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CHAPITRE
4: TEA FOR FOUR.
J'étais reluisant de partout
après ma douche. J'avais terminé mes passations d'ordre
et m'attelai au travail le plus pointu et dans lequel j'excellai: la simulation
de rendement et prospective de placement. Heureusement, je m'étais
bricolé un petit logiciel - avec l'appui important d'Hiroshi -
qui me mâchait le plus gros du travail, surtout au niveau de la
présentation des résultats. Cela me permettait d'avoir des
documents standardisés, ce qui facilitait les comparaisons et les
rapprochements. Nous nous partageons nos documents de travail entre collègues
et les modifions selon les critères de chaque région du
monde.
Je finissais ma simulation lorsque
Carole réapparut dans sa robe moulante. Je connaissais bien mon
épouse et je l'avais souvent vue dans des tenues sexy, mais là...
J'allais exprimer ma pensée, mais tout ce que je pouvais faire
c'était ouvrir et fermer la bouche. Carole avait l'air heureuse
de son petit effet:
- " Eh bien, tu es tombé de ton bocal? Tu as vu, j'ai quand
même mis un string, ça se voit presque pas. " Elle était
sublime, et se contorsionnait pour mettre ses formes en valeur. j'avais
retrouvé ma voix:
- " Madre de Dios! Heureusement que tu as mis un string! Quand tu
mets tes mains sur la tête, on voit ton nombril... En plus, ça
te fait un décolleté... en trois D. "
- " Heureuse que ça te plaise... J'espère que Denis
et Diane ne vont pas trop me prendre pour une salope, à m'habiller
comme ça... "
- " Allons... Au contraire, je crois que tu ne pourrais pas leur
faire plus plaisir... Viens m'embrasser, créature de rêve!
" Elle se jeta à mon cou. Pendant les quelques pas qu'elle
fit vers moi, je vis avec horreur qu'elle avait aux pieds ses pantoufles
qui ressemblaient à des pattes d'ours, avec les poils et les griffes,
un cadeau d'Henri...
Je me dégageai de son étreinte
amoureuse:
- " Mmmpfff... J'espère que tu ne vas pas mettre ces horreurs!
Je crois que ça ne va pas le faire... " Elle regarda ses pieds:
- " Mais non, pauv' pomme! Tu sais bien que j'ai toujours froid aux
pieds après ma douche! Et comme je ne peux pas toujours les fourrer
dans ton slip... D'ailleurs, je vais mettre mes talons aiguilles blancs.
Tu sais, ceux qui remontent avec des lacets jusqu'aux mollets... "
Je voyais très bien: c'étaient des escarpins avec un talon
très fin et très haut, qui laissaient le pied très
dégagé. Ils étaient maintenus par des lacets qu'on
tressait autour du mollet, comme des spartiates. Je les trouvais très
sexy et tout à fait appropriés. Carole ne les mettait pas
souvent car ils sont un peu fastidieux à enfiler. Encore une marque
de bonne volonté de sa part, j'en étais touché:
- " C'est une très bonne idée, mon amour. D'ailleurs,
je te les lacerai moi-même. Je veux que tu sois la plus désirable
possible. " Elle m'embrassa de plus belle.
Une fois décollée de
ma bouche, elle jeta un oeil sur mon écran:
- " Quel foutoir! Tu t'y retrouves, là-dedans? "
- " Heu... Oui! Tu vois, ça, c'est l'estimation fourchette
basse, là, l'estimation fourchette haute, et là ce sont
les jours, semaines, mois... " Elle avait l'air un peu hermétique
à mes explications:
- " Ah... Et ce truc qu'Omar t'a demandé, c'en est où?
"
- " Mais c'est ce que tu viens de voir: la simulation. Par contre,
ce que j'ai fait ce matin... " J'activai une fenêtre en veille
"... Voilà ce que ça donne... " Je lui montrais
quelques lignes de chiffres. Elle ne comprenait pas ce que cela représentait:
- " C'est quoi? Pourquoi c'est en rouge? Je croyais que tu m'avais
dit que c'était pas bon, en rouge? " Je lui expliquai, encore
une fois:
- " Je viens de passer des ordres d'achat d'actions: De ce fait,
leur valeur a monté et du coup, cela devient moins intéressant
d'en acheter d'autres. C'est pour ça que c'est rouge. Mais c'est
pas ça que je voulais te montrer. Regarde en bas. Et ce ne sont
pas des centimes nantais. Ce sont des dollars U.S. "
- " Un million sept cent soixante dix mille! " Je lui détaillai
les chiffres, le doigt sur l'écran:
- " Ça c'est la fourchette haute, c'est ce que gagnerait le
patron d'Omar dans le meilleur des cas. C'est ce que tout le monde regarde.
La basse, Cinq cent cinquante mille. Ça fait nettement moins. Surtout
s'il y a encore un coup d'état. Quoi qu'il en soit, je prends ma
com' sur la fourchette basse, plus un pourcentage sur la différence
des gains réels. S'il s'avère que c'est un tuyau crevé,
j'ai quand même ma com'. Je serais le seul à ne rien perdre.
Donc en résumé, ce matin, j'ai gagné deux mille sept
cent trente euros. Mes amis, chacun de trois cents à quatre cent
vingt euros, selon leur implication plus ou moins lointaine. Et ça
peut monter jusqu'à mille neuf cent euros de pourcentage, et autant
de clopinettes pour mes copains, je ne l'ai pas calculé. Tu vois,
tout est là, en bas. Maintenant, je valide, et tu vas entendre
un joli meuglement de La Noiraude. "
Nous étions blottis l'un contre
l'autre, attendant l'Alléluia. Et là, nous avons éclaté
de rire. En fait de meuglement, C'était le rugissement de Walt,
le couguar de Boston. Encore un noctambule. Certains de mes collègues
croient que travailler quand tout le monde dort donne une supériorité
sur les autres. Mais les deux tiers de la planète sont réveillés
Walter nous avait fait gagner quand même cent trente huit euros.
La Noiraude, elle, rugit juste après. Carole était songeuse:
- " Dis donc! Ça pleut en ce moment! "
- " Ouais, mais c'est pas toujours comme ça. Des fois, on
travaille comme des forcenés pour se rendre compte qu'on arrive
trop tard, ou que les affaires ne sont pas si intéressantes que
de prime abord. Enfin c'est vrai que c'est pas mal... Au fait, Henri était
sur un coup, mais j'en ai plus entendu parler... Il est parti se coucher,
je lui en toucherai deux mots quand il sera de nouveau en ligne. "
Carole avait eu sa dose:
- " Bon, je vais faire mon gâteau. " Je m'étranglai
de rage. Simulée, bien sûr:
- " De quoi! Tu l'as pas encore fait?! Mais qu'est-ce que tu fous,
donc? " Raimu me répondit:
- " Ohhh, face de poulpe... Tu crois que la pâte cuit tout
de suite, ou quoi? Pôvre jôbastre! Continue à faire
joujou avec ton Ouinedôze! " Elle me tourna le dos en se drapant
d'une écharpe imaginaire d'un geste théâtral. Ce qui
collait parfaitement avec Raimu en mini-robe sexy et pantoufles grizzli.
Je quittai ma session et mon poste
de travail -sous Linux, pas Ouinedôze, contrairement à ce
qui a pu être évoqué par une certaine vétérinaire-
pour aller reprendre mes aventures aériennes, en Iran cette fois-ci.
J'ai un autre ordinateur, entièrement dédié à
mon vice, muni de tous les joysticks et palonnier - pédales pour
les béotiens - ainsi que d'une sonorisation à faire vibrer
les murs. Les éditeurs de jeux vidéos doivent être
payés par le pentagone pour habituer les esprits à l'omniprésence
de l'armée américaine. De préférence dans
des endroits où elle ne devrait pas aller et où l'on finit
par la voir au journal télévisé. J'ai un immense
respect pour le peuple iranien, qui n'est pas du tout ce qu'on veut nous
faire croire. C'est donc au deuxième degré que je prends
la chose.
J'en étais à mon troisième crash derrière
les lignes ennemies lorsque Carole réapparut, vêtue comme
une ménagère de bonne moralité: une petite robe imprimée,
un tablier, une paire de mules aux pieds, enveloppée d'une bonne
odeur de génoise chaude:
- " Chéri, j'ai fini mon gâteau: tu viens voir? Ah!
Tu vas encore tuer des gens... " Elle s'appuya de nouveau sur mes
épaules, ce qui présageait un vol mouvementé. J'effectuai
un vol à basse altitude pour échapper aux radars. Un signal
d'alerte retentit: j'étais accroché par un radar de tir,
au sol. Un lance-missile. Carole s'enquit:
- " C'est quoi, ce bip? "
- " C'est rien. J'ai mis mon café au micro-ondes, c'est prêt.
" J'activais les contre-mesures, larguai quelques leurres pour brouiller
le radar. Le signal s'était éteint. J'enclenchai la post-combustion
pour me tirer de ce mauvais pas le plus rapidement possible. Le bruit
- celui d'un poêle à mazout emballé - amplifié
par mon système HI-FI survitaminé indisposait Carole:
- " Ça fait du bruit, ton truc. C'est quoi qui fait ce raffut?
" je me lançai dans des explications, que je lui avais déjà
données, et que je lui redonnerai sûrement dans pas longtemps:
- " Ça, c'est la post-combustion. On envoie du kérosène
directement dans le réacteur, ce qui donne une poussée de
cent cinquante pour cent. Il faut l'utiliser à bon escient parce
que ça abîme le moteur et ça coûte cher. "
Encore le signal. Il était devenu continu, mauvais signe. Carole
ne s'en souciait pas:
- " Oui, j'en ai entendu parler à la télé. J'ai
vu un documentaire sur le tournage d'Astérix, et ils disaient que
la post-production, c'est ce qui coûtait le plus cher... "
Je me disais aussi... J'avais réussi à échapper aux
menaces au sol lorsque je détectai deux avions ennemis qui se rapprochaient
rapidement. J'avais le temps de larguer mes bombes sur ma cible toute
proche. Il y avait un comité d'accueil, mais je m'en tirai sans
dommage. Je me payais même le luxe de refaire un survol de la cible,
pour voir si j'avais tout bien écrabouillé. Ma douce était
inquiète:
- " Qu'est ce que tu as bombardé? "
- " Bof, un village de rebelles, ou de terroristes, je m'en souviens
plus... " Elle voulait me donner mauvaise conscience:
- " Mais il devait y avoir des femmes, des enfants, des vieillards,
des bêtes... " Je la rassurais:
- " Mais non, il n'y avait que des barbus. Ils se reproduisent par
parthénogenèse*. " Là, je commençais
à marcher sur ses plates-bandes:
- " Ce sont des hommes, pas des pucerons! " Je lui déclarai
d'un ton solennel:
- " Le napalm est au barbu ce que le défoliant est à
la jungle vietnamienne. " Je n'eus pas le loisir de juger de la portée
de mon adage. J'étais pris en chasse par un appareil ennemi qui
fit feu immédiatement sur moi. Je manoeuvrai avec l'agilité
d'une centenaire en déambulateur. Je me suis pris un missile qui
endommagea gravement mon appareil. Il ne répondait plus aux commandes,
les appareils électroniques étaient éteints. Je m'éjectai,
et mon avion explosa tout de suite après. J'ai à peine eu
le temps d'apercevoir mon assaillant. Comme je descendais en parachute,
j'avais le loisir de contempler les débris de mon appareil qui
s'abîmait en un joli feu d'artifice. Je m'exclamai, en imitant Bourvil:
- " Ben, mon vélo! C'est sûr, il va marcher beaucoup
moins bien maintenant! " Carole était rassurée:
- " T'as eu du bol! Il s'en est fallu de peu pour que tu y passes...
" Je la détrompai:
- " Attends, t'a vu où je vais atterrir? À tous les
coups, je vais finir en méchoui! " En effet. L'écran
de débriefing me confirma que j'étais " disparu au
combat. "
- " Ça y est, je suis encore mort. Elle est dure, cette mission.
Il se passe rien, et, tout à coup, pan, t'es mort. " J'ai
eu droit à des funérailles grandioses. Apparemment, Il était
évident pour tout le monde que j'étais couiké. Carole
était un peu triste:
- " C'est dur d'être veuve à mon âge. "
- " Il est de tradition que le meilleur ami du défunt se tape
sa veuve. " Elle était déjà consolée:
- " Chouette! Il est mignon? "
- " Je sais pas, je suis mort. "
J'éteignais mon ordinateur.
J'en avais plein les charentaises de me faire occire bêtement par
des sauvages qui ne voulaient pas qu'on leur apporte le progrès,
le crédit révolving et les fast-foods. Je pris Carole par
la main:
- " Allons voir cette merveille que tu nous as préparée.
" Elle gloussa de plaisir. Je m'intéressais aussi à
ce qu'elle faisait.
Dans la cuisine, Ouissecasse léchait un reste de pâte au
fond d'un saladier, sur l'évier. Au milieu de la table trônait
la merveille. Un gros gâteau. Au chocolat. Je laissai éclater
ma joie:
- " Ouééé. Encore du chocolat. " Elle ne
releva pas, tout à son enthousiasme:
- " Tu as vu comme je l'ai bien réussi? Ça, c'est un
miroir au chocolat! "
- " Heureux, qui comme Ulysse, a fait un beau nappage... " Je
regardai l'heure. Une heure moins dix.
- " Heu, je ne voudrais pas paraître grossier, Choupinette,
mais on devrait peut-être pas trop tarder à manger, si les
Müller arrivent à trois heures... " Elle maîtrisait
la situation:
- " Oâââh, cool! J'ai déjà fait les
pâtes et la salade de tomates. Il ne me reste plus qu'à cuire
les ufs. Si tu m'aides à mettre la table, on mange dans dix
minutes. "
Ce fut en effet le cas. Des bons ufs
du jardin au plat, des spaghettis, des bonnes tomates du jardin également,
le tout arrosé d'un petit rosé, pour nous, c'était
le paradis. Nous mangions en plaisantant et en parlant de nos bêtes,
source intarissable de conversation. Surtout Ouissecasse, qui m'avait
donné quelques sueurs froides la nuit précédente.
Carole revint sur ce qui avait excité son instinct de prédateur:
- " C'est quand même une drôle d'idée de t'avoir
mis un tampon... C'est pas à ça que ça sert... Moi,
je préfère les serviettes. "
- " Si tu mettais des tampons, plutôt, je pourrais te faire
plein de choses pendant tes règles. Tu ne sais pas ce que tu perds...
" Elle parut intéressée:
- " Ah bon? Tu pourrais me faire... des choses quand même?
"
- " Oui... Tu en reparleras avec Diane, elle met des tampons. Je
peux te dire que ça l'a pas gênée beaucoup, hier.
" Carole se rembrunit:
- " Bon, parlons d'autre chose, on mange... Tu m'aideras à
préparer le salon? "
- " Oui, bien sûr. Pendant que tu feras la vaisselle. "
Carole et moi n'avons pas de lave-vaisselle. C'est elle qui tient à
la faire, à la main. Comme maman.
Le repas achevé, je mis un peu
d'ordre dans le salon comme promis et disposai les meubles pour recevoir
quatre personnes**: deux fauteuils face au grand canapé d'angle
en cuir jaune, une table basse ronde. J'entendais Carole qui faisait joyeusement
la vaisselle en chantonnant " Dominique-nique-nique ". Je retapai
les coussins sur le canapé -sauf celui du milieu, celui qui ronronne
quand on le caresse. Heureusement, W ne faisait ses griffes que dehors
et respectait le mobilier. Il ne peut pas avoir que des vices
Je
préparai le service à thé et à café,
et allai rejoindre mon épouse pour me préparer. Elle avait
fini sa vaisselle.
Je m'habillai assez élégamment,
bien que ce ne soit pas trop mon truc et qu'il fasse assez chaud. Mais
depuis l'orage, la température avait bien baissée. Je mis
une chemisette blanche, un noeud papillon rouge, un pantalon, des souliers
et un petit gilet noir, comme ont les garçons de café. Je
sais que Carole adore me voir vêtu comme ça. Ce n'était
que justice, je voulais rendre hommage à sa beauté. Carole
était habillée et avait fini de se maquiller. Elle n'aime
pas trop ça, mais je trouve qu'elle se farde discrètement
et avec goût. Son teint très clair s'accommode mal du peinturlurage
à outrance. Elle avait défait sa longue tresse et avait
arrangé ses cheveux roux en cascade sur ses épaules, maintenus
par des pinces. Elle s'était fait des anglaises, elle savait que
je l'adorais comme ça. Deux créoles agrémentaient
ses oreilles. Elle était presque prête:
- " Mon canard laqué, tu peux me lacer mes chaussures, alors?
"
- " Bien sûr, ma cane blanche! " J'avançai vers
elle tel un aveugle se guidant de sa canne, histoire d'illustrer mon jeu
de mot hilarant qui la fit tout de même sourire. Elle s'assit sur
la chaise de sa table de maquillage et me tendit ses escarpins et ses
pieds. Elle avait remis ses pattes d'ours. Un jour, avec tous ces chauds
et froids, je vais devenir impuissant. Je lui arrachai ses peaux de bêtes
et les jetai sous le lit. Carole pouffa:
- " Ben oui, j'avais encore froid
" Je m'agenouillai à
ses pieds et lui laça patiemment ses chaussures. J'adore voir ses
mollets galbés enserrés dans les mailles de ses lacets.
Je relevai sa robe - très peu! - et déposai un tendre baiser
sur son string. Il était plutôt transparent et ne cachait
pas grand-chose
Je me félicitai de l'avoir poussée
à me laisser lui faire l'épilation du maillot. Elle s'était
vexée quand je lui avait dit que " ses carottes râpées
lui sortaient du cabas ". Enfin, qui veut la fin
Carole avait revêtu son tablier.
Elle installait son chef d'uvre qui trônait dans un plat de
cristal sur la table basse, sous un napperon brodé. Elle mettait
la dernière touche à la décoration quand la cloche
du portillon tinta. Je regardai ma montre: trois heures trois. Quelle
ponctualité suisse
Carole courut jeter son tablier dans la
cuisine:
- " Les voilà! Surveille le monstre! " Le troisième
coussin avait relevé son museau et humait l'ait avec intérêt.
Je ne crois pas qu'il aurait goûté au gâteau, mais
on ne sait jamais ce que ces bêtes ont dans la tête. Carole
alla ouvrir la porte et fit entrer Denis et Diane. Je me risquai à
aller les accueillir. La porte n'était qu'à trois mètres
de la table. Ils étaient très chics et rayonnants. Denis
en chemise-cravate et pantalon blanc, Diane en robe courte, talons aiguilles,
joliment maquillée et coiffée. Ses cheveux ondulés
tombant sur son épaule droite étaient maintenus par une
pince de l'autre côté. Je ne l'avais jamais vue ainsi. Elle
me tendit un gros bouquet de fleurs en me faisant la bise. Elle me serra
dans ses bras et me glissa un " merci " langoureux dans l'oreille.
Je fis la bise aussi à Denis qui me prit par la taille. Il tenait
une bouteille de cidre à la main. Il voulait me la donner mais
j'étais occupé avec leur énorme bouquet. Carole,
elle, était libre et voletait de l'un à l'autre. Ils poussèrent
tous les deux un cri de ravissement en la détaillant:
- " Ohhh! Que tu es jolie! ahhh! " Je tempérai leur enthousiasme:
- " Et moi, je sens le mazout? " Diane me rassura:
- " Mais non, tu es très... élégant. "
Je leur retournai le compliment:
- " Vous êtes très beaux vous aussi. On devrait soigner
notre apparence plus souvent, c'est tellement plus agréable...
" Ils étaient d'accord avec moi et déshabillaient Carole
du regard:
- " Oh oui! "
- " Merci pour les jolies fleurs, elles sont très belles.
Nous n'en avons pas de si ravissantes. " Je confiai le bouquet à
Carole et prit la bouteille de Denis.
Je les invitai à s'installer
dans le canapé et à surveiller W qui s'était dangereusement
rapproché de l'ouvrage chocolaté, tandis que Carole disposait
les fleurs dans un vase et que je mettais le cidre au frais. Je pris les
commandes, une serviette sur le bras. Ma panoplie de garçon était
complète. Carole préparait le café, elle était
sûre qu'au moins nous deux en buvions:
- " Madame prendra? " Elle me susurra à voix basse:
- " Ton petit cul... " Elle reprit d'une voix normale. "
Un café... je sais que Carole le fait très bien. "
Denis compléta la commande:
- " Un café pour moi aussi. C'est vrai qu'il est très
bon. Je ne sais pas si c'est la cuisinière, la cafetière
ou le café, mais il est excellent... "
- " Ne cherchez pas, ce sont les trois. " Je criai à
l'adresse de Carole:
- " Deux cafés, deux! " Elle revenait justement s'asseoir:
- " Ne crie pas comme ça, sauvage! Le café est en route.
" Elle s'aperçut que W squattait les genoux de Diane. Comme
moi, il adore les cuisses féminines:
- " Vire-le, s'il te gêne! " Diane parut choquée:
- " Oh non, il est trop mignon! Regarde comme il est câlin...
" Il se blottissait sur ses genoux en lui mettant des coups de tête
appuyés dans ses bras. " Comment il s'appelle, déjà?
" Carole et moi répondîmes en même temps. Carole:
- " Ouissecasse. " Moi:
- " Dôbeulyou. " Je continuai: " À vrai dire,
les deux. Dôbeulyou, c'est son petit nom. Son initiale, plutôt.
" J'expliquai à nos invités la genèse de son
nom, et ils trouvèrent ça plutôt fumeux et plaignaient
la pauvre bête d'avoir des maîtres si tordus. Surtout un.
Diane lâcha:
- " J'espère qu'on ne vous a pas trop gêné ce
matin. Nous avons été assez bruyants... " Carole répliqua:
- " Oh non! Ne soyez pas gênés! C'est tellement agréable
d'entendre un couple prendre tant de plaisir... "
- " Tout ça, c'est grâce à Luc. Tu le savais
peut-être - tout se sait dans ce village - que nous allions divorcer.
Quand j'ai surpris nos maris qui couchaient ensemble, j'ai bien cru que
notre mariage allait exploser pour de bon. Mais qu'est-ce que tu penses
de tout ça, toi? Comment tu l'as pris? "
- " Je peux te dire que je n'ai pas sauté de joie. C'est jamais
drôle de se savoir cocue, même si on s'y attend. Pourtant,
je peux te dire aussi que nous sommes un couple épanoui et décomplexé.
Mais le principal est que nous continuions à nous aimer comme au
premier jour et que chacun prenne son plaisir où il veut, sans
être esclave de son mariage. Le mariage, ce n'est pas une prison.
" Diane était admirative:
- " Eh bien, tu m'épates. Sans vouloir te vexer, je te croyais
plus coincée que ça. " Et elle fixa son décolleté
et ses cuisses.
Carole exhiba ostensiblement son gâteau.
Personne ne lui en avait encore parlé. Je me dévouai:
- " Ma chérie, ton gâteau est vraiment superbe. Et qu'est
ce qu'il sent bon! Même Ouissecasse en veut! " Diane approuva:
- " C'est le fameux gâteau! Là, tu nous gâtes.
C'est vrai qu'il sent bon! " Denis mit la dernière couche
de cirage sur les escarpins de mon épouse dévouée:
- " Je te savais bonne cuisinière, mais je ne savais pas que
tu étais une fine pâtissière! Tu vas nous faire grossir!
Surtout Luc, il a mangé beaucoup de chocolat hier soir! "
J'avais passé cet épisode sous silence. Carole releva:
- " Ah oui? Et tu fais un scandale quand c'est moi qui mange des
chocolats devant la télé? " Je balayai le débat:
- " Mais non, c'est rien! Allez, sers-nous, et surtout ne te tache
pas! " Elle découpa soigneusement le gâteau en quelques
grosses parts à donner des cauchemars à une anorexique,
en tirant son charmant bout de langue rose. Elle me faisait penser à
W, qui faisait la même chose par moments, je ne sais pas pourquoi.
Nous étions tous trois muets, en apnée profonde dans son
décolleté. Je me demandais même si ces taches sombres
que je voyais n'étaient pas le début de ses aréoles.
Ses tétons n'étaient pas loin, à vrai dire. La pauvre
était loin de se douter que le gâteau, c'était elle.
La cafetière eut une quinte de toux. Je me levai:
- " Je vais chercher le café. Ça doit être bon.
" Diane attaqua:
- " Alors Carole, Tu ne savais pas que ton petit Luc s'était
gavé de chocolat? "
- " Non... Il ne s'en est pas vanté. Par contre, il m'a raconté
les misères que vous lui avez faites... "
- " C'est un petit cachottier... Je lui avais bien dit de tout te
raconter... En plus, c'est sûrement la première fois qu'il
mangeait une fondue au chocolat comme ça... " Carole était
intéressée:
- " Une fondue? Ah bon? Comment tu la fais, toi? "
- " C'est très facile: je mets le chocolat à fondre...
en moi. "
- "... "
- " Quand je sens que c'est prêt et que je ne peux plus me
retenir, les convives viennent se servir directement. De la croupe aux
lèvres... "
Diane prenait un plaisir évident
à confier son petit secret à Carole. Pour me punir, sans
doute. J'attendais la fin de ses explications dans la cuisine. Je revins
m'asseoir, après avoir rapporté le plateau et servi tout
le monde. Carole avait l'air absente, fascinée et incrédule:
- " Oui, c'est... pas banal... " Diane me gronda:
- " C'est pas bien de désobéir! Je suppose que tu n'as
pas tout raconté? " Je changeai de sujet.
- " Oh
Presque tout... Alors, on le goûte, ce gâteau?
" Il avait l'air moins écoeurant une fois coupé. Il
n'y avait qu'une fine pellicule de chocolat, et Carole avait séparé
la génoise en quatre tranches horizontales, fourrées avec
des choses différentes. Il sentait encore meilleur tranché.
Il y avait plein de choses à l'intérieur. Je fis part de
mon admiration à mon petit cordon bleu:
- " Dis donc, ma chérie, je crois que tu t'es surpassée!
Qu'est ce que tu as mis dedans? Du café? "
- " Il y en a. "
- " De la pistache? "
- " Il y en a. "
- " Des noisettes? "
- " Il y en a. Là, c'est tout. " Nous plagiions notre
scène préférée des " tontons flingueurs
", quand ils se beurrent au tord-boyaux dans la cuisine. Denis, qui
n'est pas très bavard d'habitude, se lâcha:
- " C'est tout simplement succulent. Je ne suis pas très pâtisserie
d'habitude, mais là, chapeau. J'en aurais bien repris si tu ne
nous avais pas déjà servis comme des rois. N'est-ce pas,
chérie? " Diane aussi était sous le charme:
- " Oh oui, c'est bien vrai! Tu nous as vraiment gâtés.
Je voulais vous inviter après-demain soir - je dois m'absenter
quelques jours - Et acheter des pâtisseries. Je sais que c'est un
peu grossier de ma part, mais est-ce que tu pourrais te charger du dessert?
Tu nous ferais un grand plaisir à tous, je crois! " Tout le
monde était d'accord, surtout Carole qui était aux anges.
Elle a vraiment tous les talents -à part peut être quelques
lacunes en expression orale. Elle se leva pour ranger le reste du gâteau
-Denis et Diane avaient pleuré pour pouvoir emporter le reste.
Ouissecasse en profita pour sauter sur son fauteuil. Elle se retourna
pour le caresser. Au lieu de se baisser, elle s'inclina, ce qu'elle ne
fait jamais d'habitude. Cela eut pour effet de découvrir ses fesses
larges et blanches. Elle le caressa assez longtemps pour que cela parut
vraiment suspect. Denis et Diane étaient aux premières loges,
et n'en perdaient pas une miette. Je suppose que d'où ils étaient,
ils pouvaient même lire sur ses lèvres. Denis essayait de
maîtriser son sexe qui se dressait comme un seul homme et Diane
appuyait la paume de sa main sur son pubis. Moi, je préférais
jouir de la vue d'ensemble. Carole est une vraie exhibitionniste! Elle
se retourna enfin. Sa jupe était remontée devant aussi.
Elle s'en rendait sûrement compte, mais affectait de ne pas y prêter
attention. On voyait parfaitement le bas de son string transparent qui
lui entrait entre les lèvres. Il était sombre et luisant.
Elle était trempée.
Elle ramena le gâteau en cuisine.
Je me levai pour la suivre, mais Diane m'attrapa par les testicules d'une
poigne de fer - elle était surexcitée par le petit spectacle
de mon épouse - et grogna entre ses dents:
- " Dis donc petite pute, j'aime pas qu'on se foute de ma gueule.
Tu m'as désobéi, tu vas me le payer. " Je me penchai
à son oreille, autant de douleur que par souci de discrétion:
- " Pitié, maîtresse, elle n'était pas prête
à entendre ça. En contrepartie, je l'ai préparée
spécialement pour vous. J'ose espérer que sa tenue vous
plait... "
- " Oui, d'accord. Mais je te punirai quand même. Tu n'as pas
oublié que tu devais venir? "
- " Non, maîtresse, mais pour le plug? "
- " Laisse tomber, je m'en... " La cuisinière s'impatientait:
- " Chéri, je t'attends! Tu viens déboucher le cidre?
" Je m'inclinai et baisai la main de Diane:
- " Merci de votre bonté, Maîtresse! " Elle sourit,
et je rejoignais la reine du chocolat.
Carole était assise sur le coin de la table de la cuisine, les
cuisses légèrement écartées. Je passai l'index
replié sur son string, le long de sa fente et le portai à
mes lèvres. Je lui fis à l'oreille:
- " Il y a du jus de foufoune, là-dedans, non? "
- " Y en a. " Elle rajouta dans un souffle: " J'adore me
sentir mouillée. " Elle redescendit et me tendit la bouteille:
- " Va-y, ouvre-la. Elle est bien fraîche maintenant. "
Carole mit le gâteau au frais tandis que je disposai la bouteille
et les verres sur un plateau. Nous avons regagné tous les deux
le salon. Je nous servais tous les quatre et nous avons trinqué
à nous, et au gâteau de Carole.
Diane s'enquit de nos occupations
respectives:
- " Carole, ça te dérange pas si je t'enlève
Luc quelques heures? "
- " Non, pas du tout, je pensais sortir de toute façon. Prenez
votre temps. "
- " Vous mangez à quelle heure? Si tu veux, je peux le garder
à manger ce soir. Et tu peux venir le rejoindre. "
- " C'est bien que tu le proposes, parce que je ne sais vraiment
pas quand je rentrerai. Je mangerai à l'extérieur, se sera
plus simple pour tout le monde " Diane parut un peu déçue:
elle devait se contenter de moi.
- " Tant pis, mais n'oublie pas que je vous ai invités après-demain!
"
- " J'ai noté. Ce sera avec plaisir. Et j'apporterai le dessert.
A moins que tu tiennes à nous faire profiter de ta fondue... "
Carole avait prononcé cette dernière phrase avec inquiétude.
Diane avait bien capté le message, mais affecta de ne pas l'avoir
remarqué:
- " Ce serait avec plaisir. J'adore en faire profiter mes amis...
"
Nous avons discuté encore pendant un bon moment, puis Denis et
Diane prirent congé. Diane nous remercia:
- " Bien, on va y aller. Merci mille fois pour votre accueil si...
chaleureux. " Elle lorgnait sur l'intimité de Carole. "
Luc, tu viens quand tu veux, on t'attend. " Ils firent la bise -un
peu appuyée- à Carole et sortirent. Ils faillirent oublier
leur gâteau, mais elle le leur tendit in extremis.
Nous les avons raccompagnés
jusqu'au portillon en leur faisant un petit signe de la main. Carole me
dit:
- " Pendant que tu feras l'esclave chez nos voisins, je vais tenir
compagnie à Mélanie. Elle doit m'attendre depuis un petit
moment, maintenant. " Elle prit son sac à main et se prépara
à sortir. Je la rappelai à la raison:
- " Heu... dis-moi que tu ne vas pas sortir comme ça, et traverser
le village le bonbon à l'air! " Elle se ravisa:
- " Mmm... Tu as raison: soit je me fais violer par tous les pervers
que je ne manquerai pas de croiser soit je me fais brûler par toutes
les bigotes du bled. " Elle enfila un imperméable léger,
ce qui paraissait quand même suspect, vu le temps et la chaleur
de la fin de ce mois de juin, et s'enfuit à grandes enjambées.
Moi, je fermai la maison et l'imitai. Paré pour mon intronisation
officielle.
À suivre dans " La carotte
Nantaise 5: Baptême païen. "
* C'est le mode de reproduction préféré des lesbiennes.
** Nous aussi étions invités.
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