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Couché dans la boue fétide
sous un buisson touffu, je regardais les chasseresses chercher, leur exaspération
visible dans leur langage corporel. Un duo. La poursuite avait fait beaucoup
de bruit, et plusieurs autres convergeaient lentement, tentant de me débusquer
avant les autres.
Affaibli, transi par la boue froide,
ce nétait quune question de temps avant que quelquun
ne me trouve. À moins que
Les chasseresses qui les premières
mavaient poursuivi étaient loin dêtre heureuses
que la compétition ne se pointe. Elles tentaient déloigner
celles qui étaient venu voir. Quelques gros mots bien sentis. Pas
de bousculade. Mais assez pour détourner lattention.
Il était certain que sortir
de ma cachette signifiait la capture. Mais elles sauraient quelles
avaient été distraites, simagineraient peut-être
que je métais glissé hors de leur filet. Elles étaient
toutes méticuleuses : aucune chasseresse de ce club exclusif ne
pouvait se permettre lerreur. La compétition était
trop féroce, les enjeux trop grands.
Au moins, elles ne pouvaient utiliser
leur odorat. Elles quadrillaient la zone, sapprochaient de moi.
Seul ma tête dépassait. Le moment venu, seul mon museau le
ferait. Mon corps cherchait à frissonner, mais je ne le lui permettais
pas.
Un très léger bruit.
Une souris. Elle avait un bâton, travaillait les roseaux bordant
la berge, lenfonçant dans la vase, elle-même marchant
dans la boue jusquaux genoux. Elle espérait. Elle ne faisait
équipe avec personne, ce qui était suspicieux lorsque parmi
les espèces de petites tailles. Sa seule arme était un bola.
Je lobservais, du coin de lil, se rapprochant lentement.
Elle avait ce port que ceux qui pratiquaient les arts martiaux avaient
souvent
Une souris contre un loup? Nul doute de nombreux males sétaient-ils
fait avoir en la sous-estimant.
Son langage corporel la trahissait.
Elle regardait dans ma direction. Pas quelle mavait vu, mais
elle savait que si jétais dans son coin, cétait
la où jétais que je me trouverais. Je vis comment
elle changea sa position. Une position qui lui permettrait de bien utiliser
son arme si je mélançais. Ça ne se passerait
pas ainsi.
De longues minutes, puis elle était
dans mon coin immédiat. Avec son approche méthodique, elle
allait certainement me trouver. Mes pieds avaient une prise solide. Au
moment opportun
Son pied me frappa le museau, mais
sans que cela soit un choc violent. Elle était alerte, mais la
surprise était tout de même pour moi. Mon épaule droite
la frappa à la poitrine assez violemment. Elle savait se battre,
me donna un deuxième coup, mais il ne porta pas solidement. Trois
secondes, et je courais.
Malheureusement, les autres étaient
alertes. Et la poursuite recommença. Tapis dans la pénombre
des arbres, une panthère sétait postée en embuscade.
Je la vis du coin dun oeil, courant, sautant de branche en branche,
tentant de mintercepter. Elle ny parviendrait pas. Un son
distinctif : bola. Un bond, et les trois lanières de larme
manquèrent mes jambes par très peu, frappant un petit tronc
darbre, les poids aux extrémités la faisant senrouler
violemment autour du bois. Seuls les personnes certifiées avaient
le droit de porter une telle arme, car il était trop facile de
blesser gravement ou même tuer. Elles étaient rares les chasses
ou un mâle ne sortait pas de la forêt sur une civière.
Un rugissement de dépit, provenant
de la panthère.
Je courais vite, sans égard
au bruit. Javais arpenté mon territoire, je le connaissais,
je savais ou jarriverais à perdre ma poursuite. Mais jallais
avoir besoin dune bonne distance pour arriver à me cacher
à nouveau. Malheureusement, après trois jours de chasse,
sans manger, presque sans sommeil, jétais exténué.
Jentendais les bruits de dautres chasseresses, tentant dintercepter
la source des sons
Une brebis émergea, en courant,
des ombres à ma droite. Elle était plus surprise que je
ne létais, et mon épaule lenvoya rouler sous
un buisson, complètement sonnée. Cent mètres, puis
un changement de direction pour éviter une source de sons en avant.
Probablement une jument, ou une créature aussi corpulente. Tenter
de culbuter une jument ou une ourse aurait été futile.
Dautres sons en avant. Pas de
choix. Un arrêt. Demi-tour. Une charge, plus silencieuse. Avec un
peu de chance, celles qui convergeaient penseraient que jétais
caché, ou me mélangeraient avec celles qui me poursuivaient.
Mon plan était de revenir sur
mes pas, puis de me cacher, laisser passer mes poursuivantes, et me faufiler
derrière elles
Jy parvins presque. Le duo de lapines
avait été trop rapide. Elles étaient armées
de bâtons de combat, les bouts plus large, couverts de rembourrage.
Pas moyen de les éviter, de les contourner. Elles savaient faire
usage de leurs armes. Jétais lourd, solide
Un premier coup dur, un deuxième,
un troisième. Les deux premiers, parés par mes bras. Le
troisième frappant une cuisse de manière très douloureuse.
Une des lapines, encaissa un de mes coups de poing, hors de combat pour
quelques instants. Lautre, soudainement seule, masséna
un coup violent dans les côtes. Un bout rembourré. Je sentais
sa frustration. Je savais que si elle avait fait usage dun des multiples
coups non réglementaire, elle aurait gagné. Dommage pour
elle. Un coup de coude, un coup de genoux, et je passai. Boitant, un bras
pendant, gravement ralenti.
Une ombre noire surgie de nulle part,
den haut, perçue bien trop tard. La panthère, fondant
sur moi. Plaqué durement au sol, le souffle coupé, sonné
quelques coups défensifs sans vigueur
et la sensation de
ses dents autour de ma gorge. Je signalai ma reddition. Elle ronronnait
bruyamment, O combien heureuse, dune joie qui dépassait le
simple fait de sa victoire. Elle venait de se taper un loup, et la rivalité
entre les félins et les loups avaient des racines historiques qui
remontaient à Ikel, qui avait été le premier Empereur.
« Bonjour, le loup, » elle
me dit, dun ton narquois. « Devrais je te marquer comme vous
les loups marquez vos proies? » Dans la pénombre, je ne pouvais
voir que ses yeux, ses dents. Elle ronronnait, souriait à pleines
dents.
Jétais sonné. Je
ne répondis pas. Elle minspecta, pour massurer que
je navais pas de blessure sérieuse. Un mâle avait droit
à presque tous les coups dans sa fuite, en autant quil ne
cause aucune blessure quun séjour modéré à
lhôpital ne pouvait régler. Les chasseresses, elles,
étaient beaucoup plus limitées. Si un mâle devait
faire un séjour à lhôpital, il y avait de graves
conséquences. Cétait un jeu dangereux ou le risque
dun accident ne pouvait être écarté.
Elle maida à me lever,
me supporta. Le duo de lapines nous regardaient, impuissantes, démontrant
une profonde frustration; cétaient elles qui mavaient
débusqué, initialement. Elles avaient fait tout le travail.
Ainsi était la chasse.
La panthère était forte.
Je boitais beaucoup, jétais amoché. Elle était
courtoise, sassura de mon confort. Un échange de nom. Son
plaisir fut très grand lorsque je lui dis que cétait
ma première capture depuis le début de cette chasse, ce
qui faisait de moi une proie particulièrement difficile
et
donc de grande valeur. Les calculs permettant dassigner une valeur
à une prise étaient complexes, prenaient en compte les espèces
respectives, le nombre de chasseresses chassant ensemble, les armes utilisées,
la « valeur » particulière du mâle, et plusieurs
autres facteurs.
La panthère maccompagna
au camp de base, ou lenregistrement de la « prise »
fut fait. Elle me donna un bec chaste sur une joue, avant de disparaître
à nouveau dans la forêt, avec le faible espoir dattraper
un autre mâle dans le peu de temps quil lui restait.
Pour ma part, on ne me laissa pas retourner
en forêt. « Trop tard, Citoyen. Nos remerciements pour votre
prestance remarquable. Être attrapé une seule fois lors dune
première chasse avec nous, cest rare. Allez manger, vous
mettre au chaud, vous laver. Il ne reste quune heure. »
Une bonne et longue douche chaude.
Ça retapait un loup. Un pagne propre. De la nourriture chaude.
La compagnie de dautres mâles qui venaient de se faire retirer
de la chasse. Des mâles solides, souvent vieux, souvent marqués
de cicatrices. De chasse? De guerre? Pour certaines, la réponse
était évidente. Pour le reste, il fallait demander, ce qui
était une bonne manière de commencer une conversation.
Bientôt, une sirène lança
son lugubre chant au travers de la forêt, annonçant la fin
de la chasse, lappel au retour.
Assis sur une chaise de patio, buvant
une bière méritée, nous observions le retour. Les
chasseresses qui sortaient de la forêt, certaines emmenant un mâle,
la plupart revenant bredouilles. Certaines avaient clairement eu maille
à partir avec plus fort quelles. Et puis il y avait les «
proies », les mâles qui eux aussi revenaient. Beaucoup étaient
mal en point après trois jours. Lun deux revenait sur
une civière improvisée, une jambe clairement cassée,
et deux chasseresses au visage sombre le transportant. Deux longues heures
pour laisser à tous la chance de sen remettre, de soigner
un peu sa présentation. À dix heures précises, tous
se retrouvèrent dans la clairière centrale, ou deux grands
feux brûlaient. Assises sur le sol de lautre coté de
la clairière étaient les soixante chasseresses qui avaient
participé, en ordre de mérite.
Nous avancions en file, les mâles
nayant pas été capturés menant les autres.
Il ny en avait que trois, et jétais juste en arrière
deux. Parmi les meilleurs de ceux qui étaient déjà
suffisamment excellent pour se mériter une invitation par ce club
exclusif. Excitant.
On appela le nom des mâles, un
à un, pour que chacun prenne la place qui lui était assigné.
Il y avait beaucoup dyeux sur moi. Avec la rareté des loups
mâles
Une fois tout le monde assis, la doyenne
émérite du club savança au milieu de la clairière,
les lueurs des feux caressant le pelage de la tigresse. Dune voix
puissante mais calme, elle nomma les chasseresses qui avaient le mieux
fait, énumérant leurs prises. « Ma » panthère
était parmi les meilleures, ma capture layant certainement
aidée.
Des soixante, les trente premières
allaient pouvoir participer, alors que les autres allaient devoir se contenter
de regarder. Des trente meilleures, seules les dix premières recevraient
une marque de chasse sur leur épinglette et obtiendraient, pour
lannée, le droit de procréer, si tel était
leur désir. Les mâles faisaient face à des périls
pouvant les tuer, et cétait la manière que les femelles
avaient pour appliquer leur version du Darwinisme. Chaque club avait ses
règles, approuvées par le Ministère de la Chasse.
Dans le cas des Chasseresses du Bois Bleu, la marque sur lépinglette
contenait une barre au milieu pour indiquer leur mérite particulier,
lun des deux seuls clubs ayant ce droit.
Puis vint lappel de celles qui
navaient rien capturé. Un avertissement. Puis ce fut le tour
de celles qui avaient échoué dans les chasses précédentes
auxquelles elles avaient participé
et qui se trouvaient maintenant
exclues, reléguées à des clubs moins prestigieux.
Et finalement, les deux, qui avaient cassé une jambe à lun
des mâles, et se trouvaient maintenant bannies du club, pour toujours.
Une marque noire irait sur leur épinglette. Elles se levèrent,
prirent leurs effets, et quittèrent.
La tigresse promit un long discours
une menace qui tira beaucoup de rires- mais garda celui-ci au strict
minimum. À la fin de celui-ci, elle se retira, et la première
chasseresse se leva. Une renarde des sables, ses grandes oreilles tenues
haut. Une espèce qui savait garder ses secrets, de peu de mots.
Sans un bruit, elle savança, choisit son partenaire, un mâle
se retrouvant en milieu de groupe, ce qui était un peu surprenant,
mais son droit.
Puis la deuxième, et elle choisit
le premier mâle. La troisième
je voyais comment son
regard portait sur moi, qui représentait une rare chance pour elle
dêtre avec un loup. Elle fit preuve de grande courtoisie pour
la louve qui était en quatrième position et prit pour elle
le troisième mâle. La louve, sans grand surprise, décida
de me prendre, un sourire fendu jusquaux oreilles sur son museau.
Elle sassit derrière moi, menserra dans ses bras comme
les autres faisaient avec leur compagnon. Pour les deux jours à
venir, ma tâche consisterait à lui donner du plaisir, à
elle et à celles avec qui elle allait me partager.
Elle était fertile. Je pouvais
le sentir. Nul doute avait-elle choisit cette période de chasse
pour coïncider, espérant bien faire, espérant que lun
des rares loups soit présent.
Puis le dernier mâle fut choisi.
Certains couples restèrent ou ils étaient, dautres
se déplacèrent vers la forêt, mais la plupart choisirent
de sapprocher des feux, dutiliser les nattes posées
sur le sol. Notre espèce étant ce quelle était,
la louve voulait que les autres louves présentes voient à
quel point elle leur était supérieure
et en cette
chose, il me ferait plaisir de lassister, de faire de cette rencontre
de nos corps une vision excitante, frustrante pour celles qui navaient
pas mérité une participation. Le lieu quelle choisit
était parfait, à cet égard, exposé aux regards,
illuminé par la lueur des deux feux.
De longues caresses, des baisers langoureux,
une disposition de nos corps qui nous mettait en valeur. Elle était
terriblement excitée. Il maurait probablement été
possible de la faire jouir en une ou deux minutes
mais il était
plus flatteur pour elle de faire comme si je devais la travailler, comme
si elle avait bien plus de contrôle. Elle me soupira à loreille
son appréciation pour cette attention.
À notre droite, à notre
gauche, dautres couples se caressaient, faisaient lamour.
Un cerf, à notre droite, montait une biche avec une vigueur enthousiaste.
La biche, clairement heureuse de son choix, nous donnait un sourire embarrassé,
car leffort du cerf lui donnait des coups qui la forçaient
à avancer ses mains de temps à autres, pour ne pas crouler
sous le cerf, et elle empiétait sur notre natte. Cette vision attisait
lardeur de ma louve, et je la sentais vibrer, pas très loin
de lorgasme. Elle ne pourrait durer longtemps, je le savais, alors
Une embrassade, un bras autour de son
corps, tiré solidement contre le mien. Ma main libre, entre ses
jambes. Une de mes jambes, cachant. Un coup de grâce, livré
en toute clandestinité, doucement. Je bougeais, lembrassais
férocement, afin de camoufler tout mouvement de sa part pouvant
trahir son plaisir. Puis de longs lèchements langoureux, pour lui
donner un peu de temps, pour laccompagner sur lautre versant,
la laisser redescendre gentiment.
Un souffle dans mon coup. Le cerf,
toujours en train de donner ses coups de butoir, pas du tout inconscient
de cette invasion de notre territoire. Il avait les yeux sur nous, et
il savait que nous le savions. Probablement excité dêtre
aussi près de loups, et se sachant en tout sécurité,
car un prédateur ne pouvait faire proie des autres participants.
Solidement Endoctriné. Faisait-il comme si ma louve était
celle quil montait avec tant de vigueur?
Ma louve ria, lui prit le museau entre
ses mains, et lembrassa goulûment. Il souffla dur, lorsquelle
le relâcha quelques instants, puis elle le prit à la gorge.
Un instant il avait sa cadence de croisière, et lautre il
bougeait vite, violemment, éjaculant dans sa biche. Sa biche, qui
avait tout vu, qui elle aussi était Endoctrinée aussi bien.
Je lui donnai un sourire comme seul un loup pouvait donner, lichant mes
babines avec un air carnassier. Je lavais vu orgasmer au moins une
fois sous lassaut du cerf. Elle le fit encore, puissamment.
Des halètements, des soupirs,
des petits cris. Les corps se calmant, sécroulant sur le
coté, la biche prisonnière volontaire des bras du cerf.
Cela donna une idée à ma louve, qui alla se mettre en position
classique au-dessus deux nétaient-ils pas sur
notre territoire?- son sexe luisant en haut de leur tête, les genoux
au sol et bien écartés, ses mains placées entre les
jambes de lautre couple. Les pointes des bois du cerf étaient
menaçantes, mais nous pouvions lui faire confiance pour quil
prenne garde. Elle me donna un regard invitant, sulfureux.
Notre croupe en direction des spectatrices
nous regardant avec avidité, je pris grand soin de lever ma queue
bien haut pour dévoiler mes lourdes couilles aux regards jaloux
des deux louves qui ne pouvaient que me regarder monter la meilleure des
louves ci présentes.
La louve était
serrée.
Une surprise délicieuse, un peu douloureuse. Malgré sa grande
lubricité, la pénétration était loin dêtre
aisée. Pire encore, elle était très forte, à
lintérieur, et possédait un contrôle sur ses
muscles internes qui trahissaient une pratique courante dexercices
spécialisés
Elle avait la tête tournée,
me regardait avec un sourire narquois. Je lui donnai un sourire presque
peiné en réponse. Cette soirée était la sienne.
Clairement, elle voulait me voir, mentendre me rendre à elle.
Beaucoup plus encore, elle voulait que les autres sen rendent compte.
« Voyez comme je peux faire crier mon loup! Vous ne pouvez en faire
autant!», tel était le message. Très bien
un
abandon, délicieux, sans retenue.
Des grognements. Des halètements,
lourds. Des cris, même. Cétait bon, intense : elle
me massait de lintérieur, son corps rencontrant le mien,
son dos arqué sous mon ventre
Je laissai libre court à
mon corps. Elle joua de moi avec grande précision et expertise.
Je mattendais à un résultat rapide, mais elle me fit
durer, assez longtemps pour que je devienne une bête, tel un de
nos lointains ancêtre, et que je ne pense plus quà
une seule chose
Une chose qui arriva, éventuellement.
Presque sans avertissement, violemment. Un maelström intense, qui
était partagé. Je mécoulais en elle, en son
corps fertile, et elle savait quelle en serait enceinte. Combien
de temps avait-elle été forcée dattendre pour
ce moment?
Plusieurs jours avec elle
on
ne pouvait demander supplice plus délicieux. De longues minutes
à haleter. Je léchais son museau, mordillais ses oreilles.
Elle
me serrait, me massait doucement. Et puis elle me glissa hors
delle, saccroupit au dessus de nos plus proches spectateurs,
que javais complètement oublié. Laissa couler delle
nos essences mélangées, les marqua de notre odeur. Envahir
le territoire dun loup portait son prix
Le
Loup 5
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