Histoires Des Invités

 

Le Harem 6

Par Arkann

 

« Et pourquoi Aramis est-il sur ce monde, s’aventure t’il sur notre territoire? » Milène demanda, prenant soin de garder la hargne hors de sa voix.

La femme assise avec le groupe de coordination provenait du harem d’Aramis. Une ennemie.

« Nous ne le savons pas. Nous avons tenté de l’en dissuader, mais il y a quelque chose sur ce monde qui a piqué sa curiosité, éveillé son intérêt. Ça doit être important. Nous ne pensons pas que cela ait directement à voir avec Arkann, même s’il prend des précautions contre son frère jumeau. Aramis est vulnérable, ici. Si Arkann l’apprend… »

Personne n’aimait l’idée. Pas du tout. Si Arkann apprenait l’invasion de ce qui était son territoire… la vieille guerre serait ravivée, brûlerait de tous ses feux. Deux mâles de force et avantages équivalents qui se battaient avaient plus de chance de laisser deux précieux mâles morts qu’un seul.

« Ton Aramis n’a pas sa place ici. C’est à vous de réparer ce gâchis, » lui dit Milène.

La femme se raidit, « dois-je remettre sur le tapis ces fois où votre Arkann a causé des désagréments à mon harem? » Un sourire cruel, « dois-je parler du massacre que votre Arkann a fait au travers des siècles? Ou bien allons nous parler de solutions? »

Les deux harems se détestaient mutuellement. Ça n’empêchait personne de coopérer sur les choses importantes. Les mâles savaient que de tels contacts existaient… mais il était espéré qu’ils ne savaient pas à quel point les harems avaient une influence sur tout ce qui était important, comment les femmes unissaient leur pouvoir pour les influencer discrètement, une étincelle de pouvoir utilisée ça et la, dans la plus demandante des magies.

« Arkann est le meilleur mâle, le plus sournois, retors et dangereux. C’est pourquoi il nous est difficile de le contrôler, plus difficile que cette tâche l’est pour votre Aramis. » L’autre femme frémissait de fureur, mais ce genre d’insulte était monnaie courante. « Parlons de solutions, » Milène répondit, contente d’avoir frappé un peu. Trop longtemps, le harem d’Aramis avait pris le harem d’Arkann de haut. Il était temps pour elles de se faire mettre le nez dedans. Cela ferait grand bien pour leur humilité.

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Arkann était irrité. Pire encore, il ne pouvait rien laisser paraître. Une envoyée du harem d’Aramis avait visité. Les femmes de son harem ne savaient pas qu’il était conscient de cette visite. Il ne savait pas grand-chose, incapable d’espionner leur réunion sans qu’elles en soient conscientes. Mais Milène et les autres conspiratrices avaient semblé avoir un air suffisant –indiquant que le harem d’Aramis était en faute- et inquiètes –indiquant qu’Aramis complotait, et que ce complot visait Arkann-.

Ici, dans la capitale de la Reine de Marsalis, il se sentait exposé, loin de ses meilleures défenses. Il détestait ne pas savoir. Ce soir, il irait se nourrir, causerait des cauchemars dans les rêves de gens influents, afin d’extraire ces secrets finement gardés qui pourraient peut-être le mettre sur la trace des agents d’Aramis, qui devaient sûrement être impliqués. Et puis il y avait son réseau d’agents. Marsalis avait longtemps été une nation excitant sa convoitise, cette nation qui avait forcé son repli lors d’une lointaine guerre.

« Vous allez avoir fière allure, votre Grâce, » lui dit le Maître-Tailleur. Les contraintes d’une marche rapide l’avaient forcé à faire des choix. L’un de ces choix avait été de ne pas partir avec son uniforme d’apparat. Un choix qu’il regrettait, maintenant. Il devait souffrir les demandes légitimes du tailleur.

Pire encore, il n’était pas seul. Les femmes du harem avaient des besoins similaires. Ce n’était pas la dépense très élevée, mais les escarmouches constantes qu’il devait endurer, chacune des femmes voulant avoir _le_ meilleur tailleur, avoir leurs beaux vêtements avant les autres. Toutes des chipies, et elles venaient le forcer à « arbitrer »… il détestait cela au plus haut point. Comme elles le faisaient toutes –une manière pour elles d’exprimer leur colère à ce mariage qui semblerait donner des droits qu’elles n’auraient pas à une simple Auxiliaire-, il ne pouvait discipliner personne sans les discipliner toutes. L’un de ces moments de la vie qu’il n’avait autre choix que d’endurer.

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Ney était de retour. Un officier très compétent. Important pour un homme de cavalerie, il était sans peur. Il portait encore toute la poussière du voyage. Arkann l’avait chargé d’annihiler les unités de mercenaires qui avaient survécu le choc de la bataille auquel lui et son harem avait pris part.

Les nouvelles étaient surprenantes. Ney et ses hommes avaient éliminé toutes les compagnies. Jamais plus une compagnie de mercenaires n’oserait élever sa bannière lorsque celle de Valan flottait parmi les forces ennemies. Il avait éliminé toutes les compagnies… sauf une : les hallebardiers Murinois. Une poignée d’arbalétriers Tennois avaient trouvé refuge parmi leurs rangs. Malgré les ordres et ses efforts –et les pertes!-, Ney avait été incapable de les détruire.

Ney était un soldat d’expérience, avec des officiers compétents, des soldats aguerris, les meilleurs chevaux et les meilleurs équipements. Qu’il n’ait pas réussi à détruire l’ennemi était très significatif. Sa description des manœuvres désespérées –et efficaces- du commandant ennemi montrait un commandant hors pair presque capable de deviner chaque mouvement de son opposant avant que celui-ci ne les fasse. Ney était fiable. Il avait fait une présentation honnête, même s’il s’attendait à être puni. Les pertes avaient été… lourdes.

« Merci. Informe toi sur ce Capitaine de mercenaires. Tu peux disposer. Félicite tes hommes pour leur travail. J’irai les voir dans les jours qui viennent. »

Ney était surpris, mais s’en alla, soulagé. Il n’avait pas la plus grande imagination, il n’était pas tordu comme certains de ses officiers, mais il était compétent, avait fait de son mieux, avait trouvé meilleur que lui. Pas grave. Très intéressant.

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Elles étaient belles, ses juments, dans leurs plus beaux autours, furieuses, suintant la méchanceté et la hargne, radiant leur mécontentement. Arkann en avait des frémissements d’excitation, et quelques sueurs froides. La désapprobation du harem était intense, et il y avait cette acrimonie qui perdurait, conséquence des récentes révélations. Cette situation allait continuer pour un temps, inévitablement. Il savourait leur rage impuissante. Elles l’avaient poussé très loin, aussi loin que possible, et ne pouvaient contrer sa volonté sans conséquences graves, se voyaient limitées à une guérilla larvée et inefficace.

Astarté avait planifié son coup depuis des siècles, patiemment. Ce bâtiment était vieux... mais beau, impressionnant. Une petite estrade centrale, entourée de gradins, illuminée par des milliers de chandelles. Assises au premier rang, les femmes du harem. Puis venaient les ministres d’Astarté, les Ambassadeurs, les hauts fonctionnaires de son gouvernement. Puis, tous ceux ayant de l’influence, de l’argent, un nom, ou une autre manière pour se gagner un siège de choix. Au fond, la vulgaire plèbe. Au travers de cette foule silencieuse, la garde d’Astarté, sa police, afin de s’assurer que personne ne vienne troubler l’ordre de ce moment qu’elle préparait depuis si longtemps. Avec une telle patience, un tel esprit calculateur, elle ferait bientôt partie de mon harem. Elle n’y aurait aucune amie, pas après ceci, pas après cette mise en scène qui l’assurait d’un dépucelage comme aucune d’elle n’avait connue. Des milliers de témoins.

Je savais que le harem était à l’œuvre pour tenter de troubler ce moment, influencer la perception des gens, que le harem s’en donnerait à cœur joie dans les jours à venir, unifié contre cette petite auxiliaire qui osait s’adjuger un droit qu’aucune du harem ne possédait. La hargne qu’elles me vouaient trouverait libre expression contre Astarté. Astarté, qui avait su il y avait des siècles qu’il en serait ainsi, avait tout planifié, méticuleusement. Contre des siècles de magie préparée pour ce moment… le harem ne trouverait pas aisément le succès. Pas aujourd’hui, ni demain.

Une excitation fébrile –mais contenue- régnait dans la foule, une atmosphère électrique. Ils savaient ce qui venait. Astarté avait conditionné son peuple, bâti des coutumes… et puis il y avait cette magie subtile qui habitait ce lieu.

« Je vous déclare mari et femme, » le maître des cérémonies annonça de sa voix plaisante qui portait loin. A ma droite, Astarté, dont le sourire éclatant ne pouvait devenir plus grand, toute heureuse, surexcitée. Astarté, Reine de Glace, qui ne souriait jamais, ne montrait jamais aucune émotion.

Elle était… radieuse. Elle était lumineuse, dans sa délicate, longue robe blanche, une certaine magie imprégnée dans la robe, attirant tous les regards. Arkann était un peu terne, en comparaison, dans son uniforme d’apparat. Il la tira à lui, fermement, mais doucement. Un baiser, qu’il voulait long et langoureux, mais elle ne pouvait plus attendre, après toutes ces années, et ce qui devait être une embrassade paresseuse devint rapidement une chose féroce et impérieuse.

Il était amusé, répondant avec autant de passion… mais jouant avec elle sans rien laisser paraître. Elle ne s’en rendait pas compte, tant elle était perdue dans ces sensations qu’elle découvrait, tenue fort contre lui, ses mains la touchant, la caressant, au travers du fin tissu de sa robe. Depuis des semaines elle savait que ce soir viendrait. Des semaines, à anticiper, avec peu de choses d’autres que ses mains pour calmer ses ardeurs, alors que lui avait un harem entier, aussi malveillant puisse-t’il être.

Il la sentait vibrer, réagir, perdre le contrôle. Elle frissonnait, se frottait contre lui…

« Arkann… » elle dit, d’une voix étranglée. L’atmosphère était trop chargée. Même lui n’arrivait plus à contenir l’effet de milliers d’âmes profondément aguichées, le monde des rêves brûlant autour d’eux. Pour les femmes du harem, c’était encore pire…

Il la prit dans ses bras, puis la déposa sur la nappe blanche couvrant le large autel de pierre. Son ennemie. Celle qui avait réussi à contrer ses armées, à le faire battre en retraite, maintenant offerte à lui. Combien de fois avait-il rêvé d’attaquer son pays à nouveau, à défaire ses armées, à conquérir ses villes… et de s’imposer à elle? Il ne pourrait maintenant jamais assouvir ce puissant désir, pas par le fait de ses armes, mais elle n’en était pas moins à lui, corps et âme.

Il la joignit sur l’autel, défaisant l’avant de son pantalon, et libéra son membre tumescent, se coucha sur elle, jambes entre les cuisses ouvertes de cette vierge si longtemps défiante. La robe blanche entre eux, le soyeux tissus caressant la chair trépidante de cette pucelle assoiffée de sensations. Un autre baiser. Il prenait son temps, lui laissait sentir son lourd pénis au travers de la maigre protection de sa robe. Il l’écrasait de son poids, alors que dans le monde des rêves, il lui caressait l’esprit, la laissait le voir dans toute sa gloire animale.

Elle n’en pouvait plus, ses hanches montant à la rencontre des siennes, son pubis se frottant avec un grand besoin contre cette érection qui se laissait désirer. Elle n’en pouvait plus. Jouissait-elle? Était-elle juste au bord? Si puissantes ses sensations, cette anticipation, l’effet de l’audience regardant avidement… qu’elle-même n’en était plus certaine.

Et puis ce moment, ce moment si longtemps attendu et désiré. Ce moment, bref, violent, ou Arkann laissa tomber les rennes retenant son corps, la pénétra au travers du fragile tissu d’un vif coup de reins, le déchirant… la déchirant, versant son sang… Et en cet instant, de par la magie d’Astarté, toutes les cloches de la ville, du royaume, retentirent en même temps, laissant savoir à tous que la Pucelle de Marsalis… ne l’était plus.

La Licorne

 

ŠLE CERCLE BDSM 2006