Histoires Des Invités
La Passion D'Esther
Par Esther Langlewich
Une Bonne Aubaine.
Cette première nuit d’amour fut suivie par plusieurs autres qui baignaient, elles aussi, dans la tendresse des voyages de noce, mais sans que je connusse cette folie des sens annoncée par tous les récits érotiques. Dans l’amour, je ne laissais échapper que quelques gémissements anodins. Cette sorte de frustration dans cette ambiance d’harmonie tranquille fit naître en moi le désir de pimenter un peu notre relation et d’en savoir un peu plus sur mon compagnon. Je me souvenais qu’Igor n’avait pas toujours été un tendre amant. Je n’avais pas oublié le jour où il m’avait donné l’ordre, sur un ton brutal, de me raser la chatte. Ordre que je n’avais pas exécuté. Notre tout premier rapport sexuel ne fut pas non plus d’une grande douceur. Certes, il s’était depuis « rattrapé » et se comportait comme un amant plein de tendresse. Mais mon grand amour pour Igor ne m’avait pas encore permis de renouveler l’orgasme massif provoqué naguère par des situations où je me sentais perdue. Suis-je vraiment une lesbienne refoulée ? Igor me cache-t-il quelque chose ? Je désirais en savoir davantage sur son compte, persuadée que son expérience passée m’aiderait à trouver ma voie. Profitant de cette période calme qui me semblait favorable, je lui demande un soir : « Igor, tu connais presque tout de moi, mon côté lesbien un peu maso, mes aventures de jeunesse avec une copine de classe. Mais tu ne m’as rien dit de toi. Tes premières expériences… d’où te vient ton savoir sur les choses du sexe ? » Igor ne me répondit pas immédiatement. Quelques jours plus tard, alors que nous partagions une coupe de champagne dans un chalet de campagne où nous étions allés pour le weekend. Il me raconta son histoire. Ou, du moins, une partie de celle-ci, qui me laissa troublée.
Ma vraie nature, commença-t-il, me fut révélée à l’occasion d’un mariage d’une lointaine cousine, dans la région de Nemours : les invités se serraient dans un salon pour échapper à la pluie. J’avise Philomène, une amie d’école de la mariée, facile à repérer car c’est, parmi tous les invités, la seule personne de peau couleur café au lait –plutôt café que lait : un assez beau métissage franco-africain, noire, pas très grande, habillée avec goût, les lèvres pulpeuses sans être gonflées, les cheveux débouclés et retenus à l’arrière de la tête par un joli petit foulard assorti à sa robe, frisant la trentaine comme moi, autant que je peux en juger. Bref, ce n’était pas Néfertiti, mais simplement un beau spécimen de métissage. Elle a toutes les apparences de la jeune-fille sage, qui sait ce qu’elle veut. Nous errons, l’un et l’autre autour du buffet, cherchant à dissiper notre ennui.
Je contemple la nuque de Philomène, en rêvant. Fantasme que cette nuque ! Il me poursuit depuis le premier regard que je portais sur elle jusqu’à maintenant où son corps, j’en ai conscience, m’est interdit… à cause de toi Esther, ajouta Igor avec une nuance de regret dans la voix. Après quelques secondes d’hésitation, il poursuivit : Sa drôle de coiffure est le prétexte : « Quel magnifique chapeau ! » dis-je, forçant la formule. « Vous avez dit chapeau ? » La glace est fendue ; elle se brise assez vite et se fond dans l’eau tiède des conversations sans enjeu que l’on tient dans ce genre de circonstances : « Êtes-vous parente de l’un des époux ? » ; « De quelle région venez-vous ? » - « De Paris. » - « Ça alors ! Moi aussi, dans le XVII°, derrière Saint Lazare » ; « Moi, près de la gare de Lyon… Vous vous appelez comment ? » - « Philomène, et vous ? » - « Igor … Vous êtes arrivée comment ? » - « Dans la voiture d’un couple ami, et vous ? » - « En voiture. J’ai une petite maison de campagne à dix kilomètres de Nemours. » ; « Qu’avez-vous pensé de la cérémonie ? » - « La mariée était très belle, répondis-je sans prendre beaucoup de risque –car la mariée est toujours très belle. Mais j’ai trouvé un peu ringard le discours du maire ; il aurait-pu renouveler le propos, plutôt que de nous sortir les poncifs habituels sur les mariages pluvieux / mariages heureux, le ciel qui sourit, et autres balivernes. » - « Je suis assez d’accord… » - Je ne vois rien à ajouter, cherchant d’autres sujets de conversation ; elle non plus. « … » - « euh… »
La musique (une valse, comme il se doit pour commencer) vient au secours de notre poussif échange verbal. Je l’invite à danser, et m’aperçois immédiatement que la musique qui rythme les ondulations de son corps vaut mieux que les mots de notre conversation. À la fin du morceau, j’hésite un bref instant et, en forme de remerciement, je lui plaque un discret baiser sur les lèvres, comme si c’était tout naturel. (« L’homme propose, la femme dispose… disait mon ami Joseph. ») Elle ne se dérobe pas. Les premières notes de la Samba qui suit provoquent chez elle le réflexe attendu : « Vous dansez ? » - « Volontiers, mais vous pourriez trouvez un meilleur partenaire, ce qui ne serait pas difficile, car je danse très mal… » - « Igor, ne vous dévalorisez pas. D’ailleurs, je ne connais personne ici, que la mariée… » De Samba en en Rock, de Rock en Hip-hop, la nuit passe rapidement. Seuls les tangos (trop compliqués pour moi), et les salsas (trop sensuels pour elle) nous permettent de nous délasser en regardant les autres danseurs mimer sur le parquet des luttes amoureuses. À l’approche de l’aube, Philomène me demande : « Igor, avez-vous retenu une chambre dans les environs proches ? » Était-ce une invitation, ou veut-elle simplement que je la pose avec ma voiture jusqu’à son hôtel ? – « Non, j’ai un pied-à-terre pas très loin d’ici, à un quart d’heure de voiture. Voulez-vous que je vous reconduise jusqu’à votre hôtel ? » - « Je n’ai rien réservé, pensant m’éclipser juste après l’apéritif. Je pensais repartir avec le couple qui m’a amenée ; mais je ne le vois plus. Évidemment, à cette heure-ci… » Sans arrière-pensée (?) je lui propose un hébergement de quelques heures en attendant qu’elle reprenne la route avec moi pour rentrer à Paris le lendemain après-midi : « C’est un bungalow assez petit, avec un minuscule jardin, mais il y a quand même une chambre d’ami, vous y serez tranquille… Si ça vous dit, le temps de dire au-revoir à ma cousine et je suis à votre disposition… » - « Pourquoi pas, je vais également dire adieu à la mariée, et je suis à vous. » Je suis à votre disposition, je suis à vous… Oh, la douce ambigüité de la langue française !
Arrivés au bungalow, je lui montre la salle d’eau, puis sa chambre, et me retire dans la mienne. Après les préparations d’usage, je me glisse sous la couette. Allongé dans mon lit, je tends la main pour éteindre la lumière. Mon geste ne va pas jusqu’au bout : j’entends s’ouvrir la porte de ma chambre, relève la tête et vois Philomène, telle une petite souris et dans le même appareil. (J’allais dire « à poil », en fait, de poils, il n’y en a pas : le minou de Philomène est entièrement rasé, sa chatte est lisse.) Elle se faufile et, sans un mot, se glisse sous ma couette. – « C’est peut-être le moment de nous tutoyer, dis-je avec un léger sourire. » Philomène ne répond rien, se contente d’entourer mon cou de ses bras et de plaquer sa bouche sur la mienne, écartant mes lèvres, cherchant ma langue. Ce jeu de langues dure un temps qui me parait trop bref, réveillant mes sens à moitié endormis. J’allonge le bras et mets ma main sur sa chatte. La chatte, parfaitement épilée, est douce comme la peau d’un bébé. Je malaxe son puits d’amour, faisant jouer entre mes doigts ses grandes lèvres, enfonçant d’abord un, puis deux doigts, les retirant, les enfonçant à nouveau, j’excite son petit bouton de rose qui, très vite, révèle une sensibilité toute clitoridienne. Un peu de cyprine colle au bout de mes doigts.
Je me penche sur son visage pour scruter dans ses yeux la montée du plaisir. Je la sens plus tendue, ses hanches ondulent, d’abord imperceptiblement, puis plus vite. En réaction à cette proximité lubrique, mon sexe se redresse, durcit, tandis que sa respiration se fait haletante. Des cris s’échappent… Au moment où sa volonté allait abdiquer devant l’impératif de son corps, « prends-moi, dit-elle dans un souffle ». Sans trop savoir pourquoi –l’inconscient a bon dos - l’occasion faisant le larron, ma main quitte alors son bas-ventre, saisit brusquement son poignet gauche, le tort brutalement, et entraîne son bras que je remonte derrière son dos jusqu’au maximum, en appuyant un peu pour lui faire mal et l’obliger ainsi à changer de position. Pour échapper à la douleur Philomène accompagne mon geste, se retourne. Je pousse ses pieds en avant, j’appuie fortement sur son dos et je l’oblige ainsi à se mettre en position fœtale et à me présenter ses reins. J’enfile son anus, sans aucun ménagement et, après deux minutes de va-et-vient, je décharge dans son cul. Satisfait, je libère alors le bras de Philomène, et des deux mains la remets sur le dos. Le plaisir qu’elle espérait a disparu. Elle ne se plaint pas, mais je vois deux larmes couler sur ses joues.
Igor s’arrête quelques secondes, comme s’il laissait résonner longuement cette scène ancienne. Son histoire, notamment cet épisode qui trahit un tempérament sadique, provoque en moi un trouble que je n’arrive pas à cacher. « Esther, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu sembles tout pâle » - « N… non, répondis-je en mentant effrontément. Simplement ton histoire me fait penser que tu ne m’as jamais prise en levrette. » La réponse ne se fait pas attendre. « Esther, déshabilles-toi. Ou plutôt, non, c’est inutile. Mets-toi sur le lit, les avant-bras collés au drap, ta croupe offerte, cuisse largement écarté. » Je n’imagine pas un instant de désobéir. Mais, avant même d’esquisser le moindre geste, avant qu’Igor ne me touche, je sens monter en moi une vague puissante qui me submerge et me porte comme un bouchon jusqu’à un orgasme irrépressible. C’est le troisième « vrai » orgasme de ma vie. Comme les deux précédents, il fut provoqué, non par le contact physique –je n’avais encore esquissé aucun geste et Igor attendait-, mais par la perte de tout repère et la peur panique portée par une imagination diabolique. Igor s’en aperçoit, mais ne dit rien. Finalement je me place dans la position indiquée. Igor se lève pour me prendre debout. Sans ménagement, il relève ma robe, arrache ma culotte, s’enfonce d’un coup dans ma rose. Son plaisir ne tarde pas à s’écouler dans mon puits d’amour. Je ne sens en moi qu’un bâton qui force l’entrée de mon bas-ventre. Rien de plus. « La prochaine fois, c’est ton petit trou qui accueillera mon venin » commente Igor. Cette perspective m’effraie, mais provoque paradoxalement un regain d’excitation vaginale que le contact physique, peut-être trop précipité, n’a pas produit. Mais je me mens à moi-même, je sais que ce n’est pas ça. Satisfait, Igor me pousse doucement, et me remets sur le dos, comme une poupée de chiffons. Mon plaisir ne comptait pas pour lui.
Cependant Igor avait remarqué mon trouble, il me le fait comprendre : « Esther, tu n’es ni vaginale, ni clitoridienne ; tu es mentale. Tu as peur de ce que tu ne peux pas maîtriser ; ton imagination est la folle du logis et tes fantasmes remplacent l’expérience que tu n’as jamais faite. C’est ça qui t’excite. Pas vrai ? » Je ne réponds rien, car j’ai peur des mots qui sortiraient de ma bouche. Finalement, pour ne pas répondre, j’invite simplement Igor à poursuivre son histoire : « Ensuite, que s’est-il passé entre vous, Philomène et toi ? »
« Un moment de honte est vite passé » disait ma grand’mère ; mais quand même… Je ne suis pas très fier, répartit Igor. Pour me faire pardonner, je bâillonne ses lèvres d’un long baiser fortement appuyé. Elle me sourit. Elle n’est pas rancunière. : « Mon ami joseph n’a pas toujours raison… dis-je à mi-voix comme si je me parlais à moi-même » - « Et que raconte ton ami Joseph ? » - « Il dit, l’homme propose et la femme dispose ! Manifestement pour nous deux cette nuit, son aphorisme fut deux fois mis en défaut : tu as proposé, j’ai disposé. »
Ce jeu de mots n’affaiblit pas ma gêne. Pire, par cette remarque, je ne fais qu’aggraver mon cas. Ma main revient vers la chatte de Philomène. Son puits d’amour est trempé ! – « Tu aimes l’amour un peu forcé, à ce que je sens… » - « Non, Igor, pas du tout ! Ne vois là qu’une réaction physiologique. Je n’aime pas me faire empaler, non, vraiment, pas du tout, et puis tu as été violent, … ! Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même… De toute façon je voulais te remercier pour ces heures de complicité. La danse n’est-elle pas le prélude à une relation physique plus intime ? Ne serait-ce que pour ça, ton plaisir devait passer avant le mien. Et puis, c’est moi qui ai tout calculé pour venir te lutiner chez toi ! » - « Mais tu m’as dit que tu n’avais pas réservé de chambre d’hôtel … » - « Je t’ai menti, Igor, j’en avais une à proximité immédiate, à l’auberge de Marycourt. Mais…, la danse a rapproché nos corps, et je n’avais pas envie après ça de me retrouver seule dans un hôtel de province, encore moins de déjeuner en ermite. Et puis, je dois avouer que tu m’attirais… Un grand échalas aux cheveux blonds, ça fait fantasmer les femmes de couleurs, n’est-ce pas ?! » - « Et maintenant, est-ce que je t’attire toujours autant ? » Philomène ne répond pas. Elle tourne la tête.
Pendant qu’Igor poursuit son histoire avec Philomène, je gamberge. Comme dans une sorte de brouillard, une sorte d’idée germe au fond de ma tête. Igor est-il vraiment capable d’aimer ? Il se comporte avec moi comme il s’est comporté avec Philomène. Ne suis-je pour lui qu’une occasion passagère dont il racontera plus tard à une autre maîtresse l’histoire : « J’avais rencontré une fille un peu nunuche, elle s’appelait Esther, à 26 ans, elle était encore vierge et ne connaissait rien aux choses de l’amour… » Mais, incapable de regarder la réalité en face, j’éteins cette petite lumière en la cachant derrière une fausse évidence : « L’amour n’a pas besoin de réciprocité ; si Igor ne m’aime pas, que m’importe ! Moi, je l’aime, et c’est ça seul qui compte. »
Pendant ce temps, Igor poursuit son histoire avec Philomène : Ma main se dirige vers son mont de Vénus, caresse longuement sa vulve, mon doigt recherche son clitoris. Je sens peu à peu la tension revenir lentement, très lentement, dans son corps. Au moment où son bassin recommence à onduler : « Replis tes jambes et écartes-les. » Philomène m’obéit, je me place dans le prolongement de son abdomen, la tête entre ses cuisses, et commence un cunnilingus appliqué. La chatte glabre de Philomène et l’odeur intime de son sexe me rendent l’opération, non pas agréable, mais moins répugnante : pendant que ma langue lèche son minou, que mes dents cherchent à titiller son petit bouton sensible, monte en moi le sentiment du devoir accompli, qui se mélange avec cette jouissance au second degré de sentir ma partenaire accéder au plaisir. Après quelques feulements, d’abord espacés, puis de plus en plus saccadés, des cris brefs, de violents spasmes… le corps de Philomène se cambre brutalement, son vagin laisse suinter une liqueur à forte odeur de pommes de terre crues. « Igor, arrêtes, par pitié ! » Je me redresse, m’allonge et me colle à son corps en sueur. Je glisse le bras sous son cou, ma main à portée de ses seins. Pendant qu’elle reprend son souffle, mes doigts s’amusent avec la pointe de ses aréoles, pinçant un téton, tordant l’autre, alors que mon esprit vagabonde et rejoint cette salle de réception qui nous a réunis. Quelle étrange aventure, pensai-je. Je n’avais pas prévu un tel dénouement. Et une noire ! Qu’aurait dit ma grand’mère ?
Pour meubler le silence : « Tu es plus clitoridienne que vaginale, Philomène. » - « Tu crois ? Mais qu’en sais-tu, puisque ton expérience est bien courte ! » - « Est-ce une redemande ? » Philomène reste silencieuse - « Je suis prêt à honorer le vagin de ma belle Philomène. Mais, si tu veux recommencer immédiatement, il faudrait d’abord que tu mettes ma verge en état de te servir. » - « Igor, j’ai compris. » Immédiatement, Philomène écarte la couette et penche sa tête vers mon sexe qui ressemble en cet instant à une montre coulant sur un bord de table, telle qu’on en voit sur les peintures de Salvador Dali. Elle fait rouler doucement mes bourses dans ses paumes. Avec ses lèvres protégeant ses dents, elle décalotte doucement mon gland, fait refluer le prépuce, puis lèche tendrement le bout de ma queue. Peu à peu, je sens la vigueur revenir dans mon membre. Philomène, maintenant, engloutit presque entièrement ma hampe, frottant de ses lèvres serrées ce qui ressemble enfin à une bite en état de fonctionner. Je sens arriver de loin la marée montante. L’idée de me dégager de sa bouche pour m’enfoncer dans son vagin me traverse l’esprit : n’est-ce pas pour cela qu’elle a accepté de pratiquer pour moi cette fellation ? Mais la tentation est grande de l’obliger à avaler le sperme. La jouissance de la trahison est la plus forte. Je lui saisis fermement la tête par les cheveux et l’empale sur ma tige, la maintenant ainsi jusqu’à ce que mon jus soit totalement répandu dans sa bouche. Je ne la lâche pas, lui ordonnant, d’une voix rauque de plaisir et d’excitation : « Avales ! » Réprimant un sanglot, Philomène s’exécute.
Ses cheveux collés sur son front en sueur, sa bouche ornée des traces de sperme, elle redresse péniblement, la tête ravagée. Elle sanglote, autant de colère que d’humiliation. Avec un visage de sorcière, elle me regarde. Puis, d’un geste brutal, sa main se détend d’un coup vers ma joue pour une claque qui, déviée instinctivement par mon avant-bras, manque son but. – « Espèce de salaud ! crie-t-elle. » Je prends conscience de ma bêtise, et m’attends au pire. Elle sort précipitamment de ma chambre, mais non pas pour aller dans la sienne. Elle se dirige vers la salle de bains. J’entends couler longuement l’eau de la douche.
Igor invente-t-il cette histoire pour me choquer ? Peut-être ne l’a-t-il pas vraiment vécue ? Quoi qu’il en soit, mon imagination me joue des tours, je me sens conduite vers des régions où mon corps échappe à ma volonté. Je respire difficilement. Igor s’arrête : Esther, qu’est-ce que tu as, c’est ce que je te raconte qui te fait cet effet-là ? Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. La preuve. Écoute la fin de mon témoignage. J’entends couler longuement l’eau de la douche, puis remuer quelques tiroirs. Un quart d’heure plus tard, Philomène revient dans ma chambre, le visage présentable, le regard apaisé. – « Écoute, Igor, me dit-elle d’une voix assurée, tu me plais, malgré –ou peut-être à cause de- ta sauvagerie. Ton égoïsme est patent, mais je préfère ça plutôt qu’une fourberie qui se cache derrière les bonnes manières. J’ajoute que ta façon de saisir les opportunités me fait un peu peur, mais il m’attire ; c’est peut-être mon côté maso. D’ailleurs –mais ce n’est pas une excuse- n’est-ce pas moi qui t’ai cherché ?
Sans trop penser, je murmure : « Viens ici, à côté de moi … » Elle s’approche, s’allonge sur le lit. Je la prends tendrement dans mes bras, l’embrasse, la caresse. Ma main retourne, pour la troisième fois, vers son bas-ventre, le travaille doucement. Pour me faire pardonner mon geste de sagouin, je l’invite à s’allonger près de moi, la caresse doucement sur tout le corps, l’allonge, jambes repliées, cuisses écartées. Je travaille maintenant son œil du bas-ventre, lentement, longuement, jusqu’à ce que je sente monter en elle l’excitation qui vient de loin. Bientôt, je n’y tiens plus. La conduirai-je jusqu’à l’orgasme ? Finalement elle explose. Ouf ! Ses cheveux collés sur son front en sueur, sa bouche tremble, Philomène redresse péniblement sa tête ravagée. Elle sanglote de plaisir : « Petit sauvage, me dit-elle dans un sourire ! »
Je n’ai pas interrompu Igor pendant qu’il me racontait ses exploits. Mais cette histoire me plonge dans une longue méditation. « Esther, à quoi penses-tu ? » me demande Igor. Je réponds sans mentir : « Au chemin qui me reste à parcourir pour te faire oublier Philomène. » - « Esther, crois-moi ; tu iras beaucoup plus loin qu’elle… » Est-ce une promesse ou une menace ? J’appris assez vite que les deux se conjuguaient dans l’esprit d’Igor. Mais je l’aime encore.
La Passion D'Esther; Attachée.
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