Kazin. Au travers du hublot, je pouvais
voir les teintes ocres de ce monde inhospitalier sur lequel les humains
nous avaient débarqué, il y avait longtemps. Kazin, siège
de lEmpire. Huit milliards de personnes habitaient ce système
planétaire.
Trois mois pour se rendre ici. Trois
mois
étranges.
Javais un bras autour des épaules
de Vaya. Nous navions pas résolu notre contentieux, mais
nous avions décidé que
nous nous aimions bien, que
nous désirions trouver une solution à long terme. Je navais
plus de béquilles, ma guérison plus rapide que prévue,
et je faisais mes exercices avec détermination. Il ne nous restait
plus beaucoup de temps avant que moi et Vaya devions nous battre à
nouveau. Les tensions revenaient.
Valérie se tenait à ma
droite, un peu en retrait. Après Vaya, de ce voyage, cest
elle dont je me souviendrais le plus. Avant même ces louves, qui
avaient été de bonnes compagnes, avec qui javais établi
des liens qui dureraient peut-être. Toutes, à lexception
de Sélène, qui me détestait profondément.
Pendant mon séjour ici, nous allions garder le contact. Après
peut-être que si jétais de passage sur leur monde respectif
Ce nétait pas encore un
adieu, mais pas très loin non plus. Je navais jamais avant
été en compagnie dun même groupe de louve aussi
longtemps. Cela faisait mal, de les quitter. Je cachai un sourire, qui
était mi-figue, mi-raisin : elles avaient demandé beaucoup
de moi, ces derniers jours. Jétais plutôt fatigué.
Que javais appris, au cours de
ce voyage! Exposé aux coutumes de nombreux mondes, les faiblesses
du mien montrées au grand jour. Javais dû réévaluer
beaucoup de ce que je tenais pour acquis. Jétais plus adulte,
moins naïf.
Et dans une heure
**
Ocre. Tout était ocre. La visibilité,
réduite à dix mètres. Le vent hurlait. Javais
mes lunettes de protection, mais je navais pas mis mon masque filtrant.
Javais voulu goûter à cette atmosphère respirée
par mes ancêtres. Jétais servi.
Je toussais, mes poumons se rebellant
sous cet assaut. Le goût était âcre. Les fines particules
sinfiltraient partout dans mes vêtements. Lair était
terriblement sec.
LAmbassadrice riait de moi, toute
amusée, humant cet air comme si elle respirait du parfum, sans
même tousser, les bras grand ouvert. Elle était heureuse,
de retour après cinq années sur mon monde. Sa djellaba battait
au vent. Derrière moi, Valérie portait masque et lunettes.
Elle était peut-être masochiste, mais elle était sélective.
Je secouai mon masque et le fixai en position, ce qui naida pas
aussi rapidement que je laurais souhaité.
Jétais le seul loup à
bord, Vaya et les autres utilisant les navettes normales. LAmbassadrice
avait été très claire quelle ne me laisserait
pas hors de sa vue.
Elle descendit les marches, comme une
gamine, mais sarrêta net. Il y avait des personnes, en bas
de lescalier, et lune de ces personnes savança
vers elle, la prit dans ses bras, et la serra fort contre sa poitrine.
Le vent emportait les paroles, mais jétais amusé;
la renarde tentait de se libérer, sans succès.
Jallais descendre, mais mes gardes
me firent signe dattendre. Lun deux parlait dans les oreilles
de Valérie, qui hocha de la tête
et le laissa lui prendre
son arme. Jétais surpris. Cétait la première
fois.
En bas, la renarde était maintenant
libre, et tirait la manche de cette personne qui lavait accueilli
avec tant denthousiasme. Une personne qui ne se laissa pas faire,
qui regardait dans la direction de la porte, et nous fit signe de descendre.
Jhésitai, mais mes gardes eux me firent comprendre de bouger.
Je les sentais tendus. La fennec dirigeant ma garde était juste
derrière moi, une main à mon dos. Jallais avec le
flot.
LAmbassadrice était contrariée.
Je le voyais bien. Il y avait dautres gardes en bas de lescalier,
lourdement armés. Javais un mauvais pressentiment. Celle
qui avait accueilli la renarde était une louve, ne portait ni masque,
ni lunettes, mais un long foulard enroulé autour de la face qui
ne laissait paraître que ses yeux. Svelte, de ce que je pouvais
en juger, elle avait un port altier et confiant. Une louve dominante,
clairement. Une fourrure grise assez foncée. Elle avait du sang
de Kivat, coulant dans ses veines, je jugeais. Elle portait une djellaba
similaire à celle de lAmbassadrice.
Elle me regarda un instant, puis se
détourna, et nous mena à un véhicule blindé
sur roues. Un VBR-14 dIMK. Jétais fier de le voir ici,
de voir que même Kazin achetait notre équipement. Il avait
été modifié, clairement, me paraissait plus lourdement
blindé. Son acier était nu. Sil avait jamais eu de
peinture, elle avait depuis longtemps été sablée
par la fine poussière abrasive emportée par les vents de
Kazin. Mes gardes empruntèrent un autre véhicule. Le notre
était très luxueux. Deux gardes avec nous, qui nous surveillaient,
moi et Valérie.
La porte fermée, le véhicule
sébranla. Jenlevai mon masque, relevai mes lunettes,
alors que la louve libérait sa face de son foulard. Limpression
initiale dune belle louve dominante était confirmée.
« Tu cherchais à
me le cacher, Arlenn? » La louve parlait à lAmbassadrice,
mais me regardait avec intérêt.
« Bien sur que non. Mais
josais espérer que tu aurais plus de sens. »
La louve lignora. « Arkel
MannJäger. » Elle prononça mon nom parfaitement.
Je me raidis inconsciemment.
« Il est préféré
de retenir le MannJäger, » je lui dis, poliment. « Le
nom de famille est trop chargé. »
La louve paraissait légèrement
contrariée. « Sélène MannJäger, votre
ancêtre, a rendu plusieurs services importants à lEmpire,
certains demeurant secret à ce jour. Je suis au courant de votre
tradition de taire ce nom de famille et dautres tout aussi
valeureux- mais cette tradition ne sapplique par sur Kazin. »
Un ton poli, mais ferme et sans appel. Elle me faisait beaucoup penser
à Vaya, allant de la forme de son visage, à certaines de
ses manières.
« Japprécierais
sil vous était possible de taire mon nom de famille. Mon
ancêtre
a fait de grandes choses, mais elle a aussi été
criminelle de guerre. Si lespèce humaine est éteinte,
cest en partie de par ses actions. MannJäger est un nom
qui veut tout dire. »
Sa contrariété devint
visiblement plus intense, mais elle hocha de la tête. « Fort
bien. Cest une injustice envers votre ancêtre, mais comme
vous avez été blessé au service de lEmpire,
je respecterai vos usages en votre présence. »
Je souris. « Je vous remercie,
Madame
? »
Valérie laissa passer un bref
rire nerveux, alors que la louve semblait incrédule, et la renarde
regardait au plafond en soupirant. Quest-ce que javais dit?
« Ikel. Zéra Ikel. »
Mon sourire se figea. Non. Elle ne
ressemblait pas assez à lImpératrice. Une farce, alors.
Était-ce permis, ici? Elle ressemblait un peu à lImpératrice.
Pas assez, mais
et puis, il y avait le blindé, les gardes,
Valérie qui avait été désarmée. Non.
oui
« Ne vous inquiétez
pas, Citoyen, vous avez de la chance. Je suis de bonne humeur, aujourdhui,
et vous pouvez garder votre tête la ou elle est, sur vos épaules. »
LAmbassadrice émit un
reniflement. « Zéra, il est très intelligent,
mais un peu innocent. Il va te croire sur parole, et en conclure que tu
as un côté un peu sanguinaire. »
LImpératrice avait lair
légèrement contrariée. « Je _suis_ sanguinaire.
Si la constitution me le permettait, jenverrais tous nos journalistes
à la guillotine. »
LAmbassadrice fit un petit geste.
« Ça, cest différent. » La renarde
lui donna un petit sourire maniaque. « Tu pourrais décréter
»
La louve roula les yeux, sassit
plus profondément dans son siège. « Bienvenue
sur Kazin, Arkel au nom inavouable. Vous devrez apprendre à connaître
notre humour parfois coupant, à savoir distinguer le sérieux
du léger. Les gens de votre monde ont parfois de la difficulté
à faire la différence, et prennent alors tout littéralement. »
Je hochai de la tête, assit à
lattention au bord de mon siège.
Elle soupira. « Jaurais
dû mentir sur mon identité, je vois. » Elle regarda
lAmbassadrice, « les autres que tu mas trouvé
sont comme ça aussi. Je dois avouer que le Colonel est plus flexible,
mais il à lage mon père, alors
»
La renarde grimaça. « Zéra
»
Un avertissement dans le ton de voix de la renarde.
« Les choses ont changé,
en ton absence. Tu as fait de moi ce que je suis, et ton départ
ma forcée à voler de mes propres ailes. Assume. »
Il y avait de lamusement sur le visage de lImpératrice.
Puis, à moi de nouveau, « je voulais vous voir, Citoyen.
Votre rôle de paratonnerre est dangereux, comme vous laurez
remarqué. Votre passé moins glorieux vous servira bien,
car beaucoup comprendront que vous ne ferez absolument pas laffaire.
Il sen trouvera cependant toujours pour penser que la maskirovka
dArlenn est trop évidente, et chercheront à vous tuer,
juste au cas. Vous diluez le risque des autres, comme ils diluent le votre.
Je peux compter sur vous? »
« Oui Madame. »
« Très bien, Citoyen.
Et puis, qui sait, peut-être nêtes-vous pas ce pion
que vous pensez être, mais ce roi que je me cherche? »
« Zéra! »
La louve ria, de fort bonne humeur,
regardant la renarde du coin de lil. « Je suis
ton étudiante fidèle, Arlenn. »
« Nous en avons déjà
parlé, Zéra. Et puis ce nest pas le moment. »
La louve considéra la renarde
un moment, sa tête inclinée un peu, puis elle me regarda.
« Et vous, Citoyen. Pensez-vous que lImpératrice,
louve la plus puissante de lEmpire, doive elle aussi se passer de
son loup? »
Je ne voulais rien entendre. « Oui,
Madame, » je répondis, sans avoir à penser. Si
la louve dominante des louves dominante décidait quun mâle
lui appartenait, à elle seule, les autres louves dominantes feraient
de même.
« Oui, les conséquences
seraient fâcheuses, » elle murmura, « mais
je garde espoir. Une relation très discrète
»
La renarde laissa passer un vil juron,
ce qui fit rire lImpératrice. « Cest pour
mon équilibre mental, » elle dit, à la renarde.
« Des fois, je me sens devenir bizarre, lenvie de regarder
brûler Rome me prend. Cest une pulsion qui devient plus intense
avec le temps. Je suis certaine quun petit ami à long terme
me garderait
stable. »
La renarde roula les yeux. « Vous
les loups êtes trop
pas assez
pour virer fou. »
La louve ria encore. « Ma
grand-mère la fait, sans se faire prendre. Je me rappelle
de grand-papa
»
La renarde grogna, ce qui fit sesclaffer
la louve, qui la prit dans ses bras, « je suis heureuse que
tu sois de retour. » Pour le reste du court voyage, elle parla
à la renarde, ses seules autres paroles pour moi venant à
la fin, des remerciements pour les risques que je prenais, et une poignée
de main.
**
Le béton nu était ancien.
Un poster aux couleurs délavées par le temps, protégé
par une feuille de plastique, montrait une place bordée de jungle.
En dessous, « Ipanema Amérique du Sud
Terre ». Un petit carton sur le plastique avisait discrètement
que ce poster avait fait partie des quelques effets quun zèbre
appelé Alakazoo avait apporté avec lui lorsquil avait
été exilé sur ce monde par les humains. Le poids
de lhistoire suintait de cette pièce dénudée
qui allait être mon appartement. Un appartement qui avait appartenu
au dernier Ambassadeur humain.
Le poster était la seule décoration.
Le reste était
fonctionnel. Une table de métal avec
deux chaises en plastique. Au-dessus, un lit que je pouvais accéder
par une échelle. Un vieux comptoir à la surface abîmée,
un petit réfrigérateur, une cuisinière. La porte
pour la salle de bain. Il était facile de distinguer ce qui était
contemporain de ce qui était ancien : le neuf était
dernier cri, haut de gamme.
Lordinateur sur la table était
tout ce quil y avait de plus puissant. Le matelas et les draps étaient
neufs. La cuisinière et le réfrigérateur aussi. Pour
le reste
ce zèbre appelé Alakazoo aurait été
familier avec tout.
Je me tournai vers le bouc qui mavait
mené ici. « Cest un très grand honneur
que lon me fait. »
Il hocha sobrement de la tête.
« Ce nest pas très confortable, ou beau, mais
il y a des gens qui tueraient pour pouvoir vivre dans la cité antique. »
Il semblait amusé, « soyez heureux que lon ne
vous ait pas fait lhonneur de vous héberger dans Container
city. Nos ancêtres ont habité ce quils pouvaient. »
Il y avait un grand respect dans sa voix. « Encore quun
citoyen de Kivat, je suis certain, endurerait sans broncher. »
« Oui, » je lui
répondis. « Je suis très conscient de lhonneur
qui mest fait. Je vais prendre grand soin des lieux. »
Une pointe de tension le quitta. « Ce
ne sont pas tous les étrangers qui saisissent complètement, »
il mavoua. Puis, il me montra tout de cet appartement, mavisa
de ses problèmes, sassura que jétais conscient
que je devais lire le manuel de sécurité. La cité
antique était souterraine, creusée dans le roc, par ordre
du Général Ikel, qui voulait protéger ce quil
pouvait, en un temps ou une guerre avec les humains dans les décennies
à venir semblait inévitable. Beaucoup de coins avaient été
coupés. En cas dincendie, il fallait rapidement rejoindre
lune des zones de refuge avant que la fumée ne saccumule.
Il sen alla, et jenlevai
mon casque de sécurité. Les éboulements étaient
rares, mais les corridors de la cité souterraine laissaient parfois
chuter des pierres, rendant le port du casque obligatoire.
Javais été pris
en charge par le bouc, qui mavait laissé son numéro,
ainsi que les documents nous permettant dhabiter cette zone à
accès restreint. Il mavait aussi donné mes assignations
pour les prochains jours.
« Cest très
spartiate. » Valérie regardait la pièce avec
une expression malheureuse. « Il ny a pas
beaucoup
de rangement. »
« Ça sera suffisant. »
Elle ne répondit pas, ce qui
exprimait son désaccord. Javais besoin de peu. Elle aurait
le reste. Je ne tentai pas de la convaincre daller ailleurs, à
mes frais. Ça aurait été peine perdue.
Quelques minutes pour tout bien ranger.
Valérie contemplait le sac de voyage quelle avait. Le reste
de ses bagages allait lui être livré dans une heure ou deux
**
La renarde rousse avait un très
grand sourire. « Citoyen, nom retenu. Nous sommes heureuses davoir
un de nos cousins de Kivat parmi nous. Je présume que vous
êtes un descendant de Sélène, nom retenu?»
Japprenais à endurer le
son de mon nom de famille. Ils étaient rares les citoyens de Kazin
qui savaient quels noms de famille de Kivat ne devaient pas être
prononcés. Dans un Empire aux milles planètes, cétait
plus que compréhensible. Que la renarde en soit consciente et ait
la délicatesse de ne pas le prononcer était une surprise
bienvenue.
Je hochai de la tête. « Oui. »
Jétais surpris que tant de gens sur Kazin semblaient connaître
les faits darmes de mon ancêtre. « Hmm. Je
suis nouveau, ici, et
»
Son sourire devint plus grand, si cétait
possible. « Bien entendu, et nos pratiques diffèrent
substantiellement de celles de Kivat. Vous aurez entendu parler de nos
coutumes, mais ne possédez pas les détails. Ne vous inquiétez
pas : nous nous spécialisons dans laccueil des loups
étrangers, et nos clientes en sont conscientes : aucune ne
prendra offense si vous faites une erreur, et nous vous demandons de faire
de même, si lune delle en fait une. Venez avec moi,
et nous pourrons discuter. »
La renarde était plus que gracieuse,
et me mena à un grand balcon ou il y avait des tables, surplombant
une aire ouverte en contrebas. Le centre était situé dans
la cité antique, mais lendroit avait été creusé
dans le roc à une époque moderne. Ici, un luxe raffiné
régnait, de la végétation partout, de léclairage
comme celui donné par le soleil terrien. Tout était plaisant
à lil. Un havre de confort au milieu dune zone
ou le poids opprimant de millions de tonnes de roche pesait au-dessus
de moi. Jaimais la cité antique, qui voulait tant dire, mais
jétais loin dy être confortable.
On nous apporta une théière,
et deux tasses, dès quon nous vit sasseoir. Cétait
la coutume sur Kazin, de servir le thé pour toute raison, lune
des règles de leur hospitalité. Un thé qui avait
un arrière-goût un tantinet âcre que je naimais
pas vraiment. Mais, ici, il ne fallait pas refuser, alors japprenais
à en boire.
Elle versa le thé, puis, « la
chose la plus importante pour vous, je présume, est le fait que
notre système ne soit pas égalitaire. Notre aristocratie
passe en premier, puis viennent celles qui ont de linfluence, ensuite
celles qui ont de largent. Et en dernier, celles qui nont
rien de tout çela. » Elle haussa un sourcil pour confirmer
que ce quelle disait était correct.
Je hochai de la tête. Cest
ce que javais entendu.
Elle prit sa tasse, goûta le
thé, sourit, puis, « bien. Je comprends très
bien laversion de vos gens envers notre système. Nos louves
lacceptent volontiers, cependant. Chaque louve noble paie un montant
significatif pour ce privilège. Celles dinfluence paient,
ou sarrangent pour que dautres le fassent. Celles qui en ont
les moyens paient encore plus. Ces louves se trouvent à financer
le système en entier pour la majorité des autres louves,
et pas seulement pour le réseau de Centres de Reproduction. Une
louve sans le sou et sans patron naura aucun frais à payer,
et ses enfants bénéficieront du fond dassistance pour
léducation dans lequel les excédents de bénéfice
ils sont substantiels- se retrouvent. Cest en partie une redistribution
de la richesse. »
« Peut-être, mais laccès
nest pas égal. »
Elle hocha de la tête. « Cest
exact. Chaque louve possède son quota daccès triennal,
et lutilise comme bon lui semble. Elle peut laugmenter en
finançant le système
ou par ce privilège découlant
de la noblesse. Cela va à lencontre de vos principes socialistes,
mais cest le système que nos louves ont choisies pour elles-mêmes.
Vous êtes bien entendu libre de passer vos trois nuits par semaine
qui vous appartiennent comme bon vous semble. Je sais que ce nest
pas un problème pour un citoyen de Kivat, mais il est interdit
par la loi de monnayer votre disponibilité. Sur Katar et de nombreux
autres mondes, les choses sont différentes, et cest pourquoi
il mest requis daviser tout étranger. »
« Je comprends. »
« Très bien. Vous
aurez entendu parler du principe dAnonymat qui a lieu, ici? »
« Oui. Nous comprenons très
bien les impératifs du droit à la vie privée, sur
mon monde. »
Elle me fit un signe pour me dire que
je ne comprenais pas aussi bien que je le pensais. « Je crains
que ce principe dAnonymat soit à sens unique, »
elle me dit avec une petite moue de déplaisir. « Seules
les louves sattendent à le voir respecté. Lanonymat
des loups est malheureusement violé de manière tout à
fait routinière, lorsquune louve arrive à lidentifier.
Nos
journalistes sont des êtres restons polis- sans
scrupules, et nos louves tendent à vouloir punir ou récompenser
leurs partenaires de manière très directe. Ici, il est tout
à fait normal pour une louve de parler aux journalistes, souvent
de manière très
indiscrète et détaillée. »
« Pardon!? »
Encore une chose dont mon gouvernement ne parlait pas! Et cette chose
était de taille, terriblement choquante, ce qui était certainement
la raison pourquoi nos médias se taisaient sur cette question.
Son sourire était un peu forcé.
« Cest la coutume, je crains bien. Cest pourquoi
vous devrez prendre soin de ne pas vous révéler. »
« Cest inacceptable. »
Elle secoua la tête. « Aussi
désagréable quelle soit, cest la coutume. Et
vous ne pouvez pas faire de même. La noblesse a besoin de lanonymat,
afin déviter quun loup puisse réclamer quelque
privilège de ce soit pour avoir été le géniteur
de, par exemple, la future Duchesse de Nörbar. »
Ça, je pouvais comprendre, mais
le reste
La renarde était pressée
de continuer, ne voulant pas sattarder à ce quelle
savait être un problème sérieux pour un Citoyen de
Kivat. « Votre cas va être épineux à gérer, »
elle mavoua, « votre dossier est tout ce quil y
a de plus impeccable. Nos louves savent que votre Croix de Sivant nest
accordée que très rarement. Elles voudront deviner, si elles
le peuvent. Il y a aussi certaines rumeurs très délicates
qui courent à votre sujet. Vous serez la proie des journalistes,
je le crains. »
« Que voulez-vous dire,
un dossier impeccable? »
« Il ny a aucune
imperfection à votre dossier. Très désirable, en
tout points. »
« Ma condamnation pour trahison
doit certainement peser, non? »
Elle cligna des yeux, lair surprise,
ouvrit le dossier qui portait mon nom, et regarda rapidement, puis une
deuxième fois, plus lentement.
« Il ny a aucune indication
à cet effet. » Elle eut lair troublée,
quelques instants, puis ria dun rire très amusé. « Vous
êtes le premier Citoyen de Kivat que je vois embrasser notre forme
dhumeur. Vous mavez eue. »
Elle pensait que je mamusais.
Je mis un doigt sur la marque noire de mon épinglette. « Malheureusement,
je suis sérieux. »
Son expression prit un air neutre.
« Je nai aucune mention à cet effet dans nos dossiers.
Nos dossiers sont toujours très méticuleusement compilés
par le personnel le plus hautement qualifié. Êtes vous certain
de ce que vous avancez? »
« Jai passé
cinq ans de ma vie dans un pénitencier. Oui. Assez certain. »
Un long moment de silence de sa part.
Une nouvelle lecture lente et complète de mon dossier. Elle se
leva, « excusez moi, je reviens dans quelques minutes. »
Elle revint après une heure,
de nouveau souriante. « Votre Ambassade confirme quil
y a bien erreur dans nos dossiers. Nous allons amender votre dossier. »
« Je vois. Avez-vous idée
de ce qui fait que mon dossier était incomplet? »
Elle était toujours debout.
« Nous allons déterminer la cause dès que possible.
Pour le moment
pourriez-vous me suivre, sil vous plaît?
La personne à qui vous êtes assigné est arrivée,
et elle est dun rang qui ne supporte pas lattente. Vous comprendrez
que nous nassignons que les meilleurs mâles à notre
noblesse
»
« Très bien. »
Je me levai, laccompagnai. Elle sexcusa pour le manque de
temps et la pression indue, mais
Elle me mena à la porte dun
vestiaire et me donna un petit disque blanc avec « E-15 »
imprimé en noir sur les deux faces. « Cest la
pièce ou vous devez aller. Changez vous, prenez une robe de chambre,
et suivez les indications. » Elle tentait de ne pas le laisser
paraître, mais elle était tendue. Ici, la Noblesse avait
de nombreux privilège, et faire la vie dure à une personne
qui me semblait très compétente était certainement
dans le domaine du possible.
Je me pressai. À lintérieur
léclairage était très différent. Tout
était en blanc, ou en noir, sans aucune teinte de gris pour gradation...
Même ma fourrure me paraissait étrange. Il y avait deux loups
mâles en train de se changer, le plus de loups mâles que javais
vu en un seul lieu depuis des années. On me salua, et je répondis.
Quelques instants pour bien évaluer la situation, mais il était
évident que jétais le loup dominant, et les deux autres
agirent en conséquence. Leffet de la lumière faisait
que tout ce qui nétait pas noir ou dune teinte foncée
paraissait blanc. Lun des loups était noir comme la nuit,
et lautre un loup gris- était dun blanc presque
scintillant la ou il nétait pas noir comme le charbon. Très
bizarre.
Jaurais bien aimé converser
avec eux, mais je voulais aller vite pour la renarde. Je plaçai
mes choses dans un casier, enfilai une robe de chambre éclatante
de blancheur, glissai mes pieds dans des pantoufles, et sortis par lautre
porte. Un long corridor, avec de nombreuses portes. De belles odeurs masquaient
les odeurs de loups ou de louves. Lune des choses assurant lanonymat
des louves. Sur les murs, des pièces dart, faites pour ce
genre de lumière. Une musique feutrée et plaisante.
Les indications étaient simples,
directes. Je passai une louve. Une louve noire, ou grise foncée,
car je ne pouvais pratiquement voir que sa robe de chambre et ses pantoufles,
du moins jusquà ce que je sois proche delle. À
courte distance, je pouvais déceler ses formes, mais pas les détails
de son visage. Elle moffrit un sourire dun blanc éclatant
auquel je répondis, et continua son chemin. Puis, la porte « E-15 ».
Il fallait insérer le jeton dans une fente, et la porte se débarra
avec un click audible. Une lourde porte coupe-son.
Jentrai dans une pièce
assez grande. Accrochées aux murs, des peintures exploitant leffet
particulier de la lumière ambiante. Des meubles qui étaient
présents plus pour décor que pour toute autre raison, avec
lexception du grand lit. Deux portes : lune montrant
quelle menait à la chambre de bains, lautre à
la salle darmes. Deux loups de rangs à peu près égaux
pouvaient avoir besoin de régler les choses selon les règles.
Couchée sur le lit, visible
plus par sa noirceur sur le couvre-lit blanc que pour toute autre raison,
sa robe de chambre négligemment étendue sur le dos dune
chaise, la louve avec qui je passerais la nuit. Jarrivais à
deviner certaines choses, comment elle était étendue sur
le côté, sa tête supportée par une main. Elle
me regardait, sans dire un mot. Je ne pouvais déceler son odeur.
« Pourrais-tu fermer la
porte, sil te plaît? » Une voix légèrement
rauque. Je savais que les louves inspiraient un gaz qui changeait leur
voix pour un temps, afin que la voix ne les trahisse pas. Les mâles
devaient avoir la même chose, mais
je ne lavais pas
vu. Il me faudrait ne pas parler.
Je fermai la porte doucement. Elle
ne semblait pas trop vieille, sa fourrure probablement grise foncée.
Élancée, peut être athlétique. Était-ce
moi qui la peinturait défavorablement? Elle me semblait snob, hautaine.
Certainement, ce que je pouvais déceler de son langage corporel
mavisait que cétait une louve qui se sentait confortablement
dominante.
« Nous verserais-tu du champagne?
Celui qui est fourni ici est assez bon, et cest une bonne manière
de casser la glace. »
Alors que je versais, elle me dit,
« tu me sembles bien silencieux, le loup. Aurais-tu oublié
ta pompe? » Elle tenait un objet dans une main, le secouait.
« Tiens. Ta voix en sera déguisée. Encore
que
pour quoi faire? Je te sens. »
Je pris cette pompe, tout de même,
et inhalai. Je toussai un peu. Je sentais le gaz faire effet. Puis, leffet
irritant se dissipa.
« Ça surprend un
peu, la première fois, » elle me dit.
« Comment savez-vous que
cest la première fois? » Ma voix me semblait plus
grave encore, plus profonde. Méconnaissable. Pas mal du tout, cet
effet.
« Tu es étranger
à ce monde. Aucun loup de Kazin noublierait de prendre les
précautions de base, et ils sont rares les étrangers qui
loublient
deux fois. » Son sourire était
amusé.
Le côté légèrement
rauque de sa voix nétait pas du tout déplaisant, même
sil était artificiel. Et je pouvais maintenant la sentir,
malgré les odeurs ambiantes, mais même cette odeur était
altérée, par un parfum envoûtant.
Je lui tendis son verre, quelle
prit de manière gracieuse. Elle le leva; « santé
et bonheur. » Elle goûta au champagne, ce que je fis
moi aussi. De très haute qualité, à ce que jen
savais.
Encore un peu de champagne, prenant
le temps de le savourer. La deuxième impression était encore
meilleure que la première. Elle ria, tout bas. « Vous
nen avez pas comme celui-ci sur Kivat, je croirais, »
elle me dit. Aucune moquerie dans sa voix. « La prochaine fois,
Citoyen, nous nous passerons de champagne, car tu sembles plus lapprécier
que celle quil est supposé mettre en valeur. »
« Pardon. » Jétais
tout penaud. Ce champagne était un charme pour mes papilles. Puis
la réalisation me frappa. « Comment savez-vous que je
viens de Kivat? »
Elle trempa ses lèvres dans
le précieux liquide, prit son temps, puis, « tu as la
carrure générale que jassocie à un loup de
Kivat. Tu te tiens comme un soldat. Ta voix est déguisée,
mais ta diction et ton accent te trahissent. Je suis bonne observatrice.
Mais vraiment, cest que je sais qui tu es, Arkel. »
Je me sentis raidir. « Comment
savez-vous cela. Je croyais que lanonymat était important!? »
Un sourire, un ton amusé. « Il
lest. Ne crains pas. Je puis tassurer que je vais demeurer
parfaitement anonyme. »
Ce monde nétait pas le
mien. Il nétait pas facile dagir en conséquence.
« Ce nest pas très équitable. »
Le plus doux que je pouvais faire, dans les circonstances. « Vous
avez enfreint la loi, pour obtenir mon nom. »
« Mais pas du tout, Arkel.
Largent fonctionne, linfluence aussi
mais dans mon cas,
cest le rang qui ma permis de tavoir. Notre monde, nos
lois sont ainsi faites. Beaucoup dargent ou dinfluence, ou
encore un bon rang. Si cest le rang, pour obtenir linformation,
il faut au moins être Baronne. Pour sassurer de ta présence,
Comtesse. Tu vois? Je suis au moins un peu équitable. Il ny
a pas plus de trois cent louves qui soient aussi comtesses et duchesses
impériales au travers de lEmpire. Tu sais presque qui je
suis. »
« Je vous trouve bien arrogante,
Madame la Comtesse, » je lui dis, de manière un peu
moqueuse. Je nétais pas du tout heureux. Quavait-elle
fait pour se mériter un tel droit, à part dêtre
née dans la bonne famille?
« Tu men vois attristée, »
elle me répondit, amusée. « Tu peux mappeler
Aurore. As-tu déjà admiré les couleurs de notre soleil
se levant sur notre atmosphère poussiéreuse? Lorsque les
vents sont calmes, cest un spectacle magnifique. »
« Aurore nest pas
votre vrai nom, je présume? »
Elle haussa les épaules. « Tu
présumes bien. À Rome, tu fais comme à Rome. Sur
Kazin, tu fais comme sur Kazin. Tu es mordant, Arkel. Je comprends. Je
ne cherche pas à tirer un avantage inéquitable afin de te
dominer. Tu nas pas idée combien il est risqué pour
une louve de la Noblesse de se trouver un partenaire sans risquer que
tous les détails juteux soient exposés au grand jour dans
les journaux le surlendemain. Mon anonymat, ma réputation, le respect
de ma vie privée, tout cela mest très important. »
Je pouvais comprendre. « Si
vous massurez de votre discrétion, il me fera plaisir dêtre
tout aussi discret. »
Elle ria, manqua presque de verser
son champagne, incapable de sarrêter pendant quelques secondes.
Puis, « je suis désolée de rire. Ça test
important. Mais je ne puis te promettre le niveau de discrétion
que tu recherches. Je ne parlerai pas aux journalistes, mais je me devrai
de laisser mes commentaires et impressions dans la base de données
centrale. »
« La base de données
centrale? »
Elle sourit. « Elle est
consultée par toutes les louves. À toi de tassurer
que mes commentaires soient
flatteurs. »
Je serrai les dents. « Je
réponds mal à la menace. »
Elle ferma les yeux un instant. Puis,
avec une voix très sincère, « ce nétait
pas une menace, mais de lhumour. Lhumour de Kazin peut parfois
être mal interprété par des visiteurs. Je men
excuse. »
Il y avait suffisamment de sincérité
pour me convaincre. « Cette base de données, ce nest
pas une obligation. »
« Non, » elle
confirma. « Mais cest un plaisir, un désir, une
coutume. Me priverais-tu de cette douceur? Il ne mest arrivé
quune fois de laisser un commentaire négatif, et ce mâle
le méritait amplement. Les autres
nont pas eu à
se plaindre, et quelques uns en ont tiré une certaine fierté.
Ne me demande pas de mabstenir. »
« Cest ce que jallais
faire, » je lui répondis. « Vous semblez
abuser des lois sans grand remord. »
« Faire usage de son privilège
nest pas abuser de la loi, » elle me répondit.
« Tu es probablement capable de me maîtriser, mais je
te ferai travailler pour le privilège de me prendre sous la queue,
et de me forcer à ne pas exercer mon droit. »
Elle me regardait dans les yeux, sans
crainte.
Je ne cherchais pas laffrontement.
Je pris une gorgée de champagne, ce quelle fit elle aussi.
Elle avait fait sa proposition, javais décliné loffre
du combat, et le point était maintenant résolu.
« Vous avez été
rapide à
me faire assigner à vous. »
« Sil te plaît.
Le tutoiement. Avec mon rang, je me fais vouvoyer constamment. Nous allons
faire lamour, souvent je lespère, et me faire vouvoyer
»
Et elle fit une imitation vraiment comique de la jouissance, ou le vouvoiement
était de mise
et ridicule.
« Très bien, Aurore.
Je te tutoie. »
« Merci, Arkel. Pour ce
qui est de ta question, je nai pas été aussi vite
que tu le crois. Cela fait maintenant deux semaines que tu es dans notre
système planétaire. Tu étais en transit, jen
conviens, mais lorsquun loup étranger entre dans notre système
planétaire, mes assistants examinent son dossier et me font voir
ce qui mérite dêtre vu. »
Elle me donnait un regard pénétrant,
tentant de lire mon expression malgré la lumière qui effaçait
les détails. « LImpératrice bouge enfin.
Plusieurs mâles exceptionnels de ton monde sont présents,
en même temps. Tu sembles faire partie de ce groupe. »
Je ne laissai rien paraître.
« Ce nest pas la première fois que jentends
cette théorie. »
Elle renifla. « Zéra
est tordue. Tu arrives avec sa conseillère favorite. Il ny
a pas de coïncidence. Tu vas être très sollicité,
dès que les autres comprendront ton importance. Je leur laisse
deux ou trois jours, pas un de plus. Elles voudront se faire une idée
de toi. Certaines vont miser sur toi. »
« Et toi? »
« Moi? Je ne sais pas. Je
ne suis pas pressée. Si tu me plais bien, je taccaparerai.
Jen ai linfluence, au moins pour un temps. À moins,
bien sûr, que lidée de connaître une vingtaine
de comtesses et duchesses qui pourraient être ta mère ou
ta grand-mère ne texcite. »
Pas trop excitant, non. Pas plus que
lidée dêtre accaparé. « Je
dois quatre nuits par semaine à lÉtat. Jai habitude
de passer ce temps dune manière utile à lespèce.
Pas dêtre un jouet. »
« Le choix nest pas
tien, » elle me répondit. Puis, « un loup
avisé en vaut deux. Aimerais tu en savoir plus sur lImpératrice? »
Ça
ça avait un
certain attrait. « Je suis curieux
»
Elle me donna un sourire en coin. « Linformation
à un prix
»
Je mapprochai delle, la
prit dans mes bras, et lembrassai. Doucement pour commencer. Nous
avions le temps. Je savais embrasser, elle aussi. Javais une main
derrière sa tête, alors que lautre explorait tranquillement,
caressait. Alerte pour ses signes me guidant dans ce quelle aimait,
ce quelle aimait moins. Elle semblait aimer une certaine fermeté,
ce qui nétait pas rare avec les louves ayant lhabitude
du pouvoir. Avoir un partenaire aussi dominant que soi, se laisser aller
juste un peu
je devais avouer quil en allait parfois de même
avec moi aussi.
Je pris charge. Des lèchements
à son museau, à sa gorge. Des caresses à ses oreilles.
De petits mordillements. Doucement, je la laissai reposer sur le lit,
sur son dos, et métendit à son côté.
Je découvris que ses seins étaient assez sensibles, que
je pouvais la faire frissonner en utilisant ma langue et mes lèvres
sur les tétons. Elle aimait aussi les très légers
mordillements.
Je prenais mon temps
jusquà
ce quelle comprenne quil fallait commencer à me payer,
si elle voulait plus quune très lente ascension
Je la léchais, la caressais,
alors quelle me parlait de lImpératrice. Beaucoup de
ce quelle me disait était du domaine public, et elle faisait
attention de ne pas me livrer des secrets dimportance, mais elle
connaissait manifestement celle qui dirigeait lEmpire, et jarrivais
à mieux lencourager, plus je mapprochais de ce lieu
entre ses jambes
Lhumour décapant de lImpératrice.
Sa personnalité. Des anecdotes. Elle me parlait aussi de lAmbassadrice,
comment celle-ci avait décidé de la former lorsque sa mère
avait été assassinée, avait transformé une
jeune adolescente en une louve redoutable et efficace. Elle me parlait
aussi de ses sautes dhumeur, son intolérance de lincompétence,
combien elle détestait faire de mauvaises décisions. À
son niveau, les erreurs avaient des conséquences importantes.
Puis vint un temps ou elle ne pouvait
plus vraiment parler, ses mains tenant mes oreilles, ma tête entre
ses jambes, ma langue frottant un point précis en elle. Elle était
sensible, une de ces louves répondant solidement à une langue
bien utilisée. Des caresses de mes doigts. Je retirai ma langue,
lutilisant en surface, la pointe cherchant et trouvant aisément
son clitoris.
Je jouai avec elle, bâtissant
un feu, utilisant toutes mes connaissances. Elle protestait, voulait que
je lui donne le coup de grâce, mais je pouvais faire mieux, lamenai
à ce point quil me plaisait de lui faire atteindre. Et puis
je lui laissai avoir ce quelle cherchait, étendit aussi longtemps
que possible la durée, et massurai dune longue glissade
le long de lautre versant.
Après, la tenant dans les bras,
bien serrée, je lui mordillai les oreilles, lui murmurai des mots
doux, lui laissant savourer la langueur de son corps.
Je savais qui elle était. Je
lavais goûtée, après tout. Lautre jour,
après la poignée de main avec lImpératrice,
javais reniflé ma main. Cette odeur, et ce goût quaucun
parfum ne pouvait déguiser, provenaient de la même personne.
Je nallais pas laisser mes actions ou mes paroles lui laisser suspecter
que je savais. Ici, elle nétait quAurore, une louve
faisant partie de la noblesse
mais pas dun rang qui importait
pour un Citoyen de Kivat. Ce quelle mavait dit, plus tôt,
me faisait comprendre pourquoi la spontanéité, la candeur,
étaient importants pour elle, lors dune relation intime.
Elle ne devait pas lavoir souvent, pas lorsquune personne
savait qui elle était.
Je me surprenais. Peut-être était-ce
la transition en douceur, ce rôle quelle tenait.
Le tout me laissait cependant avec
une question cruciale : pourquoi moi?
Une question pour une autre fois, la
louve recommençant à bouger, un appétit en elle
<<Une petite note pour ceux qui sont curieux: ma cadence décriture
a effectivement diminué ces derniers temps et risque de se maintenir
au niveau actuel pour un temps. Ce nest pas linspiration qui
manque (je travaille sur une douzaine de séries, à divers
degrés davancement, quoique la plupart ne seront jamais exposées),
mais bien le temps, car jai récemment commencé à
dessiner, ce qui dévore une grande partie de mon temps libre.
Jai beaucoup dimages, didées,
et jespère un jour atteindre un niveau qui me permettra de
les exprimer sous forme de dessin. Lorsque jaurai atteint un niveau
acceptable, je rendrai disponible certains dessins sur ma fiche. Jespère
arriver à un niveau de base dici le début de lautomne.
Lorsque jaurai du nouveau, je vous le laisserai savoir. >>
Le
Loup 12
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