« Cette chambre sera la
tienne. » Cétait la deuxième chambre dans
mes quartiers. Un peu plus petite que la mienne, tout aussi confortable.
Valérie avait une bonne conception
de ce qui était réalisable, et ne fit que répondre,
« Merci, Maître », plutôt que de tenter
de me convaincre que sa place était dans ma chambre, comme pour
Vaya.
« Je préfèrerais
que tu mappelles par mon nom, » je lui dis.
Elle me sourit. « Non, mon
Maître. Cela me serait trop inconfortable, car jaurais limpression
de ne pas vous être respectueuse. »
Maître. Chaque fois quelle
mappelait ainsi, mon estomac faisait un tour. « Même
si je lordonnais? »
Son expression était polie,
mais il y avait une étincelle espiègle dans ses yeux. « Alors
jobéirais, Maître. »
Coincé, entre souffrir une appellation
inacceptable, et la traiter comme si elle était une esclave et
faire passer mes préférences avant les siennes. Je sentais
combien la situation lamusait, laise avec laquelle elle arriverait
à me coincer, à maiguillonner. Comme tous les membres
de son espèce, elle était un peu manipulatrice.
Au moins, je pouvais me conforter en
me disant quelle pouvait mappeler Maître si elle le
voulait, et même le croire, mais quen bout de ligne, elle
sassurerait elle-même de faire comme bon lui semblait sans
que je lui ordonne quoi que ce soit.
« Si tu as besoin de quelque
chose, laisse le moi savoir. »
« Ça, ce sont mes
paroles, Maître, et non les vôtres. »
Ça allait être dur. « Bon.
Je te laisse. » Déjà, javais la main sur
la poignée, que trop heureux de battre en retraite.
« Pas si vite, Maître.
Nous avons des choses à discuter. »
« Ah? » Un instinct
me disait de répondre « plus tard », mais
cela aurait été impoli, sans une raison légitime.
« Les points sont nombreux, »
elle me dit, « mais plusieurs peuvent attendre. Deux points
me semblent plus prioritaires : je dois vous mettre au courant de
ce que je crois être les plans de Mia hoShavayan vous concernant,
et voir avec vous ce que vous pouvez faire pour la compenser un peu pour
montrer votre appréciation de son don de moi à vous. »
Elle positionna une chaise proche de moi. Je préférais rester
debout sur mes béquilles. Le Mia ho quelle utilisait
était lhonorifique respectueux souvent utilisé par
un esclave envers un Maître qui nétait pas le sien.
« Vous me dites que jai
une dette envers Vaya? »
« Vous me vouvoyez, Maître? »
Elle remarqua, avec une voix désapprobatrice, « vous
devez me tutoyer, Maître. À moins bien sur que me causer
déconfort et me faire mal paraître soit votre but. Cest
votre droit, naturellement. » Elle avait une expression angélique
sur son museau.
« Cest normal quune
esclave soit comme ça? » Je lui demandai cela dune
voix sèche comme le désert.
Son sourire devint un peu narquois.
« Seulement lorsquun Maître sans expérience
doit être formé. Ou encore, lorsque lesclave croit
que son Maître à besoin de saffirmer un peu. Cela arrive
aussi lorsquune esclave sent le besoin dêtre
punie.
Cela devient parfois un jeu. Je suis soumise, mais cela ne veut pas dire
que je nai pas de feu, mes besoins et désirs. »
Un soupir. « Bon. Tu nas
quà me dire ce que tu veux, et je verrai ce que je peux faire.
Et puis, cesse de tenter de me former : lorsque nous aurons une réponse
des résultats, tu retourneras à Vaya. »
« Cest un jeu agréable,
Maître, plein de bonne tension et dimprévisibilité.
Je ne puis toujours clairement manifester mes désirs sans compromettre
une partie du plaisir que moi et vous en dériverons. Vous devrez
apprendre à me deviner, à me discipliner, à me plier
à votre volonté. Je suis soumise active, par opposition
à soumise passive. Je crée les opportunités, plutôt
que de les attendre. Je suis très
créative. »
Encore une fois, ce sourire narquois, cette lueur espiègle dans
ses yeux.
Puis, « pour ce qui est
de retourner à Mia hoShavayan, cela ne se passera pas. Vous
allez perdre votre pari. Si une centaine de personnes décident
daller sur votre monde, jen serai surprise. »
Je la regardai dans les yeux. « Je
comprends que le territoire de Vaya est administré avec une main
moins lourde que dautres territoires, mais la flamme de la liberté
brûle en chacun de nous. Mille sur une population de trente millions,
cest peu. Il est impossible que je perde. »
Son expression était sobre.
« Prenez les vingt plus grandes villes de votre monde et vous
obtiendrez environ trente million dâmes. Combien dentre
elles décideraient de refaire leur vie sur Shavayan, avec une offre
similaire à celle offerte? »
« Personne, naturellement.
Qui voudrait devenir membre de lune de vos castes inférieures? »
Jen étais certain. Oh, peut-être une poignée,
mais encore
Elle sourit. « Pour vous,
Maître, cela va de soit. Et vous avez raison. Il en va de même
pour nous. La situation est différente, mais similaire. Faites
vous à lidée. Je suis votre propriété,
votre outil. Apprenez à vous servir de moi. »
« Je comprends. Votre monde
tient une propagande négative sur le mien. » Je pouvais
très bien imaginer.
Elle avait lair un peu triste.
« Non, Maître. La simple vérité est suffisante.
Des mondes importants de lEmpire, vous avez le plus faible taux
dimmigration, même si votre taux démigration
est pratiquement nul. Il y a de nombreuses raisons. Le communisme, votre
Darwinisme appliqué, la pauvreté, votre militarisme, vos
attentes très élevées envers tout citoyen. »
« Nous ne sommes pas pauvres.
Nous ne sommes pas communistes. » Mon ton était mordant,
mes doigts fermés durement autour des poignées de mes béquilles.
« Je vous offense, Maître.
Je men excuse. Mais la réalité est que votre monde
est pauvre. Vos gens sont confortables, mais sans pouvoir dachat.
Toutes les entreprises importantes son détat, et les trois
quarts de votre population active travaille pour létat, dune
manière ou dune autre. Même des colonies établies
il y a moins de deux siècles vous dépassent, vous qui avez
été la deuxième colonie de lEmpire. »
« Largent nest
pas tout. »
« Non. Vos gens sont satisfaits
de leur sort, et lesprit de communauté et de civisme, de
sacrifice et de patriotisme qui vous anime est beau à voir. Mais
ce que nos gens savent de votre monde, cest aussi que vous vous
réclamez comme étant notre ennemi juré malgré
que personne chez nous ne vous veut du mal. Un régime autoritaire
démocratique, jen conviens-, militariste. Des termites
dans leur forteresse, travaillant très fort pour le bien commun
de leur colonie. Cest limage simpliste que beaucoup ont. »
Un moment de silence de ma part, à
considérer. Il existait de bien meilleures images
mais je
ne la détestais pas, cette image.
« Ce nest pas une
vision compatible avec ce que veulent les membres de la société
doù je proviens. » Elle me dit cela avec un sourire,
un sourire minvitant à accepter les différences de
vues.
Cette invitation, je lacceptai.
« Tu me parles dune dette envers Vaya. Je ne lui dois
rien. Elle mimpose ta présence. Sans vouloir te blesser,
cest un lourd fardeau à porter. » Je savais quelle
comprendrait.
Elle hocha de la tête. « Naturellement.
Je le sais, et elle le sait. Mia hoShavayan ne sattend à
rien de vous sauf de respecter les conditions quelle énoncera,
mais sur Shavayan, si cela se sait que vous navez pas cherché
à la compenser, ne serait-ce que dune manière symbolique,
vous passerez pour une personne méprisante. On dira alors que cest
typique des gens de Kivat. »
Un serrement de dents. « Très
bien. Que dois-je faire? »
Elle sourit. « Rien qui
ne vous sera trop onéreux. Deux manières simples :
la première, offrez quelques unes des nuits vous appartenant au
service de Mia hoShavayan. Elle vous présentera à
des louves influentes, et vous serez un levier qui lui permettra dobtenir
beaucoup pour quelques heures de votre temps. La deuxième manière
tout simplement de me laisser continuer à faire ce que je fais
déjà, de collecter votre semence et de la lui donner. Pour
ses vassales, que leurs enfants partagent le même géniteur
celui de ses enfants
cela les liera encore plus fermement à
sa famille. »
« Cest tout? »
Elle hocha de la tête. « Il
y a dautres prix à payer que juste mon prix. Faites ces deux
choses pour un temps, et vous serez quittes, toutes les autres dépenses
et obligations amplement couvertes. »
« Bon. Il faut me le dire
si tu me vois faire des choses qui pourraient donner mauvaise réputation
à mon monde. »
Elle sourit. « Certainement,
Maître. Certaines habitudes se changent, dautres doivent continuer,
même si certains sur mon monde pourraient désapprouver. Ce
qui me mène à lautre point, les plans de Mia hoShavayan
vous concernant. »
« Non! Tu ne dois pas me
révéler les secrets de ta Maîtresse. »
Elle ria. « Elle est une
Maîtresse, Maître, mais elle nest plus _ma_ Maîtresse.
Il y a une certaine éthique à respecter, je ne puis révéler
ce que je sais en confidence
mais ce que je puis déduire
selon les informations que vous connaissez déjà, cest
autre chose. Je dois vous conseiller, tout simplement. »
« Très bien. Que
dois-je savoir? »
Elle choisit ses mots avec soins. « Un
jour, Maître, si vous êtes sérieux et voulez vraiment
partager de votre vie ce qui peut lêtre avec Mia hoShavayan,
vous devrez devenir membre de la caste des Maîtres de Shavayan. »
Sans mes béquilles, jaurais
bondit. « Hors de question! »
Elle fit un mouvement signifiant que
ma réaction ne lui importait pas. « Le choix daccepter
ou de refuser votre mise en candidature sera vôtre. Si vous lacceptez,
le Grand Conseil entérinera certainement votre candidature, et
vous deviendrez alors Maître à part entière, avec
les obligations et privilèges, doté dune population
et dune zone que vous devrez développer et faire mûrir. »
« Hors de question. Dailleurs,
je nai aucune compétence de gestion. »
« Les compétences
sacquièrent, ou semploient. Si vous voulez obtenir
Mia hoShavayan, ce prix devra un jour être payé. Il
vaut mieux que vous le sachiez maintenant. Cest lune des choses
dont elle ne voulait pas parler, de peur de vous éloigner. »
Le ton de la renarde était sobre.
« Il y a certainement dautres
manières. »
Elle hocha de la tête. « Probablement.
Je ne les connais pas. Mais pensez bien, Maître. Jamais elle ne
vous demandera de ne pas participer à une épreuve de Darwinisme
qui pourrait vous coûter la vie. Prenez garde de ne lui demander
des choses qui iront contre sa nature, de manière fondamentale. »
Je ne me sentais pas très bien.
Jallais devoir penser. Plus tard. « Dautres plans? »
« Cest assez pour
tout de suite, » elle me dit. « La tendance de Mia
hoShavayan est de planifier, prévoir, de positionner méticuleusement
ses pièces sur léchiquier, de contrôler ce qui
peut lêtre. Elle ne cherchait pas à vous mentir ou
vous cacher des choses, mais à gérer les surprises en les
introduisant graduellement après avoir bâti des liens suffisamment
solides pour survivre aux chocs. Elle sous-estime votre capacité
dadaptation, tout en surestimant ses capacités de présenter
linformation sous son meilleur angle. Elle prétend vous voir
comme son égal, mais elle se ment à elle-même. Vous
devrez la combattre de nouveau, et la vaincre de manière convaincante.
Vous pourrez vous attendre à un match de revanche dans les semaines
suivantes, et vous le perdrez, si vous êtes sage. »
Un long moment de silence, puis, « tu
sais beaucoup, en quelques jours. »
« Jobserve. Je connais
très bien Mia hoShavayan. Et lon apprend énormément
de vos ennemis, Maître. »
« Mes ennemis? »
« Le Lieutenant Amizar,
nom retenu, et la Sergent Varenn, nom retenu. Les deux sont à bord,
en rotation vers Anteram, dans la section à accès restreint
du navire. »
Je fermai les yeux. Amizar et Varenn.
Amizar avait été un bon ami. Varenn ne lavait jamais
été, mais avait été parmi mes instructeurs.
Convaincue de mon innocence, elle aussi avait tout fait pour me prouver
innocent. Les deux se comptaient maintenant, de manière officielle,
comme mes ennemis. Nul doute quils savaient que jétais
à bord.
« Tu les as vu? »
« Je leur ai parlé,
longuement. Ils parlent avec passion. Vous avez des ennemis de calibre,
qui vous détestent profondément. De telles personnes ne
vouent pas un mépris aussi vibrant pour une personne à la
légère. Ils mont parlé de ce que vous étiez,
avant. Jai longuement écouté. Des termes élogieux.
Une déception sans fond. Vous avez inspiré une grande loyauté.
Ils vous voyaient général, un jour. Ils saignent encore.
Jai appris beaucoup, de leur part. »
Un long moment de morne silence. Dans
le peloton de tête pour ce qui était des résultats
académiques et physiques. Javais été excellent
meneur, peut-être le meilleur. Un futur éteint, des amitiés
détruites. Rien de bon ne restait.
« Quand les as-tu vu? »
« Dès que jai
réalisé lintérêt que vous portait Mia
hoShavayan. Je voulais en savoir plus. »
Je la regardai dans les yeux. « Et
tu es avec moi pourquoi, maintenant? »
Elle se caressa le museau. « À
part des autres raisons? Je ne sais pas. La curiosité? Tout le
monde était si certain de votre innocence
peut-être
lêtes-vous vraiment? Et si vous lêtes
pourquoi
des preuves si parfaites? Quel mystère se cache? Et si je parvenais
à percer ce mystère? Un leurre? LImpératrice?
Non, tout cela est lié. Je le sens. »
« Noublie pas la Croix
de Sivant. »
Elle fit la grimace. « Cest
le seul défaut. Elle donne une réponse simple et plausible
à tout. Il ne fait aucun doute quelle a été
méritée. »
Je hochai de la tête. « Bon.
Jai beaucoup à penser. Mets toi à laise. »
**
« Quand me laurais-tu
dit? »
Les quartiers de Vaya avaient des hublots
donnant sur lespace. Elle se tenait debout devant le plus gros,
regardant la noirceur extérieure, son dos à moi, un verre
dun alcool bleu pale dans une main.
« Je ne sais pas, »
elle me répondit, éventuellement. « Le temps
venu. »
« Une fois quil aurait
été impossible pour moi de reculer? »
Un long silence. Puis, « cétait
lidée. Une mauvaise idée. Je le vois, maintenant. »
« Je suis déçu.
Mais je comprends. Je ne suis pas fâché. Mais je dois avoir
confiance envers celle avec qui je serai, si je la trouve un jour, si
cela est même désirable. Tu comprendras, jespère.
Une relation cordiale, pour le reste du voyage? »
Elle se tourna pour me faire face.
Très mécontente. « Tu laisses tomber bien aisément,
Arkel. »
« Une relation cordiale,
Vaya. Cest ce que je propose. Nen parlons plus. »
Elle frémissait de tension,
sa queue complètement immobile. « Je savais que cétait
une très mauvaise idée que de tenvoyer Valérie. »
Je secouai la tête lentement.
« Le contraire. Laurais-je appris plus tard que ma réaction
aurait été plus intense. »
Elle serra les dents, savait que javais
raison. Une tentative différente. « Joins-nous. Réforme-nous
de lintérieur. »
Un sourire. « Un loup seul,
contre le poids des traditions, dune bureaucratie, de milliers de
Maîtres? Non. »
Une autre tentative. « Je
savais quelle ten parlerait. Je ne tai donc pas laissé
dans le noir, puisque je te lai envoyée. »
Un hochement de tête. « Ton
meilleur argument, et je laurais considéré sil
avait été ton premier. Et rejeté. Je ne veux pas
de cette vie qui est la tienne, pas si je dois la partager de cette manière.
Amis, amants occasionnels si nos chemins se croisent. Cest tout. »
Un long silence. Puis, « très
bien. Je te donne une semaine pour laisser décanter, Arkel. Nous
reparlerons. Mais sache ceci : une fille de Shavayan ne laisse pas
lui échapper ce qui lui appartient. Tu es à moi, comme je
suis à toi, même si tu refuses de ladmettre. »
**
Leau était chaude, de
la vapeur séchappait de la petite piscine. La pièce
était à nous pour toute la soirée. Les louves, moi,
le coyote, Valérie, et deux des esclaves mâles de Vaya. De
lalcool à profusion. Elles sétaient cotisées,
avaient refusé ma participation.
Mon attelle pouvait aller à
leau sans problème, heureusement. Ça trinquait ferme.
Demain, nous allions arriver en orbite autour de Conamel. De nouveaux
passagers
et probablement quelques louves de plus. Un loup avec
seulement quatre louves pour lui tenir compagnie? Une telle chose ne pouvait
durer. Une opportunité à saisir. Demain, la dynamique de
notre petite meute allait changer. Autant en profiter ce soir.
Le coyote se comportait correctement,
malgré lalcool quil ingurgitait. Nul doute sa femme
lui avait spécifié fermement quelle ne tolèrerait
aucune inconduite de sa part, tant que je portais une attelle.
Vaya était un peu distante.
Fidèle à sa promesse, elle me laissait le champ libre pour
décanter. Je navais aucune illusion que cela voulait dire
quelle avait abandonné.
Jétais dans leau,
mes bras sur le bord de la piscine, allongés, et dans le creux
de mes bras, Valérie dun bord, et Xi de lautre. Arya
était allongée sur le bord de leau, alors que Socaris
lun des esclaves de Vaya- lui donnait un massage qui la ferait
dormir. Son mari avait lair un peu frustré, aucune des autres
louves ne voulant aller avec lui, et Valérie était ma propriété.
Il y avait bien lautre esclave mâle de Vaya, mais le cerf
était plus apte à lui faire découvrir ses bois que
de lever sa queue pour lui. Esclave, peut-être, mais pas du coyote.
Xi me murmurait des mots à loreille,
jetant parfois un regard vers Shaha. Était ce arrangé
par Vaya? Jen doutais. Cétait plus une question de
loyauté envers leur alpha. Elles savaient quil y avait des
tensions entre moi et Vaya, voulaient la repayer un peu pour être
une louve dominante qui prenait si bien soin de leurs besoins. Elles cherchaient
à minfluencer, à nous rapprocher.
Cinq jours, depuis notre dernière
discussion sérieuse. Cinq jours moroses.
Et puis, ce que Xi proposait
était amusant. Jacquiesçai. Xi expliqua son idée
aux autres
qui furent toutes amusées, proposèrent
des améliorations. Les suggestions fusaient de toutes parts, la
plupart rejetées. La personne qui arriverait à me faire
éjaculer me gagnerait pour son usage exclusif, pour 24 heures le
lendemain, avec le droit de me dominer, juste un peu, sans excès.
Seul un alpha bien certain de sa dominance, confiant en lui-même,
accordait jamais une telle chose. Je savais quelles avaient lintention
de tenter de faire gagner Vaya.
Au moment détablir lordre,
le coyote saisit son opportunité
et voulut faire partie du
jeu. « Je suis une personne, non? » Un ton pseudo-respectueux,
un sourire qui tentait de cacher la moquerie quil contenait. Cétait
sa seule et unique chance dun jour dominer un loup mâle, de
pouvoir le pénétrer. Aurais-je pensé à cette
possibilité que je naurais pas accepté ce jeu. Les
louves étaient un peu consternées, mais changer les termes
du jeu aurait été de perdre la face
jacceptai
avec un sourire, même si tout ce que je voulais faire, cétait
dinfliger une terrible raclée à ce coyote prétentieux.
Oh! Quil était fier de lui, ce coyote! Sa femme le regardait,
mi-fâchée, mi-fière. Secrètement, il y avait
certainement un côté delle qui espérait quil
gagne.
On me banda les yeux. Chaque séquence
allait être choisie au hasard, Socaris en charge de pointer à
qui était le tour. On me déplaça, afin que je puisse
caler un pied entre la paroi et léchelle, pour que je reste
stable, leau étant trop profonde pour que jatteigne
le fond. Personne ne parlait.
Une première personne plongea,
utilisant une main sur léchelle pour se garder profondément
sous leau. Une bouche, une langue. Qui était-ce? Pas Vaya.
Qui? Ça ne dura pas longtemps : a peine commencé, cette
personne refaisait surface, toussant. Je ne savais pas qui, mais cétait
assurément une louve. Le coyote allait tout faire pour rester sous
leau longtemps, sa volonté très forte.
Une autre bouche, une langue agile.
Une langue qui allait partout, sans gêne, sans hésitation.
Qui? Longuement, presquune minute complète. Je tentais de
reconnaître cette bouche avide, mais cétait peine perdue.
Pas de bruit reconnaissable en surface. « Ne triche pas, Arkel! »
On venait de voir comment mes oreilles
sétaient subitement orientées. Valérie mit
ses mains sur mes oreilles, commença à me parler pour mieux
occulter les sons, alors quune autre bouche se fit connaître.
Arya. Jétais capable de reconnaître son style. Elle
dura quelques secondes, refit surface.
Une suite ininterrompue de bouches,
de langues sur mon pénis, bâtissant mon plaisir. Étrangement
excitant, comme une sorte de roulette russe avec un seul mauvais choix
dans le barillet à cinq chambres. Il ny avait quArya
que jarrivais à reconnaître avec consistance. Malgré
les mains de Valérie, je reconnus à un certain point le
son du coyote refaisant surface, toussant à sen cracher les
poumons. Il navait pas duré longtemps. Était-ce une
tentative de me faire croire quil narrivait pas à rester
longtemps sous leau
ou était-ce la réalité?
Impossible à dire.
Mon plaisir montait. À part
pour Arya, à peine avais-je réussi à identifier une
louve que son style changeait, comme si les louves ne cherchaient plus
à faire gagner Vaya, mais à me confondre, excitées
par lidée que leur mâle dominant doive se soumettre
à un simple coyote. Selon les règles, elles allaient toutes
être présentes. Même Vaya jouait ce jeu. Je savais
à quel point elle avait du souffle, mais elle nutilisait
pas ses capacités comme je savais quelle le pouvait. Il y
avait de lexcitation dans lair.
Tant pis. Une chance sur cinq. Avec
un peu de chance, jallais éjaculer dans lune des bonnes
bouches.
Le
Loup 9
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