assez menue- et me traîna jusqu'au H auquel elle m'enchaîna, face à Salomé à qui elle ôta son bandeau:
- " Je te rends la vue, ma jolie. Tu pourras constater comme ça ce que ça fait, de me contrarier… "

Ma petite maîtresse avait les yeux rouges, boursouflés par l'accumulation de ses larmes sous l'étoffe. Elle me fit un petit sourire malheureux, comme pour m'encourager à affronter ma punition qui se préparait derrière mon dos :
- " À vous l'honneur, Dame Carole. " Mon épouse lui répondit sur un ton enjoué :
- " Avec plaisir, chère amie ! " Une première et longue série de coups drus s'abattirent sur mon dos et mes cuisses, m'arrachant autant de cris. Ma moitié avait la main plutôt lourde…

Elle s'arrêta net. Je suppose que Dame Aurore avait retenu son bras un peu trop prompt à s'abattre sur moi :
- " Je crois que ça suffit… Elle n'en est qu'au début de son supplice, ne la faisons pas tourner de l'œil dès maintenant, elle ne pourrait pas apprécier la suite ! Venez plutôt admirer ma collection de jouets : j'ai cru comprendre que cela vous intéressait… " Elles se dirigèrent vers un grand placard, à l'autre bout de la pièce, derrière moi.

Comme je sanglotais doucement, Salomé frotta tendrement sa joue sur la mienne pour essuyer mes larmes et déposa un chaste baiser sur mes lèvres. Le contact de ses petits seins, doux et chauds sur les miens me rassurait. La pauvre, malgré le traitement qu'elle subissait depuis plusieurs heures, avait encore le cœur à consoler son humble servante…

Nos tortionnaires avaient une discussion animée devant leurs étagères. Pour un peu, on se serait cru au rayon bricolage de " La Samaritaine. " Dame Aurore vantait ses articles :
- " C'est tout du fait main… Serge a fait la partie mécanique, moi la couture, et un peu nous deux les moulages… Dans une quête commune du plaisir, nous avons passé de longues années à mettre ces modèles au point. Vous voyez, ça s'enfile très facilement. Celui-là est réglé pour moi, vous vous adapterez les autres, c'est très simple. Alors, je le lubrifie un peu -mais ça dépend de votre état d'excitation, ce n'est pas toujours indispensable- je commence par m'enfoncer le petit godemiché bien à fond, ensuite… ça force toujours un peu… la petite boule qui se cale naturellement au fond de vos fesses. Et là, ça tient déjà tout seul. Il ne reste plus qu'à serrer un peu la ceinture pour pouvoir affronter les pénétrations les plus sauvages!... "

J'entendis mes maîtresses glousser de plaisir. Dame Aurore reprit:
- " J'ai également cette ceinture à deux emplacements, pour les doubles pénétrations. Je l'ai essayée -pour une fois par l'autre bout- et j'ai ressenti un délicieux sentiment de plénitude. Et c'est bien plus pratique qu'à trois… " Elle poursuivit ses explications : " Oui, donc, une fois solidement harnachée, il ne vous reste plus qu'à choisir le -ou les- mandrin le plus adapté à l'usage que vous voulez en faire, du plus petit et lisse pour les jeunes filles timorées comme nous avons ici, au plus gros et tortueux pour les vieilles salopes qui ne veulent pas faire leur âge, comme nous avons également ici un exemplaire. D'ailleurs, elle mériterait bien qu'on lui apprenne les bonnes manières, cette petite conne... "

Carole s'excita:
- " Oh oui, mettez lui celui là! On dirait celui de notre âne! "
- " C'est ce que j'allais faire... Plus ça résiste, plus j'y prends du plaisir... Donc, pour revenir à notre appareil, vous vissez le mandrin que vous avez choisi sur la rotule articulée que voici et vous la bloquez dans la position de votre choix. Vous pouvez même la laisser libre si vous adoptez des positions changeantes, ou pour une double pénétration... Voilà. Maintenant, la démonstration! " Elles revinrent vers moi et je sentis des frissons parcourir mon corps impuissant : J'avais vu ce qu'elle projetait de m'introduire quand j'ai fourragé dans les placards, un peu plus tôt, et ce n'était décidément pas humain. Je n'avais d'ailleurs qu'à lire dans les yeux plus qu' inquiets de Salomé pour être fixée…

Dame Aurore me détacha un pied pour faire glisser ma culotte et me caressa la raie pour éprouver ma réceptivité. Elle ôta promptement ses doigts:
- " Mais... Tu sens le beurre! C'est Firmin qui t'a fait ça?! " Je n'avais pas intérêt à lui mentir:
- " Oui, maîtresse. À l'instant, dans la cuisine. " Elle cracha:
- " Le pourceau! Je lui avais bien dit de ne profiter de toi que dans ta chambre! Et d'abord, que faisais-tu dans la cuisine? Je n'ai pas encore donné l'autorisation de manger à mes esclaves! "
- " Il m'a dit de le suivre à la cuisine, qu'il allait me donner quelque chose. Je ne savais pas que c'était ça. "
- " Tu croyais que tu avais gagné ta pitance? Petite conne! Tu as gagné une rallonge de ton jeûne, oui ! Et ta maîtresse aussi, par ta faute. " Je me rebellai:
- " Par pitié, pas ma maîtresse! Elle n'a rien fait, et elle est si jeune! " Dame Aurore se fit étrangement conciliante, bien que ce soit elle qui décidait de tout, en fin de compte :
- " Eh bien soit... Salomé, tu as de la chance d'avoir une servante si dévouée : Toi, tu mangeras bien, très bien, même… Quant à toi, Alicia, tu resteras liée à la potence jusqu'au repas de ta petite maîtresse, que tu lui serviras d'ailleurs. J'adore voir les petites servantes se sacrifier pour le bien-être de leur maître... C'en est presque pathétique, parfois... Allez, l'incident est clos. "

[…]

- " Il va valoir me nettoyer tout ça, ma cochonne… Avec la langue, bien sûr. " Diane s'avança à petits pas, toujours les cuisses serrées, brûlante :
- " Ma Carole va s'en charger. Elle lèche comme une chienne. Allez, détache-la. " Carole défit les chaînes de Salomé, sanglotante, et lui lia les menottes dans le dos. Elle s'agenouilla à ses pieds et fit soigneusement sa toilette, s'autorisant à glisser sa langue entre ses lèvres :
- " Tu es trempée... Tu as l'air d'aimer ton traitement, je me trompe? " Elle répondit timidement, honteuse:
- " Oui maîtresse. Grâce à vous, j'apprends à être une bonne esclave, tournée entièrement vers le plaisir de son maître, et ça fait le mien. " Je ne sais pas si c'était sincère, ou si c'était une phrase toute faite qu'elle avait préparée...

Mon épouse caressa ses fesses rondes et musclées, marquées de rouge:
- " Tu as un petit cul sublime, ma jolie... Je peux te dire que j'ai bien profité de la vue: J'adore tes fesses fendues comme un abricot bien mûr… Et j'aimerais bien participer aux enchères, si c'était possible: J'adorerais être la première à te prendre comme ça, avec un beau jouet de Dame Aurore... Oui, j'adorerais ça... " La maîtresse des lieux avait acquiescé en souriant.

Diane s'impatientait:
- " Carole, finis ton travail, je te prie. Il en reste par terre et sur cette petite truie d'Alicia. " Mon épouse lui adressa un sourire de défiance et lapa les gouttes au sol, sur le beau parquet à l'anglaise puis s'occupa de ma petite personne.

Je ne m'étais pas trop sali, et mon épouse ne mit pas beaucoup de temps pour me toiletter -me faisant au passage une douce et rapide fellation. Elle se releva, les yeux brillants de larmes, m'embrassa et me souffla à l'oreille:
- " Je t'aime très fort, mon amour... "

Diane était de plus en plus nerveuse:
- " Allez, Carole, viens maintenant! " à sa tante: " Dis... Dites, Dame Aurore, nous pouvons vous emprunter vos ceintures ? " Sa tante, amusée devant tant d'excitation, se mit à rire:
- " Mais bien sûr! Figurez-vous que j'y avais déjà songé, lorsque vous m'aviez dit que vous viendriez avec une amie! J'avais très bien compris, j'ai l'habitude de recevoir... Tu trouveras tout ce dont tu rêves dans la grande armoire du boudoir. " Diane fit presque timidement:
- " Même... La ceinture à double... fixations? "
- " Oui... Ainsi qu'un grand choix de godemichés à y placer, et tout ce qu'il faut pour prendre du plaisir à deux, ou plus! " Tata Gisèle était décidément une hôte délicieuse... Ma maîtresse lui fit un grand sourire reconnaissant:
- " Merci, Dame Aurore! Viens, Carole, je n'y tiens plus! "

La maîtresse des lieux se fit soudain plus sévère et leva la main:
- " Un instant, mesdames!... Les maîtres ont des droits sur leurs esclaves, mais aussi des obligations. Maîtresse Carole, veuillez rattacher Salomé sur sa potence. Maîtresse Diane, il vous reste à corriger votre esclave. Vous ne vous en occupez guère, à ce que je vois, et ce n'est pas très sain. Un esclave doit toujours sentir le souffle de son maître sur sa nuque. Ou celui de son fouet… "

Personnellement, je trouvais que l'on s'occupait suffisamment de ma petite personne: j'aurais bien aimé un peu de répit, et quelque chose à manger et à boire...

Je sentis Diane se mettre en position derrière moi. La voix de Dame Aurore résonna:
- " Et appliquez vous, je vous prie!... " Elle s'appliqua, en effet... Les coups tombèrent, drus, en tout sens. Elle était hors d'elle, torturée par le désir, totalement hystérique. Elle hurlait des obscénités, ce qu'en temps ordinaire elle ne faisait quasiment jamais:
- " Putain! Depuis la première fois que je t'ai baisée comme une truie dans mon salon, tu m'as foutu le feu au cul! J'ai envie de me faire baiser, et de baiser ta salope de femme!... Ouais! Je vais la baiser comme la chienne qu'elle est, et tout de suite! Je finis de te déchirer le cul et j'y vais! " Après quelques minutes interminables pendant lesquelles elle se déchaîna sur mon corps et surtout sur mes fesses, elle lâcha brusquement le fouet qui tomba au sol, attrapa mon épouse au passage par un bras -visiblement amusée et excitée par la scène de son amante- et s'enfuit avec elle en claquant la porte.

Dame Aurore se baissa pour ramasser le fouet et fit, flegmatique et un tantinet goguenarde:
- " Eh bien eh bien... on dirait que tu déclenche des passions… Tu es un joli brin de fille, un peu ronde, mais bon... Je te trouve également à mon goût. Mais trêve de plaisanterie: je vous laisse réfléchir à tout ça… On viendra vous détacher et vous nourrir... Plus tard, peut être. Ou pas… Exceptionnellement, Je ne saurais trop te conseiller, Salomé, de parler avec Alicia de toutes les choses qui te préoccupent, échanger vos expériences... Le grand jour approche, et je ne voudrais pas que tu fasses honte à ton maître, et à mon établissement par la même occasion... " Elle nous banda les yeux et nous laissa seules, face à face.

[…]

Nous avions attendu quelques instants que le silence s'installe définitivement et que le claquement sec des talons de Dame Aurore s'évanouisse au fond du couloir pour oser parler. Salomé reniflait nerveusement par instant, et je m'enquis de sa santé, en chuchotant:
- " Ça va, ma petite maîtresse ? " Elle prit le temps pour répondre d'une voix plaintive:
- " J'ai mal… J'ai l'impression de n'être qu'une plaie. J'ai faim et soif, j'ai encore envie de pisser, je me suis écorché les poignets et les chevilles en me débattant... Mais je souffre pour mon Maître. Je serais si heureuse s'il me voyait ainsi… Si heureuse… Mais et toi, comment vas-tu ? Dame Aurore t'a fait des choses terribles, sans parler de Dame Diane… J'ai vu avec quoi elle t'a prise… C'était monstrueux. "
- " Je vais bien de ce côté, merci de vous en inquiéter... En fait, elle n'est pas rentrée, elle s'est arrêtée juste à temps. C'est une grande professionnelle… Mais je suis désolée de vous avoir souillée. C'est indigne de moi, de plus j'avoue que j'ai pris du plaisir à vous voir torturée. "

Elle souriait, je pouvais l'entendre:
- " Ne t'inquiète pas pour ça! J'étais surprise de voir qu'un homme pouvait jouir comme ça, mais j'ai apprécié. Beaucoup. De plus, ça me rassure, comme je dois y passer dans pas longtemps… Ça fait mal ? "
- " Sans préparation ni lubrifiant, assez. Mais j'espère que le jour venu, je pourrai m'occuper de toi… "
- " Moi aussi… "

Elle changea de ton et de sujet :
- " …J'ai faim !... Tu sens ? On dirait que ça sent la cuisine… Et de la bonne, en plus ! " D'où on était, j'en doutais fort… La pauvre devait délirer :
- " Non… Mais moi aussi, j'ai faim. Je n'ai presque rien mangé, à midi. "
- " Moi, je n'ai rien mangé du tout. C'était la volonté de mon Maître… Alors comme ça, c'est ta femme, Dame Carole ? Elle est très jolie… J'ai bien aimé quand elle m'a léchée, et toi aussi… C'est aussi l'esclave de Dame Diane ? "
- " Je crois… Elles échangent leurs rôles, par moment. Et je ne sais si je te l'ai dit, mais Dame Diane est la niè… "

Un coup violent claqua sur mon dos, m'arrêtant net, et la frayeur provoquée manqua presque de me faire tomber dans les pommes. La voix de Firmin tonna:
- " La ferme ! Tu parles trop ! Et tu as tutoyé ta maîtresse, souillon ! " Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et une nuée de papillons blancs tournoyaient devant mes yeux grands ouverts sous le bandeau. Ce serpent a dû entrer quand son épouse est sortie… Je pense que leurs longues années de pratique ont dû favoriser le rodage de leurs petits numéros… Et je ne devais sans doute pas révéler les liens de parenté qui unissent Diane et Gisèle.

[…]

Ils ne s'étaient pas moqué d'elle : Elle disposait d'un repas copieux, complet et très fin, digne d'un grand restaurant. Je ne crois pas que ce fût l'œuvre de mon épouse...

Firmin souligna :
- " Il faut qu'elle mange et boive tout. Je dois la battre si elle faiblit. " Je me doutais bien qu'il y avait un revers à cette jolie médaille… L'entrée ne lui causa aucun problème -une cassolette de coquille Saint Jacques et sa timbale de riz basmati- mais elle eut du mal à finir son plat de queues d'écrevisses au cognac -garni également de riz et de légumes rissolés très bourratifs. Je faisais descendre avec la petite bouteille de vin blanc qu'elle devait également finir. Elle avait l'estomac au bord des lèvres, moi, dans les talons…

Firmin maniait ostensiblement aux oreilles de Salomé la fine baguette de bambou avec laquelle il m'avait cinglé le dos. La pauvre grimaçait en avalant son roquefort sur son épaisse tranche de pain de campagne. Je l'abreuvai le plus possible, ce qui avait l'inconvénient de lui faire gonfler l'estomac. Elle était livide, arrivée au dessert : Une crème caramel au chocolat noir croquant, qui descendit heureusement assez bien. Firmin la fit se relever:
- " Vous avez un beau ventre bien rond, à présent, Madame! La chaîne vous rentre délicieusement dans la peau. Si je puis me permettre, je vous trouve très belle ainsi. Alicia, passe-lui de l'huile sur le ventre pour qu'elle soit encore plus jolie ! " Je lui caressai le ventre bien tendu et bien dur avec la lotion apaisante. C'est vrai qu'elle était très désirable ainsi, encore plus si elle n'avait pas été malade…

[…]

La faim m'empêchait de m'endormir. En laissant vagabonder mon esprit -autour de ma castration et de Salomé- je fus intriguée par un bruit lointain et régulier. À force de tendre l'oreille, j'identifiai des coups et des cris d'homme. Il devait y avoir une autre victime, quelque part dans ce château…

Quelques dizaines de minutes plus tard, à mon avis -je m'étais assoupie d'un mauvais sommeil- je fus réveillée par un autre bruit, incongru et tonitruant : Quelqu'un passait la tondeuse à gazon au beau milieu de la nuit à la lumière des phares, d'après ce que je pus en juger par les lueurs vacillantes illuminant ma lucarne… Mon naturel curieux me poussa à examiner les raisons d'un tel agissement, et je ne voyais que deux explications : la première, ils avaient oublié de tondre leur pelouse pour la visite d'un hôte important, mais je n'y croyais pas beaucoup, et la seconde, plus plausible dans cet asile d'aliénés -je dis ça car il y avait de quoi y perdre les pédales- c'était uniquement pour désorienter Salomé…

Je fus de nouveau réveillée -en sursaut- par ma porte qui s'ouvrit bruyamment. Firmin, sa trique de bambou à la main, cria :
- " Petite pute ! Tu as cafeté ! Ma maîtresse m'a fouetté pour lui avoir désobéi ! Tu as quelque chose à répondre à ça ?! " J'étais abrutie de fatigue, affamée et endolorie: je n'avais pas de temps à perdre avec des broutilles. Il n'était qu'un humble valet, après tout :
- " Vous avez désobéi à votre maîtresse ? Vous n'avez eu que ce que vous méritez, et vous n'avez à vous en prendre qu'à vous-même. " Sidéré par mon aplomb, il fit d'une drôle de voix, entre le rire et la colère :
- " Quoi ?! C'est… C'est tout ce que tu trouves à dire ?! "
- " Oui. Faites ce que vous voulez de moi, je m'en fous. Je dors debout, de toute façon… Je ne sais même pas si je rêve ou si je suis réveillé, vous pourriez tout aussi bien être la reine d'Angleterre ou Winnie l'ourson, alors… Repassez demain si vous voulez avoir une conversation édifiante avec moi. Voilà tout ce que j'ai à dire, ab imo pectore.* " Quand je me mets à parler latin, ce n'est pas bon signe…

Il se radoucit subitement. Les choses ne devaient pas se passer comme il l'aurait cru… Il se laissa choir sur mon lit, à côté de moi, abattu: il sentait l'herbe coupée et un peu les gaz d'échappement. Je commençais à me réveiller et je me surpris à me coller contre lui, à enlacer son épaule et à lui susurrer :
- " Pardon, monsieur, je ne voulais pas vous attirer des ennuis, mais Dame Aurore a tout deviné en découvrant du beurre dans mes fesses. Elle est terriblement intelligente, et elle a immédiatement compris que j'ai eu un rapport avec vous, dans la cuisine. Dans ma chambre, j'aurai utilisé mon lubrifiant… Nos maîtresses nous sont bien supérieures, il est vain et illusoire de vouloir les berner. " Après un long silence, il soupira :
- " Tu as mille fois raison. Je suis venu dans l'intention de te battre aussi cruellement que je l'ai été moi-même, mais j'y renonce: je n'ai rien à te reprocher. Je vais chercher ton repas. "

Il revint rapidement -il avait déposé mon plateau dans le couloir- et me le tendit :
- " C'est loin d'être aussi raffiné que le repas que j'ai servi à ta petite maîtresse… " En effet… Une demi assiette de pâtes au beurre -plutôt à l'huile, en fait… Je lui adressai un sourire reconnaissant :
- " Le repas d'une esclave… Je ne me plains nullement. Merci bien, monsieur, de penser ainsi à moi. " Il secoua la tête :
- " Bon sang… Tu ne me facilites pas la tâche! " Il grimaça en se rasseyant à côté de moi. Je posai mon assiette à peine entamée et lui soufflai de ma voix de velours :
- " Désirez-vous que j'apaise vos douleurs ? J'ai ce qu'il faut avec moi… " Il me sourit :
- " C'est gentil… Finis ton assiette, on verra. " Il me regarda manger en silence, et me sourit de nouveau : il semblait ému de trouver un peu d'humanité dans son programme de goulag stalinien… Je lui rendis son sourire et posai mon assiette vide dans le plateau.

Il me prit dans ses bras et j'étouffai une plainte :
- " Mmm… J'ai un peu mal, moi aussi… Dites, vous avez de drôles d'heures pour tondre la pelouse, non ?… " Il sourit :
- " Oui, hein ? Mais je ne te dirai pas pourquoi ! En tout cas, ici, attendez-vous à tout, surtout à l'inattendu ! "

Il m'allongea sur ma paillasse, me déshabilla gentiment, éteignit la lumière et vint me rejoindre en maillot de corps:
- " Bonne fin de nuit, Alicia. "
- " Merci, monsieur. À vous aussi. Il faut que j'aille voir Madame Salomé ? "
- " Ne t'inquiète pas pour elle… On doit bien s'en occuper, à l'heure qu'il est... " Je frissonnai à l'idée qu'on puisse encore la tourmenter à cette heure ci…

Je fixai pensivement la lucarne qui diffusait une lueur blafarde quand il me dit timidement :
- " Dame Carole est vraiment sublime… Elle devrait poser pour des magazines, ou faire du cinéma. " Je souris :
- " Oh ! Mais elle en a fait ! C'est elle qui tenait le rôle de l'épouse affriolante du personnage principal du film " Qui veut la peau de Roger Rabbit ? " Visiblement, il ne connaissait pas ce petit bijou d'animation :
- " Ah bon ? Je ne l'ai jamais vu, ce film… J'en ai vaguement entendu parler… Je le regarderai à la première occasion ! " Grand bien lui fasse…

[…]

Il me fit entrer la première dans la pièce qui lui était réservée, et je fus horrifiée de trouver ma petite maîtresse liée sur le chevalet de torture réglable, sur le dos, les cuisses grandes ouvertes, les bras sous la table. Firmin, blasé, ne lui accorda à peine un regard et me fit, d'un ton détaché :
- " Tu peux la libérer, elle a assez roupillé… " J'essayai de deviner les sévices qu'elle avait pu endurer, outre le gavage et la privation de sommeil : elle avait été de nouveau copieusement fouettée, brûlée à la cire fondue -elle en avait les seins couverts- gelée -les derniers glaçons achevaient de fondre à côté d'elle, dans un seau à glace, et certainement bien d'autre choses que j'ignorais. Son sexe était partagé par la chaînette supplémentaire dont elle m'avait parlé. Je me demandais qui avait bien pu lui faire ça… Son maître ?

Je la détachai et la serrai dans mes bras, mais elle était amorphe. Je dégageai rapidement sa jeune poitrine de sa gangue de cire et elle se laissa traîner, titubante, jusqu'à la table où l'attendait son déjeuner. Je m'enquis :
- " Vous voulez peut-être aller aux toilettes, Maîtresse ? " Une petite voix harassée me répondit :
- " J'ai déjà fait… Il est quelle heure ? " J'éludai la question:
- " Tenez, un bon jus d'orange tout frais… Ça va vous faire du bien ! " Exceptionnellement, je pus lui laisser l'usage de ses mains que je lui menottai par devant, et Firmin m'autorisa à enlever son bandeau. La pauvre était livide, sur le point de tomber dans les pommes :
- " J'ai mal au cœur… Je parie que je dois encore manger tout ça… " Elle ne posa pas la question, assurée de ne pas avoir de réponse de la part de Firmin qui fit tout de même un effort en lui faisant siffler sa trique aux oreilles.

Mon estomac hurla à la mort pendant que je lui beurrais ses toasts: j'avais une envie folle de me jeter dessus, avaler son café fumant et son œuf à la coque. Elle me jeta un regard malheureux, se sentant coupable de s'empiffrer pourtant contre sa volonté alors que j'avais le ventre vide :
- " Tu n'as toujours rien mangé, depuis hier ? " Je lui souris pour la rassurer :
- " Oh ! Si! Monsieur Firmin m'a gentiment apporté à manger dans ma chambre... Comme une vraie princesse, servie au lit! " Firmin pouffa, mais elle n'était pas dupe :
- " Je sais bien que tu as faim. Tiens, croque dans mon toast. " Firmin frappa violemment la main amie qui avait eu pitié de moi, faisant voler en éclat la tartine grillée. Salomé fut à peine surprise et ne poussa même pas un cri, malgré le coup reçu sur le dessus de sa main. Notre gardien dit froidement, sans émotion apparente :
- " Alicia, ramasse tous les morceaux. Elle doit tout manger. Elle seule. " Je me doutais bien que ce n'était pas une bonne idée…

Elle avala tout son déjeuner, lentement, marquant de courtes pauses interrompues par la trique de Firmin. Il emporta le plateau et me dit :
- " Occupe-toi bien de ta maitresse. Fais sa toilette, remets lui son bandeau et ensuite, continue son dressage. Fais bien attention, vous êtes surveillées… Et soyez présentables, des personnes de haut rang viendront vous inspecter. Ne nous faites pas honte. "

Ma tenue commençait à être sérieusement défraichie, et même tachée par les assiduités de Firmin, à l'instar d'une stagiaire de la maison blanche... La pauvre Salomé semblait détachée de ce qu'il lui arrivait: elle se leva et me demanda ses toilettes. Je lui dégrafai sa chainette, la laissai faire ses besoins puis la nettoyai. Elle demanda ensuite à s'allonger un moment, et le contact de la paillasse sur son dos meurtri lui provoqua enfin un faible sourire. Docilement, elle se laissa lier les mains au bas de la potence et lui passai la lotion apaisante sur tout le corps.

[…]

- " Si vous êtes prête, je vais continuer à vous préparer pour le grand jour. D'après ce que Firmin m'a laissé entendre, je serai à vos côtés le moment venu pour vous préparer le mieux possible. Ce n'est d'ailleurs pas la tâche d'un maître, à moins qu'il y prenne du plaisir... Je vais vous lécher pour vous y préparer, que vous ne soyez pas trop surprise le jour venu… Vous vous êtes déjà fait lécher? " Elle baissa la tête, un peu honteuse :
- " Oui... À part par Dame Carole tout à l'heure, Une fois, par le chien de mon maître. Il m'avait attachée, nue, les cuisses écartées pour mieux m'humilier -il adore ça, d'autant plus qu'il attendait ma meilleure amie- et son chien est venu me sentir et il m'a donné quelques coups de langue. C'était très doux, et j'aurais adoré si ce n'avait pas été son stupide clébard baveux. " Je la grondai:
- " C'est le chien de votre maître. Vous ne devez pas en dire du mal. Ni en penser, du reste. "
- " Oui... Je te demande pardon te t'avoir déçue. Mais vas-y, montre-moi ce que ça fait. " Elle écarta les cuisses en geignant un peu: elle ne se plaignait pas, mais son corps meurtri la faisait souffrir.

[…]

Je somnolais depuis assez longtemps -une heure ? deux ?- quand la porte se referma bruyamment. Quelques instants plus tard, mon bandeau sauta et la lumière du lustre m'éblouit : Firmin me libéra de mes entraves diverses et attendit que je me sois relevée et débouché les oreilles:

- " Libère ta maitresse et descends avec elle à la cuisine. Je vous y attends. Tu lui enlèveras aussi son bandeau, mais garde ses mains liées dans le dos. " Il regarda la ceinture munie d'un imposant godemiché laissé à terre : " Avant, nettoie et range moi tout ça. Petite coquine, tu t'es bien amusé, on dirait ! " Je rajustai mon soutien gorge et fixai d'un air triste mes bas mis à mal, percés et filés par les ongles rageurs de Diane. Il avait compris ce qui me préoccupait :
- " Tu resteras comme ça, à moitié à poil, qu'on voie quelle petite pute tu es. Et moi, j'aime bien les bas filés: ça montre que tu t'es bien faite baisée. Allez, ne traînez pas. " Il sortit, sans même un regard sur Salomé.

Je détachai ma petite maitresse, de plus en plus pitoyable : Elle avait toujours sa tunique, mais elle était relevée sur son ventre encore bien rond. Son visage était boursouflé par les pleurs, et elle était harcelée de multiples poids pendus par des pinces, comme ceux que j'avais eu aux seins: à ses tétons, bien sûr, mais aussi à ses oreilles, son nombril et ses grandes lèvres, ce qui lui faisait entrer entièrement sa chainette dans son sexe. Je la libérai, et elle me tomba dans les bras avant que je puisse la menotter :
- " Alicia… Aide-moi, par pitié! " Je ne répondis rien, assez embarrassée, me contentant de lui caresser le visage et de l'allonger sur sa paillasse, menottée à la potence. Je pris quelques minutes pour la caresser et l'embrasser puis, lorsqu'elle se fut relativement apaisée, je me mis à nettoyer et ranger le matériel dans les placards.

J'eus une pensée émue en rangeant la ceinture qui avait servi à ma chère Diane, et je ne résistai pas à la tentation d'embrasser les parties encore bien humides qui avaient eues l'honneur d'entrer en contact avec les orifices de ma maitresse adorée. Salomé me surprit et sourit, puis elle referma les yeux. Je nettoyai soigneusement le divin objet à la lotion alcoolisé en admirant l'énorme phallus de silicone, plutôt réaliste, qui l'ornait : aussi épais que le sexe de mon cher Germain, mais bien plus long. Etonnamment, je n'ai plus eu de problème : je devais être rodée, à présent…

[…]

Je lui tirai une chaise et l'installai aussi confortablement que je pus. Comme je prenais ses petits pieds dans mes mains pour les masser, Dame Aurore me fit, entre deux soupirs:
- " Ils sont sales ! lèche-les ! " Ce que je fis avec entrain. Seule la poussière crissant entre mes dents gâchait mon plaisir, mais bon, ce n'était pas pour moi que je faisais ça.

Firmin s'était relevé et m'avait déposé mon assiette par terre, à côté de moi: ce devait être les restes de leur repas… Tous les restes, d'ailleurs : de l'entrée au dessert, tout était mélangé, y compris quelques morceaux de pain dont on pouvait encore voir les traces des dents des convives. Mais une chose était sûre, ma petite maitresse n'avait pas participé à l'élaboration de ce repas, et pour cause… Mais la faim était trop forte, et l'odeur de ce mets si proche m'attira : Je n'hésitai que quelques secondes avant de me mettre le nez dedans.

La baguette de bambou s'abattit sur mes fesses presque nues: Firmin ne s'en séparait plus, à présent:
- " Qui t'a donné la permission, traînée ?! " Je réalisai que j'avais vite perdu les bonnes manières inculquées par Maîtresse Diane… Firmin s'adressa à ma maitresse avec déférence. Et dire qu'il l'avait traitée de petite pute, la veille …
- " Madame Salomé, votre servante attend vos ordres. " Elle prit quelques secondes pour évaluer la situation, entrouvrit un œil et me dit :
- " Va-y, Alicia, je te laisse ma part… " Elle n'avait pas dû tout comprendre- elle luttait visiblement contre la nausée et l'endormissement- et je pris sa réponse pour un ordre. Je supposai que je devais manger à quatre pattes, mais je tentai de m'asseoir aux pieds de ma maitresse. Un coup sur la cuisse me ramena à la raison: trêve d'initiatives…
- " Non ! À quatre pattes ! " J'aurai essayé… Tout ceci me rappela furieusement ma première prise en main par Diane, et je ne serais pas surpris qu'elle lui aura tout raconté en détail…Dame Aurore rappela son époux à ses pieds :
- " Viens me finir, Firmin. " En principe, ils se vouvoyaient, mais les moments d'excitation leur faisaient perdre parfois leurs moyens.

[…]

Dame Aurore se releva et envoya Firmin m'ausculter de plus près :
- " À toi, mon chéri, montre-moi comment tu fais avec elle. Et toi, dépêche-toi de finir ton assiette: je te la retirerai quand Firmin aura eu ce qu'il mérite: Sa récompense. " J'avais intérêt à faire durer… Je n'avais encore quasiment rien avalé, et la faim me tenaillait.

Il fut assez long, ce qui me laissa un peu de répit pour manger. Seulement, il me secouait beaucoup et souvent, mes dents se refermaient sur le vide une fois sur deux… Firmin se vida en moi en poussant quelques grognements de bête. Aussitôt, comme promis, Dame Aurore me subtilisa mon repas si chèrement gagné. Elle sourit en me voyant suivre des yeux avec mélancolie mon assiette que Firmin vida dans la poubelle:
- " Tu ne crois pas que tu es assez grosse comme ça ? Allez, je t'emmène faire un peu d'exercice. Salomé, venez également. …Salomé ! Réveil ! " Ma pauvre petite maîtresse s'était endormie sur sa chaise, le menton sur la poitrine. Je la relevai avec délicatesse et elle me jeta un regard de noyée, flageolant sur ses deux jambes.

Nous avons suivi notre hôte jusqu'à un petit pavillon attenant à l'aile ouest. Je me demandais ce qu'elle nous réservait encore -je me remémorai le récit d'enfance de Diane, et de sa salle de torture médiévale- et j'étais positivement inquiète.

À mon grand soulagement, ce n'était pas du tout ce que je croyais: Il y faisait plutôt chaud, et cela ressemblait à un salon de soins esthétiques. Dame Aurore nous fit un grand sourire, presque maternel:
- " Voilà, je vous laisse vous reposer jusqu'à ce soir. Profitez bien des lieux, il y a tout pour se détendre: massage, spa, sauna... Personne ne vous embêtera, ici. Faites ce que vous voulez. Alicia, Firmin va te rapporter un repas digne de ce nom, ainsi que vos affaires. Allez, je vous laisse. J'ai pas mal de choses à préparer pour ce soir... "

[…]

Je découvris enfin mon plateau: une salade de carottes râpées -enfin, en fines rondelles, signature imparable et clin d'œil de mon épouse, du civet de lapin aux pruneaux et au vin rouge -spécialité de sa maman- et du clafoutis aux pêches, également une spécialité de mon épouse. Je dépliai le petit mot plié en quatre glissé sous mon verre:

- " Mon hippocampe des montagnes, je te souhaite un bon appétit (oui, il doit être bon, à ce que j'ai compris!!!). J'espère que tu t'amuses autant que moi... Ici, dans ma colonie de vacances, je me suis fait plein de camarades, et nous jouons beaucoup ensemble. Allez, je te laisse apprécier mes bons petits plats. Je sais que tu lis ce mot avant même d'y toucher. Je me demande si c'est un compliment (pour moi) ou une insulte (à ma cuisine). Bisous partout, et à ce soir !!!

Ta petite Carole qui veille sur toi et qui t'aime (quand même.)

P.S. J'espère que le petit spectacle qui t'attends (et auquel tu vas participer, bien sûr!!!) te plaira. Moi, il me tarde d'y être. Et surtout la suite... (Pschiii...Snip! Snip!) "

Pschiii... Snip Snip ? Ces onomatopées me trottèrent dans la tête quelques secondes, m'évoquant les bandes dessinées de ma souris impérialiste préférée que nous partagions tous les deux, enfants, dans notre cabane. Leur sens me sauta à l'esprit presque aussitôt: le bruit du fer rouge sur ma peau délicate et les ciseaux me séparant à jamais de mes attributs masculins... Mon appétit décrut subitement et fit place à la nausée... Très temporairement, car je fis vite honneur à ses délicieux plats.

[…]

Salomé, allongée sur le dos, la tête sur ma cuisse, se frotta le front avec son soda:
- " Poufff! Là, il fait trop chaud. Je ne sais pas si je pourrais continuer à dormir... "
- " Ce n'est pas grave. Reposez-vous, au moins. " Elle soupira, à moitié soulagée:
- " Je crois que le plus gros est passé. C'était vraiment horrible ! Apparemment, ça ne fait qu'un jour plein que je suis là, mais je t'assure que dans ces conditions, on dirait qu'on y passe une éternité. Plus que ce soir à me faire dépuceler et à me faire marquer, ou peut-être demain matin et je vais enfin pouvoir prendre possession de mon homme! " Je corrigeai:
- " C'est plutôt lui qui prendra pleine possession de vous! "
- " Oui... Et toi, tu finis demain, aussi? " Je m'assombris:
- " Oui, je crois... Je me fais marquer également, et on doit en plus me castrer. " Elle bondit et me fixa:
- " Quoi? Tu es sûre? Ça m'étonnerait beaucoup! C'est pas trop le genre de la maison, à ce que j'ai compris! Ils ne font jamais de choses de ce genre: Ils te posent des anneaux, il te marquent, ils te percent par-ci par-là, mais rien de plus: c'est bien trop dangereux! C'est de la chirurgie, ça ! En plus, c'est un crime…" Je soupirai:
- " Je crois bien que si... Et cela sera sûrement mon épouse, Dame Carole, qui s'en chargera. Elle a l'habitude de pratiquer ça sur des animaux, même des gros, et je peux vous assurer que cela ne la gêne pas plus que si elle leur faisait sauter des points noirs. Alors si, c'est fort possible. " Elle se réinstalla doucement, pensive:
- " Tu en penses quoi, ça te fait quoi? "
- " J'ai l'impression que je vais perdre une partie de moi-même. Si insignifiante jusqu'à aujourd'hui, et pourtant, j'ai l'impression que je vais perdre... mon identité, mon âme... " Nous sommes restées à suer en silence une bonne heure, parsemée de questions sur notre condition, puis, après une douche froide qui nous a totalement réveillées, nous sommes sorties en peignoir et en sandales faire quelques pas dans le parc, profiter du beau temps. J'avais l'impression d'avoir été enfermée au moins une semaine...

[…]

Elle sourit tristement en pensant à ce qui l'attendait et ne répondit rien. Je lui déposai une bise sur le front et allai accomplir bravement la tâche qui m'attendait dans la grande maison. Je m'efforçai de ne pas lui communiquer la peur qui me grignotait les nerfs: j'avais beau me convaincre que ce n'était pas possible, mais à chaque fois, la même réponse -la mienne- me revenait à l'esprit:
- " Carole a l'habitude de pratiquer ça sur des animaux, même des gros, et je peux vous assurer que cela ne la gêne pas plus que si elle leur faisait sauter des points noirs. Alors si, c'est fort possible…"



À suivre dans " La carotte Nantaise 27: Les enchères sont ouvertes. "


* Du plus profond du cœur.
Retrouvez l'intégralité du livre tiré de cette édifiante histoire sur le blog de l'auteur,
http://fr.netlog.com/Claude_Deon/blog

 

ŠLE CERCLE BDSM 2012